Quoiqui'il y ait à peine deux
ans que
j'ai fait paroître la cinquième édition de
ce manuel, cette
sixième édition se trouve
cependant avoir gagné plus qu'aucune
des
précédentes, soit parce que j'y ai inséré la
plupart des nouvelles
découvertes en his-
toire naturelle, soit parce que j'ai
rectifié
plusieurs endroits, et les ai déterminés
plus exactement.
Mais aussi, pour pouvoir y insérer ces
augmentations, sans passer cependant
les
bornes que je me suis prescrites, il a bien
fallu que j'abrégeasse,
çà et là, quelques
passages.
Il y a seulement deux objets d'histoire
naturelle
générale, sur lesquels j'ai cru
devoir m'étendre plus long-temps que
je
ne le voulois, parce que, sans une expli-
cation un peu
détaillée, ils peuvent être
[ij] très-aisément mal-entendus. Ces deux
objets sont la
prétendue chaîne des êtres
dans la nature (pag. 3), et la généra-
tion des corps organisés (pag. 15). J'ex-
plique particulièrement l'idée que j'at-
tache à la force générative, en opposi-
tion à la force plastique des anciens.
C'est dans la partie minéralogique du
livre, que j'ai fait les plus grandes
aug-
mentations. J'ai particulièrement cherché
à rendre
l'aperçu des roches mélangées
plus clair, et la section des
pétrifications
plus intéressante.
J'ai aussi nommé, en exposant la pe-
santeur spécifique d'un
fossile, l'auteur
dont je citois le résultat; ce qui est né-
cessaire à cause des différences frappantes
qui se trouvent
dans les analyses de dif-
férens chimistes.
Il est très-difficile d'ordonner systéma-
tiquement les pierres
et les fossiles ter-
reux, et ces difficultés se trouvent
encore
augmentées par les nouvelles découvertes
sur les parties
constituantes de quelques
[iij] espèces de pierres; de sorte qu'on ne peut
ordonner
cette classe du règne minéral,
ni d'après l'habitus
extérieur des fossiles,
ni d'après la proportion de quantité de
leurs
parties constituantes. On ne le peut
pas d'après l'habitus des fossiles; car ceux
qui ont classé les minéraux d'après
leur
extérieur, mettoient encore dernièrement
le saphir dans le genre
des siliceux, tandis
que cette substance n'est composée de
presque pas
autre chose que d'argile en-
durcie, et ne renferme pas la
moindre
partie de silice. Il est tout aussi difficile
de les classer,
d'après la quantité de leurs
parties constituantes; car cette
quantité,
variant d'une manière frappante dans plu-
sieurs
fossiles, qui se ressemblent parfai-
tement, et qui souvent
ont infiniment
d'analogie entre eux, comme par exemple
dans les
différentes sous-sortes d'asbeste,
on voit clairement combien inutile
seroit
un système de lithologie formé exactement
d'après la quantité des
parties constituantes
dominantes d'un fossile.
Jusqu'à présent, il est vrai, on a eu
recours à la distinction subtile que
l'on a
faite entre les parties constituantes domi-
nantes, et les parties constituantes carac-
téristiques d'un fossile; mais les
analyses,
comme celle dont j'ai parlé, font tomber
aussi cette
distinction.
Le meilleur moyen est donc, à ce qu'il
me semble, de ne point se tenir à la
ri-
gueur et exclusivement à un de ces deux
principes de
classification, mais de se for-
mer, pour cette classe de
fossiles, un sys-
tème mêlé; de manière cependant,
qu'en
premier lieu les fossiles composés tout-
à-fait, ou
au moins en grande partie,
d'une même terre, entrant dans le
genre
auquel cette terre a donné son nom (par
conséquent le saphir sera
parmi les argi-
leux, et au contraire l'opale, le
tripoli,
la pierre-ponce, entreront parmi les si-
licés);
et qu'en second lieu, quelques
autres espèces de pierres dans
lesquelles
il ne domine pas une quantité si marquée
de telle ou telle
terre, puissent être pla-
[Seite v] cées, sans qu'on s'inquiète beaucoup du
plus ou moins de
parties qu'elles ont
sur cent, dans l'ordre que l'on
juge le
plus convenable, d'après leur habitus
total
extérieur, et d'après l'analogie. J'ai mis,
par exemple,
d'après ces principes, le
spath chatoyant, quoiqu'il contienne plus
de
silice que d'alumine, parmi les argi-
leux, dans le voisinage
du mica; et l'é-
cume de mer, la pierre de lard, la ser-
pentine, l'olivine, etc., se trouvent dans
le genre des
magnésiens.
(Suit le détail des raisons pour lesquelles
M.
Blumenbach a nommé Geschlecht les
genres, et
Gattung les espèces. Comme
cette explication tient uniquement à
la
langue allemande, je la passe. Je passe
également ce qu'il dit au
sujet des noms
allemands qu'il a adoptés pour désigner
les corps
naturels; il a pris, dit-il, ceux
qui étoient les plus généralement
connus,
sans s'être servi des mots défigurés usités
dans telle ou telle
province).
C'est autre chose, continue-t-il, avec
[vj] les noms techniques ou triviaux des genres,
et des espèces, que nos nouveaux
nomen-
clateurs ont adoptés. Il est raisonnable
de
conserver, autant que possible, les déno-
minations une
fois reçues; cependant il se
trouve des circonstances où il est
encore
plus raisonnable d'échanger un nom an-
cien qui
renferme une idée fausse, avec
un nom plus convenable. Malgré cela,
je
me suis servi dans très-peu de cas, et
seulement lorsque je le croyois
indispen-
sable, de cette liberté permise en soi,
mais
dont on abuse à présent tellement, que
l'étude de l'histoire
naturelle en devient
beaucoup plus difficile. J'ai rendu, par
exemple,
aux dasypus leur ancien nom
de taton, qui se trouve dans les zoolo-
gues classiques;
car je ne puis concevoir
quelle idée a eue Linnée, d'appeler patte
pelue (dasypus) ces animaux qui sont
presque sans poils;
dénomination que les
anciens grecs ont donnée fort justement
au genre
des lièvres, dont les pattes sont
garnies de poils. C'est par les mêmes
rai-
[vij] sons que j'ai laissé au beau jade de la
nouvelle Zélande, son nom naturel
de
pierre de punamu, nom sous lequel il a
été
connu d'abord dans le pays, au lieu
de l'appeler pierre
de hache, comme on
l'a fait nouvellement. J'ai vu, dans le
muséum
d'ici et dans les grandes col-
lections de Londres, une
quantité de cro-
chets et d'autres ustensiles, que les
habi-
tans de la nouvelle Zélande se font avec
la pierre
de punamu; mais je n'y ai pas
trouvé une seule hache faite de
cette
pierre. J'ai nommé aussi vampyre,
ou
suceur de sang, cette espèce de chauve-
souris qui suce
réellement le sang des
mammifères endormis, parce que Linnée
avoit donné ce nom au chien volant ou
roussette, qui,
depuis que le monde existe,
n'a point sucé de sang, et est
uniquement
frugivore. Mais il y a une quantité d'ex-
pressions qui, sans être très-justes, ne
sont pourtant pas tout-à-fait
fausses,
et celles-là je les ai gardées, pour ne pas
augmenter
inutilement la nomenclature
et la synonymie.
J'ai eu des raisons pour écrire des noms
connus autrement qu'on ne les écrit
or-
dinairement; j'écris, par exemple, tofus
et non tophus, parce que ce mot ne
vient
pas du grec; j'écris également manacanit
et non menacanit, parce que le lieu
où
se trouve ce fossile, a un nom dans sa
première syllabe.
Dans le règne animal, j'ai mis toujours
d'abord le nom latin, parce qu'il y a
cent
créatures exotiques qui, en allemand,
n'ont pas de noms. Dans le
règne minéral,
c'est tout le contraire; les dénominations
allemandes
sont les plus connues, et sont
reçues dans presque toutes les langues.
Les dessins pour servir à l'histoire na-
turelle (Abbildungen natur-historischer
Gegenstaende), que je
cite quelquefois,
se rapportent à cette sixième édition, et
servent à
l'expliquer.
Plusieurs
journalistes ont paru désirer, en
rendant compte de la Physiologie de M. Blu-
menbach, traduite par le citoyen Pugnet, que
l'on fit aussi
connoître le Manuel d'histoire
naturelle, du même
auteur. Le citoyen Cuvier,
dans son tableau élémentaire des animaux,
et le citoyen
Millin, dans son magasin en-
cyclopédique, parlent aussi de ce manuel d'une
manière
avantageuse. D'après ces autorités,
je crois pouvoir me dispenser de faire
une
longue préface, pour relever le mérite de mon
original. Je me
bornerai donc à quelques ob-
servations sur la manière dont
j'ai cru devoir
le traduire.
On trouvera peut-être en France, où le
système de Linnée passe déjà pour ancien
et
insuffisant, sous plusieurs rapports, que M.
Blumenbach, qui l'a suivi entièrement
dans
quelques classes d'animaux, dans celle des
insectes, par exemple,
où les méthodes de
[Seite x] Geoffroy, Fabricius, Olivier, etc., l'ont
presque généralement remplacé, n'a pas marché
de front avec
la science, et est resté en arrière;
Von me reprochera peut-être en
conséquence,
de n'avoir pas fait moi-même ce changement,
en mettant mon
ouvrage au niveau des con-
noissances actuelles. A cela je
répondrai
d'abord, pour M. Blumenbach, ce qu'il m'a
dit lorsque je lui ai fait moi-même cette ob-
jection; que son idée n'avoit été que de faire
un livre
élémentaire pour des commençans qui
veulent seulement avoir des notions
générales,
mais cependant systématiques, sur l'histoire
naturelle, et
que d'après cela il avoit conservé,
dans plusieurs classes, la méthode
de Linnée,
sans y faire
de changement, parce qu'elle lui
paroissoit plus simple et plus facile;
tandis
que celle de Fabricius, par exemple, sur les
insectes, étant beaucoup plus composée,
re-
posant sur des organes difficiles à saisir,
et
nécessitant des divisions et des genres en très-
grand
nombre, auroit offert des difficultés trop
grandes à ceux pour qui ce manuel
étoit des-
tiné. Moi ensuite, pour mon compte, je
dirai
que ces raisons m'ont paru bonnes; que d'ail-
leurs
je n'ai pas voulu faire un livre nouveau,
en changeant tout-à-fait les
méthodes que M.
Blumenbach a suivies, et que même
Je n'eusse
pas été en état de le faire. Le citoyen Cuvier,
je le sais, a combiné
avec succès les deux
méthodes, mais il vouloit donner seulement
un
tableau des animaux; par conséquent il
pouvoit
s'étendre beaucoup davantage, lui-même
d'ailleurs convient que,
pour ne pas embrouil-
ler la nomenclature, et ne pas fatiguer
les
commençans, il n'a mis les genres de Fabri-
cius que comme sous-genres ou
genres addi-
tionnels.
Ce que je viens de dire au sujet de la classe
d'insectes,
peut servir aussi de réponse aux re-
proches que l'on pourrait
faire à la mutila-
tion du règne végétal. M. Blumenbach a
donné seulement un
aperçu des différens usa-
ges des plantes, et exposé le plus
important
de leur physiologie, sans entrer dans les
dé-
tails d'un système quelconque, sans même
indiquer les
classes et les ordres. Mais la bo-
tanique à elle seule forme
déjà une science
Si vaste; tous les systèmes en sont si compo-
sés, que pour peu qu'il eût voulu les démontrer,
il lui eût
été impossible de se renfermer dans
les bornes qu'il s'étoit prescrites. Le
citoyen
Millin, dans ses
élémens d'histoire naturelle,
[xij] est entré, il est vrai, dans déplus grands
détails
relativement à la botanique; il a même ex-
posé la
méthode de Jussieu; mais
d'un autre
côté, il a été obligé de sacrifier quelques parties,
et de se
borner aux deux premiers degrés d'en-
seignement, en
définissant seulement les ca-
ractères des classes et des
ordres. M. Blumen-
bach voulant réunir les trois règnes dans ce
volume, et parcourir
dans ceux des ani-
maux et des minéraux, les trois degrés
d'en-
seignement, en indiquant aussi,
non-seulement
les genres, mais même les espèces les
plus re-
marquables, se trouvoit contraint de se res-
serrer davantage dans le règne végétal.* Ces
raisons sont donc celles qui m'ont engagé à
suivre
également en ceci mon original.
Cependant je ne veux pas faire entendre par-
là que, respectant toujours trop religieusement
mon auteur, j'ai craint de
me permettre quel-
ques changement. Lorsque j'ai cru avoir
quel-
ques raisons pour le faire, je l'ai fait. Rela-
tivement, par exemple, aux définitions et aux
[xiij] noms de
genres et d'espèces, j'en ai présenté
le tableau d'une manière différente.
M. Blu-
menbach met les définitions génériques et spé-
cifiques
en latin, sans les traduire en allemand;
comme il met en premier le nom
latin de genre
et d'espèce, et ensuite le nom allemand, si
toutefois il
le met, ce qui n'est pas toujours.
Moi, au contraire, j'ai toujours mis en
tête
le nom françois, et le nom latin vient ensuite
avec le reste de la
synonymie. De plus, j'ai tra-
duit les définitions en
françois, et j'ai omis
le latin, pour ne pas grossir inutilement
le
volume. Ce qui m'a décidé à ce changement,
c'est qu'il m'a semblé
qu'en France on vou-
lait, et avec raison, nationaliser,
autant que
possible, la langue technique de l'histoire na-
turelle; du moins la plupart de nos natura-
listes donnent
actuellement leurs définitions
en françois, et plusieurs même se sont
occupés
de traduire dans leur langue la nomenclature
latine. J'ai cru
aussi que de cette manière le
livre pourroit être plus utile à ceux qui
ne
sont pas familiarisés avec la langue latine.
Cependant, comme ces
mots francisés ressem-
blent beaucoup au latin, j'avois
d'abord eu,
l'idée, en traduisant ainsi les définitions, de
joindre une
table explicative de la plupart de
[Seite xiv] ces mots; mais je vis bientôt que cette table,
si je la
voulois faire complète, et si j'y vou-
lois joindre encore
l'explication de la langue
de Werner, pour la partie minéralogique,
deviendroit elle-même un
volume; ainsi j'y
renonçai, et je renverrai à plusieurs ouvrages
qui
offrent cette table explicative, beaucoup
plus parfaite que je n'eusse pu le
faire; c'est,
pour la partie zoologique, à l'Enchiridion de
Forster, traduit par Léveillé; sous le nom
de Manuel pour servir à l'histoire
naturelle. Paris,
chez Villiers, an 7; et pour la minéralogie,
à la
traduction du Traité des fossiles de Werner,
par madame Picardet; au Tableau raisonné
des fossiles,
par Strune, et aux Principes de
minéralogie, par Vanberchem-Berthout. C'est
particulièrement de ce dernier que je me suis
servi.
J'ai conservé toutes les citations, et ce que
les
allemands appellent la littérature d'une
science;
c'est-à-dire, des livres qui en traitent.
Je sais fort bien qu'il n'est pas
beaucoup d'usage
en France de citer ses sources; on pardonne
quelques
notes; mais un grand nombre de ci-
tations, dans toutes les
langues, donne un air
d'érudition qui effraie: malgré cela je les ai
[Seite xv] gardées. Ceux qu'elles
n'intéressent pas, ne les
lisent point; ceux qui veulent en savoir da-
vantage qu'il n'y en a dans le livre, ne seront
peut-être pas
fâchés de voir ce que l'ouvrage
cité dit d'un objet indiqué, parfois
seulement
dans le texte. J'ai conservé sur-tout exprès
les livres
allemands qui nécessairement s'y
trouvent cités en grand nombre. Il y a
beau-
coup de françois pour lesquels cela sera par-
faitement inutile; mais il en est aussi, ac-
tuellement sur-tout, qui connoissent et ap-
prennent les
langues étrangères, qui n'ont
jamais entendu parler de tel ou tel livre
alle-
mand, sur tel ou tel objet, et qui
peut-être
gagneront à le connoître.
J'ai tâché de rendre la synonymie aussi com-
plète que possible, dans les quatre langues que
M. Blumenbach a choisies. Il manque
dans
l'original beaucoup de noms françois et an-
glois, et
même souvent des noms allemands.
J'ai mis tous les noms françois et la
très-
grande partie des noms allemands et anglois.
J'ai suivi l'idée du citoyen Millin, dans ses
Élémens d'histoire naturelle; j'ai
mis à la fin
de chaque volume une table méthodique des
[xvj] objets qu'il renferme, laquelle ne
se troupe pas
dans l'original; et à la fin de l'ouvrage, une
table
quadruple, formant dictionnaire.
Voici à-peu-près les observations dont j'ai
cru devoir
faire précéder mon travail; j'ajou-
terai seulement encore un
mot. C'est que j'ai
travaillé sous les yeux de M. Blumenbach lui-
même; qu'il a eu la complaisance de revoir
mon manuscrit, et qu'ainsi je
puis presque ré-
pondre de la fidélité de la
traduction.
Tous les corps que nous
voyons sur notre pla-
nète et dans son intérieur s'offrent
à nos yeux,
ou sous la même forme et avec la même struc-
ture qu'ils tiennent du créateur et qu'ils ont
prise par
l'action des lois libres et spontanées
de la nature, ou avec les
changemens qu'ils ont
subis, soit par l'usage que l'homme et les ani-
maux en ont fait, soit aussi par l'effet d'un
simple
hasard.
C'est d'après cette différence que l'on a divisé
d'abord généralement
tous les corps en corps na-
turels
et en corps artificiels. On met dans la
première
classe tous ceux auxquels l'homme n'a
pas fait subir
encore un changement essentiel,
et dans la seconde, ceux auxquels
il a donné à
dessein* une forme nouvelle. Les premiers
[Seite 2] forment l'objet de l'histoire
naturelle, et ce sont
ceux dont nous allons nous occuper.
Première remarque. Je n'ai pas besoin, je
crois,
d'observer que l'idée que j'attache ici au
mot essentiel et à celui à dessein, peut
se
considérer sous tant de côtés différens, et est
susceptible de
tant de diverses modifications,
qu'elle ne peut être que relative;
combien, par
exemple, elle se trouve déjà modifiée unique-
ment par le point de vue sous lequel celui qui
fait une
collection envisage les objets. C'est ainsi
qu'une momie d'Egypte peut
appartenir à la,
suite anthropologique d'un cabinet d'histoire na-
turelle, ou faire partie d'une
collection d'ou-
vrages de l'art
des anciens égyptiens.
Seconde remarque. Souvent les productions de
la
nature ressemblent si parfaitement à des ou-
vrages de
l'art, qu'il est très-difficile de les dis-
tinguer. C'est
pour cela qu'autrefois les opinions
ont été tellement partagées sur la
nature de
l'enduit qui couvre la piscina
mirabile de Bayes,
et que quelques savans, entr'autres
Winkelmann,
prétendoient que c'étoit un mortier artificiel dont
[Seite 3] on l'avoit revêtue
exprès, tandis que le docteur
Andria et M. Marquard vouloient, et avec
rai-
son, que ce fût une incrustation de tuf
calcaire
que l'eau avoit déposée.
Les corps naturels offrent une différence
entre
eux relativement, 1.° à leur formation, 2.° à
leur
accroissement, 3.° à leur structure; c'est-
à-dire:
Les uns sont toujours produits par d'autres
corps naturels de la même
espèce et de la même
figure qu'eux, de sorte que leur existence sup-
pose une chaîne continuelle d'existences succes-
sives d'individus semblables à eux, laquelle re-
monte jusqu'à la première création.*
En second lieu, ces mêmes individus se nour-
rissent par
l'incorporation de diverses
substances
étrangères; ils assimilent ces substances aux élé-
mens de leur corps, et, par cette opération,
ils croissent intérieurement, c'est-à-dire, par
intus-susception.
En troisième lieu, ces deux propriétés suppo-
sent dans
cette classe de corps naturels une
structure
particulière. Destinés à se nourrir de
la manière dont j'ai parlé, et à
reproduire
d'autres êtres de leur espèce, il faut que ces
corps
aient l'organisation nécessaire pour l'in-
corporation des
sucs qui leur sont convenables
pour l'assimilation des alimens et pour
la repro-
duction de l'espèce; il leur faut des
vaisseaux,
des veines et des organes qui répondent à ce
but, et qui
soient pour cet effet animés par ce
qu'on nomme les
forces vitales.
Les autres, au contraire, sont privés de toutes
ces propriétés; ils ne
naissent point, ils ne
croissent point, à proprement parler, ils se for-
ment, ils augmentent.
Ces opérations ne sont
point l'effet de la nutrition, elles se font seule-
ment, d'après ce
qu'on appelle les lois mécani-
ques et chymiques, par l'agrégation, par la
juxta-position de parties homogènes qui viennent
se poser extérieurement contre les premières;
par conséquent,
ces corps n'ont ni force vitale,
ni une organisation originaire.
C'est sur cette différence des corps naturels
entre eux que repose leur
division en corps
organisés et en corps bruts ou inorganiques.
Enfin, les corps organisés se subdivisent en-
core entre
eux, et le fondement de cette division
est la différence dans la manière
dont ils se
nourrissent.
Les uns se nourrissent d'un suc homogène et
extrêmement simple; ils le
pompent principa-
lement au moyen des filamens nombreux
qui se
trouvent au bas de leur corps, et cela sans
qu'on remarque en
eux, dans cette fonction, le
moindre mouvement spontanée.
Les autres ont à l'extrémité supérieure ou an-
térieure de
leur corps une ouverture ordinaire-
ment simple, qui
conduit à une vaste cavité dans
laquelle, lorsque la faim les presse,
ils portent,
au moyen d'un mouvement spontanée, leurs ali-
mens qui peuvent être de plusieurs espèces.
Les premiers sont les plantes, les seconds
les
animaux.
Remarque. La faculté
locomotive n'est pas
un caractère qui puisse suffisamment
distinguer
les plantes des animaux. Plusieurs plantes, les
lentilles
d'eau ordinaires, par exemple, ne tien-
nent pas par leurs
racines à la terre, elles peu-
vent en certaines saisons
changer de lieu, tantôt
aller a fond tantôt remonter sur la surface
de
[Seite 6] l'eau; d'un
autre côté, il y a des genres entiers
d'animaux aquatiques, sur-tout
parmi les testa-
cées et les coraux, qui ne peuvent plus
quitter
la place qu'ils ont une fois prise.
C'est d'après cette distinction très-simple des
corps naturels en corps
organisés et en corps
inorganiques (§ 2), et ensuite des corps orga-
nisés entre eux (§ 3), que l'on a divisé les pro-
ductions de la nature en trois règnes, dont l'un
comprend
les animaux, le second les plantes, et
le troisième les minéraux.
Les animaux sont donc des corps organisés,
vivifiés et animés, qui, au
moyen de la faculté
de se mouvoir à volonté, cherchent leur nour-
riture, laquelle peut être très-variée, et la por-
tent par la bouche dans l'estomac.
Les plantes sont également des corps organisés
et vivifiés, mais
inanimés, qui, au moyen de
leurs racines, pompent sans un mouvement
spon-
tanée leur suc nourricier homogène.
Les minéraux enfin sont des corps sans ame
et sans vie, qui, par
conséquent, privés des forces
vitales, se forment uniquement, d'après
les lois,
physiques (mécaniques et chimiques) d'attrac-
tion, d'agrégation, de force plastique, etc.
Remarque. On a fait, sur-tout dans les der-
niers temps, deux objections contre cette division
des
corps naturels en trois règnes.
Quelques savans veulent bien reconnoître la
solution de continuité entre
les corps organisés
et les corps inorganiques; mais ils ne veulent
pas
qu'on tire une ligne de démarcation entre les
animaux et les
plantes.
D'autres ont expliqué à leur manière la méta-
phore de la
gradation des êtres, et, comme si
la nature ne pouvoit se prêter à
aucune division,
ils n'ont voulu admettre aucun règne.
Quant à la première objection, je répondrai
d'abord qu'en général on ne
devroit point ou-
blier, et c'est ce qui n'arrive que trop
souvent,
sur-tout à l'égard des objets que l'expérience
nous apprend
à connoître, qu'il est beaucoup
plus aisé de reconnoître ces objets pour
ce qu'ils
sont,* et de les distinguer des autres, que de
trouver
et de définir les caractères particuliers
qui les différencient. Linnée
disoit, par exemple,
‘„Je n'ai pu,
jusqu'à présent, trouver un ca-
[Seite 8] ractère
qui distinguât l'homme du singe.“’
Je crois pourtant avoir
exposé dans ce livre des
caractères extérieurs particuliers à l'homme,
et
par lesquels il se distingue, à ne pas s'y mé-
prendre, non-seulement des autres mammifères,
mais même du singe, qui
lui ressemble le plus,
et même aussi sans ces caractères, je ne
crois
pas que jamais un naturaliste (in praxi)
soit
embarrassé pour distinguer un homme d'un
singe.
En second lieu, des êtres de classes très-diffé-
rentes
peuvent avoir entre eux une ressemblance
quelquefois frappante et
extraordinaire, sans,
par-là, faire disparoître la différence qui
cepen-
dant existe incontestablement entre ces
classes.
On divise, par exemple, les animaux en ani-
maux à sang chaud et en animaux à sang froid;
on met les mammifères au
nombre des pre-
miers, et les insectes parmi les seconds,
quoique
l'on sache fort bien que les abeilles, dans leur
ruche, sont
à un degré de chaleur sans compa-
raison beaucoup plus
haut qu'un hérisson pen-
dant son sommeil d'hiver. Il y a,
dans la classe
des vers, des genres, celui des sèches, par exem-
ple, qui sont très-différens des autres animaux
de cette
classe, et ont même une ressemblance
frappante avec les poissons; malgré
cette ressem-
blance, personne n'imaginera devoir détruire
le
[Seite 9] mur de
séparation qui existe entre la classe des
poissons et celle des vers.
Comment veut-on ainsi
confondre le règne animal et le règne
végétal,
parce qu'on a remarqué dans certaines plantes
une certaine
ressemblance avec certains animaux?
Les mouvemens singuliers de
plusieurs sensitives,
du sain-foin oscillant (hedysarum gyrans), peu-
vent être très-remarquables;
mais cependant ces
plantes n'ont point le caractère d'animalité
que
j'ai donné plus haut. Les ressemblances que les
polypes à bras
ont avec les plantes, portent tout
aussi peu le caractère de végétabilité que j'ai
exposé; bien au contraire, les
polypes à bras sont
des animaux qui, comme l'homme et
l'huître,
lorsque la faim les presse, portent, au moyen
d'un
mouvement spontanée, leur nourriture dans
leur bouche, ce que surement
jamais plante n'a
fait dans la création que nous connoissons ac-
tuellement.
On peut répondre également à la seconde ob-
jection contre
les règnes de la nature, celle qui
se fonde sur la métaphore de la
progression gra-
duelle des êtres.
Toutes ces images de chaîne, d'échelle de ré-
seau, peuvent
fournir des méthodes pour faci-
liter l'intelligence de
l'histoire de la nature: elles
sont utiles en ce qu'elles fondent ce
qu'on ap-
pelle un système
naturel, dans lequel tous les
[Seite 10] êtres sont classés d'après leurs
ressemblances,
leur habitude totale, et l'affinité qui résulte de
cette habitude.
Mais vouloir faire entrer ces images méta-
phoriques, comme
plusieurs physico-théologiens
l'ont déjà fait; vouloir les faire entrer,
dis-je,
dans le plan de création de la providence, vou-
loir chercher la perfection et l'ordre, de cette
création dans cette
progression graduelle des
êtres, en prétendant qu'il
n'est point de sauts
dans la nature (c'est ainsi qu'ils
s'expriment),
non-seulement cela me paroît une témérité,
mais de
plus, je ne crois pas cette idée soute-
nable, lorsqu'on
l'examine attentivement.
En effet, que l'on considère simplement de
plus près cette chaîne de
créatures, travaillée
avec tant d'art, et bientôt l'on s'apercevra
qu'elle
n'existe pas. D'un côté, vous voyez une quan-
tité de créatures d'une configuration semblable
former des genres très-étendus, et composés
d'espèces sans nombre (sur-tout parmi les in-
sectes
et les vers, ainsi que dans le règne végé-
tal), tandis
que d'autres êtres sont pour ainsi
dire isolés, parce qu'à cause de leur
confor-
mation distincte et toute particulière, ils ne
peu-
vent être intercalés sans contrainte dans
une
pareille chaîne. Telle est, par exemple, la classe
des oiseaux,
tel est parmi les vers le genre des
[Seite 11] sèches dont j'ai déjà parlé, et parmi les mammi-
fères l'espèce humaine elle-même.
De plus il se trouve des animaux, les gallin-
sectes, par
exemple, parmi lesquels les mâles
ont une figure si différente de celle
des femel-
les, que dans une échelle pareille il faudroit
ab-
solument les séparer, et, d'après la différente
con-
formation de chaque sexe, leur assigner diver-
ses places sur des échelons très-éloignés l'un
de
l'autre.
En outre l'échelle se trouve rompue en plu-
sieurs
endroits, et il n'est pas aisé de sauter d'un
échelon à l'autre. Un
exemple suffira pour tous.
Quelle distance entre les corps organisés et
les
minéraux! Bonnet lui-même, qui a défendu
avec infiniment
d'esprit le système de la pro-
gression des êtres,
convient que la transition est
un peu brusque et n'est pas heureuse.
Ainsi ces idées métaphoriques, ces figures de
chaîne, d'échelle dans la
nature, sont absolu-
ment défectueuses; mais une idée bien
plus dé-
raisonnable encore, et tout-à-fait sans fonde-
ment, c'est celle de ces physico-théologiens qui
croient
que si un chaînon de cette chaîne qu'ils
ont inventée venoit
malheureusement à manquer,
la création se trouveroit pour ainsi dire
arrêtée
dans sa marche. Mais comme on a détruit dans
de grandes îles
des espèces entières d'animaux
[Seite 12] (les loups, par exemple, en Angleterre),
sans
que la création de ces pays ait rien perdu de sa
suite et de
son enchaînement, on peut de même
faire disparoître d'autres animaux de
plusieurs
parties du monde, et même de toute la terre*,
sans que cette solution
de continuité dans la
chaîne de ces naturalistes entrave en
aucune
manière la marche paisible et éternelle de la
création.
Journal de physique. Paris, depuis 1773, in-4°.
Magazin fur das neueste aus der Physik und
Naturgeschichte,
herausgegeben von L. C. Lichten-
berg, und J. H. Voigt. Gotha, 1781
bis 97, 11 vol.
in-8°. und nun J. H. Voigts Magasin fur den neuesten
Zustand der Naturkunde. Jena
seit 1798. (Journal
de physique et d'histoire naturelle; par
Lichtenberg
et Voigt).
Tout corps organisé (§ 2)
est engendré par
son semblable; il se conserve
et croît par la pro-
priété de se nourrir; et cette force particulière
qu'il
exerce pendant toute sa vie, lui donne aussi
la faculté de se reproduire lorsqu'il est parvenu
à sa
maturité.
La nature, en imposant aux corps organisés ces
grandes opérations, les a
mis en état de les exé-
cuter par le moyen de leur organisation et des
forces
vitales attachées à cette organisation. En
effet, ce sont ces
forces qui donnent aux organes
leur irritabilité et leurs principes de
mouvement,
sans lesquels on ne peut concevoir ni nutrition,
ni
accroissement, ni action réciproque des parties
sur le tout, ou
du tout sur les parties, pour la con-
servation de l'être
organisé.
Pour expliquer la formation des corps organi-
[Seite 16] sés, on a, sur-tout dans les
derniers temps, trouvé
commode l'hypothèse de l'évolution. On a pré-
tendu qu'il n'y avoit point
d'homme, point d'a-
nimal, point de plante engendrés, mais que
tous existoient déjà depuis la
première création
comme germes parfaitement
préformés*
dans
les liqueurs séminales de leurs parens; que les
différentes
générations étoient emboîtées, pour
ainsi-dire,
les unes dans les autres, et que mises
en jeu. par la fécondation, elles
venoient au jour
l'une après l'autre et à leur tour.
