Le mémoire que je publiai en 1790, sur l’inté-
rieur de l’Afrique, a eu plus de succès que je ne
l’espérois; il a déjà paru plusieurs voyages dans ces
pays aussi intéressans qu’inconnus: Hougthon et Mun-
goparck ont avancé très-loin, et la société hollandaise
a envoyé Hornemann.
M. le chevalier Banks, président de la société
royale de Londres a reçu des nouvelles de Hor-
nemann, du grand Caire: sa dernière lettre étoit
datée du 31 aout. Bonaparte, Monge et Bertholet
l’ont très-bien accueilli; Bonaparte lui a offert de
l’argent; il est parti par la caravane du Fezzan,
le 12 septembre, avec des chamaux, chevaux et
quelques marchandises; il passe pour un marchand;
mais pas des plus riches, pour ne point exciter la
cupidité; il a rencontré par hasard en Aegypte, un
compatriote allemand qui depuis long-temps est dans
ce pays, et qui s’est fait musulman; il a fait trois fois
le voyage de la Mecque, et parle parfaitement le turc
et l’arabe. Il étoit sur le point de retourner en Eu-
rope; mais à la prière de Hornemann, il a con-
senti à faire le voyage avec lui; il lui est d’un
grand secours. Hornemann veut aller a Fezzan,
de là à Cashna; il continuera autant qu’il pourra dans
[Seite 242] l’intérieur de l’Afrique, et reviendra ou vers l’occident
par Sénégambie, ou vers l’orient par l’Aethiopie:
il se porte toujours bien; il a soutenu le climat de
ce pays; et il est rempli de zèle et d’ardeur. Sa lettre
à Banks étoit fermée avec le cachet officiel de Bo-
naparte, et Banks a reçu cette lettre par l’agent
français en Angleterre, pour l’échange des prisonniers.
Banks, dans les éphémérides de Zach, février, page
196, rend cette justice aux Français, en faisant leur
éloge sur la remise scrupuleuse de cette lettre; il a
même fait imprimer ce passage en lettres italiques,
pour bien faire observer que les Français d’aujour-
d’hui ne sont point des vandales, comme on vou-
droit le faire croire. En général on voit dans l’introduc-
tion du mois de janvier, combien le célèbre astro-
nome Zach prend le parti des Français, et combien
il les défend.