Extrait de quelques Lettres adressées de
Smyrne à M. Blumenbacii, professeur
à Goettingue; par M. le Dr. Seetzen;
sous la date du 6 septembre 1803.

‘«De Bursa nous fimes une petite excursion
sur l’Olympe Mysien, montagne célèbre cou-
verte de neige. La région moyenne est composée
de granit; la région supérieure de marbre salin,
sans la moindre trace de pétrification. Le som-
met le plus élevé, au pied duquel nous fîmes
des observations astronomiques, n’offre presque
point de végétation; cependant j’y ai trouvé
assez fréquemment la myosotis scorpioides ar-
vensis.’

‘Dans cette course, j’ai eu occasion d’enrichir
mon journal de plusieurs observations intéres-
santes relatives à la minéralogie. Près de Cha-
nissa (l’ancienne Magnesia ad Sipylum), j’ai
trouvé beaucoup de porphyre vert. – Les mon-
tagnes des environs de Smyrne sont pour la plu-
part de porphyre brun, approchant quelquefois
d’une nuance bleuâtre; il n’étincelle que fort peu
sous le briquet; mais comme pierre de cons-
truction, il résiste pendant des siècles aux injures
du temps.’

‘«J’ai été fort surpris de n’avoir pas encore
trouvé une seule trace bien déterminée de pé-
[Seite 100] trification dans toute la partie de l’Asie mineure
que j’ai parcourue.’

‘»Aujourd’hui encore je me mettrai en route
pour Ephèse (Aja Soluck) et pour quelques-unes
des îles de la Grèce. J’attends déjà, depuis le
3 juillet dernier, le départ d’une caravane pour
me rendre à Alep, et je crains que je ne sois
obligé d’y rester encore au moins un mois. Cette
nécessité d’attendre le départ des caravanes est
un des plus grands inconvéniens des voyages
dans l’Asie mineure, et dans la Syrie et l’Arabie;
on perd inutilement un temps précieux, et on
affoiblit ses ressources pécuniaires, qui cepen-
dant sont si nécessaires dans ce pays où le louage
des chevaux, des ânes et des chameaux dont
le voyageur a besoin pour son propre usage et
pour le transport de son bagage, est très-cher.’

‘»Mon voyage à Alep me fournira l’occasion
de traverser l’Asie mineure dans toute sa lon-
gueur et dans son intérieur; de voir beaucoup
de villes et de montagnes considérables, et de
faire de nombreuses observations minéralogiques
et astronomiques.’

‘»Le départ de M. Jacobsen, pour Goettingue
sa patrie, a été pour moi une perte d’autant
plus sensible que, pendant plusieurs années,
nous avions toujours voyagé ensemble; mais sa
santé l’a obligé de prendre ce parti, il ne pou-
voit plus supporter la chaleur du soleil dans
ce climat. Je me suis attaché un français établi
ici, pour me servir d’interprète dans mon
voyage à Alep et dans les îles de la Grèce. Outre
[Seite 101] sa langue maternelle, il parle avec beaucoup
de facilité l’italien, le turc et le grec moderne.’

‘»Le levant est pour ainsi dire la véritable pa-
trie des langues. Je connois ici un homme qui
parle quatorze langues avec beaucoup de facilité.’

‘»Je ferai tout mon possible pour augmenter
votre intéressante collection du crâne d’un arabe.’