Cette opinion sera combattue par tout homme
qui raisonne sans préjugé.
Qu'on calcule la dé-
pense prodigieuse de cet appareil hyperphysique
[Seite 17] et cette multiplication de forces physiques, abso-
lument inutile et entièrement
opposée à toutes les
lois de l'étude philosophique de la nature;
qu'on
pense à la quantité innombrable de ces créations
sans but, de
tous ces germes préformés qui pé-
rissent faute de
développement, et l'on pourra
apprécier cette idée; mais il y a plus
encore, elle
est contredite par des raisons fondées sur l'expé-
rience, et qui sont entièrement opposées.
Remarque. Les sectateurs les plus célèbres et
les
plus zélés de l'hypothèse de l'évolution s'ac-
cordent
tous à dire que les germes préformés sont
contenus dans les ovaires de
la mère, et que pen-
dant la fécondation ils sont
réveillés et développés
par la semence du père. Ainsi ce qu'on
nomme
la conception n'est autre chose que le réveil du
germe endormi
profondément; réveil occasionné
par le stimulus
de la semence du mâle.
Donc il faut d'abord une force excitante,
mais
très-souvent les enfans ressemblent uni-
quement à leur père.
Des chiennes qui ont été couvertes par plu-
sieurs chiens à
peu de distance les uns des au-
tres, font souvent des
petits qui ressemblent à
leurs différens pères.
Deux races d'hommes différentes, les nègres
et les blancs, par exemple,
engendrent entre eux
[Seite 18] des mulâtres, qui forment une race moyenne.
Enfin lorsqu'une espèce d'animaux ou de
plantes est fécondée par une
autre espèce abso-
lument différente, elle donne des
bâtards qui ont
quelque chose de la forme du père et de la mère.
Ce
sont là des faits qu'on ne peut nier; aussi
les partisans de l'évolution
sont-ils obligés d'accor-
der à la semence du mâle, outre
cette première
force excitante dont j'ai parlé, encore une se-
conde force formative, pour que la
liqueur sé-
minale du père puisse donner quelque chose
de
sa forme au germe préexistant dans les parties
génitales de la
mère.
Par conséquent il y auroit dans la semence du
mâle deux sortes de forces,
1.° une force exci-
tante, et 2.°
une force formative.
Mais, objecterai-je encore, en faisant produire
pendant plusieurs
générations des espèces bâ-
tardes à certaines espèces de
corps organisés,
on peut finir par transformer tout-à-fait une es-
pèce en une autre; en fécondant, par exemple,
une espèce de plantes avec la poussière mas-
culine d'une autre espèce, on a eu
des semen-
ces qui ont donné des plantes bâtardes
fécondes;
pendant la floraison, l'on a fécondé encore ces
bâtards
avec la poussière masculine de cette au-
tre espèce, et ils ont produit d'autres bâtards de
la seconde
génération, également féconds. Les
[Seite 19] bâtards de la première tenoient, pour ainsi
dire,
le milieu entre leurs différens auteurs du côté
paternel et
maternel; ceux de la seconde géné-
ration au contraire
tenoient déjà plus de la
forme paternelle que de la forme maternelle,
et
lorsque cette fécondation artificielle eut été ré-
pétée encore pendant deux générations, à la fin
naquirent des plantes
dans lesquelles la forme
maternelle primitive étoit tout-à-fait disparue
et
avoit fait place à la forme paternelle.*
Par conséquent, la préformation du germe
maternel conservé depuis la
création du monde,
à la fin n'a servi de rien; au contraire, ce
germa
a été obligé de céder à la force formative
de
la liqueur masculine qui proprement, d'après
l'hypothèse de
l'évolution, n'auroit dû agir quo
par sa force excitante.
Ainsi il répugne moins à notre entendement,
et il est même plus conforme
aux règles de l'étude
philosophique de la nature,** d'expliquer la
[Seite 20] génération des corps organisés uniquement par
la
formation successive (l'épigenèse)* de la
substance séminale brute en elle-même, mais
susceptible d'être organisée dans des
circonstan-
ces données.
Seulement, comme on peut considérer et comme
on a même déjà considéré
cette formation suc-
cessive sous divers points de
vue,** il faut
la
déterminer de la manière qui répond le plus
naturellement à
l'idée que présentent les corps
organisés, et aux phénomènes que nous
obser-
vons lors de leur génération.
Il me semble que cet objet est rempli, en
admettant que la substance
séminale brute au-
paravant, mais organisable lorsqu'elle
est par-
venue à un degré suffisant d'élaboration et
qu'elle
arrive en son temps et en certaines circonstan-
ces au lieu de sa destination, devient alors sus-
ceptible de recevoir une force vitale qui y
agit
conformément à une fin; j'appelle cette force
force génératrice (nisus formativus);* elle
se distingue de toutes les forces formatives
purement mécaniques (telle que
celle par exem-
ple qui produit les cristallisations dans
le règne
minéral), en ce que les corps organisés et leurs
[Seite 22] parties étant destinés
à tant de différentes fonc-
tions, elle peut donner à la
substance séminale
susceptible de diverses organisations des
formes
tout aussi variées que ces fonctions; seulement
ces formes
sont toujours modifiées conformément
à une fin; ainsi cette force (par
la réunion des
principes purement mécaniques avec ceux qui
sont
susceptibles de modification conformément
à une fin) opère d'abord lors
de la conception
la formation successive; elle
conserve ensuite
par le moyen de la nutrition
cet être organisé
pendant tout le cours de sa vie, et lorsque
ce
corps a par hasard fait quelques pertes, elle les
répare autant
que possible par la reproduc-
tion.*
Première remarque. On peut observer très-
distinctement cette formation successive des nou-
veaux corps organisés dans ceux qui joignent à
une
grandeur assez considérable la faculté de croî-
tre
très-rapidement, et dont la texture est si fine
et si transparente, que
lorsqu'ils sont éclairés suf-
fisamment et en les
grossissant un peu, on peut
voir parfaitement à travers; tels sont, dans
le
[Seite 23] règne
végétal, plusieurs mousses d'eau simples,
la conserve de fontaine, par
exemple, conferva
fontinalis, qui se reproduit
dans les premiers
jours du printemps; parmi les animaux privés
de
sang, les polypes à bras, et parmi ceux à
sang chaud, le poulet lors de
sa première ap-
parition dans l'œuf couvé, et lors de son
dé-
veloppement qui augmente ensuite de jour
en
jour.
Deuxième remarque. Je crois n'avoir pas be-
soin de faire remarquer à la plupart de mes lec-
teurs que le mot force génératrice,
tout comme
les dénominations de toutes les autres sortes de
forces
vitales, n'explique rien en lui-même; il
doit seulement désigner cette
force particulière
qui réunit en soi le principe mécanique
avec
celui susceptible de modification, conformément
à une fin;
force dont l'expérience nous montre
l'effet constant, mais dont la
cause, tout aussi
bien que les causes de tontes les autres forces
de
la nature reconnues généralement, reste pour
nous dans toute la force du
terme une qualité
occulte;* mais cela ne nous empêche pas de
[Seite 24] chercher à connoître et à
suivre les effets de
cette force par nos observations, et de
tâcher
de les réduire en lois générales.
Cette force génératrice, en agissant détermi-
nément et
conformément à une fin, sur les subs-
tances déterminées
susceptibles de la recevoir et
d'être organisées, conserve la forme et
l'habitude
également déterminées de toutes les espèces dis-
tinctes de corps organisés; c'est elle aussi
qui
entretient dans les corps qui ont des sexes, cette
différence
sexuelle par laquelle les mâles se dis-
tinguent des
femelles de la même espèce.
Cependant la force génératrice peut dévier
de diverses manières de sa direction propre
et
déterminée, tout aussi bien que toute autre force
vitale troublée
dans son action ou modifiée par
des circonstances étrangères.
Alors proviennent de ces déviations*
[Seite 25]On entend par monstre ou monstruosité
une
difformité frappante contre nature et apportée
en naissant dans
la conformation des plus gran-
des parties extérieures du
corps; quelque va-
riées que puissent être ces
difformités, on peut
cependant réduire les monstres aux quatre
classes
suivantes:
1.° Les monstres dont quelques membres ont
une conformation contraire à celle de la na-
ture.
2.° Ceux dont quelques membres sont trans-
posés ou placés contre nature,
ce sont les plus
rares, je veux dire d'après la définition que
j'en
ai donnée, car souvent en ouvrant des hommes
bien constitués,
on a trouvé plusieurs de leurs
viscères dans une position tout-à-fait
opposée à
l'ordre de la nature.
3.° Les monstres par défaut, ceux auxquels
il
manque des membres entiers: ce sont les plus
instructifs de tous.
4.° Les monstres par excès, ceux avec plus
de
membres qu'ils n'en doivent avoir, ce sont
les plus communs; ils ne sont
même pas rares
[Seite 26] parmi les animaux qui ne sont pas apprivoisés,
par exemple parmi les
lièvres. Souvent cette
sorte de monstruosité est héréditaire, comme
par
exemple dans les familles qui ont six doigts.
Remarque. La ressemblance frappante entre
tant de
monstruosités prouve que même les dé-
viations de cette
force génératrice suivent des
lois déterminées; mais je ne vois pas
comment
concilier le principe des sectateurs de l'évolution,
qui
prétendent que les germes de ces monstres
étoient également préexistans
comme monstres
depuis la première création, avec le fait positif
que
tout le monde connoît; c'est que les ani-
maux
domestiques, depuis que nous les avons
apprivoisés, sont, ainsi que les
plantes que nous
avons cultivées dans nos jardins, beaucoup
plus
sujets à ces difformités que lorsqu'ils sont aban-
donnés à eux-mêmes; il est de fait, par exem-
ple, que
les monstres sont très-communs parmi
nos cochons domestiques, tandis
qu'on n'en voit
presque pas un parmi les sangliers.
On nomme hermaphrodites, dans le sens le
plus
strict, ces individus organisés chez lesquels
les organes sexuels qui
doivent distinguer les
mâles des femelles de la même espèce se trou-
[Seite 27] vent plus ou moins réunis d'une manière con-
traire à
l'ordre de la nature; on trouve de ces
hermaphrodites parmi les animaux
à sang chaud,
sur-tout parmi le bétail à corne et à laine.
C'est ici le cas de parler d'une déviation par-
ticulière
que l'on observe dans la force géné-
ratrice. Quelquefois des fonctions corporelles ou
des caractères
propres à un sexe se manifestent
chez des individus de l'autre; des
biches et des
chevrettes, par exemple, ont la tête ornée d'un
bois;
des paons et des faisans femelles prennent
avec l'âge le plumage des
mâles; des hommes ou
d'autres mammifères mâles donnent du lait,
etc.;
quelquefois aussi des créatures d'un sexe, quoi-
que bien faites et bien conformées, ont dans
toutes les proportions de
leur conformation plus
ou moins de l'habitude totale des individus
de
l'autre sexe; quelques hommes, par exemple,
ont les formes et la
mollesse du corps d'une
femme, etc.
Un individu femelle d'une espèce, fécondé
par un mâle d'une autre espèce,
produit des
bâtards dont la conformation tient
de celle de
ses deux auteurs; mais comme c'est de la con-
formation déterminée des corps organisés
et
sur-tout des animaux que dépend l'exercice de
[Seite 28] leurs fonctions, exercice si
important pour la
marche de la création, la nature y a pourvu
par
deux lois extrêmement sages; la première,
est que rarement les espèces
se mêlent et s'ac-
couplent l'une avec l'autre, du moins
je ne sache
pas que parmi les animaux à sang rouge et
chaud,
lorsqu'ils sont abandonnés à eux-mêmes
dans leur état de nature, on ait
jamais remar-
qué un accouplement entre deux espèces
diffé-
rentes; la seconde, est qu'en général les
bâtards
sont stériles et rarement en état de se repro-
duire; c'est une exception très-rare lorsque les
mulets ou les bâtards
des linottes et des serins
sont féconds; il est plus aisé de faire
produire
aux plantes des espèces bâtardes qui portent des
semences
susceptibles d'être fécondées (§ 7).
Quant aux prétendus bâtards
provenus de l'ac-
couplement de vaches avec des chevaux ou
des
ânes, de lapins et de poules, ou même d'hom-
mes
et d'animaux, il n'en a jamais existé, et ces
fables n'ont plus besoin
d'être réfutées.*
Les races et les variétés
sont ces déviations
qu'une dégénération
insensible a apportées dans
la conformation spécifique originaire des
espèces
particulières de corps organisés.
Le mot race indique, dans le sens plus exact,
un
caractère que la dégénération a fait naître,
et qui devient
nécessairement et inévitablement
héréditaire par la propagation, comme
par exem-
ple lorsque des blancs engendrent des
mulâtres
avec des nègres, ou des métis avec les indiens
d'Amérique.
Ce caractère d'hérédité n'est pas
une suite nécessaire à l'égard des variétés,
comme par exemple lorsque des hommes
blonds
à yeux bleus ont des enfans de brunes à jeux
noirs.*
Remarque. Lorsque certains caractères pro-
venus de la dégénération se sont propagés de-
puis une longue suite de générations, il est sou-
vent très-difficile de déterminer si ces corps dé-
générés appartiennent à de simples races ou à
des espèces
originairement différentes; pour dé-
cider en pareil cas,
il n'y pas d'autres règles
applicables que celles qui sont tirées de
l'ana-
logie, car les règles que Buffon et Ray ont
données pour déterminer
le caractère de l'espèce
d'après sa faculté d'engendrer une postérité
fé-
conde, ne sont rien moins que sures et suffi-
santes.
En effet, sans compter qu'on ne peut appli-
quer cette
règle à un grand nombre d'animaux
et de plantes qui se reproduisent sans
accou-
plement (plus bas, § 20), il est cent autres
cas
auxquels des difficultés insurmontables empêchent
d'en faire
l'application. Qui décidera, par exem-
ple, la question si
l'éléphant d'Asie et celui d'Afri-
que appartiennent à la
même espèce? Et même
dans les cas où nous sommes instruits par l'ex-
périence, comme dans l'accouplement du cheval
et de
l'ânesse, ou de l'âne et de la jument, re-
gardera-t-on
comme règle le résultat ordinaire ou
celui qui s'offre le plus rarement?
Ordinaire-
ment les mulets sont stériles, il est
très-rare
[Seite 31] qu'on les ait trouvé capables de se reproduire;
si l'on vouloit ainsi
prendre pour règle ce cas
extrêmement rare, il faudroit regarder le
cheval
et l'âne comme étant de la même espèce, quoi-
que dans toute la conformation de leur corps,
sur-tout dans leur
intérieur et nommément dans
la structure tout-à-fait différente des
organes de
leur voix, l'un diffère spécifiquement autant de
l'autre
que le lion diffère du chat; mais d'après
l'analogie on doit les
regarder comme deux es-
pèces différentes, et c'est
d'après ce principe
d'analogie que je regarde les deux éléphans
dont
je viens de parler comme appartenant à deux
espèces
différentes, puisque leurs dents molaires
nous montrent une différence
frappante qu'il
est impossible de prendre pour une simple suite
de
dégénération.
Aux diverses causes de dégénération, appar-
tiennent
particulièrement l'influence du climat et
de la nourriture, et parmi les
hommes et les ani-
maux, leur manière de vivre.
Un climat froid, par exemple, arrête l'accrois-
sement des
corps organisés. C'est pour cela que
les groënlandois, les lapons, ainsi
que les plantes
et les animaux des pays froids sont petits et ra-
massés. Ce climat donne, également une couleur
[Seite 32] blanche aux plantes et
aux animaux; aussi les
habitans du nord ont-ils en général la peau
blan-
che; aussi beaucoup d'animaux à sang chaud
des
pays les plus froids ont-ils par anomalie les
poils ou les plumes d'une
blancheur éclatante;
aussi beaucoup de plantes de ces pays
ont-elles
également par anomalie des fleurs toutes blan-
ches; les créoles au contraire, c'est-à-dire, les
blancs
nés dans les deux Indes, portent ordi-
nairement le cachet
de leur patrie méridionale.
Je n'ai pas besoin d'entrer dans de grands
détails sur les autres causes
de dégénération que
j'ai indiquées: nos animaux domestiques,
nos
blés, nos fruits, nos plantes potagères et l'espèce
humaine
elle-même nous montrent assez jusqu'à
quel point la différence dans la
manière de vi-
vre, dans la culture et les alimens peut
changer
peu à peu la conformation, la couleur et toute
la
constitution des corps organisés.
Cependant ces différentes causes de dégéné-
ration sont
modifiées par les circonstances; sou-
vent elles viennent
à l'appui les unes des autres,
et rendent la dégénération plus rapide et
plus
frappante, ou bien parfois elles se compensent
en quelque façon
et la retardent; aussi ne doit-
on pas se presser de
prononcer, lorsqu'il s'agit
de faire l'application à des cas
particuliers.
Première remarque. Il y a, par exemple,
même sous
la ligne, des contrées extrêmement
froides, comme dans l'intérieur de
Sumatra, etc.;
d'un autre côté, la Sibérie produit beaucoup
de
plantes des pays chauds, lesquelles ne viennent
pas dans des
contrées de l'Europe qui sont beau-
coup plus au sud.
Deuxième remarque. L'effet individuel
que
quelques climats opèrent sur les corps
organisés,
particulièrement sur ceux du règne animal, est
singulier;
en Syrie, par exemple, les chats, les
lapins et les chèvres ont des
poils d'une longueur
et d'une blancheur extraordinaire; en Corse,
les
chiens et les chevaux sont tachetés d'une manière
particulière,
et en Guinée les hommes, les chiens
et les poules deviennent des nègres
à leur ma-
nière.
La nutrition des corps organisés s'opère
de
différentes manières. Les plantes prennent leur
nourriture
homogène par des racines qui se trou-
vent hors de leur tige, à une de ses extrémités;
les
animaux au contraire ont, suivant l'expres-
sion de Boerhaave, leurs racines dans
l'intérieur
de leur corps, c'est-à-dire, dans l'estomac et
le
canal intestinal, et où se trouvent des petits vais-
seaux sans nombre qui pompent la partie nutri-
[Seite 34] tive des alimens,
à-peu-près comme le font les
racines dans les plantes, et la portent
ensuite aux
parties du corps.
La partie nutritive des alimens s'assimile,
par
un des plus merveilleux procédés de l'éco-
nomie des corps
organisés, à la substance de ces
corps; la partie superflue s'évapore;
et chez les
animaux qui ne se nourrissent pas d'un suc aussi
simple
que les plantes, elle est rejetée encore par
d'autres voies.
L'accroissement des corps organisés est la suite
de leur nutrition; la
plupart atteignent bientôt
la grandeur qu'ils doivent avoir, mais il est
des
arbres (le palmier areca, areca oleracea,
le
baobab, adansonia digitata); il est des
plantes
(le rotang, calamus rotang), et aussi
quelques
animaux (plusieurs espèces de ténia, même les
crocodiles et
les grands serpens aquatiques) qu'il
est trop difficile d'observer, pour
qu'on puisse dé-
terminer si et quand ils cessent de
croître en
longueur et en grosseur.
A cette faculté de croître des corps organisés,
appartient aussi leur force de reproduction, ou
cette propriété
remarquable par laquelle des
[Seite 35] parties de leur corps mutilées ou perdues tout-
à-fait se réparent et reviennent d'elles-mêmes.
Cette
force est un des plus grands bienfaits de la
nature; elle conserve les
animaux et les plantes
dans mille accidens où leur corps est blessé;
aussi
est-elle en général, ainsi que la nutrition, un des
avantages
précieux qui mettent les corps orga-
nisés sortis des
mains du créateur bien au-dessus
des automates construits avec le plus
d'art par
les mécaniciens. Les auteurs de ces ouvrages ne
peuvent
pas leur communiquer la force de ré-
tablir d'eux-mêmes
leurs ressorts ou leurs roua-
ges, lorsqu'ils sont
faussés, rompus ou usés;
cette force, au contraire, le créateur l'a
donnée
plus ou moins à tout animal et à chaque plante.
Beaucoup de corps organisés perdent à des
temps fixés certaines parties
de leur corps qui leur
reviennent quelques temps après. Les cerfs,
par
exemple, jettent leurs bois; les oiseaux muent;
les serpens et
les chenilles changent de peau; les
écrevisses de test; les plantes se
dépouillent de
leurs feuilles, et ces pertes se réparent ensuite.
On
pourrait appeler cette propriété la reproduc-
tion ordinaire.
L'autre est la reproduction extraordinaire,
et
proprement celle dont il est question ici. C'est la
faculté par
laquelle les blessures des corps orga-
nisés, sur-tout des
animaux, se guérissent; leurs
[Seite 36] fractures se remettent, et même des parties per-
dues ou mutilées se reproduisent de nouveau.
L'homme et
les animaux qui ont le plus d'ana-
logie avec lui, n'ont
qu'une force de reproduc-
tion
extrêmement bornée, mais la nature en a
donné une vraiment étonnante à
plusieurs ani-
maux à sang froid, particulièrement aux
sala-
mandres aquatiques, aux écrevisses, aux lima-
çons, aux vers de terre, aux actinies (actinia
senilis), aux artéries et aux polypes à bras.
Remarque. Pour que certaines expériences
sur
cette force de reproduction réussissent, il faut
une main déjà
exercée à un pareil travail, et
sur-tout infiniment de précaution;
peut-être faut-
il aussi être favorisé par des
circonstances acces-
soires; c'est pourquoi il ne faut pas
se presser
de révoquer la chose en doute, parce que les
premières
expériences auront peut-être man-
qué; ce n'est qu'après
plusieurs essais infruc-
tueux que mes expériences ont
réussi; mais enfin
la tête d'un grand colimaçon des vignes (helix
pomatia) s'est reproduite avec ses quatre
cornes,
dans l'espace d'environ six mois.
Il y a plusieurs années que j'ai extirpé l'œil
presque tout entier à une
salamandre aquatique
de la grande espèce (lacerta
lacustris), que je
conserve à présent dans de l'esprit de vin;
c'est-
[Seite 37] à-dire, j'ai fait couler toutes les humeurs, et
j'ai
coupé ensuite 4/5 des peaux vidées, et cependant
en moins de
dix mois s'est reproduit un nouveau
globe parfait avec une nouvelle
cornée, une
nouvelle pupille et un nouveau cristallin, etc.;
le
nouvel œil différait seulement de celui que
j'avois laissé, en ce qu'il
n'avoit à-peu-près que
la moitié de la grandeur de l'autre.
Lorsque les corps organisés sont parvenus à
leur parfaite maturité par le
moyen de la nu-
trition et de l'accroissement, ils ont
alors la fa-
culté d'engendrer (§
5), faculté qui s'exerce
en général de deux différentes manières;
ou
chaque individu est en état par lui-même de re-
produire seul son espèce, ou il faut le concours
de deux individus de
différent sexe qui s'accou-
plent ensemble.
Toutes les différences particulières qui exis-
tent dans
ces deux modes principaux de propa-
gation, se réduisent
en dernier résultat aux qua-
tre sortes suivantes:
1.° Chaque individu se propage de la ma-
nière la plus
simple, sans fécondation pré-
cédente, soit par division, comme plusieurs
animalcules des
infusions* et les polypes à bou-
[Seite 38] quets,* soit par rejetons, comme les
polypes
à bras et beaucoup d'autres plantes, soit par
boutons, comme la conferve de fontaine.**
2.° Chaque individu est aussi en état de se
reproduire; mais véritable
hermaphrodite, il
porte sur son corps les deux organes sexuels,
et
pour qu'il engendre un être de son espèce, il faut
auparavant
qu'il se féconde lui-même, c'est-à-
dire, il faut, si
c'est un animal, qu'il répande
sa semence
masculine sur les œufs femelles
qu'il
porte, et si c'est une plante, qu'elle arrose
de sa poussière masculine
ses graines féminines.
Telle est la manière dont se propagent la plu-
part des plantes, et dans le règne animal, à ce
qu'il
paroît, quelques conques.
3.° Les deux sexes sont également réunis dans
un individu, comme dans les
hermaphrodites de
la classe précédente; mais aucun de ces
individus
n'est en état de se féconder lui – même, il faut
que deux
individus se fécondent et soient fé-
condés
réciproquement. Cette singulière organi-
sation ne se
trouve que dans peu d'animaux,
[Seite 39] dans le ver de terre, dans quelques
limaçons,
etc.*
4.° Les deux organes sexuels se trouvent sur
deux individus séparés, dont l'un a les parties
femelles ou les
ovaires, et l'autre la substance
masculine fécondante; tels sont tous
les animaux
à sang rouge, et beaucoup d'autres des autres
classes;
telles sont aussi quelques plantes, comme
les saules, le houblon et la
plupart des mousses.
Quelques animaux de cette quatrième classe
mettent bas des œufs dans
lesquels le petit ne se
forme tout-à-fait qu'après la ponte: on les
nomme
ovipares; mais d'autres conservent cet œuf
dans
leur matrice jusqu'à ce que le petit soit parfai-
tement formé et puisse venir au monde en se
délivrant de ses
enveloppes: ce sont les vivipares.
Remarque. Du reste, la différence entre les
vivipares et les ovipares n'est
pas très-grande,
c'est ce que prouvent les pucerons et les polypes
à
panache, qui se reproduisent d'après la diffé-
rence des
saisons, tantôt d'une manière, tantôt de
l'autre; c'est ce que prouvent
aussi quelques
serpens qui à la vérité mettent bas des œufs,
mais
l'animal y est contenu tout formé. On pour-
roit en
quelque façon comparer, sous ce dernier
rapport avec ces espèces de
serpens, ces plantes
[Seite 40] dans les graines desquelles est renfermé, lors-
qu'elles sont mûres, un germe de plante verd,
comme, par
exemple, dans les féves de la
nymphea nelumbo,
connues sous le nom de
féves d'Egypte.
Lorsque les corps organisés ont parcouru la
carrière qui leur étoit
fixée, toute force vitale
les abandonne, et ils meurent; mais fort peu
atteignent le but que la nature a fixé pour
le
cours de leur vie, mille accidens leur accour-
cissent le chemin avant le temps marqué On
compte, par exemple, que
sur 1000 hommes,
78 environ meurent de vieillesse, et parmi
les
amphibies si grands et si terribles, tels que les
crocodiles et
les serpens, il n'y en a peut-être pas
un sur mille qui atteigne l'âge
et la grandeur
qu'il doit avoir. Lorsque les animaux et les
plantes
sont morts, leur corps se dissout peu-à-
peu par la
décomposition chimique de ses élé-
mens; leur organisation
est détruite, et leur
poussière va se perdre dans le sein de la
terre
qui leur avoit fourni auparavant, et leur séjour
et leur
nourriture.
Quelque variée que soit la
conformation et
la structure des animaux, il paroît pourtant
que
tous, à l'exception peut-être de quelques ani-
maux infusoires, ont de commun entre eux une
bouche (§ 3), par
laquelle ils font passer leurs
alimens dans leur corps. En second lieu,
diffé-
rens en cela des plantes qui tirent leur suc
nour-
ricier homogène de l'air, de l'eau et de la
terre,
les animaux tirent leur nourriture extrêmement
variée des
règnes, organisés même, et il faut que,
pressés par le sentiment pénible
de la faim, ils
la prennent au moyen d'un mouvement volon-
taire.
Dans les animaux qu'en général on nomme
plus parfaits, le suc nourricier
séparé des autres
parties, se mêle d'abord avec le sang qui
circule
dans leurs veines, et de-là il est déposé dans
[Seite 42] les autres parties
constituantes du corps. Le sang,
ainsi
proprement nommé, est de couleur rouge;
mais il a un degré de chaleur
différent dans les
diverses classes d'animaux à sang rouge. Dans
les
uns, comme dans les amphibies et les pois-
sons, il a un
degré de chaleur à-peu-près égal à
la température du milieu dans lequel
ils se trou-
vent; c'est pour cela qu'on les appelle
animaux
à sang froid; mais dans les autres
animaux à
sang chaud (les mammifères et les
oiseaux),
il a une chaleur d'environ 100 degrés (fahren-
heit), un peu plus ou un peu moins. La liqueur
qui
remplace le sang dans les animaux à sang
blanc
(les insectes et les vers) se distingue
particulièrement de ce qu'on
appelle proprement
le sang, par l'absence de globules rouges.
Mais le sang peut être blanc ou rouge, froid
ou chaud; il faut toujours
que dans un animal
sain il soit imprégné d'une certaine
quantité
toujours nouvelle d'oxigène tiré de
l'air atmos-
phérique ou de l'eau, et qu'il chasse en
échange
du corps une égale quantité de carbonique.
C'est
particulièrement la respiration qui opère
dans
le laboratoire animal ce procédé remarquable qui
dure toute la
vie. Les animaux respirent par les
poumons, les poissons par les ouïes,
et les ani-
[Seite 43] maux à sang blanc par divers organes analo-
gues.
Les animaux seuls qui respirent par les pou-
mons ont une
voix; outre cette voix qui lui est
innée,
l'homme a de plus la parole qu'il a in-
ventée.
Les muscles qui, dans les animaux à sang
rouge, forment ce qu'on appelle
proprement la
chair, sont les organes qui servent à
exécuter
immédiatement les mouvemens volontaires. Il est
tin petit
nombre d'animaux dont la conformation
est extrêmement simple, tels que
les polypes, dans
lesquels on ne peut pas distinguer les organes
du
mouvement du reste de leur substance gélati-
neuse.
Cependant il y a aussi quelques muscles, mais
en petit nombre, sur
lesquels la volonté ne peut
rien; le cœur est du nombre de ces muscles;
il
bat continuellement pendant la vie de l'animal
(il a dans l'homme
à-peu-près 4500 pulsations
par heure), sans jamais se fatiguer et
devenir
à la fin douloureux.
Du reste, les deux sortes de muscles, les in-
volontaires
aussi bien que ceux qui se meuvent
à volonté, ont également besoin, pour
se mou-
voir, de l'influence des nerfs.
Ces nerfs partent du cerveau et de la moelle
épinière, et il paroît que
la grandeur de ces deux
dernières parties comparée à la grosseur des
nerfs
qui en proviennent, est en raison inverse des
forces
intellectuelles de l'animal,* de sorte
que,
parmi tous les animaux, l'homme a le plus grand
cerveau,
comparé à ses nerfs extrêmement fins,
tandis que des animaux dont
l'intelligence est
très-bornée, tels que les amphibies de nos
pays,
ont de très-gros nerfs et un très-petit cerveau.
Outre l'influence que les nerfs ont sur le mou-
vement des
muscles, ils ont encore une seconde
destination, c'est de communiquer à
l'ame, par
les sens, les impressions qui agissent extérieure-
ment sur le corps animal. La nature des organes
des sens
diffère extrêmement dans les diverses
[Seite 45] classes d'animaux; beaucoup d'animaux,
par
exemple, reçoivent sans contredit des impres-
sions par les sens, sans que nous puissions dé-
couvrir
en eux les organes sensuels dont les autres
animaux ont besoin pour
recevoir de pareilles
impressions; c'est ainsi que les mouches à
viande
(musca vomitoria) et beaucoup d'autres
insectes
ont de l'odorat, quoique nous ne leur aperce-
vions pas de nez.
Remarque. Plusieurs ont voulu réduire le
nombre
des cinq sens, d'autres au contraire ont
voulu l'augmenter. Vanini, par
exemple, et plu-
sieurs après lui, regardoient le
sentiment qui
accompagne la jouissance comme un sixième
sens.
Jules-César Scaliger prétendoit que le cha-
touillement
sous les aisselles en étoit un septième.
Spallanzani regarde comme un
sens ce tact par
lequel les chauve-souris, lorsqu'elles volent
dans
l'obscurité, ne se heurtent jamais nulle part.
Enfin M. Darwin
veut que le sentiment du froid
et du chaud soit des sens
particuliers.
Les nerfs et les muscles se fatiguent par la
continuité de leur travail;
pour réparer leurs
forces, ils ont besoin de temps en temps
de
repos, et le sommeil le leur procure. L'homme et
[Seite 46] la plupart des animaux
frugivores dorment or-
dinairement la nuit; mais beaucoup
d'animaux
de proie, la plupart des poissons, plusieurs in-
sectes et quelques vers se tiennent cachés pendant
le
jour, et vont la nuit à leurs affaires; c'est pour
cela qu'on les
appelle animaux nocturnes.
Outre ce sommeil journalier, beaucoup d'ani-
maux passent
dans un sommeil profond une
partie considérable de l'année et justement
les
mois les plus durs, pendant lesquels il leur seroit
impossible
de pourvoir à leur nourriture;* ils
se glissent, à l'approche de l'hiver, dans
des en-
droits surs et peu fréquentés, et lorsque le
froid
commence, ils tombent dans une sorte d'engour-
dissement dont ils ne sortent que lorsque les pre-
mières chaleurs du printemps les réveillent. Cet
engourdissement est
si fort que, pendant ce som-
meil léthargique, les animaux
à sang chaud con-
servent à peine un degré de chaleur
sensible
(voyez plus haut § 4, dans la remarque), et les
chrysalides
de plusieurs insectes sont tellement
gelées, qu'on peut les jeter par
terre, où elles
sonnent comme du verre ou des glaçons, sans
[Seite 47] faire le moindre mal à
l'animal qui y est en-
dormi.
Autant que je puis savoir, pas un oiseau n'a
de sommeil d'hiver, mais la plupart des amphi-
bies
dorment pendant toute cette saison.
Parmi les facultés de l'ame, il y en a quel-
ques-unes que la plupart des animaux ont de
commun avec
l'homme, telles que la perception
et l'attention; ils ont aussi ce qu'on nomme les
sens intérieurs, c'est-à-dire, la mémoire
et
l'imagination.*
Il est d'autres facultés qui sont presque propres
uniquement aux animaux;
il s'en trouve peu de
traces dans l'homme: ce sont les facultés
connues
sous le nom d'instinct; mais en revanche
l'homme
a exclusivement la raison.
L'instinct** est la faculté qu'ont les animaux
de se soumettre par
un mouvement intérieur
[Seite 48] inné et involontaire, sans aucune instruction
et
d'eux-mêmes, à des actions conformes à une fin
et tendant à leur
conservation et à celle de leur
espèce.
Des observations sans nombre prouvent qu'ils
exécutent ces actions
importantes sans réflexion
et machinalement; le hamster, par
exemple,
casse aussi les ailes aux oiseaux morts, avant de
les
manger; les oiseaux de passage que l'on a
élevés tout seuls dans une
chambre, sentent,
dans l'automne, le besoin d'émigrer; malgré
les
soins que l'on prend d'eux, ils deviennent inquiets
et s'agitent
sans cesse dans leur cage.
Parmi les diverses espèces d'impulsions natu-
relles ou d'instincts, la plus
remarquable est
celle qu'on pourroit nommer instinct
industriel,
c'est-à-dire, cette faculté par laquelle tant d'ani-
maux à sang chaud et tant d'insectes, sans au-
cune instruction, sans aucun exercice prépara-
toire,* savent se
construire avec un art éton-
nant des habitations pour
leur séjour, des nids
[Seite 49] pour mettre leurs petits en sureté, des tissus
pour
prendre leur proie, et peuvent entreprendre di-
vers autres travaux.
L'homme, à l'exception de cette impulsion de
la nature qui porte un sexe
vers l'autre, montre
peu d'autres traces d'instinct. L'instinct tech-
nique lui manque absolument; mais ce qui le
dédommage de ce
défaut apparent, c'est l'usage
de la raison.
Cette raison peut être, ou une faculté propre
exclusivement à l'ame
humaine, ou le degré
beaucoup plus haut d'une faculté dont
quelques
animaux donnent aussi quelques signes; elle peut
être aussi
une direction particulière de toutes les
forces de l'ame humaine:
l'avantage signalé
qu'elle donne à l'homme n'en est pas moins in-
contestable.
En effet, l'homme étant destiné à habiter pres-
que toutes
les parties de la terre et à se nourrir
de presque toutes les
productions des règnes or-
ganisés, il lui faut plus que
l'instinct technique
des bêtes, qui est toujours le même et
toujours
uniforme. S'il n'avoit que cet instinct, il lui
seroit
impossible de satisfaire les différais besoins aux-
quels l'assujettit la grande différence dans les
climats
qu'il doit habiter et dans la nourriture
[Seite 50] que lui fournit le lieu de
son séjour; mais, par
l'usage de sa raison, il peut s'accommoder,
pour
ainsi dire, aux circonstances, et varier ses res-
sources autant que ses besoins.
Ce qui prouve combien ce seul avantage élève
l'homme au-dessus de toute
la création animale,
c'est l'empire illimité qu'il exerce sur elle;
il
peut diriger à sa volonté l'instinct, la manière
de vivre,
l'économie domestique, en un mot,
toutes les dispositions naturelles des créatures
qui l'entourent; il peut
apprivoiser les animaux
les plus redoutables, dompter leurs passions
les
plus violentes, les dresser, leur faire faire toutes
sortes de
tours de force ou d'adresse.
Remarque. Pour se convaincre en général jus-
qu'à quel point l'homme cultivé est le maître du
reste de la création, il ne faut que se rappeler
le
changement qu'il a fait subir au nouveau
monde et à celui qu'il
habitoit; combien de vé-
gétaux, combien d'animaux il a
transplantés,
par exemple, de l'un dans l'autre. Il a donné
au
nouveau monde du riz, du café, des che-
vaux, du bétail,
et il en a rapporté des pommes
de terre, des dindons, du tabac, etc.
qu'il a na-
turalisés dans l'ancien continent.
Les animaux domestiques nous fournissent
la
preuve la plus frappante de cet empire que la
raison seule donne
à l'homme sur les autres
créatures. J'appelle animaux domestiques,
dans
l'acception la plus étroite, ces animaux à sang
chaud que
l'homme a privés de leur liberté, et
qu'il s'est soumis exprès pour
satisfaire ses be-
soins, et en général pour les faire
servir à ses
desseins. On peut aussi ranger parmi eux, dans
un sens
plus étendu, les abeilles, les vers à soie
et les gallinsectes, connus
sous le nom de ker-
mès, de cochenilles, etc.
Première remarque. On peut considérer sous
trois
rapports différens les animaux domestiques
dont j'ai parlé. Il en est
dont l'homme s'est sou-
mis entièrement toute l'espèce, et
l'a fait sortir
tout-à-fait de son état de nature, par exemple,
le
cheval; il en est d'autres qu'il élève à la vé-
rité
auprès de lui, mais dont la race originai-
rement sauvage
existe encore, tels sont les bœufs,
les cochons, les chats, les rennes,
les deux espè-
ces de chameaux de l'ancien monde, et la
volaille;
d'autres enfin, comme l'éléphant, ne se propa-
gent pas quand ils sont captifs*; mais il
faut
[Seite 52] prendre,
apprivoiser et dresser tous ceux dont
l'homme veut se servir.
Deuxième remarque. Les animaux domesti-
ques varient souvent dans la couleur, et plu-
sieurs mammifères que l'on compte parmi eux
se
distinguent par une queue pendante et des oreilles
basses, mais
aucun de ces deux signes n'est cepen-
dant un caractère
constant de leur domesticité.
Tout le règne animal se divise, d'après le sys-
tème de
Linnée, en six classes; savoir:
1.re classe. Les Mammifères, animaux à sang rouge
et chaud,
vivipares, et allaitant pen-
dant quelque temps leurs
petits.
2.e classe. Les Oiseaux, animaux à sang rouge
et chaud, ovipares
et ayant des plu-
mes.
3.e classe. Les Amphibiens, animaux à sang rouge
et froid,
respirant par les poumons.
4.e classe. Les Poissons, animaux à sang rouge
et froid,
respirant par les ouïes et non
par les poumons.
5.e classe. Les Insectes, animaux à sang blanc et
froid, ayant
des antennes à la tête, et
dont les organes du mouvement sont ar-
ticulés.
6.e classe. Les Vers, animaux à sang blanc et
froid, sans
antennes, mais ayant ordi-
nairement des tentacules, et
dont les
[Seite 53] organes du mouvement, autant que je
puis savoir, ne sont jamais
articulés.*
Les mammifères ont de
commun avec les oi-
seaux le sang rouge et chaud, mais ils
sont vi-
vipares, et le caractère principal qui les
distin-
gue de tous les autres animaux, et d'où toute
la
classe a pris sa dénomination, ce sont les ma-
melles avec lesquelles les femelles allaitent leurs
petits. Le nombre
et la position des mamelles
diffère dans la plupart des animaux;
ordinaire-
ment la femelle en a une fois autant qu'elle
met
de petits au jour, et elles sont placées ou sur
la poitrine, ou
au ventre, ou entre les jambes de
derrière.
Le corps de la plupart des mammifères, si ce
n'est même de tous*, est garni de
poils dont la
force, la longueur et la couleur varient extrême-
[Seite 55] ment dans les différens animaux; chez les uns
ces poils sont frisés,
comme la laine des mou-
tons et
des barbets; chez d'autres ils sont roides et
hérissés, telles sont les
soies du sanglier et du
cochon; souvent ils
forment des piquans roides,
comme chez le
hérisson. Il est plusieurs animaux
chez lesquels ils s'alongent à des
endroits parti-
culiers du corps, et deviennent ou barbe ou cri-
nière; il en est d'autres, comme les chevaux,
les chiens, etc.
chez qui ils sont placés à de cer-
tains endroits dans une
direction opposée, et for-
ment ce qu'on appelle les coutures; chez quel-
ques-uns, les
veaux-marins, par exemple, la
couleur se change avec l'âge; il y en a
aussi que
le froid (§ 16) des pays du nord, et même chez
nous un
hiver rigoureux rend tout gris, comme
l'écureuil qui nous fournit le
petit gris, ou blanc
de neige, comme l'hermine.
Mais lorsque cette
couleur blanche est jointe à des pupilles rouges
et
à des yeux que le jour blesse, comme chez les
chacrelats, dans le genre humain et parmi plu-
sieurs autres espèces d'animaux à sang chaud,
elle est alors la suite
d'une foiblesse véritablement
maladive.
Le séjour que la nature a assigné aux mammi-
fères est
très-différent. La plupart vivent sur la
[Seite 56] terre; d'autres, comme les
singes et les écureuils,
presque uniquement sur les arbres;
quelques-uns
sous terre, comme la taupe; d'autres tantôt sur
terre,
tantôt dans l'eau, comme les castors et les
ours marins (phoca ursina);
d'autres enfin sé-
journent seulement dans l'eau, comme
les balei-
nes. Aussi les animaux de cette classe ont-ils
les
pieds ou les autres organes qui servent à les mou-
voir, conformés très-différemment. La plupart
ont quatre pieds,
l'homme n'en a que deux, mais
il a aussi deux mains; les singes, au
contraire,
ont quatre mains; les amphibies de cette classe
ont les
doigts et les orteils réunis par une mem-
brane qui leur
sert à nager. Les doigts des pieds
de devant des chauves-souris sont
minces et ex-
trêmement longs, et entre ces doigts est
tendue une
membrane très-fine, qui met ces animaux en état
de voler.
Les pieds de quelques animaux aquati-
ques de cette classe
sont construits comme pour
ramer, et chez les baleines ils ressemblent
en
quelque sorte aux nageoires des poissons; seule-
ment les pieds de derrière sont sans os, et si-
tués
horizontalement et non verticalement comme
la queue des poissons. Un
petit nombre de mam-
mifères a des sabots; beaucoup d'autres ont le
pied fourchu. La plupart marchent
seulement sur
les doigts des pieds, sur-tout sur ceux des pieds
de
derrière; mais quelques-uns, comme l'homme,
[Seite 57] et en quelque façon les
singes, les ours, les élé-
phans appuient toute la plante
du pied jusqu'au
talon.
Presque tous les mammifères, à l'exception de
la plupart des
fourmilliers, des manis et de quel-
ques baleines, sont armés de dents. On divise
les
dents en incisives*, en canines et en
molaires;
ces dernières sur-tout sont conformées, différem-
ment, d'après le différent genre de nourriture
des
animaux. Chez les carnivores la couronne en est
crenelée et
pointue; chez les frugivores elle est
large en haut et sillonnée, et
chez ceux qui, comme
l'homme, se nourrissent des productions des
deux
règnes organisés, elle est enfoncée dans le milieu
et arrondie
par les coins.
Quelques mammifères, comme par exemple
l'éléphant et le narhwal ont de
grandes défenses
saillantes; d'autres, comme le morse, deux énor-
mes canines dirigées en bas, etc.
Ce n'est que parmi les mammifères et encore
[Seite 58] parmi les herbivores, qu'il y
a des espèces véri-
tablement ruminantes, de ces espèces qui ava-
lent d'abord
leurs alimens mâchés légèrement,
les rapportent ensuite dans leur bouche
par l'éso-
phage, les remâchent alors parfaitement, et
les
avalent pour la seconde fois.
Les animaux ruminans ont les dents confor-
mées
particulièrement pour cet effet; leurs mo-
laires sont
coupées par des fourches transversales
en forme de dents de scie, et les
couronnes n'en
sont pas horizontales, mais elles sont en biais,
de
sorte que dans les dents de la mâchoire supé-
rieure, le côté extérieur se trouve le plus haut,
tandis que dans
celles d'en-bas, c'est le côté in-
térieur tourné vers la
langue qui est le plus élevé.
Ces animaux ont outre cette disposition de
leurs
dents, la mâchoire inférieure très-étroite, qui
peut se
mouvoir très-aisément des deux côtés,
et c'est par-là, comme on peut le
voir, que s'o-
père le mécanisme de ce travail
singulier.
Première remarque. Les ruminans qui sont
en
même-temps fissipèdes, ont quatre estomacs,
dont la structure intérieure
et le mécanisme sont
très-remarquables. Tel est le procédé singulier
de
cette rumination: les alimens avalés pour la
pre-
mière fois, grossièrement mâchés, tombent dans
un
premier estomac énorme nommé la panse, où
[Seite 59] ils sont humectés et
un peu amollis; de la une pe-
tile portion de ces alimens
passe l'une après l'au-
tre dans le bonnet qui la comprime, la forme en
pelote et la fait remonter par
l'ésophage dans la
bouche; alors l'animal mâche parfaitement
cette
partie d'alimens et l'avale pour la seconde fois;
mais à leur
seconde descente, les alimens sont
conduits par un canal particulier, et
sans repas-
ser par les deux premiers estomacs, dans un
troi-
sième, le feuillet, d'où il
passe enfin pour être
digéré tout-à-fait dans la caillette, le dernier de
tous, et qui ressemble le plus à
l'estomac des au-
tres mammifères.
Deuxième remarque. La véritable cause finale,
le but principal de la rumination applicable à
tous
les animaux ruminans en général, me paroît en-
core inconnue.
Beaucoup de mammifères, outre les griffes,
les dents, etc. dont ils sont
pourvus, sont aussi
armés de cornes. Parmi quelques espèces,
comme
chez le cerf, le chevreuil, les femelles sont sans
cornes;
parmi les rennes et les chèvres, les fe-
melles ont des
cornes, mais plus petites que celles
des mâles. Le nombre, la forme, la
position et sur-
tout la texture des cornes, varie à
l'infini. Chez les
bœufs (bos), les chèvres (capra), et les gazel-
[Seite 60] les (antilope), les cornes sont creuses et enve-
loppent comme une espèce de fourreau, une
proéminence osseuse, qui est
la continuation de
l'os frontal. Les cornes des deux espèces de
rhino-
céros sont compactes et implantées seulement
sur
la peau du nez; chez les cerfs (cervus)
elles sont
également solides, mais leur texture est plus os-
seuse, et elles ont des branches. On les appelle
bois. Elles tombent ordinairement tous les ans
et il
en revient d'autres à la place.
La plupart des mammifères ont l'ouverture du
derrière couverte d'une
queue, qui est une conti-
nuation du coccix; cette queue
est diversement
conformée et leur sert à différens usages. Il en
est
quelques-uns, par exemple, qui s'en servent
pour chasser les insectes
qui les piquent; à plu-
sieurs cercopithèques et à
quelques autres ani-
maux d'Amérique ou de la nouvelle
Hollande,
elle sert comme de main pour s'appuyer ou s'ac-
crocher aux arbres, ou pour saisir les objets (c'est
ce
qu'on nomme la queue prenante); les gerboi-
ses s'en
servent pour sauter, et les kangoroos pour
se défendre et pour conserver
leur équilibre lors-
qu'ils marchent sur leurs pieds de
derrière.
Il faut encore remarquer les bourses particu-
lières qui sont attachées au corps de quelques ani-
maux de cette classe, et qui sont destinées à dif-
férens usages. Beaucoup de singes, de babouins
et de
cercopithèques, les hamsters, les ziegels (mar-
mota
citellus) ont des abazones, dans lesquelles ils
mettent leur provision.
Les femelles d'un autre
genre de cette classe, ont leurs mamelles dans
une
poche particulière attachée au ventre, et dans la-
quelle les petits se glissent pour teter.
Quelques mammifères, comme par exemple
la plupart des plus grands animaux
herbivores, ne
portent ordinairement qu'un petit
à la fois;
d'autres, au contraire, comme les animaux de
proie et les
cochons, en portent plusieurs à la
fois.
Le fœtus tient à la mère par l'arrière-faix, qui
est conformé de
différentes manières dans les di-
vers animaux. Dans
l'espèce humaine cet arrière-
faix forme un gâteau simple
qu'on nomme pla-
centa; mais chez
les animaux ruminans et à
pied-fourchu, il est partagé en plusieurs
petits co-
tyledons séparés, qui
parfois sont en très-
grand nombre.
Il est deux points de vue sous lesquels on peut
considérer l'importance des animaux, d'abord
relativement à
l'influence qu'ils ont sur l'écono-
mie de la nature, et
sur la marche de la création,
et en second lieu par rapport à l'utilité
immédiate
dont ils sont à l'homme. Sous le premier rapport,
les
insectes et les vers sont, comme nous le ver-
rons plus
bas, les créatures les plus importantes;
sous le second au contraire, ce
sont les mammi-
fères. La différence de leur conformation,
leur
aptitude à apprendre, leur force, etc. fournis-
sent à l'homme les moyens de s'en servir de
mille manières. Il n'a
trouvé dans aucune autre
classe d'animaux des compagnons aussi
fidelles
et aussi laborieux; aucune autre classe ne lui est
aussi
utile pour sa conservation et son usage im-
médiat. Des
peuples entiers sur la terre peuvent,
avec une seule espèce de
mammifères, satisfaire
leurs plus pressans besoins: le veau-marin,
par
exemple, fournit aux groenlandois la nourriture
et
l'habillement, comme la renne aux lapons et
aux tongous, et la baleine
aux aleutes.
L'utilité des mammifères pour le genre hu-
main, quoique très-variée, peut se réduire pour-
tant au résultat suivant.
Les chevaux, les mulets, les ânes, les bœufs, les
rennes, les éléphans,
les chameaux, les lamas, les
chiens servent à l'homme pour le porter, le
traî-
ner, labourer la terre, porter des fardeaux,
etc.;
les chiens l'accompagnent à la chasse et le gardent
pendant
son sommeil; pour détruire les souris et
d'autres animaux nuisibles, il
emploie les chats,
les hérissons, les fourmilliers, etc.; la
viande
du bœuf, du mouton, du cochon, des chèvres,
du cerf, du
lièvre, du lapin, etc. sert à sa nour-
riture; il consomme
également le lard, le sain-
doux, le sang, le lait, le
beurre, le fromage
que fournissent quelques-uns de ces animaux.
Pour
se couvrir, s'habiller, se faire des tentes,
il dépouille certains
mammifères de leurs four-
rures, de leur cuir, de leurs
poils et de leur
laine; il brûle, pour s'éclairer, du suif, de
l'huile
de poisson et du blanc de baleine, nommément
celui que l'on
obtient par l'art de la chair ma-
cérée du cheval et
d'autres quadrupèdes; le
parchemin et le cuir lui servent pour écrire,
re-
lier les livres, etc.; enfin les ouvriers font
servir
à toutes sortes d'usages les soies de cochons,
les poils,
sur-tout les poils de chevaux, le bois
de cerf, les cornes, les griffes,
l'ivoire, les dents,
la baleine, les os et les vessies; les tendons et
les
os font de la colle-forte; les boyaux, des cordes;
le sang sert
en teinture et pour préparer le bleu
[Seite 64] de Berlin et d'autres couleurs; le fumier en-
graisse les terres, chauffe, et on en retire du
sel
ammoniac; enfin le musc, le castoreum, la
corne de cerf, le lait, etc.
servent en médecine.
De l'autre côté, plusieurs animaux de cette
classe sont médiatement ou
immédiatement nui-
sibles à l'homme. Quelques animaux
carnassiers,
sur-tout du genre des chats, attaquent
l'homme
lui-même; ces mêmes animaux et encore quel-
ques autres, tels que la belette, la martre, le pu-
tois, le glouton, les loutres, les baleines, détrui-
sent beaucoup d'autres animaux utiles; les cam-
pagnols,
les hamsters, les lemmings, les cerfs,
les lièvres, les castors, les
singes, les éléphans,
les rhinocéros, les hippopotames nuisent
aux
plantes, aux arbres, aux fruits et aux blés; les
rats, les
souris, les chauve-souris, les marmottes
attaquent nos comestibles.
Aucun animal de cette classe ne paroît être
venimeux, excepté dans sa fureur, ou lorsqu'il
est attaqué
d'hydrophobie, maladie à laquelle
sont exposés particulièrement les
animaux du
genre des chiens.
Nous avons différens systèmes artificiels, c'est-
[Seite 65] à-aire, des systèmes formés d'après quelques carac-
tères particuliers qui servent de fondement à la
classification.
Plusieurs naturalistes de mérite ont
essayé de classer les mammifères
d'après ces sys-
tèmes. La division d'Aristote, par exemple, est
fondée sur la différence des doigts et
des griffes;
Ray et d'autres ont suivi également
cette mé-
thode. Mais avec ce système, les espèces les
plus
analogues, celles des fourmilliers et des pares-
seux, par exemple, qui en général se ressemblent
tellement entre
elles, doivent être rangées dans des
ordres tout-à-fait différens,
uniquement parce que
l'une a plus, et l'autre a moins de doigts. Linnée
a fondé sa classification sur les dents; mais
on ne
s'en trouve pas moins choqué, tantôt par les sépa-
rations les plus contre nature, tantôt par les rap-
prochemens les plus singuliers.* En effet, dans ce
système, le genre des
chauve-souris doit être ré-
parti au moins dans trois
ordres, à cause de la dif-
férente conformation des dents
de quelques espèces;
les deux espèces de rhinocéros se trouvent
dans
deux ordres; les différentes espèces du genre des
cochons sont
également dans deux ordres diffé-
rens, tandis que
l'éléphant est compris dans le
même ordre que les tatons et les
pangolins.
J'ai donc tâché de former un système en gé-
néral plus naturel, en regardant davantage à
l'habitude totale des mammifères; cependant
j'ai
fondé particulièrement mes ordres sur les organes
du mouvement,
parce qu'ils frappent le plus les
yeux, et que généralement ils
répondent exacte-
ment à cette habitude totale de
l'animal; mais
deux de ces ordres comprenant des animaux très-
différens, je les ai sous-divisés, d'après la diffé-
rence des dents, en trois familles, auxquelles j'ai
donné
les noms que Linnée a donnés à quelques-
uns de ces ordres; ainsi la classe des mammifères
se
trouve ordonnée de la manière suivante:
8.e | Palmipèdes. | Mammifères à pieds nageurs, divisés encore en trois familles, d'après la différence de leurs dents. |
|
A lat. |
Les palmipè- des rongeurs. Glires. |
Le castor. | |
B lat. |
Les palmipè- des carnas- siers. Feræ. |
Les veaux marins, les loutres. |
|
C lat. |
Les palmipè- des édentés. Bruta. |
Les ornithochynques, les morses, le lamantin; ce dernier forme la tran- sition aux mammifères du dernier ordre. |
|
9.e | lat. |
Cetacées. Cetacea. |
Baleines, etc. dont RAY avoit déjà vu fort bien la liaison naturelle avec les autres mammifères.* |
Genre I.er L'homme (latin Homo).
(Droit, bimane, à menton saillant, à
dents
également rapprochées, les incisives
inférieures
droites).
Parmi les caractères extérieurs d'après les-
quels on
peut distinguer l'homme, non-seulement
de tous les animaux, mais
même du singe, qui
lui ressemble le plus, il faut remarquer
d'abord
sa faculté de marcher à deux
pieds,* ensuite
l'usage le plus libre de deux mains parfaites,
enfin son menton saillant et la position
droite
de ses incisives d'en bas.
Le sexe féminin a de plus deux caractères par-
ticuliers qui le distinguent du sexe masculin, et
[Seite 71] qu'on n'a jamais
remarqués dans aucun autre
animal, c'est, 1.° une perte de sang
périodique
pendant un certain nombre d'années, et 2.°
une
membrane particulière faisant partie des organes
sexuels, et
dont l'absence ou la violation peuvent
être regardées comme un signe corporel de dé-
floration.*
Quant aux facultés de l'ame humaine, l'homme
excepté, ce besoin
physique qui le porte vers
l'autre sexe, donne peu de signes d'instinct (§
34 et suivans), et pour ce qui
regarde l'instinct
industriel (§ 36), il
n'en a pas du tout; en re-
vanche il est exclusivement
en possession de la
raison (§ 37), et il a
l'avantage de la parole
(loquela), avantage
qu'il ne faut pas confondre
avec la voix (vox) purement animale, qui est
commune aux hommes et aux
brutes, et que
possèdent également les enfans nouveaux-nés,
et
ceux qui sont nés muets.
L'homme est par lui-même une créature foi-
ble, sans
défense, et soumise à une infinité de
[Seite 72] besoins différens. De
tous les animaux, c'est celui
dont l'enfance se prolonge le plus
long-temps,
celui auquel les dents viennent le plus tard,
celui
qui apprend avec le plus de peine à se tenir sur
ses
pieds, celui enfin qui a besoin de plus de
temps pour devenir en
état de reproduire son
espèce. Ses plus grands avantages, la raison
et
la parole, ne sont que des germes que la culture
et
l'éducation seules peuvent développer.
Cette nécessité de secours, ainsi que les be-
soins
sans nombre auxquels l'homme est assu-
jetti, sont
bien la preuve qu'il est destiné géné-
ralement par la
nature à vivre en société. On ne
peut pas encore affirmer aussi
positivement, qu'il
soit destiné par-tout, comme en Europe, à la mo-
nogamie; il faudroit savoir,
si dans toutes les
parties du monde le nombre des garçons
qui
naissent est proportionnel à celui des filles, et si
les
deux sexes ont la faculté d'engendrer pen-
dant la
même durée de temps.
L'endroit où l'homme doit séjourner n'est pas
fixé; son genre de
nourriture ne lui est pas
prescrit; il habite toutes les parties
habitables
de la terre, et peut se nourrir de presque toutes
les
productions des deux règnes Organisés. Pro-
portionnellement à sa grandeur corporelle assez
médiocre, et en
comparaison des autres mam-
mifères, il atteint un âge
extrêmement avancé.
Le genre humain n'a qu'une espèce, et
tous
les peuples de tous les temps et de tous les pays
(qui nous
sont connus) peuvent provenir d'une
souche commune. Toutes les
différences natio-
nales dans la conformation et la
couleur du corps
humain ne sont pas plus frappantes et plus in-
concevables que celles qui défigurent presque
sous
nos yeux tant d'autres espèces de corps
organisés, et principalement
nos animaux do-
mestiques; mais toutes ces différences
se perdent
pour ainsi dire les unes dans les autres par tant
de
nuances, par tant de transitions insensibles,
qu'elles ne peuvent
donner lieu qu'à des divi-
sions arbitraires, et point
du tout tranchantes.
Cependant j'ai cru pouvoir diviser tout le
genre
humain dans les cinq races suivantes:
Cette race a le teint blanc, les joues colorées,
les cheveux
longs, doux, d'un brun de noix
(qui d'un côté passe au blond et
de l'autre au
brun-noir foncé); la forme de son visage et
de
son crâne est la plus belle, d'après les idées
de beauté qu'ont
les européens. Les peuples
qui appartiennent à cette race sont
les euro-
péens, à
l'exception des lapons et des autres
peuples de la Finlande;
ensuite les peuples de
[Seite 74] l'Asie occidentale de ce côté de l'Obi, de
la mer
Caspienne et du Gange, et enfin les africains
septentrionaux; ainsi à-peu-près les habitans
de l'ancien monde connu aux grecs
et aux ro-
mains.
La troisième planche à laquelle je renvoie, re-
présente Jusuf-Aguiah Effendi,
ambassadeur
de la Porte à Londres, gravé par le jeune Shia-
vonetti, d'après un
dessin de Will. Miller.
C'est lui que
j'ai pris pour représentant de la
race du Caucase, à laquelle
appartiennent les
hommes les plus beaux, d'après nos idées de
beauté. J'aurois pu prendre
tout autre européen
dont les traits répondent à ces idées de
beauté,
un Milton, un Raphaël; mais j'ai choisi le turc,
parce que sa patrie est
plus proche du Caucase,
qui a donné son nom à toute la race, et
des en-
virons duquel elle est probablement
originaire.
Ordinairement jaune de froment (quelque-
fois comme
des coins cuits, ou comme des écorces
de citrons desséchées),
les cheveux durs, rares et
noirs, les paupières fendues
obliquement, le visage
plat et les os des joues saillans de
côté. Cette race
comprend les autres peuples de l'Asie, à
l'ex-
ception des malais, les finlandois d'Europe
(les
lapons, etc.) et les esquimaux dans
l'Amérique
septentrionale, depuis le détroit de Béring jus-
qu'à Labrador.
La planche représente Feodor
Ivanowitsch,
ce kalmouk que l'impératrice de Russie
avoit
donné à la princesse héréditaire de Bade, qui
fut
élevé à Carlsrouhe, et vit à présent à Rome,
où il jouit de la
réputation d'un des meilleurs
dessinateurs. Ce portrait est
d'une ressemblance
frappante; il a été dessiné par Feodor
lui-même
au crayon noir, et un de mes amis m'en a
fait
présent.
Elle est plus ou moins noire; elle a les che-
veux
noirs et crépus, les mâchoires saillantes
en avant, les lèvres
grosses et le nez épaté. De
cette race sont les autres peuples d'Afrique,
nommément les nègres qui par
les foulahs se
perdent ensuite dans les maures, comme
toute
autre variété d'homme se perd pour ainsi dire
dans les
peuplades voisines.
J'ai pris pour représentant de la race éthio-
pienne Jac.-Jo.-Eliza Capitein, nègre
fort
connu par ses sermons et d'autres ouvrages qu'il
a mis
au jour, soit en latin, soit en hollandois.
P. Tanié a gravé ce portrait d'après Vandik.
J'ajouterai que ce nègre n'est pas le seul qui, par-
mi ses compatriotes, se soit distingué par ses écrits.
J'ai
reçu d'un de mes amis à Philadelphie deux
almanachs pour 1794 et
1795, qu'un nègre fort
connu dans ce pays, M. Benjamin Bannaker,
a
calculés. Ce nègre s'étoit acquis ses
connaissances
astronomiques uniquement en étudiant les ou-
vrages de Fergusson et les
tables de Tobias Mayer.
M. Jac. Mac. Henry de Baltimore a fait im-
primer
une biographie de Bannaker, et il re-
garde (ce sont ses expressions) ce
nègre comme
une nouvelle preuve que les facultés de l'es-
prit ne dépendent pas de la couleur de la
peau.
Couleur de tan ou brun de cannelle (parfois
comme cuivrée); ses
cheveux sont plats, durs,
noirs; le visage est large, mais point
plat; les
traits au contraire en sont extrêmement pronon-
cés. Tous les peuples d'Amérique, excepté
les
esquimaux, sont de cette race.
L'américain dont je joins le portrait est Taya-
daneega, un des chefs des Mohawks ou des six
nations. Il a été connu aussi en Europe
sous le
nom du capitaine Joseph Brant.
Il avoit des
talens distingués; il eut une grande influence
à
Londres, où il séjourna, il y a vingt-cinq ans, pour
des affaires politiques. Romney le peignit dans
ce temps, et J. R. Smith le
grava.
Couleur brune, prenant d'un côté la couleur
du bois d'acajou
clair; de l'autre, le brun d'œillet
ou le châtain le plus
sombre. Cette race a les
cheveux épais, noirs et bouclés, le nez
large, la
bouche grande; elle comprend les insulaires de
la mer du Sud, ou les habitans de la
cinquième
partie du monde, des Marianes, des
Philippines,
des Molucques, des îles de la Sonde, etc.
avec
les malais proprement dits.
Omaï, cet insulaire d'Otahiti qui avoit été au-
trefois une sorte de page chez la reine Oberea,
que le capitaine Fourneaux
amena à Londres
en 1773, et que le capitaine Cook ramena en-
suite dans sa patrie, lors de son dernier
voyage
en 1779, peut nous donner une idée de la phi-
sionomie de la race malaie.
Son portrait est tiré de la belle gravure que
Jacobe a faite
d'après le tableau original de sir
Josué Reynolds.
Toutes les raisons physiologiques doivent faire
regarder la race
du Caucase comme la souche
des autres, ou du moins comme la race
moyenne
entre les cinq races principales; les deux races
[Seite 78] extrêmes
dans lesquelles elle a dégénéré,
sont,
d'un côté, la race-mogole et de l'autre l'éthio-
pienne; les deux autres forment la transition
de
la race moyenne aux extrêmes; l'américaine
conduit à la
mogole, et la malaie à l'éthio-
pienne.*
Ce n'est pas la peine de raconter toutes les
[interleaf] [Abb] [Seite 79]fables dont les hommes ont souillé l'histoire
na-
turelle de leur espèce; j'en citerai
seulement
quelques-unes sur le grand nombre.
Les prétendus géans des Patagons, par exem-
ple,
depuis les temps de Magellan, jusqu'aux
nôtres, ont diminué
peu-à-peu dans les rela-
tions des voyageurs de
douze pieds jusqu'à sept;
ainsi ils sont à présent un peu plus
grands que
tout autre homme d'une bonne taille.
Il est aussi plus que vraisemblable que les
quimos de Madagascar que Commerson a pris
nouvellement
pour un peuple de nains, ne sont
rien autres qu'une espèce de
cretins, c'est-à-dire,
de malheureux imbécilles, avec de grosses
têtes et
de grands bras, comme on en trouve dans le
pays de
Salzbourg, dans celui de Vaud, et sur-
tout dans
le Piémont.
Il en est de même sans doute des chacrelas,
des blafards, des albinos ou nègres blancs. Ce
n'est pas même
une variété, à plus forte raison
ne forment ils point une espèce
particulière: ce
sont également des créatures disgraciées de
la
nature, dont l'histoire et la description appartien-
nent plus à la pathologie qu'à l'histoire
naturelle.
Remarque. Il faut distinguer des nègres
blancs
ces nègres qui sont seulement tachetés de blanc.
J'ai
vu un de ces derniers à Londres, je l'ai fait
[Seite 80] peindre d'après
nature (pl. VI), et j'ai dans ma
collection un échantillon de sa
laine blanche et
noire.
La description de l'homo troglodites de
Lin-
née est un mélange inconcevable de
l'histoire
d'un de ces nègres blancs maladif et souffrant,
et
de celle de l'orang-outang.
Son homo-lar est un véritable singe.
Les enfans élevés dans les bois parmi les ani-
maux, sont des monstres moraux qui n'offrent
pas plus le
modèle du chef-d'œuvre de la créa-
tion, que
d'autres hommes défigurés par la ma-
ladie ou par
le hasard.
Il n'y a point de peuples qui aient une queue;
les hottentottes n'ont point de tablier; les amé-
ricains ont de la barbe
comme les autres peuples,
quand ils veulent la laisser
croître;* il n'y a
ni
centaures, ni sirènes; toutes ces fables ont pu
ne pas
effrayer la crédulité de nos ancêtres,
mais elles ne méritent
plus d'être réfutées.
Mammifères à quatre mains, comme
l'exigent
leur façon de vivre et leur séjour sur les arbres.
Ils
habitent originairement les pays situés entre
les tropiques.*
(Habitus plus ou moins
antropomorphe,
oreilles externes et mains presque sembla-
bles à celles de l'homme, quatre incisives
en haut et en bas, canines solitaires plus
longues que les autres dents.)
Habitent uniquement l'ancien monde; ils res-
semblent, il est vrai, bien davantage à l'homme
que les
animaux des genres suivans; mais cepen-
dant,
outre que les détails dans lesquels je suis
entré au sujet du
genre humain ne leur convien-
nent en aucune
façon, ils diffèrent visiblement
de l'homme, par toute leur
conformation et par-
ticulièrement par leurs reins
plats et leurs han-
ches étroites.
Linnèe n'a fait qu'un seul genre des
singes,
des babouins et des cercopithèques. Erxleben,
au contraire, en a fait cinq; pour moi, j'ai
pris
avec Ray le moyen terme, et j'en ai
fait trois
genres; seulement j'ai divisé les espèces autre-
ment; je n'ai sur-tout point confondu les cerco-
pithèques d'Amérique avec les singes de
l'ancien
monde, parce qu'ils en diffèrent complétement
par
leur habitude totale, mais je les ai séparés,
comme Buffon l'a fait.
1. | lat. all. angl. |
Le Chimpansée. Le Jocko. Buff. S. troglodites. der africanische Waldmensch. the Chimpansée. |
Noir, macrocéphale, ramassé, carré, oreilles externes grandes. Audebert. |
Dans l'intérieur d'Angola, de Congo, etc., et
plus avant, en
avançant dans les terres; il a,
ainsi que l'orang-outang
proprement dit, la
grandeur d'un petit garçon de huit
ans.
Linnée, Buffon, Erxleben, etc., ont
con-
fondu ce chimpansée d'Afrique avec
l'orang-
outang des Indes orientales. Il y a
déjà 22 ans
que j'ai montré qu'on devoit les distinguer
comme
deux espèces absolument différentes l'une
de
l'autre, et j'ai donné à l'africain, pour le dis-
tinguer, le nom d'espèce de troglodites, que
Linnée avoit donné à un
singe qui n'existoit
pas.
2. | lat. all. angl. |
L'Orang-outang. S. satyrus. der ostindische Waldmensch. the Ourangou- tang. |
Presque brun, oreilles externes plus petites, pouces des mains de der- rière sans ongles. Audebert. |
Habite, à ce qu'il paroît, uniquement dans
l'île de Borneo;
lorsqu'il est pris jeune, on peut
lui apprendre, ainsi qu'au
chimpansée et aux
autres singes, à faire toutes sortes de
tours d'a-
dresse; mais il faut bien
distinguer ces talens
acquis de ses manières naturelles.
Camper a prouvé, par la dissection d'un orang-
outang, que cet animal est incapable de parler
comme
l'homme, et de marcher naturellement
sur ses pieds de
derrière.
3. | lat. all. angl. |
Le Gibbon. S. lar (l'homo lar de Linnée). der Gibbon. the Gibbon. |
Bras tres-longs, attei- gnant les talons. Schreber. pl. 3. |
Dans les deux presqu'îles des Indes, ainsi
qu'aux Moluques;
son visage est rond et res-
semble assez à
celui de l'hommne; ses bras sont
[Seite 84] énormément longs;
il est d'une couleur noirâtre,
et atteint environ quatre
pieds de haut.
4. | lat. all. angl. |
Le Singe ordinai- re, le Pithèque. S. sylvanus. der gemeine tür- kische Affe. the Pygmy. |
Bras plus courts que le corps; fesses chauves; tête presque ronde. Schreber. pl. 4. |
Dans l'Afrique septentrionale, les Indes orien-
tales, etc.; c'est de tous les singes sans queue le
plus
commun et le plus vivace; il propage son
espèce
très-aisément en Europe, est très-docile
et apprend
très-facilement. C'est à ce singe que
ressemble le magot
(Buff. S. juvus,
cyno-
cephalus), qui est aussi du même
pays. L'une
des deux espèces est devenue sauvage à
Gibral-
tar, et s'y est propagée.
5. | lat. all. |
Le Nasique. la Guenon à long nez. S. rostrata. der langnasige Affe. |
Queue médiocre; nez. extrêmement alongé. Audebert. |
Des îles de la Sonde. Ce singe se distingue
par un nez
extrêmement long.
De Guinée, d'Angola, etc., presque vert d'o-
live; parmi les véritables singes à queue, c'est
celui
qu'on apporte le plus communément en
Europe.
(Face prolongée, moins antropomorphe;
nez
bourgeonné des deux côtés; fesses nues
écarlates; queue (dans la
plupart) courte;
dents comme celles des singes).
Seulement aussi, dans l'ancien monde. Leur
tête ressemble peu à
celle de l'homme; dans
quelques espèces même, elle tient un peu
de
celle du cochon, sur-tout pour le grouin. Ils
sont en
général difficiles à apprivoiser, et extrê-
mement
lascifs. J'ai mis dans le caractère géné-
rique
des babouins, queue, dans la
plupart,
courte, car le grand babouin de Borneo,
dont
j'ai vu le squelette à la Haye, est toutr-à-fait
sans
queue. Ce squelette est à présent à Paris.
1. | lat. all. angl. |
Le Choras. P. mormon. der Choras. the Mantegar. |
Nez d'un rouge vif, bleuâtre sur les côtés. Schreber. pl. 8. A. 8. B. |
De Ceylan; atteint à-peu-près cinq pieds de
haut; les raies d'une
couleur tranchante qu'il a
des deux côtés du nez et sur le nez
même, lui
donnent une figure singulière.
2. | lat. all. angl. |
Le Mandril. P. maimon. der Mandril. the Mandril. |
Face violette, glabre, sillonnée profondément. Schreber. pl. 7. |
De Guinée; du Cap, etc., où l'on prétend que
ces animaux se
réunissent souvent par bandes, pour
piller les vergers et les
vignobles. Plus petit que
le choras. Quelques naturalistes,
entre autres le
citoyen Cuvier, prétendent que le choras
n'est
autre chose que le mandril plus âgé.
(Oreilles externes, et mains moins hu-
maines; fesses couvertes;
dents comme celles
des singes).
Tout le genre habite uniquement dans les pays
chauds de
l'Amérique méridionale, et il sert de
gibier ordinaire aux
naturels du pays.
1. | lat. all. angl. |
Le Coaita. C. paniscus. der Coaita. the Quato. |
D'un noir profond; pieds de devant tétradac- tiles, sans pouce. Schreb. pl. 26, A 26. B. |
Se sert avec beaucoup d'adresse de sa longue
queue prenante;
ils ont une manière particulière
de s'enchaîner, pour ainsi
dire, les uns les autres,
pour s'élancer d'un arbre situé
sur le bord d'un
fleuve, sur un autre arbre situé sur
l'autre
bord.*
(Nez pointu; quatre incisives supé-
rieures; six inférieures,
tendues, compri-
mées, couchées; canines solitaires, rap-
prochées).
1. | lat. all. angl. |
Le Maki du Ben- gale. Le Loris. (Buff.) L. tardigradus. der Loris. (Cu- cang.) the Loris. |
Sans queue. Schreber. pl. 38. |
De Ceylan. A la grandeur et la couleur de
l'écureuil; ses jambes
sont minces et grêles, et,
comme l'espèce suivante, l'index de
ses pieds de
derrière porte une griffe pointue, mais tous
les
autres doigts ont des ongles aplatis.
2. | lat. all. angl. |
Le Mongous. L. mongoz. der Mongous. the Mongous. |
Face noire, corps et queue gris. Schreb. pl. 39. A. 39. B. |
Habite à Madagascar et dans les îles voisines,
ainsi que quelques
espèces analogues. Les pieds
de derrière sont beaucoup plus
longs que ceux
de devant; sa peau a, comme celle de
quelques
singes, une odeur spécifique, semblable à-peu-
près à celle d'une fourmillière.
Ces animaux ont tous les doigts de leurs
pieds
de devant, excepté les pouces, plus longs que
tout leur
corps, et entre ces doigts, se trouve
étendue une peau très-fine,
semblable à du
crêpe, qui les met en état de voler (§ 43);
mais
aussi, avec cette conformation, ils ont
autant de peine à marcher
sur la terre que les
singes avec leurs mains, ou les paresseux
avec
leurs ergots crochus.
(Pouce des pieds de devant et doigts des
pieds
de derrière courts, les autres doigts très-
longs;
entre ces derniers passe une mem-
brane fine, avec
laquelle ces animaux se
soutiennent en l'air).
Genre très-nombreux d'animaux
nocturnes,
dont les différentes espèces sont répandues
dans
les cinq parties du monde.
a. Chauve-souris qui ont quatre incisives
en
haut et en bas
1. | lat. all. angl. |
Le Vampire. V. spectrum. der Wampir. the Spectre. |
Sans queue, nez infun- dibuliforme, lancéolé. |
Dans l'Amérique méridionale; le corps de la
grosseur d'un petit
écureuil. Il est assez incom-
mode, en ce qu'il
suce le sang, non-seulement des
plus grands mammifères, des
bœufs, des che-
vaux, mais même celui de l'homme,
lorsqu'il
dort: c'est pour cela qu'on lui a donné le nom
de
vampire ou sangsue (sanguisuga)*; c'est
sur-tout aux doigts des
pieds de l'homme qu'il
s'attache pour en sucer le sang.
2. | lat. all. angl. |
La Roussette. V. caninus, (V. vampirus. L.) der fliegende Hund. the Rousset. |
Sans queue; nez sim- ple; membrane divisée entre les cuisses. Schreber. pl. 44. |
Beaucoup plus grosse que le vampire, de sorte
que lorsque la
membrane de ses pieds est toute
déployée, elle occupe presqu'un
espace de six
pieds. Elle vit seulement de fruits, ainsi il est
im-
[Seite 91] possible de l'appeler vampire. On trouve ces ani-
maux aux
Moluques et dans les autres îles aus-
trales et
orientales, mais particulièrement en
très-grand nombre dans la
nouvelle Hollande.
b. Chauve-souris qui ont quatre incisives
en
haut et six en bas.
3. | lat. all. angl. |
L'Oreillard. V. auritus. die langœhrige Fledermaus. the longeared Bat. |
A queue, oreilles ex- ternes très-grandes. Buffon. |
Ainsi que l'espèce suivante, dans les parties
tempérées de
l'ancien monde. En général on pré-
tend que ses
oreilles sont doubles, mais c'est à
tort; elles sont simples;
seulement toutes les par-
ties en sont d'une
grandeur prodigieuse.
4. | lat. all. angl. |
Chauve-souris commune. V. murinus. die gemeine Fle- dermaus, Speck- maus. The Reremouse. |
A queue, oreilles ex- ternes, plus petites que la tête. |
Cette espèce, ainsi que la précédente, se retire
dans les
cavernes, et se suspend par ses pieds de
derrière, pour dormir
pendant l'hiver.
Mammifères dont les quatre pieds ont
des
doigts séparés. Je divise cet ordre en trois
familles,
d'après la conformation des dents.
Cette famille contient les mammifères fissipèdes
qui n'ont point
de canines, mais des incisives so-
litaires,
très-tranchantes et conformées pour ron-
ger les
végétaux durs et ligneux dont ils se nour-
rissent.
(Queue garnie de longs poils, dirigés
des
deux côtés comme les barbes d'une plume.
Deux dents
incisives en haut et en bas, les
inférieures tubulées).
Presque dans tous les pays du nord. La peau
lâche et détendue
qu'il a sur les côtés, depuis ses
[Seite 93] pieds de devant
jusqu'à ceux de derrière, lui
sert pour ainsi dire de
parachute, quand, d'un
endroit élevé, il veut risquer de
sauter en bas.
2. | lat. all. angl. |
L'Écureuil ordi- naire. S. vulgaris. das Eichhœrn- chen. the Squirrel. |
Oreilles externes, bar- bues vers le bout; queue de la couleur du dos. |
On le trouve dans toute l'Europe, dans presque
toute l'Asie,
et dans l'Amérique septentrionale. Il
vit presqu'uniquement
sur les arbres. Lorsqu'il
veut sauter un peu loin, sa queue
lui sert égale-
ment de parachute, et les
plantes de ses pieds
fort larges, toujours humides, et
transpirant
continuellement, rendent sa démarche assez
sure.
Il se fait un nid de feuilles et de mousse au som-
met des pins et des chênes, ou bien il s'empare
des
nids que des pigeons sauvages ou d'autres oi-
seaux ont abandonnés.
Les écureuils du nord, sur-tout ceux qui ha-
bitent sur les bords de l'Obi et du lac Baical,
deviennent
gris pendant l'hiver, et nous donnent
la fourrure connue
sous le nom de petit-gris. On
trouve
aussi parfois des écureuils noirs, quelque-
fois aussi, mais plus rarement, des écureuils
blancs comme
la neige, avec des yeux couleur de
rose; et j'en ai vu
tachetés de blanc et de noir,
dans le pays de Gotha.
(Queue ronde, plus épaisse vers le
bout;
dents comme celles des écureuils).
1. | lat. all. angl. |
Le Loir. G. esculentus. der Siebenschlæ- fer, Ratz, Bilch, die Rellmaus. the Rellmouse. |
Gris, blanchâtre en dessous; oreilles externes arrondies, nues. Schreber. pl. 225. |
Comme l'espèce suivante, dans les climats tem-
pérés de l'ancien monde. C'est le véritable glis
que les anciens mangeoient* et qu'ils engrais-
soient
dans des glirariis particuliers**; il
vit dans
les bois, de chênes et de hêtres, il niche dans
le
creux des arbres, et son sommeil d'hiver est très-
profond et très-long.
2. | lat. all. angl. |
Le Muscardin. G. avellanarius. die kleine Hasel- maus. the Dormouse. |
Roux; pouces des pieds de derrière sans ongles; oreilles externes arron- dies. Schreber. pl. 227. |
De la grosseur de la souris. Il se prépare, pour
son quartier
d'hiver, un petit lit, en forme de
boule, assez ferme, et
composé de feuilles de pin
et d'autres petites
broussailles.
(Queue grêle, presque nue; les dents
comme
dans les genres précédens).
Se trouve dans toute la Sibérie, jusqu'au Kamt-
schatka. Il émigré à-peu-près comme le lemming.
Il y a des
années où, particulièrement du Kamt-
schatka,
il sort des légions entières de ces ani-
maux.
Ce qui le rend remarquable, c'est l'indus-
trie avec laquelle il traîne dans ses souterrains
une
énorme quantité de racines, la plupart bonnes
à manger. Les
tongous cherchent ces trous, et
emportent les provisions de
ces animaux, comme
les habitans de la Thuringe pillent les
maga-
sins des hamsters.
2. | lat. all. angl. |
Le Mulot. M. silvaticus. die Waldmaus. the Fieldrat. |
Queue petite; poitrine flavescente; abdomen blanchâtre. Schreber. pl. 180. |
Fait beaucoup de tort aux fruits de la terre,
et aux arbres
nouvellement plantés.
lat. all. angl. |
M. amphibius. die Wasserratte. the Waterrat. |
la moitié du corps; oreil- les sortant à peine; pieds presque tétradactyles. Schreber. pl. 186. |
Fait beaucoup de mal dans les jardins, parti-
culièrement aux racines des plantes.
4. | lat. all. angl. |
Le Campagnol. M. arvalis. die Feldmaus. the Fieldmouse. |
Queue médiocre, dos ferrugineux, abdomen cendré. Schreber. pl. 191. |
Se multiplie dans certaines années d'une ma-
nière prodigieuse, et fait un grand tort, particuliè-
rement aux semailles d'automne.
5. | lat. all. angl. |
La Souris. M. musculus. die Hausmaus. the Mouse. |
Queue alongée; pieds de devant tétradactyles; pouces des pieds de der- rière sans ongles. |
En Europe, et dans les climats tempérés de
l'Asie et de
l'Amérique, elle est devenue malgré
nous une espèce d'animal
domestique.
Les souris blanches aux yeux rouges, sont des
chacrelas dans
leur genre; souvent la lumière les
blesse tellement, que
dans le grand jour elles fer-
ment les
paupières, et on les croiroit aveugles.
6. | lat. all. angl. |
Le Rat. M. mattus. die Ratte. the Rat. |
Queue alongée; pieds de devant tétradactyles, avec un onglet au pouce. |
Est répandu à présent presque dans toutes les
parties du
monde, mais il paroît originaire de
la partie moyenne de
l'Europe. Cet animal est
extrêmement vorace; il mange même
des scor-
pions; il suit l'homme par-tout, et
attaque ses
comestibles. Les mineurs le trouvent dans
leurs
mines les plus profondes, et les navigateurs
l'ont
également pour compagnon de voyage sur
leurs
vaisseaux. Entre autres désastres dont il est
cause,
ce fléau public et domestique ruine les planta-
tions à sucre dans les Indes occidentales.
Le surmulot (mus decumanus, all. die Wan-
derratte, angl.
the brown Rat) est d'une cou-
leur plus claire, et son poil est mêlé de
plusieurs
soies longues et roides.
(Oreilles externes écourtées, queue
courte
ou nulle, les dents (pour la plupart) comme
dans
les genres précédens).
1. | lat. all. angl. |
La Marmotte. M. alpina. das Murmelthier (dans le pays des Grisons, Mur- mont, du lat. Mus montanus). the Marmot. |
Corps brun en dessus, flavescent en dessous. Schreber. pl. 207. |
Vit sur les plus hautes Alpes de l'Europe et de
l'Asie. Une
chose assez singulière, dans l'Allée
blanche, en Savoie, on trouve parfois cet
ani-
mal sur des rochers isolés, qui semblant
sortir
comme des îles de cette mer de glace, sont éloi-
gnés de quelques lieues de toute terre, sans
gla-
ces, et pendant toute l'année sont sans
neige seu-
lement six semaines; ainsi il
paroît que les mar-
mottes de ce pays dorment
au moins dix mois de
l'année, et ne passent, sans dormir,
qu'une très-
petite partie de leur vie.
2. | lat. all. angl. |
Le Hamster. M. cricetus. der Hamster. the Hamster. |
Abdomen noir. F. G. Sulzers, n.° 9, des Hamsters. Gott. 1774, 8. taf. 1. 2. |
Est fort commun en Allemagne, en Pologne,
en Sibérie, etc.;
il vit particulièrement de blé,
de fèves, etc.; il en met
une grande provision
dans ses abajoues, et les porte dans
ses souterrains,
qui ont quelquefois sept pieds de
profondeur. Un
de ces trous peut contenir parfois soixante
livres
de pareilles provisions. Cet animal se
multiplie
extrêmement. Dans le pays de Gotha on en a
tué
en un an plus de vingt-sept mille.
On trouve parmi les hamsters une variété tout-
à-fait noire; il y a aussi des chacrelas avec des
yeux
couleur de rose.
lat. all. angl. |
M. lemmus. der Lemming. the Lapplandmar- mot. |
noir et fauve, tacheté ir- régulièrement. Schreber. pl. 195. A. 195. B. |
Est très-commun en Laponie et en Sibérie.
Quelquefois des
légions entières émigrent d'une
contrée dans une autre.
Comme ils surviennent
tout-à-coup, et sans que l'on sache
d'où ils vien-
nent, et comme il est arrivé,
peut-être, que
quelques-ans ont été enlevés en l'air par des
oi-
seaux de proie, et que parvenus à se
débarras-
ser, ils sont retombés sur terre,
cela a fait dire
anciennement qu'il pleuvoit des
lemmings.
Dans la Russie méridionale. Il vit ordinaire-
ment sous terre. Il a de petites prunelles très-dis-
tinctes, mais on prétend qu'il n'y a pas
d'ouver-
ture à l'endroit où sont
ordinairement les yeux;
que par conséquent il est
tout-à-fait aveugle.
5. | La Marmotte du Cap, Buf. le Blai- reau des roches, le Daman, Cuv. |
Sans queue, pieds de devant tétradactyles, pieds de derrière tridac- tyles. |
Se trouve au Cap en Abyssinie, et à ce qu'il
paroît, aussi en
Arabie et en Syrie.
(Oreilles externes arrondies, petites;
queue
nulle ou courte; deux incisives en haut et
en
bas).
Tout le genre ne se trouve que dans les pays
chauds de
l'Amérique méridionale et dans les
îles des Indes
occidentales.
1. | lat. all. angl. |
Le Cochon d'Inde. C. porcellus. d. Meerschwein- chen. the Guinea Pig. |
Sans queue; corps varié de diverses couleurs. Schreber. pl. 173. |
Vit très-bien en Europe; sa couleur varie, et
il se multiplie
d'une manière étonnante.
2. | lat. all. angl. |
L'Agouti. C. aguti (piculi). das Ferkelcanin- chen. the Agouti. |
A queue; corps brun, roux sur les côtés, abdo- men flavescent. Schreber. pl. 172. |
Est plus grand qu'un lapin. C'étoit presque le
seul animal
terrestre dont les Caraïbes, à présent
[Seite 101] presque
tout-à-fait détruits, se nourrissoient an-
ciennement.
(Deux incisives dans
chaque mâchoire,
celles d'en haut doubles).
1. | lat. all. angl. |
Le Lièvre. L. timidus. der Hase. the Haze. |
Oreilles externes, noi- res à la pointe; corps et pieds de derrière plus longs. |
Se trouve presque dans tout l'ancien monde,
ainsi que dans
l'Amérique septentrionale. Il a
des poils sous la plante des
pieds, et même par-
fois dans la bouche. Les
deux espèces, le lièvre
et le lapin, sont des animaux
ruminans.*
Il y a quelquefois des lièvres noirs, et dans les
pays de
montagnes, ainsi que dans le nord, on
en trouve une variété
particulière, toute blan-
che. Ces lièvres
blancs sont proprement ceux
qu'on nomme lièvres des montagnes (all. Berg-
hasen). Dans quelques pays, comme dans
le
Groenland, ils sont blancs toute
l'année; mais
dans d'autres, comme en Suisse, ils ne le
sont
que l'hiver, et dans l'été ils ont la couleur ordi-
naire des autres lièvres.
On a prétendu déjà très-souvent, dans des
temps et dans des
pays très-différens, qu'il exis-
[Seite 102] toit des lièvres
sur le front desquels il avoit
poussé un petit bois
absolument semblable à celui
d'un chevreuil, seulement plus
petit, mais qui
avoit la couronne et les sommités
proportionnées.
J'avouerai que je doute encore qu'il y ait
des
lièvres cornus: du moins, malgré tous mes soins
et
mes demandes, je n'ai pas encore pu parve-
nir
à voir un individu auquel je pusse me fier,
c'est-à-dire, un
lièvre (N. B.) au crâne duquel
le
bois ait été encore attaché.
2. | lat. all. angl. |
Le Lapin. L. cuniculus. das Caninchen. the Rabbet. |
Oreilles externes, noi- res; corps et pieds de der- rière plus courts. |
Est originaire des pays chauds de l'ancien
monde, mais à
présent il se propage aussi dans
les pays du nord. Ces
animaux multiplient tel-
lement, qu'ils ont
souvent désolé tout un pays.
Pline en rapporte déjà un
exemple*,
et derniè-
rement, en 1736, ils ont ravagé
l'île de Saint-
Pierre, près de la
Sardaigne**; ils se propagent
même dans des pays
absolument déserts, par
exemple à Volcano, une des îles
Lipari, tout-
à-fait inhabitée.
Les lapins sauvages sont gris; les lapins blancs
avec des
yeux rouges sont des espèces de cha-
crelas.
Les lapins d'Angora, à poil long et soyeux,
(Voyez la
remarque 2 du § 16) réussissent aussi
fort bien dans ces
pays.
(Pieds de devant très-courts, ceux
de
derrière alongés, queue saltatoire flocon-
née au bout, deux incisives dans
chaque
mâchoire).
1. | lat. all. angl. |
La Gerboise, le lièvre sauteur. J. jerboa. der Springhase. the Common Jer- boa. |
Trois doigts aux pieds de devant, quatre aux pieds de derrière. Schreber, pl. 228. |
Se trouve sur-tout dans l'Afrique septentrio-
nale, l'Arabie, etc. un animal
nocturne, se
creuse des trous en terre, saute avec la
légéreté
d'une sauterelle à 7 ou 8 pieds de distance.
(Corps couvert d'épines, deux
incisives
dans chaque mâchoire).
Dans le Canada, le Labrador, la baie d'Hud-
son; il fait grand tort aux jeunes arbres, sur-
tout dans l'hiver.
2. | lat. all. angl. |
Le Porc-épic commun. H. cristata. das gemeine Sta- chelschwein. the Crested Por- cupine. |
Epines très-longues, tête garnie d'une crête, queue écourtée. Schreber, pl. 167. |
Est originaire des pays chauds d'Asie, et se
trouve dans
presque toute l'Afrique, se nourrit
sur-tout d'écorce
d'arbres, se fait des terriers à
plusieurs chambres.
Lorsqu'il est en colère, il fait
du bruit avec ses piquans,
qui tombent quelque-
fois, sur-tout dans
l'automne, mais il n'est pas vrai
qu'il puisse les lancer
contre ceux qui le pour-
suivent.
On prétend que la substance renommée an-
ciennement comme une panacée universelle, la
piedra del porco, se trouve dans une espèce
de
porcs-épics des Indes orientales, qui n'est pas
encore
exactement connue.
Carnassiers ou au moins presque tous
[Seite 105] carnivores, à
un tres-petit nombre d'es-
pèces près.
(Corps couvert de piquans, six inci-
sives* dans chaque
mâchoire, trois canines
en haut, une en bas, quatre
molaires).
1. | lat. all. angl. |
Le Hérisson d'Eu- rope. H. europæus. der Igel. the Hedgidog. |
Oreilles externes ar- rondies, narines garnies d'une crête. |
Se trouve dans tout l'ancien monde. C'est un
animal nocturne; il se nourrit des
productions
des deux règnes organisés, miaule comme
un
chat, et peut avaler une quantité énorme de
mouches
cantharides. Il est certain qu'il pique les
fruits avec les
épines de son dos, et les porte ainsi
dans son terrier. Les
anciens l'avoient déjà re-
marqué; les
modernes ensuite ont réfuté cette
assertion, mais sans aucun
fondement; du moins
cette particularité m'a déjà été
certifiée par trois
témoins oculaires que je dois croire. Le
docteur
[Seite 106] Patr. Russel l'atteste aussi dans la
nouvelle édi-
tion de l'histoire naturelle
d'Alep, par son frère
(tom. II. p.
419).
(Nez rostré, oreilles externes courtes,
deux
incisives en haut bifides, deux
jusqu'à quatre
en bas, celles du milieu plus courtes,
plu-
sieurs canines dans chaque mâchoire).
1. | lat. all. angl. |
La Musaraigne ou Musette. S. araneus. die Spitzmaus. the Shrew. |
Queue médiocre, ab- domen blanchâtre. Schreber, pl. 160. |
En Europe et dans l'Asie septentrionale, etc.
Il est faux
qu'elle soit venimeuse; il n'est pas plus
vrai qu'elle se
glisse dans le ventre des chevaux.
On trouve parfois, mais
rarement, des musa-
raignes blanches.
2. | lat. all. angl. |
La Musaraigne d'eau. S. fodiens. die Wasserspitz- maus. the Watershrew. |
Abdomen cendré, doigts ciliés. Schreber, pl. 161. |
Se trouve dans les petits étangs. Au lieu d'être
unis par une
membrane natatoire, chacun de ses
doigts est garni des deux
côtés de petits poils
courts, qui font de ses pieds des
espèces de ra-
[Seite 107] mes. Cet animal
peut fermer l'ouverture de ses
oreilles avec une espèce de
ventil ou soupape, si
long-temps qu'il est sous l'eau.
3. | lat. all. angl. |
La Musaraigne musquée ou le Desman. S. moschatus. die Bisamratze. the Muskishrew. |
Pieds palmés, queue écailleuse, comprimée, lancéolée. Schreber, pl. 159. |
En Russie et dans la partie de la Sibérie qui
l'avoisine. Cet
animal a une sorte de sac à musc
près du derrière.
4. | lat. all. angl. |
La Musaraigne de Jenisca. S. exilis. die kleine Spitz- maus. th. Pygmyshrew. |
Très-petite, queue très- épaisse et térète. |
Se trouve à Jenisca. C'est le plus petit des
mammifères
connus.
(Tête rostrée, pieds de devant propres
à
fouiller la terre, six incisives en haut,
[Seite 108] huit en bas, cinq
canines, une grande, quatre
plus petites).
1. | lat. all. angl. |
La Taupe com- mune. T. europæa. der Maulwurf. the Mole. |
Queue plus courte, oreilles externes nulles. |
Presque dans tout l'ancien monde. C'est un
véritable animal souterrain, et toutes les pro-
priétés de sa conformation, sur-tout ses pattes
ou
mains, en forme de pelle, lui sont très-utiles
pour
le séjour que la nature lui a indiqué. La
taupe a de
très-petits yeux, nage fort bien, et
lors d'une inondation
elle grimpe très-lestement
sur un arbre. Il y a des taupes
blanches, il y
en a aussi de tachetées.
(Chez la plupart, le grand doigt du
pied
mutique; chez les femelles une poche sous
le
ventre, dans laquelle sont les mamelles).
1. | lat. all. angl. |
Le Sarigne. D. opossum. die Beutelratte. the Opossum. |
Queue à moité poilue, région des sourcils plus pâle, dix incisives en haut, huit en bas, ca- nines alongées. Schreber, pl. 146. A. B. |
Particulièrement dans les pays chauds de l'A-
mérique septentrionale. Les femelles de cette es-
pèce et de plusieurs autres de ce genre
ont sous
le ventre une grande poche qui peut s'ouvrir
ou
se fermer au moyen de muscles particuliers,
et dans le fond
de laquelle sont placées les ma-
melles. Les
petits sont en naissant d'une petitesse
hors de toute
proportion; ce sont pour ainsi dire
des avortons, mais la
mère les porte assez long-
temps dans cette
poche, où ils tetent jusqu'à ce
que, devenus plus forts et
plus gros, ils naissent
pour ainsi dire une seconde
fois.*
2. | lat. all. angl. |
Le Cayopollin. D. dorsigera. der surinamische Æneas. the Surinam- Opossum. |
Queue poilue à sa base, bord des orbites fauve, les dents comme dans l'espèce précédente. Schreber, pl. 150. |
Dans l'Amérique méridionale. La femelle de
cette espèce n'a
pas de poche, mais l'on dit
qu'elle porte sur son dos ses
petits, lorsqu'ils sont
encore tout jeunes, et que ceux-ci
s'y tiennent
fermes en entortillant leurs queues
prenantes
autour de celle de leur mère.
3. | lat. all. |
Le Kanguroo géant. D. gigantea. das Kanguruh. |
Queue amincie au bout, pieds de devant très- courts, pieds de derrière très-longs, cinq doigts |
angl. | the Kanguruh. | devant, presque quatre derrière, six incisives en haut, deux en bas, ca- nines nulles. Schreber, pl. 154. |
Dans la nouvelle Hollande. Est gris de souris.
Lorsque cet
animal se tient debout, il est de la
hauteur d'un homme; il
pèse 140 livres. Les kan-
guroos vivent en
troupes; on en trouve souvent
plus de cinquante ensemble. Ce
mammifère est
uniquement herbivore; il peut faire des sauts
de
douze pieds; la femelle a un sac où sont ses ma-
melles; elle ne met bas qu'un petit à la fois;
ce
petit, en naissant, n'est pas à moitié gros comme
une
souris, mais sa mère le porte environ neuf
mois dans sa
bourse, jusqu'à ce qu'il pèse à-peu-
près
quatorze livres.
(La tête du renard, (chez la plupart)
la
queue du chat; six incisives dans chaque mâ-
choire, celles du milieu plus courtes; la lan-
gue ordinairement hérissée d'aiguillons,
dont
la pointe est dirigée en arrière; les
ongles
sortans).
1. | lat. all. angl. |
La Civette. V. zibetha, Hyæ- na odorifera. die Zibethkatze. the Civet. |
Queue annelée, dos cendré ondé de noir. Schreber, pl. 112. |
Dans l'Asie méridionale et dans le nord de
l'Afrique. Le mâle
et la femelle ont une poche
placée entre l'anus et les
parties génitales, qui
contient une substance grasse et
d'une odeur
très-forte.
2. | lat. all. angl. |
La Genette. V. genetta. die Genetkatze. the Genet. |
Queue annelée, corps d'un fauve noirâtre ta- cheté. Schreber, pl. 113. |
Dans le levant. Sa peau est très-estimée.
3. | lat. all. angl. |
La Mouffette, le Conepate. V. putorius. das Stinkthier. the Skunk. |
Cinq lignes parallèles blanches sur le dos. Schreber, pl. 122. |
En Virginie, en Canada, etc. Cet animal exhale,
lorsqu'il est
en colère, une odeur insupportable,
qu'on croit devoir venir
d'une liqueur particu-
lière qui se trouve
sous la vessie; il a cette odeur
de commun avec plusieurs
espèces analogues de
son genre.
4. | lat. all. angl. |
La Mangouste. Buff. V. ichneumon. die Pharaons- maus. the egiptian Ichneumon. |
Queue épaisse à la base, et s'amincissant insensi- blement; pouces un peu éloignés. Schreber, pl. 113. B. |
A un poil rude presque semblable à des soies,
[Seite 112] et pour
l'ordinaire moucheté légérement de blanc
et de gris-brun.
Elle est très-commune en Egypte,
où elle détruit les œufs de
crocodiles et attaque
aussi les serpens; on l'apprivoise, et
elle devient
animal domestique.
5. | lat. all. |
L'Animal anony- me, Buff. le Fennek. V. aurita. das Grossohr. |
Oreilles externes très- amples. Voyages de Bruce aux sources du Nil, V. vol. pl. 22. |
Dans la Barbarie, la Nubie, etc. Il niche sur
les palmiers,
et vit particulièrement de dattes.
J'avois déjà, dans la troisième édition de ce
manuel, mis le
Fennek parmi les civettes, et non
parmi les chiens, comme
M. Pennant l'a fait. A
présent
que cet animal est plus connu, je vois
avec plaisir que,
d'après la conformation de ses
dents, il doit avoir la place
que je lui avois déjà
assignée d'après son habitude totale.
(Six incisives en haut,
droites, plus poin-
tues, distinctes; six en
bas plus mousses,
serrées, deux intérieures; langue
lisse).
Les espèces de ce genre ont les pieds courts et
un corps
alongé, qu'elles arquent en marchant.
Ces animaux sont
lestes et adroits; ils vivent de
sang et d'autres substances
animales, et ils dé-
[Seite 113] chiren et
égorgent d'autres animaux, pour le
plaisir de le faire.
1. | lat. all. angl. |
La Marte. M. martes. der Baummarder. the Pinemartin. |
Corps d'un fauve noi- râtre, gorge flave. Schreber, pl. 130. |
Se trouve sur-tout dans les bois de sapin de
tous les pays du
nord. Sa belle peau approche
de celle de la zibeline.
2. | lat. all. angl. |
Là Fouine. M. foina. der Hausmarder. the Martin. |
Corps d'un fauve noi- râtre, gorge blanche. Schreber, pl. 129. |
Dans les pays les plus chauds de l'Europe, et
dans ceux de
l'Asie qui l'avoisaient.
3. | lat. all. angl. |
Le Putois. M. putorius. der Iltis. the Fitchet. |
D'un jaune noirâtre museau et bout des oreil- les blancs. Schreber, pl. 131. |
A la même patrie que la fouine: il se trouve
aussi dans la
Barbarie. Tout l'animal, et même
sa peau seule, lorsqu'il
est écorché; exhale une
odeur extrêmement désagréable.
Le Furet (lat. Furo, all. das Frettel, angl. thé
Ferret), dont la couleur est d'un blanc
jaunâtre,
et qui a des pupilles rouges, est un véritable
cha-
crelas; par conséquent ce n'est surement
pas une
espèce particulière et originaire, mais bien
une
[Seite 114] dégénération du putois, avec lequel il
s'accouple.
Il est bon pour attraper les rats et les
lapins.
4. | lat. all. angl. |
La Zibeline. M. zibelina. der Zobel. the Sable. |
Corps d'un fauve noi- râtre, face et gorge cen- drées. Schreber, pl. 136. |
Se trouve dans les bois épais et inhabités des
pays du nord,
sur-tout en Sibérie; les plus belles,
avec une fourrure d'un
beau noir luisant et
garnie de poils longs et épais, se
trouvent dans
les environs de Jakuzk.
5. | lat. all. angl. |
L'Hermine, le Roselet. M. erminea. d. grosse Wiesel, Hermelin. t. Stoal, Ermine. |
Bout de la queue noire. Schreber, pl. 137. A. 137. B. |
Dans les pays du nord, sur-tout en Sibérie.
L'hermine est
plus grosse que la belette ordi-
naire: comme
cette dernière, elle change aussi de
couleur; dans l'été
elle est brune, dans l'hiver
elle devient blanche.
6. | lat. all. angl. |
La Belette com- mune. M. vulgaris. das gemeine Wie- sel. the Weesel. |
Corps d'un roux brun, blanc en dessous. Schreber, pl. 138. |
Dans le nord de l'Europe et de l'Asie. La mère
porte souvent
ses petits dans sa gueule (c'est
[Seite 115] Ce qui a fait
dire anciennement que c'étoit par
la gueule qu'elle les
mettoit au monde).
(Six incisives en haut, excavées intérieu-
rement de deux dents l'une, six en bas,
les
deux latérales plus longues, lobées; les ca-
nines primaires solitaires (plusieurs très-
petites entre ces canines et les premières mo-
laires), la langue lisse).
Dans les pays du nord, mais aussi dans les
Indes orientales
et dans l'Afrique septentrionale.
Dans sa jeunesse il vit
ordinairement de végétaux,
mais à trois ans il devient
carnivore. Lorsqu'il
combat, il se sert moins de ses dents
que de ses
pattes de devant.
Les variétés les plus Remarquables parmi les
ours, sont les
grands fourmilliers noirs, les pe-
tits ours à
miel d'un brun clair, et les durs d'un
blanc d'argent, plus
petits encore.
2. | lat. all. angl. |
L'Ours blanc. U. maritimus gla- cialis. der Eisbær. the Polarbear. |
Blanc, à cou et à mu- seau alongés. |
Sur les côtes et près des glaces flottantes des
pays les plus
septentrionaux. Il ne faut pas le
confondre avec la variété
blanche de l'ours or-
dinaire; il a douze
pieds de long, et pèse plus de
quinze quintaux; il nage et
plonge fort bien, et
est presque uniquement Carnivore.
On trouve beaucoup de particularités remar-
quables sur cet animal et sur d'autres mammifères
du
Labrador, dans le journal de G. Cartwrigt,
qui séjourna près de seize ans sur les
côtes du
Labrador. Newark, 1792, 3
vol. in-4°.
3. | lat. all. angl. |
Le Glouton. U. gulo. der Vielfrass. the Glutton. |
Corps roux-brun; mi- lieu du dos noir. Schreber, pl. 144. |
Dans le nord de l'ancien monde, particulière-
ment en Sibérie. Sa voracité a fait naître toute
sorte de
contes.
4. | lat. all. angl. |
Le Blaireau. U. taxus. der Dachs. the Badger. |
Queue concolore, ab- domen noir. Schreber, pl. 142. |
En Europe, et en Asie jusque vers la Chine. Il
se construit
sous terre un terrier profond, auquel
conduisent différens
couloirs ou canaux. Il dort
la plus grande partie de sa vie;
son sommeil
d'hiver particulièrement est très-long et
très-pro-
[Seite 117] fond. Lorsqu'il dort, il fourre son nez
dans une
ouverture grasse et fétide qu'il a sous la
queue.
5. | lat. all. |
Le Rattel. U. mellivorus. der Honigdachs. |
Dos cendré, bande la- térale noire, abdomen noir. Sparrman in den schwe- dischen Abhandlungen, pl. IV, fig. 3. |
Au Cap. Vit du miel et de la cire des abeilles
sauvages qui
nichent dans les trous des porcs-
épics, etc.;
il remarque la direction du vol des
abeilles retournant à
leurs ruches, ou bien il suit
simplement le coucou
indicateur. Son poil est
frisé, et sous ce poil il a une
peau épaisse et lâche
qui le protège d'un côté contre les
piqûres des
abeilles, et de l'autre contre les morsures
des
chiens.
6. | lat. all. angl. |
Le Coati, le Ra- ton. Buff. U. lotor. der Waschbær. the Kacoon. |
Queue annelée, bande noire transversale sur les paupières. Mémoires de l'académie de Berlin, 1756, pl. XII. |
Dans la région plus chaude de l'Amérique
nord-orientale. Il
mange tout ce qu'il trouve; il
se sert avec beaucoup
d'adresse de ses pattes de
devant pour saisir, tremper ou
laver ce qu'il
mange. Ces particularités sont attestées par
ol
Worm, dans le muséum, pag. 320;
par Rolof,
[Seite 118] dans les
mémoires de Berlin; par Buffon
et
autres. Le raton s'apprivoise très-aisément.
(Six incisives en haut,
les latérales plus
longues, distantes, les intermédiaires
lobées;
six en bas toutes lobées, canines solitaires,
incurvées).
1. | lat. all. angl. |
Le Chien. C. familiaris. der Hund. the Dog. |
Queue recourbée; par- fois faux doigt aux pieds de derrière. |
Le fidelle compagnon de l'homme. Il est ré-
pandu avec lui depuis long-temps dans toutes les
parties
du monde, et même en Amérique: les
esquimaux du moins, ne
paraissent pas tenir
leurs chiens des européens. Cet animal
se dis-
tingue particulièrement par la finesse
de son
ouïe, sa vue perçante et la subtilité de son
odorat;
il joint à ces facultés une docilité et une apti-
tude à apprendre véritablement remarquable.
On
peut le dresser très-aisément, lui faire faire
toutes
sortes de tours; et les insulaires de Jesso, et
les
chonos sont parvenus même à lui
apprendre à
pêcher.
Il n'est pas aisé de décider si toutes les dif-
férentes races de chiens doivent être considérées
comme de
simples variétés d'une seule et même
[Seite 119] espèce, et si
cette même espèce provient du loup
ou du chakal; pour moi je
trouve dans quelques
races, le basset, le lévrier, par
exemple, une
conformation trop particulière et trop bien
adaptée
à de certaines fonctions, pour que je puisse
croire
ces propriétés conformes à une fin, les consé-
quences fortuites d'une simple dégénération.
On compte parmi les races principales,
a. Le doguin (lat. c.
fricator, all. der Mops,
angl.
the pugdog), qui a le corps court
et
ramassé, des taches noires aux joues, et les
oreilles
pendantes; le bouldogue (lat. molos-
sus, all. der
Bullenbeisser, angl. the bull-
dog) paroît faire la transition de cette
race
à la suivante.
b. Le dogue (lat. c.
mastivus, a;l. die en-
glische Dogge, angl. the
mastiff), qui a la
tête tronquée, des lèvres pendantes,
et le
poil uni; son aboiement est sourd et bref:
le
mâtin (all. der Metzgerhund) paroît
avoir
le plus d'analogie avec le dogue.
c. Le chien de Terre-Neuve (lat. c. Terrœ
novœ, all.
der neufundlœnder). Celui-ci se
distingue par sa
grandeur extraordinaire, ses
longs poils soyeux, sa queue
garnie de longs
flocons et ordinairement recourbée en
haut,
mais sur-tout par l'espèce de membrane na-
[Seite 120] tatoire qu'il a entre les doigts,
lesquels sont
chez lui beaucoup plus gros que chez les
au-
tres chiens, aussi nage-t-il parfaitement:
ces
chiens sont pour l'ordinaire blancs et noirs,
et
très-aisés à instruire.
d. Le chien de chasse, le chien courant
(lat.
c. sagax, venaticus, all. der
Jagdhund), qui
a le corps long et
gros, la partie postérieure
de la tête sillonnée, de longues
oreilles pen-
dantes; le poil est tantôt
lisse, tantôt frisé.
C'est à cette race qu'appartiennent le
braque,
le chien d'arrêt, le chien couchant, et
les
chiens de Corse tigrés.
e. Le barbet (c.
aquaticus, all. der
Budel,
angl. the Waterdog),
dont la tête est courte
et ronde, et le poil laineux et
frisé.
f. Le chien de berger (lat. c. pastoralis, do-
mesticus,
villaticus, all. der
Schœferhund,
Haushund, angl. the
cur), dont les oreilles
sont droites, et le bas de la
queue est garni
de longs poils. – On peut comprendre
dans
cette race les chiens d'Islande, le chien
loup
(all. der Spitz), le chien que
les kamtscha-
dales attèlent à leurs,
traîneaux, ainsi que
ceux de plusieurs îles de la mer du
sud,
que les habitans engraissent, et qui ne
se
nourrissent que de végétaux.
g. L'épagneul, le bichon (lat. c. meliteus,
[Seite 121] all. der Bologneserhund, angl. the lapdog),
avec des poils soyeux et très-longs,
sur-tout
sur la face.
h. Le basset (lat. c.
vertagus, all. der Dachs-
hund, angl. the
tumbler), qui a un long
museau, les oreilles pendantes,
un corps
alongé, les jambes de devant courtes et
torses,
et les yeux marqués de feu.
Le chien que les anglais appellent terrier,
(lat. terrarius), qui a des poils comme des
soies, et un
museau tout ridé, paroît avoir
quelque analogie avec le
basset.
i. Le chien de la nouvelle Hollande (c. dingo,
all. der
neuhallœndische Hund), qui ressemble
plus au renard,
sur-tout pour la conforma-
tion de la tête et
de la queue.
k. Le lévrier (lat. c.
leporarius, et non pas
c.
graius ou grœcus, comme Ray et
d'autres
naturalistes nomment le lévrier; car les an-
ciens grecs ne paraissent pas l'avoir
connu,
all. das Windspiel, angl. the greyhound), a
la tête longue et
pointue, les oreilles pendan-
tes, la poitrine
épaisse, le corps élancé, et
les jambes minces et
grêles.
1. Le chien turc (lat. c. œgyptius, all. der
guineische
Hund, angl. the indian, the
naked
dog), ressemble au lévrier, mais il n'a
des
poils que sur la face; le reste du corps est
[Seite 122] ordinairement chauve et noir, presque comme
la peau des
nègres. (Voyez la seconde remar-
que du 16.e paragraphe).
Toutes ces différentes races principales s'ac-
couplent non seulement entre elles, mais même
avec les
loups et les renards, et elles produisent
parfois avec ces
deux dernières espèces des
bâtards féconds.
Se trouve dans presque tout l'ancien monde;
mais ou en a
détruit l'espèce dans quelque pays,
par exemple, en grande
Bretagne et en Irlande.
Il a une marche traînante, mais
cependant assez
prompte, et il n'est pas aisé à fatiguer.
Lorsque
les loups sont affamés, ils mangent des
roseaux
et de la terre; ils déterrent même les
cadavres,
et probablement leur apparition, pendant la
nuit,
dans les cimetières, aura fait naître le conte
des
loups-garous.
3. | lat. all. angl. |
Le Chacal. Cuv. L'Adive. Buff. C. aureus. der Schakal. the Jackal. |
Corps fauve; pieds plus longs; bout de la queue noir. Schreber. pl. 114. |
Habite dans toute l'Afrique septentrionale et
[Seite 123] dans le levant,
particulièrement en Natolie et au
Bengale. Ces animaux
errent la nuit par bandes;
ils mangent d'autres animaux, des
cuirs, etc., dé-
terrent des cadavres.
Quelques naturalistes ont pris
le chacal pour le chien
originairement sauvage, et
quelques commentateurs de la
bible ont prétendu
que les renards de Samson étoient des
cha-
cals.
4. | lat. all. angl. |
Le Renard. C. vulpes. der Fuchs. the Fox. |
Queue droite, dont le bout est discolor. Schreber. pl. 90. |
Sur-tout dans les parties septentrionales de
l'ancien monde.
On sait qu'entre autres fruits,
il aime beaucoup les
raisins.
Le renard charbonnier (lat. c. alopex,
all. der
Brandfuchs), est bien
surement une dégénération
de cette espèce.
Quant au renard noir à bout de la queue blanc,
qui habite en
Sibérie et aussi en Labrador, et
qu'on nomme le renard
argenté (all. Silber-
fuchs), lorsque la pointe de ses poils est comme
d'un
blanc d'argent, il n'est pas facile encore de
déterminer
avec certitude s'il n'est qu'une simple
dégénération du
renard commun, ou si l'on doit
le considérer comme une
espèce particulière.
Quoi qu'il en soit, la fourrure de ce
renard ar-
genté est extrêmement chère. On a
payé à Lon-
[Seite 124] dres plus de
trois cents écus pour une très-belle
peau de renard argenté
de Labrador.
5. | lat. all. angl. |
L'Isatis ou le Renard bleu. C. lagopus. der weisse Fuchs. the arctic Fox. |
Queue droite à bout concolor, pieds de de- vant et de derrière très- poilus. Schreb. pl. 93. A. 93. B. |
Dans les pays voisins des pôles, sur-tout à la
nouvelle
Zemble et dans les îles Spitzberg. La
plupart des isatis
sont blancs; ceux connus sous
le nom de renards bleus, sont,
au contraire,
d'un bleu grisâtre.
6. | lat. all. angl. |
L'Hyene. C. hyæna. die Hyæne. the Hyæna. |
Velue, noirâtre; face noire; crinière sur le cou et sur le dos. Der indianische Wolf von. J. El. Rindinger. |
A communément la même patrie que le chakal,
auquel il
ressemble, aussi pour la manière de
vivre; elle se creuse un
trou sous terre, ou elle
niche dans des crevasses de
rochers. On en trouve
un grand nombre en Abyssinie.
(Ongles rétractiles, tête plus
ronde,
langue rude, six incisives
assez pointues,
les extérieures plus grandes; canines soli-
taires,
éloignées en haut des incisives, et
en bas des
molaires).
1. | lat. all. angl. |
Le Lion. F. leo. der Lœwe. the Lion. |
Queue alongée, flocon- née; corps fauve. Schreb. pl. 97. A. 97. B. |
Dans les climats chauds de l'ancien monde,
sur-tout en
Afrique. Le mâle se distingue par la
crinière qui lui vient
à l'âge de deux ans. Les
hottentots mangent de la chair de
lion, et l'on
prétend que c'est l'unique nourriture d'une
horde
d'arabes qui habite entre Alger et Tunis.
2. | lat. all. angl. |
Le Tigre. F. tigris. das Tigerthier. the Tiger. |
Queue alongée; tête, corps et jambes marqués de bandes transversales noires. The Tiger von G. Stubbs. |
Uniquement en Asie, et principalement depuis
le Bengale
jusqu'en Chine. Habite aussi à Su-
matra; est
rayé très-régulièrement. Il est sûr
qu'on peut
l'apprivoiser. Est plus foible que l'é-
léphant.
3. | lat. all. angl. |
Le Léopard. F. leopardus. der Leopard. the Leopard. |
Queue un peu alongée; taches nombreuses, plus petites, formant des an- gles obtus. Tygers at play von G. Stubbs. |
En Afrique. Sa peau est d'un jaune d'or, et
elle est marquée
de petites taches noires; ces
taches sont plus serrées et
plus régulières que
[Seite 126] celles de la panthère, et ordinairement
il y en
a trois ou quatre à côté l'une de l'autre.
4. | lat. all. |
La Panthère. F. pardus. das Pantherthier, der Parder. |
Queue un peu alongée; taches plus grandes, irré- gulièrës, se touchant çà et là, et annelées. Schreber. pl. 99. |
En Afrique et dans les Indes orientales. Les
taches qui la
distinguent sont plus grandes et
moins régulières que celles
du léopard; souvent
elles se perdent les unes dans les
autres; tantôt
elles ont la forme d'un fer à cheval, tantôt
celle
d'un anneau. Les européens en Guinée nomment
aussi
cet animal tigre, pour le distinguer
des
léopards qui y habitent.
5. | lat. all. angl. |
La petite Pan- thère. L'Once. Buff. F. panthera. das kleine Pan- therthier. the Panther. |
Queue alongée, corps albide, taches noires ir- régulières. Schreber. pl. 99. |
Dans la Barbarie et les Indes orientales, est
beaucoup plus
petite que les autres espèces. On
l'apprivoise aisément, et
on la dresse à la chasse
du chevreuil et de la gazelle.
Depuis très-long-
temps les orientaux et, dans
le moyen âge, les
françois et les italiens ont su la dresser
à cet
usage.
6. | lat. all. angl. |
Le Jaguar. F. onca. der Jaguar the Jaguar. |
Queue un peu alon- gée; corps brun tirant sur le jaune; taches an- guleuses, ocellées, flaves au milieu. Schreber. pl. 102. |
Dans l'Amérique méridionale. Cet animal est
également plus
petit que les trois avant-der-
niers qui
vivent dans l'ancien monde; il est plus
timide et beaucoup
plus lâche, il fuit devant
un gros chien.
7. | lat. all. angl. |
Le Puma ou Cou- guar. F. concolor. der america- nische Loewe. the Puma. |
Queue médiocre; corps fauve, sans taches. Schreber. pl. 104. |
Du Pérou, du Brésil, etc. Est remarquable
par sa petite tête
et par sa peau d'un jaune
rougeâtre, sans taches.
Dans les pays du nord. Est commun aussi dans
le royaume de
Naples, et il fait aux parcs où
l'on garde du gibier, plus
de tort encore que
le loup.
9. | lat. all. angl. |
Le Chat. F. catus. die Katze. the Cat. |
Queue alongée; striés longitudinales sur le dos; stries en spirales sur les flancs. Schreber. pl. 167. A. 107. B. |
Dans presque tout l'ancien monde. Ce sont les
espagnols qui,
les premiers, l'ont porté en Amé-
rique. Le
chat sauvage est plus grand que le
chat domestique; sa
couleur est d'un gris rou-
geâtre, ses lèvres
et les plantes de ses pieds sont
noires. Le chat domestique
s'accouple très-rare-
ment sous les yeux de
l'homme, et lorsque le
hasard le jette dans un désert, il y
devient sau-
vage très-aisément. Parmi
plusieurs particularités
singulières qu'offrent les chats,
on remarque
sur-tout leur forte électricité; le brillant
de
leurs yeux, dans l'obscurité; leur goût
singulier
pour quelques plantes, la nepeta cataria, par
exemple, et le teucrium marum; leur manière de
rouer, et l'effet
réel qu'ils produisent sur certains
hommes qui se trouvent
mal en les voyant.
On comprend parmi les variétés principales,
le chat d'Angora, à poils longs et soyeux,
qui
ordinairement a l'oreille dure; le chat des char-
treux, d'un gris bleu, et les chats d'Espagne
ou
couleur d'écaille (Tortoiseshell
Cat.) Ces der-
niers offrent une
singularité remarquable. On
prétend qu'on trouve souvent parmi eux
des
chattes de trois couleurs différentes,
c'est-à-dire,
variées de noir, de blanc et de jaune, mais
qu'on
n'a jamais trouvé un mâle marqué de cette ma-
nière.
Fissipèdes sans incisives. La conformation de
leurs pieds et
l'habitude totale de ces animaux,
annoncent leur démarche lente
et paresseuse.
Ordinairement ils ont peu de doigts aux pieds
de
derrière; mais ces pieds sont armés de grands
ongles
crochus qui leur servent pour grimper sur
les arbres.
(Tête arrondie, jambes antérieures
plus
longues; incisives nulles en
haut et en bas;
canines (s'ils en
ont) obtuses, solitaires;
molaires
cylindriques, obtuses).
1. | lat. all. angl. |
L'Aï. B. tridactylus. der Aï. the Aï. |
Pieds tridactyles, queue courte. Schreber. pl. 64. |
Habite en Guyane. C'est Un animal très-lent
et fort peu
leste; mais, malgré cette paresse, il
est assez rusé, et, en
cas de besoin, il ne manque
ni de force, ni de courage; il
est extrêmement
[Seite 130] vivace, et a fort peu de besoins; il
mange des
feuilles, et ne boit presque pas.
(Museau plus avancé, langue lombrici-
forme, dents nulles).
Egalement de l'Amérique septentrionale. Il se
nourrit des
grandes fourmis de ce pays; il gratte
les fourmillières avec
ce grand ongle en forme
de crochet dont ses pieds de devant
sont armés;
il en enlève la croûte solide qui les couvre,
et
il darde dans le trou sa langue visqueuse et
longue
de quatre pouces. Il est de la grosseur
et presque de la
couleur d'un écureuil.
(Corps couvert d'écailles, langue térète,
dents nulles).
Les animaux de ce genre ont beaucoup de
ressemblance, à
l'égard de leur conformation et
de leur manière de vivre, avec les
fourmilliers.
Ce qui les distingue particulièrement, ce sont
les
écailles qui les recouvrent. Beaucoup
d'anciens
naturalistes les mettoient au nombre des
lézards.
1. | lat. all. angl. |
Le Phatagin. M. tetradactyla. der Phatagin. the scaly Lizard. |
Queue plus longue; ongles bifides. Planche 9. |
De Formose et des parties de l'Asie qui l'a-
voisinent. Il est gros à-peu-près comme le petit
tamandua;
son corps, couvert d'écaillés d'un
brun marron, ressemble à
une pomme de pin.
(Corps cuirassé de têts et
de zones
osseuses; incisives et canines nulles).
1. | lat. all. angl. |
Le Tatou à neuf bandes. T. novem cinctus. der Caschicame. the Cachicame. |
Neuf bandes dorsales; pieds de devant tétradac- tyles, pieds de derrière pentadactyles. Schreber. pl. 74. |
Dans l'Amérique méridionale, jusqu'au détroit
de Magellan.
Cet animal se creuse un nid sous
terre. On peut
l'apprivoiser. Lorsqu'il court quel-
que
danger, il se roule en boule comme les
pangolins et le
hérisson.
Mammifères à sabots. Ils forment un
seul
genre composé de peu d'espèces.
(Pieds à sabot non-divisé, queue garnie
de
longs crins; six incisives en haut tron-
quées obtusément, six en bas plus proémi-
nentes; canines solitaires,
écartées dans
chaque mâchoire).
Il n'y a plus de chevaux originairement
sau-
vages; mais on en trouve beaucoup qui le sont
devenus. Communément ils sont en
grands trou-
peaux; on en voit, par exemple, dans
les bois
de Pologne, dans les montagnes d'Ecosse, dans
la
Tartarie, dans l'Amérique, où les espagnols les
ont aussi
transportés les premiers, et dans ce
dernier pays, sur-tout dans
le Paraguay, où ils
sont par milliers. Parmi les races de
chevaux ap-
privoisés, les chevaux arabes,
particulièrement
[Seite 133] ceux élevés à Annecy, dans les environs de
Palmire, et depuis le mont
Liban jusqu'au mont
Horeb, se distinguent par leur légèreté,
leur
vigueur et leur parfaite conformation; viennent
ensuite
les chevaux de Perse et de Barbarie.
Parmi les chevaux
européens, les meilleurs sont
ceux d'Espagne, sur-tout les
andaloux, ceux de
Naples et d'Angleterre; ces derniers,
sur-tout,
ont une rapidité étonnante, par laquelle ils
se
distinguent dans les courses. Le cheval anglois
l'éclipse, si connu dans les derniers temps,
par-
couroit cinquante-huit pieds en une
seconde,
c'est-à-dire, il couvrait un espace de
vingt-cinq
pieds, lorsqu'il étoit le plus alongé, et il
répétoit
cette action deux fois et un tiers en une se-
conde.*
Sans parler de l'utilité dont est cet animal pour
des nations
entières qui sont continuellement à
cheval, telles que les
cosaques, les tartares, les
kalmouks, les tongous, les abipons,
etc., il est
d'un prix inestimable pour les nations
policées
qui s'en servent pour l'économie rurale,
les
postes, la cavalerie, etc.; plusieurs de ces
peuples
errans que je viens de nommer, vivent aussi
en
grande partie de viande de cheval et de lait de
[Seite 134] jument. Ce
lait, lorsqu'il est caillé, et sur-tout
lorsqu'il est distillé,
forme la boisson enivrante
des tartares mogols.
2. | lat. all. angl. |
L'Ane. E. Asinus. der Esel. the Ass. |
Queue garnie de crins à l'extrémité, croix noire sur le dos. |
L'âne sauvage, duquel provient notre âne do-
mestique, est le véritable onager des
anciens,
et se trouve encore à présent, sur-tout en Tar-
tarie, sous le nom de koulan.* Tous les
ans,
dans l'automne, il sort de ce pays, et se rend
plus au
sud, dans les Indes et dans la Perse,
pour y passer l'hiver. Il
est plus grand et plus
élancé que l'âne domestique, et il a une
rapidité
étonnante. L'âne n'a pas encore été
transplanté
dans les pays les plus septentrionaux de
l'Europe;
il dégénère peu, tout au plus sa couleur
change;
il y a, par exemple, des ânes blancs.
Le cheval et l'âne s'accouplent ensemble et
produisent deux
sortes de bâtards qui ont beau-
coup de force et
de vigueur, et quelquefois,
mais très-rarement, sont en état de
se repro-
duire; l'un est le mulet ordinaire** (lat. mulus,
all. das Maulthier), que l'âne engendre avec la
[Seite 135] jument;
l'autre est le bardeau* (lat. hinnus,
all. der
Maulesel), que l'étalon produit avec
l'ânesse. Ce dernier
est plus rare, et a occasionné
le conte des jumarts ou des prétendus bâtards
provenus du commerce des
chevaux avec les
vaches, ou des taureaux avec les jumens.
3. | lat. all. angl. |
Le Zèbre. E. zebra. das Zebra. the Sebra. |
Zones brunes et blan- ches, très-régulières. The Sebra von 9 Stubbs 1771. |
Est originaire de l'Afrique méridionale. Il y
en a deux espèces
tout-à-fait différentes, et c'est
à tort que l'on a pris l'une
de ces espèces pour
la femelle de l'autre. Ces animaux vivent en
trou-
peaux, courent avec beaucoup de rapidité,
sont
très-farouches et très-difficiles à dompter.
Mammifères ruminans à pieds fourchus, par-
mi lesquels se trouvent nos animaux domestiques
les
plus importans.
(Cornes nulles; bec de lièvre; pieds pres-
que bisulces*, six incisives
en haut spa-
thiformes; les canines distantes,
trois en haut,
deux en bas).
1. | lat. all. angl. |
Le Dromadaire. C. dromedarius. das gemeine Ca- mel. the Dromedary. |
Bosse unique sur le dos. Schreber. pl. 303. |
Se trouve encore dans son état de nature en
Asie, sur-tout dans
les déserts entre la Chine et
les Indes; mais les orientaux et
les africains ont
su l'apprivoiser, et il est devenu l'animal
domes-
tique le plus important pour ces peuples.
Les
arabes l'appellent le vaisseau pour
traverser les
déserts. La charge ordinaire des chameaux
de
caravane pèse ordinairement six quintaux; et,
[Seite 137] chargés de
cette manière, ils font près de huit
lieues par jour. Cet animal
mange les arbustes
épineux qui croissent en quantité dans le
désert,
et dont aucun autre mammifère ne pourroit
se
nourrir. On assure qu'il peut supporter la soif
pendant
plusieurs semaines; mais aussi, quand
il trouve de l'eau, il
boit énormément, l'eau pou-
vant se conserver
assez long-temps dans son
estomac, sans s'altérer. Le
dromadaire, ainsi que
le chameau, ont un grand calus devant la
poi-
trine, quatre petits aux pieds de devant, et
deux
semblables aux pieds de derrière, et ils s'ap-
puient sur ces calus, quand ils sont las et
qu'ils
se couchent.
2. | lat. all. ang. |
Le Chameau. C. bactrianus. das Trampelthier. the Camel. |
Deux bosses sur le dos. Schreber. pl. 304. |
Dans l'intérieur de l'Asie jusqu'à la Chine. Il
s'en trouve
sur-tout des troupeaux considérables
en Bessarabie. La rapidité
de son trot, et sa selle
naturelle, font qu'on l'emploie
davantage que
l'espèce précédente.
Il y a beaucoup d'écrivains et de voyageurs qui
nomment
dromadaire le chameau à deux bosses.
Ainsi que l'espèce suivante, dans l'Amérique
méridionale,
particulièrement dans les monta-
gnes du Pérou. On
l'emploie comme bête de
somme, et quoiqu'il soit d'une grandeur
médio-
cre, il porte jusqu'à un quintal et
demi.
4. | lat. all. angl. |
La Vigogne. C. vicuna. das Schafcamel. the Vicugna. |
Sans aucune bosse corps laineux. Schreber. pl. 307. |
Est plus petite que le lama. On ne peut pas
l'apprivoiser, mais
comme son poil d'un brun
de cannelle, qui nous fournit ce qu'on
nomme la
laine de vigogne, est très-estimé, on fait tous
les
ans de grandes battues pour en prendre un grand
nombre.
Le bézoard occidental vient aussi de
cet
animal.
(Cornes creuses, ridées, rudes; incisi-
ves d'en haut nulles, huit en bas,
canines
nulles).
1. | lat. all. angl. |
La Brebis, le Bé- lier, le Mouton. C. ovis. das Schaf. the Sheep. |
Menton imberbe, cor- nes comprimées en crois- sant. |
On n'en trouve plus d'originairement sauva-
[Seite 139] ges; il ne
paroît pas même que ces animaux
puissent le redevenir comme les
chèvres. On les
regarde, dans presque tout l'ancien
inonde,
comme un des animaux domestiques les plus
utiles;
aussi ont-ils été transplantés en Améri-
que
bientôt après sa découverte.
Parmi les différentes races de ces mammifères,
on remarque
principalement celle du Thibet,
dont la laine la plus fine,
ainsi que le poil de
chèvre, sert à faire les shawls, et celle
de Ségovie
en Espagne. Viennent ensuite les races d'Angle-
terre, dont la laine est aussi très-belle;
celles
d'Islande à quatre, six ou huit cornes; les
brebis
d'Arabie, enfin celles d'Egypte, à queue grasse
et
épaisse, qui pèse environ quarante livres. Les
brebis qui
habitent entre les tropiques, ont or-
dinairement,
au lieu d'une laine frisée, des poils
plats, semblables à ceux
des chèvres, et celles
du sud de l'Afrique ont outre cela de
longues
oreilles pendantes.
2. | lat. all. angl. |
Le Moufflon. Buf. O. ammon. das Muffelthier, Argali. the Argali. |
Cornes arquées, circon- flexes, un peu aplaties en dessous; fanons lâches, poilus. Schreber. pl. 268. |
En Corse, en Sardaigne, en Grèce, dans la
Barbarie,
particulièrement en Sibérie jusqu'au
Kamtschatka, et ensuite
dans l'Amérique nord-
[Seite 140] occidentale. Le
moufflon de l'Asie septentrionale
est regardé par quelques
naturalistes comme la
souche de nos brebis; il est grand et armé
de
cornes très-fortes et très-pesantes. Nous avons ici
dans
le muséum de l'université une seule corne
qui n'est pas entière
et qui pèse neuf livres.
3. | lat. all. angl. |
La Chèvre, le Bouc. O. hircus. die Ziege. the Goat. |
Menton barbu, cornes arquées, carenées. |
La chèvre domestique paroît venir originaire-
ment
de l'œgagrus, qui vit sur le Caucase et
sur
les montagnes à l'est qui y touchent, et dans
l'estomac
duquel (ainsi que parmi plusieurs
espèces d'antilope) on trouve
le bézoard orien-
tal;
c'est pour cela qu'on lui a donné le nom
de bouc du
bézoard.*
La chèvre domestique redevient sauvage très-
aisément, et elle est répandue sur la terre presque
autant que
la brebis.
Les chèvres d'Angora ont de longs poils soyeux
qui nous
fournissent ce beau fil connu sous le
nom de poil de chèvre.
all. angl. |
der Steinbock. the wild Goat. |
des, noueuses en dessus et couchées sur le dos. Conr. Gessneer, l. C, p. 1099. |
Sur les plus hautes montagnes de Savoie, ainsi
que sur les alpes
de Sibérie. Les cornes d'un vieux
bouquetin pèsent à-peù-près
vingt livres, et ont
environ de chaque côté autant d'anneaux
noueux.
(Cornes creuses, térètes, annelées ou spi-
rales; dents comme celles des chèvres).
Forment un genre très-étendu, dont les espèces-
nombreuses se trouvent dans l'intérieur et dans
le sud de
l'Asie, en Afrique, et sur-tout au Cap.
1. | lat. all. angl. |
Le Chamois, l'I- zard. A. rupicapra. die Gemse. the Chamois. |
Cornes droites, recour- bées au bout en forme de crochets. Schreber. pl. 279. |
Sur les montagnes de l'Europe tempérée et
de l'Asie occidentale.
On prétend que des cha-
mois apprivoisés se sont
accouplés avec des chè-
vres, et ont produit des
bâtards. Les filets de leurs
alimens qu'ils ne peuvent pas
digérer, forment
dans leur estomac une petite pelote qui, an-
ciennement, étoit très-estimée, et étoit
connue
sous le nom d'œgagropilœ.
2. | lat. all. angl. |
La Gazelle. A. dorcas. die Gazelle. the Bezoar-Anti- lope. |
Cornes térètes, anne- lées, fléchies dans le mi- lieu, à sommets lisses rapprochés. Schreber. pl. 269. |
Habite dans tout l'orient et l'Afrique septen-
trionale. La chasse de cet animal est l'occupation
favorite
des orientaux, et comme il est svelte et
élancé, les poëtes lui
comparent les beautés qu'ils
chantent.
Dans l'intérieur de la partie la plus méridio-
nale
de l'Afrique, d'où il part tous les ans plu-
sieurs milliers de ces animaux, qui se rendent
dans les
environs du Cap, y passent l'hiver, et
quelques mois après se
retirent dans leur patrie.
(Cornes concaves, lunées, lisses; dents
comme
dans les genres précédens).
1. | lat. all. angl. |
Le Bœuf, la Va- che, le Taureau. B. taurus. der Ochse. the Bull. |
Cornes térètes, cour- bées extérieurement, fa- nons lâches. |
Nos bœufs proviennent de l'aurochse, que
l'on
trouve en Pologne, en Lithuanie, en Sibérie, et
qui
auparavant se trouvoit également en Alle-
magne;
l'aurochse est l'urus, le bonasus, le bison
de l'ancien
monde, car ces trois noms paroissent
désigner la souche de nos
bêtes à cornes. Parmi
les races les plus remarquables des bœufs,
on
compte la race blanche à oreilles
brunes ou noir
res, qui est à moitié sauvage, et se trouve
dans
les îles Mariannes, ainsi que çà et là en Angle-
terre; celle de Sicile, dont les carnes sont
d'une
grandeur étonnante, et celle qui au contraire
n'a pas
de cornes du tout, comme on en voit
dans quelques provinces de
l'Angleterre.
Mais je doute encore que le petit Bœuf des Indes,
que les indiens
révèrent comme sacré, le bos in-
dicus ou le zebu (Schreber, pl. 298),
soit une
simple variété de cette espèce.
On trouve souvent dans l'estomac des bêtes à
cornes des pelotes
de poils qu'elles se sont léchés,
et qu'elles ont avalés.
L'épizootie pestilentielle
qui leur est propre, fait souvent de
très-longs et
de très-grands ravages.
2. | lat. all. angl. |
Le Bison du nord de l'Amérique. B. americanus. der nordamerica- nische Bison. the american Bi- son. |
Cornes divariquées; crinière très-longue; dos gibbeux. Schreber. pl. 296. |
Est Le plus grand animal terrestre du nouveau
monde. Il vit en
troupeaux dans les bois maréca-
geux de l'Amérique
septentrionale tempérée. Dans
Phiver, il est garni de poils
par-tout le corps;
dans le printemps, au contraire, les poils de
sou
dos et de la partie postérieure de son corps tom-
bent, et il ne conserve que l'énorme crinière
qui
couvre son cou et sa poitrine.
3. | lat. all. angl. |
Le Buffle. B. buffelus. der Büffel. the Buffalo. |
Cornes couchées, tor- ses, planes antérieure- ment. Schreber. pl. 300. |
Est originaire du Thibet, mais il s'est répandu
peu à peu dans la
plus grande partie de l'Asie et
de l'Afrique septentrionale. Il
se trouve aussi dans
quelques pays d'Europe. Depuis le septième
siècle,
par exemple, on l'élève en Italie, en Hongrie,
dans
le pays de Salzbourg, et on s'en sert en attelage.
Sa
peau est noire et couverte de petits poils; elle
est extrêmement
forte et très-bonne pour faire
des outres. Les françois les ont
introduits en
France tout nouvellement. On a eu d'abord de
la
peine, les paysans en ont tué beaucoup; mais à
présent le
troupeau est en bon état et en pleine
reproduction.
4. | lat. |
Le Buffle à la queue de cheval. B. grunniens. |
Cornes térètes, courbées intérieurement; toison pendante en avant, queue |
Est également originaire du Thibet, mais
il est aussi domestique
dans l'Indostan. Plus
petit que notre bœuf; il se distingue
particulière-
ment par son grognement, son poil
frisé, et par
une queue épaisse garnie de très-longs crins,
la-
quelle est très-estimée, et quand elle est
belle, est
payée très-cher dans les Indes.
Ne se trouve que sur les confins de l'Amérique
septentrionale, à
l'ouest de la baie d'Hudson, de-
puis le 66.e degré jusqu'au 73.e On dit que deux
de ses cornes pèsent quelquefois plus de
cinquante
livres.
(Cornes très-simples couvertes de
peau,
terminées par un petit pinceau de poil noir;
incisives supérieures nulles; inférieures
huit,
spathulées, la plus extérieure bilobée; cani-
nes nulles.
1. | lat. all. angl. |
La Giraffe. G. camelo-parda- lis. die Giraffe. the Giraffe. |
(Capitaine Carteret, dans les transactions phi- losophiques, vol. LX, pl. 1). |
Dans l'intérieur de l'Afrique. Son long cou,
son corps
extrêmement court, son dos plus haut
que sa croupe, sa peau
rougeâtre et tachetée,
toute sa conformation enfin lui donne une
phy-
sionomie particulière. Elle marche comme
un
cheval qui va l'amble; elle lève en même temps
le pied de
devant et celui de derrière du même
côté, ce qui lui donne une
démarche singulière
qui ressemble à la marche du cavalier au jeu
d'é-
checs. Lorsque la giraffe se tient droite,
elle a plus
de seize pieds de haut.
(Cornes [bois] solides, multifides; dents
comme
dans les genres précédens, parfois
cependant canines solitaires en haut).
1. | lat. all. angl. |
L'Élan. C. alces. das Elennthier. the Elk. |
Cornes planes sans tige, palmées. Schreber. pl. 346. |
Habite dans tous les climats du nord (si ce-
pendant celui qui se trouve dans l'Amérique sep-
tentrionale, l'orignal, all. das
nordamericani-
[Seite 147] sche Elenn, angl. the Moosedeer* n'est pas une
espèce particulière). Il devient
grand comme un
cheval, il pèse plus de 1200 livres, et ses
cornes
plus de 50. On l'apprivoise et on le mène en trou-
peaux aux pâturages. On disoit anciennement
que
l'élan étoit sujet à l'épilepsie: ce conte n'a
plus besoin
d'être réfuté.
2. | lat. all. angl. |
Le Daim. C. dama. der Damhirsch. the Fallow-deer. |
Cornes presque rameu- ses, comprimées, à som- mité palmée. Schreber. pl. 349. A. B. |
Dans les régions tempérées de l'Europe. Est
plus petit que le
cerf ordinaire; varie dans la
couleur.
Dans, tous les paya septentrionaux de la terre.
On en trouve,
parfois au Kamtschatka des trou-
peaux de plus de
mille. Cet animal ne peut pas
supporter les pays chauds. Il vit
de feuilles sèches
et particulièrement de la mousse-à-renne, qu'il
cherche en grattant sous la neige.
Le renne est
[Seite 148] très-utile aux lapons, aux samoièdes, aux
ton-
gous et aux cosaques. Il satisfait aux
besoins
de première nécessité de ces peuples.
4. | lat. all. angl. |
Le Cerf. C. elaphus. der Hirsch. the Stag. |
Cornes rameuses toutes térètes, recourbées, à sommets multifides. Schreber. pl. 248. A. B. C. D. E. |
A la même patrie que l'élan, seulement sous
une latitude plus
méridionale. Le nombre de ses
cors ne répond pas exactement à
l'âge de l'ani-
mal: à sa huitième année on ne
peut plus le dé-
terminer. Les plus beaux bois ont
dix-huit jusqu'à
vingt-quatre véritables cors. Le cerf atteint
à-peu-
près l'âge de trente ans, quelquefois il
devient
plus vieux.
5. | lat. all. angl. |
Le Chevreuil. C. capreolus. das Reh. the Roe. |
Cornes rameuses, térè- tes, droites, à sommité bifide. Schreber. pl. 262. A. B. |
Dans les régions tempérées et chaudes de l'Eu-
rope
et de l'Asie. Le bois du chevreuil est souvent
défiguré par des
exostoses singulières, ce qui n'ar-
rive pas si
fréquemment aux autres espèces de
ce genre.
(Cornes nulles; incisives
comme dans les
genres précédera; canines
supérieures soli-
taires, sortantes).
Dans les forets de sapin, et tes contrées mon-
tagneuses du Thibet et de la Sibérie méridionale.
Le mâle a
dans la région du nombril une poche
grosse comme un œuf, dans
laquelle se secrète
le bizam.
2. | lat. all. angl. |
Le Chevrotin de Guinée. M. pygmæus. das guineische Rehchen. the Pigmymusk. |
Roux-brun en dessus, blanc en dessous; onglets surajoutés nuls. |
Dans les Indes orientales et en Guinée. Est le
plus petit des
animaux de cet ordre. Ses jambes
ont la longueur du doigt, et
sont grosses à-peu-
près comme un tuyau de
pipe.
Mammifères, pour la plupart
très-grands,
mais informes, couverts de soies ou de petits
poils
courts et rares, et ayant plusieurs ongles.
(Museau tronqué, proéminent, mobile;
quatre
incisives (dans la plupart) supérieu-
res,
convergentes; six inférieures, proémi-
nentes
(dans la plupart); deux canines su-
périeures plus courtes, deux
inférieures
sortantes).
1. | lat. all. angl. |
Le Sanglier, le Cochon, le Porc. S. scrofa. das Schwein. the Wildeboar, the Hog. |
Dos garni de soies, queue poilue. |
Le sanglier a un grouin plus long, en général
une autre forme de
crâne, des oreilles droites plus
courtes, des défenses plus
grandes que le cochon.
Il n'a point de lard; jamais il ne
devient ladre
et sa couleur est presque toujours d'un gris
noir.
Le cochon est, de tous les animaux, le plus géné-
ralement répandu; il a un odorat extrêmement
[Seite 151] fin, et il
est presque un animal omnivore.
Parmi
tous les mammifères à pieds fourchus, la truie
est
l'animal qui met bas le plus grand nombre de
petits. Les cochons
sont devenus sauvages en
Amérique, où on les avoit apportés
d'Europe: ce
sont ceux que nous appelons cochons marrons.
Dans
l'île de Cuba, ils devinrent le double plus gros
que
leurs pères européens; à Cubagua ils dégé-
nérèrent d'une façon singulière, et produisirent
une race qui
avoit des griffes d'un demi-empan
de long. Les cochons de Siam
ont des jambes
plus courtes, et le dos cambré sans crinière.
On trouve en Suède et en Hongrie une variété
à pieds non
fourchus: les anciens la connoissoient
déjà. On en a vu aussi
qui avoient trois griffes.
2. | lat. all. angl. |
Le Sanglier du Cap-vert. S. æthiopicus. das Emgalo. the Emgallo. |
Incisives nulles; peti- tes poches molles sous les yeux. Vosmaer, description du sanglier d'Afrique. |
Dans l'intérieur de l'Afrique méridionale; éga-
lement à Madagascar. Un animal terrible avec une
tête énorme,
un grouin qui a la largeur d'un em-
pan, et de
grands morceaux de chair semblables
à de grosses verrues sous
les yeux.
3. | lat. all. angl. |
Le Pécari. S. tajassu. d. Nabelschwein. the Pecary. |
Queue nulle; poche contenant du musc, près du coccix. Schreber. pl. 325. |
Vit en troupeaux dans les pays chauds de l'A-
mérique. Il pèse au plus soixante livres.
4. | lat. all. angl. |
Le Babiroussa. S. babirussa. d. Schweinhirsch. the babiroussa. |
Canines supérieures ar- quées, très-grandes. Schreber. pl. 328. |
Particulièrement dans les Moluques. Il vit dans
l'eau, nage fort
bien, et peut même aller en nageant
jusqu'à des îles fort
éloignées. Il est difficile de
deviner à quoi peuvent servir les
grandes canines
de sa mâchoire supérieure, qui sont presque
en
forme de cercle. Son nom est malais: Baba veut
dire dans cette langue cochon, et russa cerf.
(Habitus du cochon; dix
incisives en
haut et en bas; canines
nulles; pieds de de-
vant à quatre sabots; trois
sabots aux pieds
de derrière).
Est le plus grand animal terrestre de l'Améri-
que
méridionale; il a la taille d'un bœuf de mé-
diocre grandeur. Sa tête et ses cuisses sont à-peu-
près comme celles du cochon. Le lèvre supé-
[Seite 153] riéure se termine en pointe et est
très-mobile.
Ordinairement il s'assied sur son derrière
comme
un chien; il va volontiers à l'eau et nage
fort
bien.
(Trompe très-longue, prenante;
incisives
nulles; canines supérieures saillantes).
1. | lat. all. angl. |
L'Eléphant d'A- sie. E. asiaticus. der Asiatikele- phant. t. great-elephant. |
Couronne des dents mo- laires distinguée par des lignes ondulées. Pl. 10, Fig. B. |
Habite dans l'Asie méridionale, particulière-
ment
à Ceylan; est le plus grand de tous les
animaux terrestres,
atteint près de quinze pieds
de hauteur, et pèse, dans sa
vingtième année, en-
viron sept mille livres. Sa
peau, qui a sur le dos
près d'un pouce d'épaisseur, est
cependant très-
sensible, même aux piqûres
d'insectes: ordinai-
rement elle est grise.
L'organe principal de l'élé-
phant est sa trompe;
elle lui sert pour respirer
et pour sentir; elle lui sert
également comme de
main, pour puiser de l'eau, saisir sa
nourriture,
la porter dans sa bouche, et faire mille
tours
d'adresse. Il peut l'alonger jusqu'à près de
six
pieds, et la retirer ensuite jusqu'à trois. Au
bout,
cette trompe est garnie d'un crochet très-flexi-
[Seite 154] ble, avec lequel l'animal peut dénouer des
nœuds,
défaire des boucles, ramasser à la fois
plusieurs
pièces d'argent, etc.; il se nourrit
principalement
de feuilles d'arbre, de riz et d'autres herbes.
Il
nage avec une adresse incroyable, et traverse
même des
torrens très-rapides. Lorsqu'il s'accou-
ple, il
faut, comme les autres mammifères,
qu'il saillisse sa femelle.
Le petit nouvellement né
tette avec sa bouche, et non avec sa
trompe,
comme on l'a cru. C'est à trois ou quatre ans, en-
viron, que les deux grandes dents, dont
nous
tirons l'ivoire, percent aux éléphans mâles
et
femelles; ces dents ont quelquefois sept ou huit
pieds de
long, et une d'elles peut peser jusqu'à
deux cents livres. On
croit, et c'est vraisembla-
ble, que l'éléphant
atteint deux cents ans. Comme
il est en état do porter au moins
vingt quintaux, et
qu'il est capable de transporter les plus
grandes
charges jusqu'au plus haut des montagnes, on l'em-
ploie ordinairement comme bête de somme. Sa dé-
marche est assez singulière; il ne lève pas les
pieds
très-haut, mais il les jette en avant avec un mouve-
ment brusque et preste; il a le pied si sûr,
qu'il
ne bronche même pas dans les chemins non
frayés.
Les rubans en relief qui se trouvent sur les
couronnes des
molaires de l'éléphant des Indes,
forment des lignes qui vont
d'abord en serpen-
tant, et deviennent parallèles aux deux
extrémi-
tés. Ces lignes se distinguent déjà au
premier
coup-d'œil, des rubans en losange qui se
trouvent
sur les molaires de l'éléphant d'Afrique. Il
me
semble que cette propriété constante des deux
sortes
d'éléphans, que j'ai examinée dans leur
crâne, peut servir fort
bien, d'après toute l'ana-
logie, pour déterminer
la différence spécifique.
2. | lat. all. angl. |
L'Eléphant d'Afri- que. E. africanus. der africanische Elephant. the african Ele- phant. |
Couronne des molaires marquée par des losan- ges. Planche 10, Fig. C. |
Cette espèce, qui habite dans le milieu et dans
le sud de
l'Afrique, n'est pas domestique, comme
celle des Indes. On la
chasse et on la tue uni-
quement à cause de sa
chair et de son ivoire.
(Corne solide, conique, implantée sur
le
nez).
Des Indes orientales. La corne ordinairement
unique qui distingue
cette espèce, n'est pas atta-
chée à l'os comme la
double corne du rhinocéros
d'Afrique, elle tient simplement à la
peau.
2. | lat. all. angl. |
Le Rhinocéros d'Afrique. R. africanus. der africanische Nashorn. the two horned Rhinoceros. |
Incisives et canines nulles. Planche 11, Fig. A. |
Dans le sud de l'Afrique, au Cap, etc. La se-
conde
corne est plus petite, et est derrière la pre-
mière.
(Incisives supérieures
écartées, inférieures
tombantes en avant, canines inférieures cour-
bées en dedans,
tronquées obliquement).
1. | lat. all. angl. |
Le Cheval marin. H. amphibius. das Nilpferd. the Seahorse. |
Buffon, supplément, vol. III, pl. 62, 63. vol. VI, pl. 4, 5. |
Est très-commun dans l'Afrique méridionale,
se trouve également
dans le Nil. Il est extrême-
ment massif, a une
grande tête informe, une
gueule énorme, un gros corps et des
jambes cour-
tes. Un hippopotame qui a pris toute
sa crois-
sance, pèse au moins 3,500 livres. Cet
animal
se nourrit devégétaux et de poissons.
Mammifères à pieds palmés,
c'est-à-dire,
réunis par une membrane. Je les divise aussi
comme
les fissipèdes, en trois familles, d'après
la différence de leurs
dents.
(Pieds de devant palmés; deux incisives
en
haut et en bas).
1. | lat. all. angl. |
Le Castor ou Biè- vre. B. fiber. der Biber. the Beaver. |
Queue déprimée, ovée, écailleuse. Schreber. pl, 175. |
Vit dans les pays septentrionaux et dans les
endroits déserts
qui avoisinent les lacs et les grands
fleuves. Ses poils
très-fins le rendent intéressant
pour le commerce. Il est
également utile en mé-
decine, à cause de
cette substance connue sous le
nom de castoreum, que portent le mâle et la
femelle, dans une
poche particulière, placée à
l'extrémité du bas-ventre. Ce
qui a rendu particu-
lièrement ces animaux
remarquables, c'est leur
[Seite 158] industrie étonnante. Lorsqu'ils se
trouvent en
grand nombre, comme, par exemple,
encore
dans l'intérieur du Canada, ils se réunissent
pour
se bâtir des habitations, et même des digues, lors-
qu'ils le trouvent nécessaire, qui annoncent
une
adresse singulière. Je crois bien que
plusieurs
voyageurs ont embelli et exagéré ce qu'ils
racon-
tent de l'industrie des castors;
cependant, d'après
le témoignage unanime des observateurs
les moins
suspects de toutes les différentes parties du
monde,
ces animaux savent tellement s'accommoder
aux
circonstances fortuites et locales, qu'il faut
leur
accorder une intelligence beaucoup au-dessus
de
l'instinct industriel, toujours
uniforme, des au-
tres animaux.
(Pieds de derrière étendus dans la direc-
tion de l'abdomen; doigts réunis
ensemble;
six incisives en haut,
quatre en bas; cani-
nes
solitaires).
Ces animaux sont pour ainsi dire les amphi-
bies parmi les mammifères, et tout leur corps est
conformé
pour être en état de vivre dans les
deux élémens. Je
découvris, par exemple, en
1784, en disséquant l'œil d'un,
veau marin, une
[Seite 159] conformation toute particulière. Je vis
que ces
animaux sont en état d'alonger ou de raccour-
cir à volonté l'axe de leur œil, et peuvent
par
ce moyen voir à travers deux milieux d'une den-
sité très-différente, c'est-à-dire, à travers
l'air et
l'eau. Ce mouvement s'opère par la pression
des
muscles de l'œil, qui sont très-forts sur la
peau
extérieure de la prunelle, laquelle peau est
en
différens endroits d'une épaisseur différente.
La
cornée transparente, par exemple, est mince
et
souple; la partie de la sclérotique, au
contraire,
qui touche à la cornée, est épaisse et
cartilagi-
neuse, ainsi que le fond; mais la
zone moyenne
est ensuite mince et souple, de manière
que
quand l'animal veut voir à travers l'air, il re-
tire le globe de l'œil dans l'orbite, et par-là
il en
aplatit un peu le fond en le rapprochant en même-
temps du cristallin, comme l'exige la forte
ré-
fraction des rayons de lumière, qui alors
passent
du milieu plus rare de l'air dans celui plus dense
de
l'œil. Quand ces animaux sont sous l'eau, les
muscles
de l'œil cèdent, pour que l'axe oculaire
s'alonge.*
1. | Le Phoque com- mun, le Veau marin. |
Tête lisse, à oreilles ex- ternes milles; corps gris. Schreber. pl. 84. |
Dans les mers du nord. Cet animal est d'une
grande ressource
pour les insulaires de Fin-
lande, les
kamtschadales, les groënlandois
et les esquimaux de
Labrador. Pour ces deux
derniers peuples particulièrement,
le veau marin
est de la plus grande importance; ils se
nourris-
sent de sa chair, sa peau leur sert à
les habiller et
à couvrir leurs cahutes d'été et leurs
canots de pêche.
La chasse au veau marin est leur principale
occu-
pation, et l'adresse qu'ils montrent à
cet exercice
l'ait leur fortune et leur gloire.
2. | lat. all. angl. |
L'Ours marin. P. ursina. der Seebær. the Ursine Seal. |
A oreilles; cou lisse. Buffon, supplément, vol. VI, pl. 47. |
Pendant l'été, on trouve ces animaux par
grandes troupes dans
les îles de l'Archipel, du
Kamtschatka; probablement ils
passent l'hiver
dans les îles voisines un peu plus
méridionales
de l'Océan pacifique. Ce mammifère est poly-
game; chaque mâle a environ trente ou
quarante
femelles qu'il garde avec le plus grand soin,
et
qu'il défend avec courage contre ses rivaux.*
3. | lat. all. angl. |
Le Phoque à cri- nière, Le Lion marin. P. jubata. der stellersche Seelœwe. the hooded Seal. |
A oreilles; cou garni d'une crinière. Buffon. Supplément, vol. VI, pl. 48. |
Dans tout l'océan pacifique. La plus grande
espèce de ce
genre. Elle tire son nom de la cri-
nière que
portent les mâles, et qui ressemble,
en quelque façon, à
celle d'un lion.
4. | lat. all. angl. |
Le Phoque à ca- puchon. P. cristata. der ansonsche Seelœwe.* the maned Seal. |
Tête garnie en avant d'une crête. Voyage d'Anson autour du monde. pl. 19. |
Dans l'océan atlantique, et dans la mer pa-
cifique, le mâle seul a sur le nez un morceau
de chair en
forme de crête.
(Palmes et plantes natatoires; six inci-
sives en haut et en bas, les
supérieures
distinctes, les inférieures serrées).
Dans les régions tempérées des pays septen-
trionaux. Les plus belles se trouvent dans le
Canada.
Habite particulièrement dans les environs du
Kamtschatka et
sur la côte nord-ouest de l'A-
mérique,
jusqu'en descendant à Nutka-sund;
on
le trouve aussi dans les eaux de l'île de Lorée,
et
particulièrement dans la mer jaune. Sa peau
noire et d'un
gris d'argent est la fourrure que
les chinois estiment le
plus.
(Mandibules alongées, en forme de bec
de
Canard).
lat. all. |
O. paradoxus.* das Schnabel- thier. |
Cette créature très-extraordinaire se distingua
de tous les
mammifères connus jusqu'à présent,
par la conformation
singulière de son museau.
Cet organe, à l'extérieur,
ressembla parfaitement
à un bec de canard, large et plat,
est revêtu
également d'une peau, très-nerveuse, destinée
à
tâter, et est dentelé en scie sur les côtés; der-
rière, on observe de chaque côté de chaque
man-
dibule deux petites molaires plates qui
ont aussi
une forme anomale; les pieds sont palmés,
la
membrane des pieds de devant dépasse encore
les
ongles, et l'animal peut la plier ou l'étendre
comme une
espèce d'éventail. On n'a aperçu,
dans aucun ornithorinque,
le moindre vestige de
mamelles. Cette bête étonnante vit
dans un lac
de la cinquième partie du monde, non loin
de
Botany-Bay.
(Pieds de derrière embarrassés dans l'ab-
domen, coadunés).
Près des glaces flottantes du pôle septentrional,
souvent par
centaines ensemble. Il se nourrit de
plantes marines et de
testacées qu'il détache de
terre avec ses longues défenses.
Les anciens peu-
ples du nord faisoient avec
des courroies de
morse des câbles à ancre qui ne s'usoient
pres-
que jamais.*
Se trouve dans les mers des pays chauds, ainsi
qu'à Oricono;
il paroît avoir donné lieu aux
contes des sirènes et des
néréïdes.
Les lapides manati ne sont pas de cet
animal;
elles sont ordinairement une partie du canal au-
ditif et du tympan de la baleine.
Mammifères que l'on classoit autrefois à
tort
parmi les poissons.*
(Deux dents de la mâchoire
supérieure
sortantes, très longues, droites, spirales.)
1. | lat. all. angl. |
Le Narwhal. M. narwhal. das Seeeinhorn. the Narwhal. |
Klein, hist. piscium Miss. II. tab. 2. fig. C. Miss. V. tab. 3, fig. a. b. |
Se trouve le plus souvent dans le nord de
l'océan atlantique. Le
jeune Narwhal a origi-
nairement deux dents (une
dans chaque os de
la mâchoire supérieure); mais ces dents ne
sont
pas de la même grandeur, et lorsque l'animal
a pris sa
croissance, rarement on les trouve en-
core toutes
deux, ordinairement il n'en a con-
servé qu'une;
souvent cette dent est aussi longue
que le corps de l'animal,
c'est-à-dire, a plus
de dix-huit pieds.
(Dents nulles; lames de substance cornée
au
lieu des supérieures.)
1. | lat. all. angl. |
La Baleine fran- che. B. mysticetus. der Wallfisch. the Blackwhale. |
Dos sans nageoire. Abbild. der Wallfische bey Homans Erben in Landcarten-Format. fig. 1. 2. |
Est le plus grand de tous les animaux connus,*
elle pèse plus de cent mille
livres; on la trouve
vers le pôle du nord, ainsi que dans les
régions
méridionales, dans la mer atlantique et la
mer
pacifique. Celles que l'on prend aujourd'hui
ont
rarement plus de soixante à soixante-dix pieds;
leur
tête monstrueuse forme presque un tiers de
tout leur corps; leur
peau est ordinairement
noire ou marbrée de blanc, elle est
garnie de
quelques poils rares et épars çà et là,
souvent
aussi de coquillages. Cette bête monstrueuse four-
nit l'habillement et la nourriture aux
insulaires
kamtschadales et aux américains nord-occiden-
taux; les européens, au contraire, prennent
les
baleines pour leur huile, et sur-tout pour les
fanons
qui tapissent leur mâchoire. Ces animaux
en ont sept cents
à-peu-près dans la mâchoire
supérieure. Ce sont ces fanons qui
nous donnent
[Seite 167] ce que, dans le commerce, on appelle de la ba-
leine; les moindres
de ces fanons ont vingt pieds
de long.
Une grande baleine peut valoir vingt-cinq
mille francs.
2. | lat. all. angl. |
Le Boops, la Ju- barte. B. boops. der Jupiterfisch. the Sharp nosed Whale. |
Poitrine sillonnée; na- geoire dorsale obtuse. |
Dans cette espèce et dans plusieurs autres de
ce genre, la peau
du cou, de la poitrine et de
la partie antérieure du ventre est
sillonnée en
long très-régulièrement.
J'ai eu l'occasion de voir sur le rivage une
de ces baleines à nageoires, qui avoit cinquante-
deux pieds de long et soixante-quatre sillons
à
la poitrine, lesquels avoient plus d'un pouce de
largeur
et de profondeur.
(Dents dans la mâchoire inférieure).
1. | lat. all. angl. |
Le Cachalot. P. macrocepha- lus. der Caschelot. the White Whale. |
Dos sans nageoires; dents infléchies à bout assez, aigu. Die Homannische Ab- bild. fig. 4. |
Habite communément dans les océans septen-
[Seite 168] trionaux,
particulièrement sur les côtes du Brésil
et de la nouvelle Galle
du sud. Le cachalot atteint
la grandeur de la baleine; il a une
gueule énor-
me, et peut avaler des requins longs
de six pieds;
sa mâchoire supérieure est très-large,
l'inférieure
est très-étroite; il est recherché à cause du
blanc
de baleine (sperma ceti). Cette
substance res-
semble à une huile blanche comme du
lait; elle
se trouve, soit dans le corps de l'animal, à
côté
de l'huile, soit aussi, et cela en très-grande quan-
tité, dans des réservoirs particuliers que
l'animal
a dans la tête, sur-tout en avant à la
mâchoire
supérieure. Ce fluide, exposé à l'air, se fige
et
devient un suif à moitié transparent. On
trouve
quelquefois l'ambre gris odorant dans ses boyaux
et
ses excrémens.
(Dents dans les deux mâchoires).
1. | lat. all. angl. |
Le Marsouin. D. phocæna (Tur- sio. Plin.) das Meerschwein. the Porpoise. |
Corps presque conifor- me; dos large, garni d'une nageoire; museau presque obtus. Schreber. pl. 242. |
Ainsi que l'espèce suivante, dans les mers d'Eu-
rope. A neuf pieds de long.
3. | lat. all. angl. |
L'Orgue. D. orca. der Nordcaper. the Grampus. |
Nageoire dorsale très- haute, dents presque co- niques, peu courbées en dedans. Schreber. pl. 340. |
Habite ordinairement dans l'océan du nord;
on en trouve pourtant
aussi dans la Méditerranée.
Il a vingt pieds de long.
Les mammifères offrent
tant de différence dans
leur conformation, ainsi que dans leur
manière
de vivre, qu'il est assez difficile d'en généraliser
la
description, et que l'on se trouve obligé d'en-
trer dans
beaucoup de détails sur l'histoire spé-
ciale de chacun
d'eux. C'est tout autre avec les
oiseaux; ils se rapprochent beaucoup
plus les
uns des autres, à l'égard de leur conformation
et de leur
façon de vivre; ainsi l'on peut abréger
beaucoup l'histoire particulière
de leurs genres
et de leurs espèces.
Tous les oiseaux ont de commun entre eux
deux pieds,
deux ailes, un bec d'une substance
cornée, et un corps couvert de
plumes. Tels
sont les quatre caractères qui les distinguent
de
la manière la plus marquée des autres animaux.
Ils en font une
classe de créatures pour ainsi dire
[Seite 171] isolée, et qu'il est difficile de faire entrer,
du
moins sans contrainte, dans la prétendue chaîne
des corps
naturels.
Parmi ces quatre caractères, il en est un propre
exclusivement aux
oiseaux: c'est leur plumage.
On distingue dans
ce plumage les pennes et les
plumes; les premières sont implantées en
quin-
conce dans la peau de l'oiseau, et
enveloppées
de graisse à leur tige; les secondes sont des
filets
rameux à rayons lâches et épars. Il y a toujours
deux plumes
entre chaque penne. Les pennes des
ailes s'appellent remiges ou rames; celles de la
queue se
nomment rectrices. Lorsque les ailes
sont
déployées, les remiges forment pour ainsi
dire de larges éventails, par
le moyen desquels les
oiseaux s'élèvent et se soutiennent en l'air: il
y
a quelques espèces d'oiseaux qui n'ont point de
remiges, et sont
par conséquent inhabiles au vol.
Tels sont les pingouins, les manchots,
etc.; il
en est quelques autres, comme les casoars, les
plongeons,
auxquels manquent les rectrices.
Les oiseaux perdent leurs plumes dans certaines
saisons, ordinairement en
automne, et de nou-
velles reviennent à la place. Il est
même quelques
[Seite 172] oiseaux, tels que les gelinottes blanches, qui
muent deux fois par an,
au printemps et en
automne.
Parmi plusieurs espèces, la différence de l'âge,
et dans quelques autres
la différence des sexes,
en fait naître aussi une très-grande dans la
cou-
leur du plumage.
Quant à l'organisation intérieure des
oiseaux,
elle a quelque chose de particulier. On observe
dans leur
intérieur des réservoirs d'air qui y
sont dispersés çà et là, et que
l'oiseau peut rem-
plir d'air et vider à volonté. Ces
réservoirs sont
pour la plupart en communication avec les pou-
mons; quelquefois cependant ils ne communi-
quent qu'avec la gorge. On compte parmi eux
ces cellules très-grandes,
mais très-fines, qui sont
répandues, soit dans le bas-ventre des
oiseaux,
soit sous leurs aisselles, soit autre part sous la
peau, et
qui peuvent se remplir d'air par la
respiration. Les oiseaux ont de plus
certains os
creux et sans moelle, comme les os des épaules
dans
l'aile, etc. qui servent au même but. Chez
quelques-uns, le crâne, chez
d'autres, comme
les toucans, les colaos, les becs
monstrueux
tiennent aussi à cette sorte de conformation; enfin
les
tiges mêmes des plumes communiquent avec
[Seite 173] ce tissu cellulaire dont j'ai
parlé, et peuvent éga-
lement se remplir d'air et se
vider. On sent com-
bien une pareille organisation doit
faciliter leur
vol.
C'est par le moyen de cette organisation re-
marquable, que
les oiseaux sont en état de voler,
et la rapidité de ce vol est aussi
étonnante que
sa durée. Il y a fort peu d'oiseaux qui ne
puissent
pas voler du tout. L'autruche, le casoar, les
manchots, et
quelques autres oiseaux impennes,
sont les seuls qui fassent
exception.
Le séjour des oiseaux est presque aussi varié
que celui des mammifères;
les uns, et c'est le
plus grand nombre, vivent sur les arbres; quel-
ques autres dans l'eau, un petit nombre sur terre;
mais
il n'y a pas un seul oiseau qui, comme la
taupe, dans la classe
précédente, et d'autres ani-
maux, dans les deux dernières
classes, demeure
sous la terre. Les pieds des oiseaux, ainsi
que
ceux des mammifères, sont conformés pour le
séjour que la nature
leur a assigné. La plupart
ont les doigts libres et séparés. Tels sont
les oiseaux
fissipèdes. Ordinairement ces
oiseaux ont quatre
doigts, dont trois sont en avant, et le
quatrième
[Seite 174] semblable à un pouce, est dirigé en arrière. On
nomme cette espèce de
pieds, pieds promeneurs;
quelquefois de ces
quatre doigts, deux sont en
avant et deux tournés en arrière: ce sont
les
pieds grimpeurs. Parfois aussi l'oiseau a un
doigt
versatile, c'est-à-dire, il peut joindre à
volonté
un de ses doigts, tantôt à ceux de devant, tantôt
au pouce
de derrière; d'autres oiseaux ont le
doigt du milieu réuni avec un des
deux doigts
latéraux (pieds marcheurs), ou bien
le doigt
de derrière manque tout-à-fait (pieds
coureurs).
Chez les oiseaux non fissipèdes, c'est-à-dire,
dont
les doigts ne sont pas distincts, ou les doigts sont
demi-palmés, c'est-à-dire, ils sont réunis par
une
membrane à la racine; ou ils sont palmés,
savoir, la membrane unit les doigts jusqu'au
bout. Il
y a d'autres oiseaux dont chaque doigt
est bordé d'une peau étroite et
lâche, qui a, ou
un bord uni (pieds lobés), ou
un bord dentelé
(pieds pinnés).
Beaucoup d'oiseaux changent de séjour dans
certaines saisons; la plupart
cependant ne s'éloi-
gnent que de quelques lieues: ils se
rendent dans
les pays voisins, et reviennent bientôt dans
leur
ancienne patrie; mais les hirondelles, les grues,
les cigognes
font de plus grands voyages; elles
[Seite 175] traversent les mers, se rendent dans les pays
de
la zone torride, y passent l'hiver et n'en re-
viennent que le printemps suivant.
Aucun oiseau n'a de dents; il faut que ces
animaux brisent leurs alimens
avec leur bec, ou
qu'ils les avalent comme ils sont. Chez les ani-
maux granivores, qui avalent leurs graines sans
être
brisées, ces graines ne passent pas tout de
suite dans l'estomac, elles
restent auparavant
dans un jabot glanduleux, où elles sont humec-
tées et amollies, et d'où elles descendent ensuite
peu à
peu dans l'estomac. Ce dernier organe
est dans ces animaux extrêmement
musculeux et
si fort, que d'après les expériences remarquables
de
Réaumur, il est en état de broyer des noi-
settes et des noyaux d'olives, et de corroder l'em-
preinte d'une pièce de monnoie, qui devient unie
comme du
papier. Beaucoup d'oiseaux avalent
outre cela de petits cailloux qui
facilitent égale-
ment la trituration, et ensuite la
digestion des
alimens. Les physiologues expliquent différem-
ment la raison pour laquelle ces oiseaux avalent
de
petites pierres, et ils ne sont pas d'accord sur
le but et l'utilité
d'un pareil procédé. Quelques-
uns même ont cru que ces
oiseaux le faisoient
par stupidité. Pour moi, d'après mes observa-
[Seite 176] tions, j'ai tout lieu de croire que c'est un moyen
indispensable pour
tuer les graines qu'ils ont
avalées, et leur
ôter leur force vitale qui, sans
cela, nuirait à
la force digestive.
Plusieurs oiseaux carnivores, tels que les fau-
cons, les
hiboux, les martins-pêcheurs ne peu-
vent pas digérer les
os, les poils et les arêtes
des petits animaux qu'ils ont mangés; mais
après
leur repas ils les vomissent roulés, en forme de
boule.
Remarque. Ces pelotes d'un gris blanc, gé-
latineuses, roulées ordinairement en forme de
boyau, que
l'on trouve fréquemment dans les
prairies, ont la même origine. Ce sont
des in-
testins de grenouilles à moitié digérés,
qu'ont
vomis des corneilles, des oiseaux aquatiques ou
des oiseaux
de rivage. Voyez M. Persoon, dans
le nouveau magasin de Voigts, I.er vol., n.° 2,
page 56.
Si l'on compare les organes des sens des
oiseaux
à ceux des mammifères, on remarque
entre autres différences
particulières, que les
premiers n'ont point d'oreilles externes
cartila-
gineuses et disposées pour recevoir le son;
mais
cette absence est réparée particulièrement chez
[Seite 177] les oiseaux de proie
nocturnes, par la disposi-
tion circulaire et extrêmement
régulière, ainsi
que par la direction déterminée des petites
plumes
dans la région de l'oreille, et quelques-unes de
ces espèces
ont même outre cela une soupape
mobile à l'extrémité extérieure du
conduit au-
ditif.
Remarque. Il y a fort peu d'oiseaux qui aient
le
véritable sens du toucher. Les canards et
les
autres espèces analogues paraissent les seuls qui
le possèdent
dans le sens le plus strict. L'organe
de ce sens est chez eux la peau
molle dont leur;
bec est couvert, et qui étant pourvue de
nerfs
extrêmement forts, est très-irritable dans l'animal
en vie.
Aussi l'on peut voir comment les canards
sondent
réellement avec leur bec dans les mares
où la vue ni l'odorat ne peuvent
leur indiquer
leur nourriture.
La voix des oiseaux, sur-tout parmi ceux con-
nus sous le
nom d'oiseaux chanteurs, est variée
et agréable.
On ne peut pas dire cependant qu'ils
chantent;
car le chant naturel est un privilége
exclusif de l'homme, mais ils sifflent. Outre ces
réservoirs d'air dont j'ai parlé
(§ 59), ce qui
contribue aux modifications de leur voix, c'est
la
disposition de leur larynx. Il ne se trouve pas,
[Seite 178] comme chez les mammifères et
les amphibies, à
l'extrémité supérieure de la trachée,
c'est-à-dire,
à la racine de la langue; mais il est comme par-
tagé en deux moitiés distinctes à chaque extré-
mité de cette trachée. On a appris à des perro-
quets, des corbeaux, des sansonnets, des bou-
vreuils à imiter la voix de l'homme et à pro-
noncer des mots; les oiseaux chanteurs qui sont
en cage
imitent aisément le chant des autres
oiseaux, apprennent à siffler des
airs et même
à chanter en partie, et on assure qu'on a réussi
avec
plusieurs bouvreuils à donner de petits con-
certs. Du
reste, il paraît qu'en général le chant
naturel des oiseaux en liberté,
doit être égale-
ment formé par l'usage et
l'imitation.
La plupart des oiseaux s'accouplent dans le
printemps; quelques-uns
cependant, tels que le
bec croisé, ne se marient qu'après noël, dans
la
saison la plus froide.
Les oiseaux de basse-cour n'ont point de temps
fixé pour leurs amours;
toutes les saisons pa-
roissent leur convenir; quelques
espèces ne res-
tent ensemble que pendant le temps des
noces;
d'autres, comme les pigeons, se marient réelle-
ment et ne se quittent pas; d'autres encore, comme
les coqs, vivent
dans la polygamie.
Lorsque la femelle est fécondée, son instinct
la pousse à penser à
l'avenir, et à se construire
un nid. Le coucou
est peut-être le seul des oiseaux
qui se dispense de cette peine. Parmi
les poly-
games, tels que les espèces de coqs, le mâle ne
se donne pas la moindre peine pour ce
travail;
mais chez les monogames, sur-tout dans la classe
des
oiseaux chanteurs, le mâle apporte aussi des
matériaux pour construire
le nid, et il prend soin
de la femelle pendant qu'elle travaille.
Chaque espèce choisit, pour construire son
nid,
le lieu qui répond le plus parfaitement à ses
besoins et à sa manière de
vivre. Elle choisit avec
autant de soin les matériaux dont elle a besoin.
Les nids sont construits plus ou moins artis-
tement.
Quelques oiseaux, comme les bécasses,
les outardes, les vanneaux, etc.
se font à plate-
terre un petit nid sec composé de
broussailles, de
chaumes, etc.; d'autres, comme les pics, les
geais,
les choucas, les moineaux se font un lit
plus doux, mais sans art, dans
les trous des
murailles, les fentes des rochers ou le creux des
[Seite 180] arbres. Un très-grand
nombre, sur-tout parmi
les coqs, les pigeons et les oiseaux
chanteurs,
donnent à leur nid la forme d'un hémisphère ou
bien d'un
plat; d'autres, comme le roitelet, celle
d'un four, et d'autres encore,
comme le jupu-
jupa (oriolus
persicus L.), la mésange de Po-
logne, etc., lui
donnent celle d'une bourse.*
Lorsqu'enfin le nid est construit, la mère y
dépose ses œufs, dont le
nombre varie d'après la
différence des espèces. Beaucoup d'oiseaux
aqua-
tiques, par exemple, ne pondent qu'un seul œuf
à
la fois. Les harles, et la plupart des pigeons,
en pondent deux; les
mouettes trois; les cor-
beaux quatre; les pinçons cinq;
les hirondelles,
de six à huit; les perdrix et les cailles
quatorze,
la poule domestique, particulièrement lorsqu'on
lui ôte
ses œufs l'un après l'autre, jusqu'à cin-
quante et plus.
Dans ce cas, la ponte des œufs
paroît une action spontanée, et se distingue en
cela d'une manière frappante de
l'enfantement
absolument involontaire des mammifères.
Il y a aussi quelques oiseaux qui n'ont pas
[Seite 181] besoin d'une fécondation
précédente pour pondre
des œufs, mais ces œufs sont stériles.
Chez les mammifères, le petit animal se forme
dans le ventre de la mère,
et vient au monde
tout formé; mais chez les oiseaux, pour
qu'il
vienne à éclore, il faut que l'œuf que la mère
a déposé soit
couvé. Le coucou est le seul qui ne
couve jamais
ses œufs, il en abandonne le soin
aux fauvettes et aux lavandières, dans
les nids
desquels il les dépose. Du reste, des chapons, des
chiens,
et même des hommes, ont fait éclore des
œufs d'oiseaux en les
couvant*. On peut
aussi
aisément faire naître des poulets au moyen d'une
chaleur
artificielle, soit dans du fumier échauf-
fé**, soit dans les fours disposés
exprès, soit
[Seite 182] encore dans la machine à couver, au moyen
d'une lampe*.
Les oiseaux se fatiguent par une trop longue
incubation. Parmi les
monogames, tels que les
pigeons et les hirondelles, le mâle incube
ainsi
que la femelle. Parmi les serins, les linots,
les
chardonnerets, les mâles ne s'en mêlent pas, et
laissent leurs
femelles couver; mais pendant le
temps de l'incubation, ils pourvoient à
la subsis-
tance, de leurs femmes, parfois même, ils
leur
ingurgitent ce qu'ils ont dans leur jabot.
C'est pendant que l'oiseau couve, que s'opère
dans l'œuf même ce grand
changement par le-
quel le poulet
s'y forme successivement, et croît
de jour en jour. Pour cet effet,
non-seulement le
jaune de l'œuf est spécifiquement plus léger que
le
blanc, mais même cet endroit, sur sa surface,
qu'on nomme la cicatricule, et près de laquelle
le poulet se
trouve, est encore plus léger que le
côté opposé, de sorte que, quelle
que soit la
position de l'œuf, cette cicatricule se trouve tou-
jours tournée du côté du ventre de l'animal in-
[Seite 183] cubant. On n'aperçoit la première trace du poulet
naissant, que
quelque temps après le commen-
cement de l'incubation:
parmi les poules, par
exemple, on l'aperçoit à peine avant la fin
du
premier jour. A la fin du second, commence le
premier mouvement
du cœur encore très-im-
parfait de l'animal (le point
saillant); à la fin
du cinquième jour on voit déjà se remuer
la
petite créature: elle est encore gélatineuse. Le
quatorze, les
plumes lui viennent. Au commen-
cement du quinzième, le
poulet cherche à res-
pirer. Le dix-neuvième jour il est
en état de
pioler, et on peut l'entendre.
Remarque. La première forme sous
laquelle
l'oiseau se montre d'abord dans l'œuf, diffère
beaucoup
plus de celle qu'il a lorsqu'il est près
d'éclore, que la configuration
première du mam-
mifère nouvellement conçu, de celle qu'il
aura
dans la suite. On peut dire que le poulet dans
l'œuf, ne prend
sa forme parfaite que par une
sorte de métamorphose, et cela aussi bien
re-
lativement à quelques viscères (le cœur,
par
exemple), que par rapport à la conformation
totale.
Parmi les différens organes qui servent à l'é-
conomie
remarquable du poulet couvé, les deux
[Seite 184] plus intéressans sont deux
membranes ramifiées
par un grand nombre de vaisseaux, et qui
se
montrent dans toute leur beauté vers le milieu
de l'incubation;
savoir, le chorion, qui est étendu
sous la
coquille de l'œuf, et la membrane val-
vuleuse du jaune qui tient au canal intestinal
de la petite
créature. Celle-là lui sert, au lieu de
poumons, pour ce procédé
phlogistique dont j'ai
parlé (§ 24), et celle-ci pour nourrir le
fœtus,
au moyen du jaune qui est éclairci peu-à-peu
par le blanc qui
s'y mêle.
Le temps que doit durer l'incubation, est fixé
en général pour chaque
espèce d'oiseaux; ce-
pendant le plus ou moins de chaleur
de l'air,
et la différence du climat, influent sur sa durée.
Dans
l'espèce des poules, le poulet éclôt ordinai-
rement à la
fin du vingt-unième jour.
La mère, et même parmi les monogames, le
père nourrissent pendant quelque
temps leurs
petits avec beaucoup de soin, jusqu'à ce qu'ils
soient
en état de se nourrir eux-mêmes. Les es-
pèces granivores
portent l'attention plus loin, ils
remplissent leur jabot de graines, et
reviennent
ensuite les ingurgiter à leurs élèves.
Les oiseaux, proportionnellement à leur gran-
deur, et
comparés aux mammifères, parvien-
nent à un âge très-avancé; on a des exemples
que des aigles et
des perroquets ont vécu plus
de cent ans, et des chardonnerets plus de
vingt-
quatre, même en captivité.
Les oiseaux sont extrêmement importans pour
l'économie de la nature,
quoique leur utilité im-
médiate pour l'homme soit sans
comparaison
bien moindre que celle des mammifères; ils dé-
truisent un grand nombre d'insectes,
et quelques
pays se sont fort mal trouvés d'avoir détruit
presque
tout-à-fait certaines espèces d'oiseaux
regardés comme nuisibles, tels
que les moineaux,
les corneilles, etc.; les insectes se sont
multipliés
de manière à faire encore bien plus de tort que
les
oiseaux. Il est des oiseaux qui mangent de
plus grands animaux, des
campagnols, des ser-
pens, des grenouilles, des lézards,
ou qui con-
sument les charognes; un grand nombre se
nour-
rit de mauvaises herbes; de plus les
oiseaux
favorisent la multiplication et la propagation des
animaux,
aussi bien que celle des plantes; on
sait, par exemple, que les oies
sauvages, lors-
[Seite 186] qu'elles émigrent, transportent dans des
étangs
éloignés des œufs de poissons fécondés, et les
empoissonnent
par-là quelques fois; beaucoup
d'oiseaux avalent des graines qu'ils
vomissent
ensuite comme ils les ont avalées, et qui croissent
par-là
dans d'autres endroits: à Banda, par
exemple, les pigeons ont propagé
ainsi les mus-
cades; la fiente des oiseaux de mer
engraisse des
rochers chauves et arides, sur lesquels il
vient
parfois des plantes utiles; on instruit quelques
espèces de
faucons à chasser, comme on dresse
]es cormorans à pêcher; on mange
beaucoup
d'oiseaux, on se nourrit de leurs œufs, de leur
graisse, et
les peuples les plus septentrionaux
s'habillent avec les peaux des
oiseaux de mer;
les plumes servent pour nos lits, pour écrire
et
pour toute sorte de parure; aussi sont-elles sous
ce dernier
rapport un objet de commerce im-
portant chez plusieurs
peuples sauvages, et sur-
tout parmi les insulaires de
l'océan pacifique.
D'an autre côté, les oiseaux font du tort en
ce qu'ils détruisent presque
tout-à-fait des ani-
maux et des plantes utiles; le
condor, le vautour
des agneaux, et d'autres oiseaux de proie
tuent
des veaux, des chèvres et des brebis; l'orfraie
et d'autres
oiseaux aquatiques sont aussi dange-
[Seite 187] reux pour les poissons et
leur frai, que les au-
tours, les éperviers, les pies le
sont pour la vo-
laille; les moineaux et d'autres petits
oiseaux font
tort aux semailles, aux vignes et aux arbres frui-
tiers; enfin les oiseaux ne se bornent pas seule-
ment à propager des plantes utiles, ils servent
aussi à
en multiplier de mauvaises et de para-
sites.
Il n'y a pas plus d'animaux venimeux dans
celte classe que dans la
première.
Comme au total la conformation des oiseaux
est assez uniforme, et que
certaines parties de
leur corps, telles que le bec et les pieds, qui
se
rapportent à leur manière de vivre, de se nour-
rir, etc. déterminent déjà une grande partie de
leur habitude totale, la plupart des ornithologes
ont
fondé en conséquence leur classification sur
les différences de l'une ou
de l'autre de ces par-
ties; Klein, par exemple, sur la conformation
des doigts; Mœhring, sur les tégumens des jam-
bes; Brisson, sur ces deux caractères joints
à
la configuration du bec. Linnée, dans le
plan
de son système, a égard également à la confor-
mation de plusieurs parties, et en général à l'ha-
bitude totale des oiseaux, mais il paroît quel-
quefois
s'être trompé dans ses observations; du
[Seite 188] moins je ne puis concevoir
pourquoi il a mis
dans un même ordre les perroquets, les colibris
et
les corneilles, tandis que les pigeons et les
coqs sont séparés dans
deux ordres différens.
L'on trouve plusieurs rapprochemens et
plusieurs
séparations de la même sorte.
Je me suis donc permis quelques changemens
dans le système de Linnée, et j'ai divisé toute
cette classe dans les
neuf ordres suivans.
lat. | Anseres. | couvert de peau, dentelé ordinairement au bord, et finissant par un petit crochet au bout de la man- dibule supérieure. |
Je vais donc parler d'abord des oiseaux ter-
restres.
Ont presque tous les pieds courts, forts, des
griffes longues et
tranchantes, un bec fort et
crochu, dont pour l'ordinaire le côté de
la man-
dibule supérieure se termine en deux
pointes
mousses et tranchantes, et qui le plus souvent
est
couvert à la racine d'une membrane charnue
nommée cire. Ces oiseaux se nourrissent, soit
de charognes, soit
d'animaux vivans qu'ils en-
lèvent; ils sont
monogames, nichent dans les
endroits élevés; leur chair a un goût
sauvage
et désagréable.
(Bec droit, crochu au bout, tête et cou
dénués
de plumes (dans la plupart), langue
bifide).
1. | lat. all. angl. |
Le Condor. V. gryphus. der Condor. the Cuntur. |
Caroncule de la lon- gueur de la tête sur le vertex. |
Habite principalement dans la partie occiden-
[Seite 193] tale de
l'Amérique méridionale. Il a près de
quinze pieds d'envergure,
et les tuyaux de ses
remiges sont gros comme le doigt. Sa
couleur est
noire et blanche. Il niche particulièrement
sur
les rives couvertes de rochers, vole extrêmement
haut,
et vit ordinairement des bestiaux qu'il en-
lève,
et des poissons morts que la mer rejette.
2. | lat. all. angl. |
Le Roi des vau- tours. V. papa. der Geyerkœnig. the Ring of the Vultures. |
Narines caronculées; vertex et cou dénudés. Buffon, oiseaux, vol. 1, pl. 6. |
Dans l'Inde et l'Amérique septentrionale. Il
est gros comme un
dindon; sa couleur, sur-tout
à la tête, est jaune, rouge et
noire, et il a un
long morceau de chair sur les narines. Il
peut
retirer son cou dénué de plumes jusques dans
l'espèce
de collier que forment les plumes épais-
ses qui
couvrent ses épaules.
3. | lat. all. angl. |
Le Vautour des agneaux. V. barbatus. d. Læmmergeyer. t. barbary Vultur. |
Dos du bec gibbeux vers l'extrémité, menton, barbu. Andreæ Briefe aus der Schweitz, pl. 12. |
Dans les alpes du Tirol et de la Suisse; éga-
lement en Sibérie et en Abyssinie. C'est le plus
grand oiseau
d'Europe; il a dix pieds d'en-
[Seite 194] vergure. Il se
distingue particulièrement des au-
tres vautours,
par les soies roides qui lui for-
ment une barbe,
par sa tête revêtue de plumes,
et sur-tout par le dos de sa
mandibule supé-
rieure, qui est renflé au
bout.
Plusieurs de nos nouveaux naturalistes,
Buffon, par exemple, Fortis, ainsi
que Bomare,
Molina, le confondent
avec le condor, mais il
en est très-différent.
Est très-commun en Palestine, en Arabie et
en Egypte. Il dévore
un grand nombre de cam-
pagnols, d'amphibies, etc.
Les anciens égyptiens
regardoient cet oiseau comme sacré, ce
qu'ils
faisoient en général à l'égard des animaux qui
leur
étoient d'une utilité particulière; et ils l'ont
représenté
souvent dans les hiéroglyphes qui cou-
vroient
leurs obélisques, et les bandelettes de
leurs momies.
(Bec crochu, ciré à sa base, tête cou-
verte de plumes, langue bifide).
Depuis le Cap en avançant dans les terres;
également aux
Philippines. Il a les jambes lon-
gues comme un
oiseau de rivage, c'est pour cela
que quelques auteurs l'ont mis
dans l'ordre des
gralles; mais j'ai sous les yeux un de ces
oiseaux
appartenant au muséum, parfaitement empaillé;
à
Londres j'en ai vu un en vie, et soit d'après
sa construction,
soit d'après sa manière de vivre,
je crois que je lui assigne
dans le système la place
qui lui convient.
2. | lat. all. angl. |
L'Aigle commun. F. melanaëtus. d. schwarzbraune Adler. the black Eagle. |
Cire jaune, pieds demi- laineux, corps ferrugi- neux-noirâtre, stries fla- ves. Frisch, pl. 69. |
En Europe. Est beaucoup plus petit que l'es-
pèce
suivante.
Dans les montagnes de l'Europe. Niche sur
les rochers, élève et
nourrit ses petits de lièvres,
de chamois, etc.
4. | lat. all. angl. |
L'Orfraie. F. ossifragus. der Fischadler. the sea Eagle. |
Cire jaune, pieds demi- laineux, corps ferrugi- neux, rectrices blanches sur le côté intérieur. Buffon, vol. 1, pl. 3. |
Sur les côtes d'Europe, ainsi que dans l'Amé-
rique
septentrionale et dans la mer du Sud. Il
est gros comme le grand
aigle; il ne vit presque
que de poissons.
5. | lat. all. angl. |
Le Balbuzard. F. haliaëtus. der Entenstosser. the Osprey. |
Cire et pieds bleus, corps brun en dessus, blanc en dessous, tête blanchâtre. Buffon, vol. 1, pl. 2. |
Plus sur les rives des fleuves que sur les bords
de la mer. On
l'a souvent confondu avec l'orfraie.
6. | lat. all. angl. |
Le Milan. F. milvus. die Weihe. the Kite. |
Cire flave, queue en pince, corps ferrugineux, tête plus blanchâtre. Frisch, pl. 72. |
Habite presque dans tout l'ancien monde. Il
fait du tort à la
volaille, mais d'un autre côté
il est utile, en ce qu'il dévore
une quantité de
charognes et d'amphibies; aussi y a-t-il des
pays
où, comme en Egypte le petit vautour, on le
laisse
multiplier, et il est défendu de le tirer.
7. | lat. all. angl. |
Le Faucon. F. gentilis. der Edelfalke. the Falcon. |
Cire et pieds flaves, corps cendré tacheté de brun, queue marquée de quatre bandes noirâtres. Frisch, pl. 74. |
Dans les pays montagneux du nord. Il y a
une infinité de
variétés; plusieurs naturalistes en
ont pris quelques-unes pour
des espèces particu-
lières. On dresse le faucon,
ainsi que les espèces
suivantes et d'autres espèces analogues de
ce
genre, à chasser de petits mammifères et des oi-
seaux; dans l'Orient, par exemple, on
l'emploie
pour la chasse de la gazelle, et en Europe
pour
celle du héron.
(Bec court, crochu, sans cire, narines,
[Seite 198] barbues, tête
grande, langue bifide, pieds à
doigts versatiles, quelques
remiges dentelées
en scie).
1. | lat. all. angl. |
Le Grandduc. S. bubo. der Uhu. the Eagle-Owl. |
Oreilles pennées; iris couleur de Safran; corps roux. Frisch, tab. 93. |
Est le plus grand oiseau de ce genre. Il se trouve,
ainsi que
l'espèce précédente, dans l'Europe tem-
pérée et
dans l'Asie occidentale.
(Bec presque droit, denticulé de tous cô-
tés vers le sommet, nu à la base,
langue
déchirée.
1. | lat. all. angl. |
La Pie-grièche grise. L. excubitor. der Würger. the great Shrike. |
Queue cunéiforme, blanche sur les côtés; dos gris-blanc, ailes noires avec une tache blanche. Frisch, tab. 59. |
En Europe et dans le nord de l'Amérique. Elle
imite parfaitement,
ainsi que l'espèce suivante,
la voix des autres animaux.
2. | lat. all. angl. |
L'Ecorcheur. L. collurio. der Neuntœdter. the red-backed Shricke. |
Queue presque cunéi- forme, dos gris; qurtre rectrices intermédiaires d'une même couleur; bec plombé. Frisch, tab. 60. |
En Europe. Se nourrit principalement d'insec-
tes,
sur-tout de scarabées et de mouches à viande.
Lorsqu'il en a une
provision, il les fiche dans les
épines et les buissons, pour
les retrouver.
Ces oiseaux n'habitent presque que les
pays
les plus chauds, et sont reconnoissables à leur
bec
ordinairement très-grand, très-gros, mais très-
léger proportionnellement. J'ai parlé de ces sor-
tes de becs (§ 59), à l'occasion des réservoirs
d'air qui
distinguent les oiseaux..
(Mandibule supérieure crochue, cirée,
langue
charnue, entière; pieds grimpeurs).
Il est singulier que la nature ait assigné à quel-
ques espèces particulières de ce genre, un séjour
tellement
borné, que dans les Philippines, par
exemple, on trouve dans une
île quelques espèces
qui ne se trouvent pas dans l'île voisine.
En gé-
néral les perroquets ont des manières qui
les distin-
guent; ils se servent, par exemple, de
leurs pieds
comme d'une main, avec laquelle ils portent
leurs
alimens à leur bouche, et ils se grattent derrière
les
oreilles. Lorsqu'ils marchent par terre,
ils ne s'appuient pas
seulement sur leurs ergots,
comme les autres oiseaux, mais tout
leur talon
pose à terre. Leur mandibule supérieure en forme
[Seite 201] de
crochet, est articulée et très-mobile; elle leur
sert souvent
comme d'un troisième pied pour grim-
per et pour
se tenir. Le mâle et la femelle ayant une
langue charnue et
épaisse, et beaucoup d'aptitude
à s'instruire, apprennent
très-aisément à redire
les mots qu'on leur a répétés plusieurs
fois.
1. | lat. all. angl. |
L'Ara, l'Aracan- ga. P. macao. der Aras. the Ara. |
Queue longue, rouge; remiges bleues en dessus, rousses en dessous, joues nues ridées. Edwards's birds, pl. 158. |
2. | lat. angl. |
La grande Perru- che à collier. P. alexandri. the Alexandrine Parrot. |
Queue longue; verd; collier et poitrine rouge, gosier noir. Edwards's, L. C. pl. 292. |
Dans les Indes occidentales, en Guyanne, etc.
4. | lat. all. angl. |
Le Kakatoc. P. cristatus. der Cacadu. the Cockatoo. |
Queue courte; aigrette plicatile flave. Frisch, pl. 50. |
Dans les Indes orientales, sur-tout dans les
Moluques.
5. | lat. all. angl. |
Le Jaco, le Per- roquet cendré. P. erithacus. der aschgraue Pa- pagey. the Dusky Parrot. |
Queue courte; gris- blanc; tempes nues, blan- ches; queue écarlate. |
En Guinée, au Congo et dans le pays d'An-
gola.
6. | lat. angl. |
L'Inséparable, le Moineau de Gui- née. P. pullarius. the Guiney Spar- row. |
Queue courte; verd; front rouge; queue brune marquée d'une bande noi- re, orbites cendrées. |
En Guinée et dans les Indes orientales. N'est pas
beaucoup plus
gros qu'un pinson. La tendresse
que les deux époux ont l'un pour
l'autre, leur a
fait donner le nom d'inséparables. On prétend
que l'un ne survit pas à
l'autre.
(Bec très-grand, vide, serreté en
dehors,
courbé en dedans au sommet, pieds grim-
peurs dans la plupart).
Le bec monstrueux qui distingue les espèces
de ce genre singulier
d'oiseaux de l'Amérique mé-
ridionale, est
extrêmement léger et d'une corne
[Seite 203] très-molle. Leur
langue a un demi-empan de
long, elle est comme de baleine; à la
racine elle
a à peine une ligne de largeur, et sur les
côtés
elle est dentelée en avant. Le
plumage des tou-
cans varie d'après la différence
du sexe et de
l'âge.
(Bec très-grand, vide, recourbé à la base
vers
le front, pieds marcheurs).
Toutes les espèces de ce genre qui a une forme
particulière,
habitent dans les Indes orientales,
et à la nouvelle
Hollande.
1. | lat. all. angl. |
Le Calao. B. rhinoceros (Hydrocorax). der Nashornvo- gel. the Indian hor- ned raven, the Rhinoceros bird. |
Protubérance du bec recourbée vers le front. |
Les oiseaux de cet ordre ont les pieds
courts
et ordinairement un bec droit, point gros, d'une
longueur
médiocre.
(Bec polyèdre, à sommet en forme de
coin;
langue térète, lombriciforme, très-lon-
gue,
mucronée, à bout aiguillonné en ar-
rière; pieds
grimpeurs).
Les pics ont une langue très-remarquable. L'os
hyoïde s'étend en
deux longs cartilages, en forme
d'arête, qui sont placés
d'arrière en avant sur
tout le crâne, en passant sous la peau,
et se ter-
minent au front près de la racine du
nez. Ces
cartilages sont comme des ressorts élastiques,
au
moyen desquels ces oiseaux peuvent darder plus
aisément
leur langue vermiforme, et enfiler les
insectes avec sa pointe
cornée.
1. | lat. all. angl. |
Le Pic noir. P. martius. der Schwartz- specht. the greatest-black Wood-Pecker. |
Noir; vertex écarlate. Frisch, tab. 34, fig. 1. |
Habite, ainsi que les espèces suivantes, dans les
régions
tempérées de l'Europe, et dans l'Asie
septentrionale.
(Bec presque cylindrique, acuminé;
langue
lombriciforme très-longue, mu-
cronée; pieds
grimpeurs.)
1. | lat. all. angl. |
Le Torcol. J. torquilla. der Drehhals. the Wryneck. |
Queue étalée, marquée de quatre bandes brunes. Frisch, tab. 38. |
Doit son nom à l'extrême souplesse de son cou.
Sa patrie est la
même que celle des pics dont je
viens de parler.
(Bec subulé térétiuscule, à sommet
comprimé, à
mandibule supérieure un peu
plus longue; pieds promeneurs).
(Bec subulé, presque déprimé, obtus,
droit,
garni à sa base de soies larges; pieds
marcheurs).
(Bec trigone, épais, droit, long;
doigts
versatiles).
1. | lat. all. angl. |
Le Martin-Pê- cheur. A. ispida (Al- cyon). der Eisvogel. the King'sfisher. |
Azuré en dessus; zone temporale flave, queue courte. Frisch, tab. 223. |
Se trouve dans presque tout l'ancien monde. Il
se nourrit de
poissons. Après sa mort (ainsi que
le bec croisé, et peut-être
encore d'autres oi-
seaux), il se dessèche
très-aisément, sans venir
en putréfaction.
(Bec courbé, comprimé, caréné;
pieds
marcheurs).
1. | lat. all. angl. |
Le Guépier. M. aviaster. der Immenwolf. the Bee-eater. |
Dos ferrugineux, ab- domen et queue d'un verd bleuâtre; gosier jaune; zone temporale noire. |
Dans le sud de l'Europe et dans l'Asie tempé-
rée.
Il vit d'insectes.
(Bec arqué, convexe, presque comprimé,
presque
obtus; pieds promeneurs).
En Europe et dans les Indes orientales. Elle
se nourrit de
limaces, et de divers insectes; elle
niche dans le creux des
arbres, et, à ce qu'on
assure, souvent sur une couche
d'excrémens hu-
mains*.
(Bec arqué, mince, presque trigone,
aigu; pieds
promeneurs).
1. | lat. all. angl. |
Le Grimpereau. C. familiaris. die Baumklette. the Creeper. |
Gris, blanc en dessous, remiges brunes, dix rec- trices. |
En Europe. Grimpe sur les arbres presque
comme les pics, pour y
chercher les insectes et
leurs chrysalides, etc.
2. | lat. all. angl. |
Le Grimpereau de muraille. C. muraria. der Mauerspecht. the wall-creeper. |
Cendré, tache brune sur les ailes. |
Dans les pays chauds de l'Europe. Habite dans
les vieux murs, sur
les tours, etc.
Dans les îles de Sandwich. Les habitans in-
dustrieux de ces îles garnissent, avec les plumes
de ce petit
oiseau d'un beau rouge, différentes
pièces de leurs habillemens,
des casques, et même
des manteaux tout entiers.
(Bec en alène filiforme, long, à mandi-
bule inférieure tubulée, à supérieure inva-
ginant l'inférieure; langue tubuleuse formée
par
la réunion de deux espèces de fils; pieds
promeneurs).
Tout ce genre, autant qu'on peut savoir, se trouve
seulement en
Amérique, et pas seulement dans les
régions les plus chaudes de
ce pays, mais parfois
[Seite 210] aussi dans le nord, jusqu'à Nutkasund; et dans
le sud, jusqu'à la côte
occidentale de la Pata-
gonie. La conformation du
bec diffère dans les
diverses espèces; il est, ou droit, ou
recourbé en
haut, ou courbé en bas.
Le plus petit de tous les oiseaux connus, qui,
desséché, pèse
environ trente grains. Son nid
est de coton, et gros comme une
noix; ses deux
œufs ont à-peu-près la grosseur d'un pois
goulu.
2. | lat. all. |
Le Rubis topaze. T. mosquitus. der Juwelenco- librit. |
Verdâtre; vertex pour- pre doré; gorge aurore et couleur de feu. Seba. Thes., tab. 37, fig. 1. |
Le front et le dessus de la tête du mâle ont
l'éclat et le feu
d'un rubis, et sa gorge brille
comme de l'or.
Les oiseaux de cet ordre ont un bec fort
con-
vexe dans la partie supérieure, d'une
grandeur
médiocre, et les pieds courts; ils vivent en partie
de
bled, de graines, etc., en partie d'insectes,
et aussi de charogne;
leur chair a un goût sau-
vage et insipide.
(Bec droit, presque quadrangulaire;
à
mandibules gibbeuses, entières, plus gib-
beuses en dehors, pieds promeneurs).
(Bec comprimé, demi-ové, arqué, le dos
caréné;
mandibule supérieure à bord angu-
leux de chaque
côté; narines.)
1. | lat. all. angl. |
Le Bout de Petun. C. ani. der Tieckenfres- ser. the Razor billed- black-bird. |
Pieds grimpeurs. Latham, L. C. pl. 13. |
Dans les Indes occidentales. Vit en société; on
prétend même que
plusieurs femelles se réunissent,
se construisent un nid commun,
et couvent en-
semble.
(Bec convexe, en serpe; narines cou-
vertes d'une moustache; pieds promeneurs).
1. | lat. all. angl. |
Le Corbeau. C. corax. der Kolk-Rabe. the Raven. |
Noir profond, dos d'un noir également foncé, tirant sur le bleu; queue presque ronde. Frisch, tab. 63. |
Habite, comme l'espèce qui le suit, presque
dans les deux mondes.
Cet oiseau a un odorat
extrêmement fin; il enlève des poissons,
des
écrevisses, des jeunes canards et même des le-
vrauts; il porte aussi dans son nid
d'autres
choses dont il ne peut se nourrir.
2. | lat. all. angl. |
La Corneille. C. corone. d. Raben-Kræhe. the carrion Crow. |
Toute entière d'un noir austère bleuâtre; queue arrondie, rectrices pointues. Buffon, vol. III, pl. 3. |
3. | lat. all. angl. |
Le Freux, la Frayonne. C. frugilegus. die Saatkræhe. the Rook. |
Noir austère; front cendré; queue presque ronde. Frisch, tab. 64. |
En Europe. Est un animal extrêmement utile,
qui dévore un grand
nombre de campagnols, de
larves, de hannetons et de
chenilles.
4. | lat. all. angl. |
La Corneille man- telée. C. cornix. die Kræhe. the hooded Crow. |
Cendrée; tête, gorge, ailes et queue noires. Frisch, tab. 65. |
Dans l'ancien monde. Est utile également, et
détruit un nombre
infini d'insectes.
5. | lat. all. angl. |
Le Choucas. C. monedula. die Dohle. the Jackdaw. |
Brun; occiput gris- blanc, front, ailes et queue noirs. Frisch, tab. 67. |
Dans le nord-ouest de l'Europe.
6. | lat. all. angl. |
Le Geai. C. glandarius. der Holzheher. the Jay. |
Tectrices des ailes bleues, lignes transversales blan- ches et noires; corps fer- rugineux, varié. |
Dans les régions tempérées de l'Europe.
7. | lat. all. |
Le Casse-noix. C. caryocatactes. der Nussheher. |
Brun et ponctué de blanc; ailes et queue noires; rectrices blanches |
Dans les pays septentrionaux de la terre.
8. | lat. all. angl. |
La Pie. C. pica. die Ælster. the Magpie. |
Variée de noir et de blanc; queue cunéiforme. Frisch, tab. 58. |
En Europe et dans l'Amérique septentrionale.
Elle fait beaucoup
de tort à la jeune volaille.
(Bec en serpe, à sommet courbé en de-
dans, dénudé de pennes à sa base;
pieds
promeneurs).
1. | lat. all. angl. |
Le Rollier d'Eu- rope. C. garrula. die Mandelkræ- he. the Roller. |
Bleu, dos rouge; re- miges noires. Frisch, tab. 57. |
Dans les pays tempérés de l'Europe, et dans
l'Afrique
septentrionale. On le trouve très-souvent
dans les champs, dans
le temps de la moisson,
lorsque les amandes sont bonnes à
manger.
(Bec convexe et en serpe, presque nu
à la base;
langue entière à angle presque
aigu, charnue; pieds
promeneurs).
1. | lat. all. angl. |
Le Mainate. G. religiosa. der Plapperer. the minor Grack- le. |
D'un noir violet; tache blanche sur les ailes, bande sur l'occiput nue, flave. Buff. vol. 2, pl. 25. |
Dans les Indes orientales. A une fort jolie voix,
et apprend
aisément à parler.
(Bec couvert à sa base de plumes tomen-
teuses; pennes des hypocondres plus longues;
deux
rectrices supérieures dénudées).
Les espèces nombreuses qui composent ce genre,
ont en général un
séjour extrêmement borné;
elles sont originaires seulement de la
nouvelle
Guinée, d'où ces oiseaux partent, pour
passer
quelque temps dans les Moluques et les îles voi-
sines. Les indiens portent ces oiseaux comme
une
espèce de parure, à cause de leur plumage ma-
gnifique. C'est pour cela qu'encore à présent,
les
[Seite 216] papous leur coupent les pieds, quand ils
les
vendent pour cet objet. Cette mutilation, qui date
déjà
de loin, avoit fait croire aux anciens que
les oiseaux de
paradis n'avoient pas de pieds.*
(Bec plus court que la tête, en serpe,
crochu à
bord des mandibules, serreté; pieds
grimpeurs).
(Bec en serpe, comprimé latéralement,
à sommet
échancré de chaque côté, courbé
en dedans, à fente s'étendant
sous les yeux).
(Bec térétiuscule, pieds grimpeurs).
1. | lat. all. angl. |
Le Coucou ordi- naire. C. canorus. der Kuckuck. the Cuckow. |
Queue arrondie, noi- râtre, ponctuée de blanc. Frisch, tab. 40. |
Dans le nord de l'ancien monde; mais on ne
l'y voit que le
printemps et l'été. Il ne couve pas
lui-même les œufs qu'il
dépose chaque prin-
temps, mais il les met dans
les nids des fauvettes
et des lavandières, qui les couvent avec
les leurs.
Une chose assez singulière, c'est que ces œufs
ne
sont pas beaucoup plus gros, et n'ont pas
besoin d'être couvés
plus long-temps que ceux de
ces oiseaux, qui sont cependant
beaucoup plus petits
que lui. Du reste, le jeune coucou grandit
très-vîte
et chasse bientôt du nid de la mère les petites
fau-
vettes nouvellement écloses. On ne sait pas
encore
certainement où il passe l'hiver.
Dans l'Afrique méridionale, en partant du Cap
et avançant dans
les terres. Il doit son nom
à la facilité avec laquelle,
semblable au rattel
(U. mellivorus), il
trouve les ruches des abeilles
sauvages, dont il aime beaucoup
le miel.
(Bec conique, convexe, très-aigu, droit,
à
mandibule supérieure un peu plus longue,
usée; pieds
promeneurs).
1. | lat. all. angl. |
Le Loriot d'Eu- rope. O. galbula. die Golddrossel. the golden Oriol. |
Jaune, pieds noirs, rectrices extérieures jau- nes sur la partie posté- rieure. |
Habite çà et là dans l'ancien monde. Le mâle
est jaune doré et
noir; la femelle est olivâtre.
Le loriot se construit
très-artistement un nid très-
solide et en forme
d'écuelle, qu'il suspend aux
bifurcations des branches.
2. | Le Loriot noir, le Troupiale à ailes noires. |
Noir; tectrices des ailes écarlates. Catesby, vol. I, pl. 13. |
Dans la partie tempérée de l'Amérique sep-
tentrionale. Il se tient ordinairement avec la pie
de la
Jamaïque (gracula quiscula) dont
j'ai
parlé.
Du Brésil. Comme l'espèce précédente, et
comme plusieurs autres
de ce genre, il se cons-
truit un nid long et en
forme de bourse, composé
de roseaux et de joncs. Il choisit
particulièrement
les joncs du Tillandsia
usneoides, qui ont presque
l'air de crins de cheval.
Ce sont de petits oiseaux, dont les pieds
sont
courts et minces, et dont le bec conique, à pointe
acérée,
varie pour la grandeur et la conforma-
tion dans les
différens genres. Les passereaux sont
monogames; ils se nourrissent
d'insectes et de
graines; leur chair est tendre et délicate, et
la
plupart d'entr'eux chantent.
(Bec en alène cylindrique, droit, à man-
dibules égales, se fendant en haut à la
base;
ongle postérieur plus droit, plus long que
le
doigt).
Presque dans tout l'ancien monde. Elle se baigne
dans le sable
comme les poules et beaucoup d'au-
tres oiseaux
pulvérateurs.
(Bec subulé, anguleux, déprimé, presque
obtus,
à mandibule supérieure très-entière,
à bords un peu
ouverts).
1. | lat. all. angl. |
L'Étourneau com- mun. S. vulgaris. der Staar. the Stare. |
Bec flavescent, corps noir marqué de points blancs sagittés. Frisch, pl. 217. |
Habite dans tout l'ancien monde. C'est un ani-
mal
utile, qui détruit un grand nombre d'insectes
nuisibles.
(Bec en serpe, térète, mandibule supé-
rieure à sommet, recourbé en dehors, et
échancré;
gosier cilié).
1. | lat. all. angl. |
La Draine. T. viscivorus. die Schnarre. the Missel Bird. |
Dos brun, cou marqué de taches blanches, bec flavescent. Frisch, pl. 25. |
Se trouve çà et là dans l'ancien monde. Il se
nourrit de baies de
gui qu'il dissémine souvent,
et propage de cette manière.
Habite dans le nord de l'Europe, mais il va
passer quelque temps
dans le sud. Il se nourrit
principalement de baies de
genièvre.
3. | lat. all. angl. |
Le Mauvis. T. iliacus. Zipdrossel. the Redwing. |
Ailes ferrugineuses en dessous, sourcils flaves- cens. Frisch, pl. 28. |
Dans l'Europe tempérée. Il enduit son nid de
limon et le couvre
de bois pourri; et comme par-
fois ce dernier
éclaire dans l'obscurité, c'est ce
qui aura fait croire aux
anciens qu'il y avoit un
oiseau du Harz luisant pendant la nuit
(avis
noctu lucens).
4. | lat. all. angl. |
La Grive propre- ment dite. T. musicus. die Sangdrossel. the Throslle. |
Remiges ferrugineuses à la base intérieure. Frisch, pl. 27. |
A presque la même patrie que le mauvis. On
[Seite 223] trouve quelquefois
une variété de cette espèce,
qui est d'un gris-blanc.
De la Louisiane, de la Caroline, ainsi que de
la Jamaïque. Il
imite la voix des autres oiseaux
très-aisément, et de manière à
s'y méprendre.
6. | lat. all. angl. |
Le Merle couleur de rose. T. roseus. die rosenfarbige Drossel. the rose coloured Thrush. |
Presque incarnat, tête, ailes et queue noires, oc- ciput garni d'une aigrette. Edwards, pl. 20. |
Dans la partie moyenne de l'Europe et de
l'Asie. Il détruit un
grand nombre de saute-
relles.
7. | lat. all. angl. |
Le Merle ordi- naire. T. merula. die Amsel. the Blackbird. |
Noir profond, bec et paupières flaves. Frisch, pl. 29. |
Dans l'Europe tempérée. Il vit solitaire, se
nourrit de baies de
genièvre, et a une mémoire
extraordinairement fidelle.
(Bec droit, convexe, à mandibule su-
périeure plus longue, presque courbée en
dedans,
tout émarginée).
1. | lat. all. angl. |
Le Jaseur de Bohème. A. garrulus. d. Seidenschwanz the Bohemian Chatterer. |
Occiput garni d'une ai- grette, bout des remiges secondaires écarlate, lan- céolé. Frisch, pl. 22. |
Dans les pays les plus au nord de l'Europe,
mais il est des
années où il vient pendant l'automne
en Allemagne, sur-tout au
Harz.
(Bec en cône, gibbeux, arrondi à la base
du
front, mandibule inférieure dont le bord
latéral est recourbé en
dedans vers la bou-
che).
1. | lat. all. angl. |
Le Bec-croisé. L. curvirostris. d. Kreuzschnabel the Crossbill. |
Bec en pince. Frisch, pl. 11, fig. 3, 4. |
Dans les bois de sapins des pays septentrio-
naux.
Il couve au milieu de l'hiver, à la fin
de janvier.
all. angl. |
der Kernbeisser. the Hawfinch. |
se terminant eh losanges, rectrices noires sur le côté le plus mince de la base. Frisch, pl. 4, fig. 2 et 3. |
3. | lat. all. angl. |
Le Bouvreuil. L. pyrrhula. der Dompfaff. the Bullfinch. |
Membres noirs, tectri- ces de la queue et des re- miges postérieures blan- ches. Frisch, pl. 2, fig. 1 et 2. |
Dans le nord de l'ancien monde. Le mâle et
la femelle apprennent
aisément à siffler des airs,
à chanter en partie, et même à
prononcer quel-
ques mots.
4. | lat. all. angl. |
Le Gros-bec de Virginie. Briss. L. cardinalis. der indianische Haubenfink. the red Bird. |
Aigrette, rouge, ca- pistrum noir, bec et pieds rouge de sang. Frisch, pl. 4, fig. 1. |
Dans l'Amérique septentrionale. On l'apporte
beaucoup en Europe à
cause de son chant et de
son plumage rouge.
5. | lat. all. angl. |
Le Padda. L. oryzivora. der Reisvogel. the rice Bird. |
Cendré, tempes blan- ches, bec rouge. Edwards, pl. 41. |
A la Chine, etc., dans les rizières.
[Seite 226](Bec conique, mandibules s'écartant
l'une de
l'autre à la base, l'inférieure re-
courbée en
dedans et rétrécie sur les côtés,
la supérieure plus
étroite).
Dans les pays le plus au nord. Il vient en
Allemagne seulement
pour passer l'hiver, et
quelquefois il arrive tout-à-coup en
troupes in-
nombrables. En février 1766, il en
parut ainsi
une quantité dans les environs de Gottingue.
2. | lat. all. angl. |
Le Proyer. E. miliaria. d. graue Ammer. the Bunting. |
Gris, tacheté de noir en dessous, orbites rous- ses. Frisch, pl. 6, fig. 4. |
Est répandu presque dans toute l'Europe.
[Seite 227]lat. all. angl. |
E. hortulana. der Kornfink. the Ortolan. |
trois premières à bord blanchâtre, rectrices noi- res, les deux latérales noires extérieurement. Frisch, pl. 5, fig. 3 et 4. |
Dans les pays chauds de l'Europe, et dans
les parties de l'Asie
qui l'avoisinent.
Habite dans presque toute l'Europe.
Tire son nom anglois (Whidah) mal
compris
et défiguré ensuite dans plusieurs autres
langues,
de sa patrie le royaume de Whidah (ou Juda),
sur la
côte de Guinée.
(Bec conique, acuminé, échancré, pres-
que trigone à sa base, descendant insensi-
blement au sommet).
1. | lat. all. angl. |
Le Cardinal pour- pré, le Bec d'ar- gent. T. jacapa. der Jacapa. the red breasted Blackbird. |
Noir austère, front, gorge er poitrine écarlate. Edwards, pl. 267. |
Dans les Indes orientales, et dans la partie de
l'Amérique qui
les avoisine.
(Bec conique, droit, acuminé).
En Europe et en Afrique. Son chant varie
extrêmement, et n'est
pas par-tout le même; très-
souvent les pinsons
d'un petit espace de terrain
de dix ou douze lieues à la ronde,
chantent tout
autrement que leurs voisins.
2. | lat. all. angl. |
Le Pinson d'Ar- dennes. F. montifringilla. der Bergfink. the Bramble. |
Base des ailes très-flave en dessous. Linnée, fauna succi- ca, tab. 2, fig. 198. |
Dans le nord de l'Europe. Lorsque la faine a
[Seite 229] été abondante, il
arrive quelquefois par mil-
lions dans certains
pays de l'Allemagne.
3. | lat. all. angl. |
La Niverolle. F. nivalis. der Schneefink. the Snowfinch. |
Brune, d'un blanc de neige en dessous, remi- ges secondaires et à tec- trices blanches. Brisson, vol. 3, pl. 15, fig. 1. |
Sur le Caucase, et sur les alpes d'Europe.
Se trouve dans presque toute l'Europe, et dans
les parties de
l'ancien monde qui l'avoisinent. Le
chardonneret fait de jolis
bâtards avec le serin.
5. | lat. all. angl. |
Le Bengali pi- queté. F. amandava. der Finke von Bengalen. the Amedabad Finch. |
Brun, roussâtre et ponc- tué de blanc. Buffon, vol. IV, pl. 2, fig. 1. |
Dans les Indes orientales. On prétend que ses
os sont jaunes,
mais je n'ai jamais trouvé cette
assertion confirmée dans ceux
que j'ai eu occa-
sion d'examiner.
6. | lat. all. angl. |
Le Serin de Ca- narie. F. canaria. d. Canarienvogel. the Canarybird. |
Bec blanchâtre, corps presque brun, poitrine flavescente, rectrices et remiges verdâtres. Frisch, pl. 2, fig. 1 et 4. |
Il paroît que c'est au commencement du sei-
zième
siècle qu'on l'apporta pour la première
fois des îles Canaries
en Europe; mais depuis
ce temps il y est dégénéré en plusieurs
variétés.
La race primitive sauvage est d'un gris
brunâtre,
et a la poitrine jaune. Parmi les autres, on re-
marque particulièrement les chacrelas aux
yeux
rouges, et ceux qui ont un panache sur la tête.
Nichetout au haut des pins et des sapins, dans
les forêts de ce
nom. On trouve rarement son nid
en Allemagne.
8. | lat. all. angl. |
La Linolte. F. cannabina. der Hænfling. t. greater Linnet. |
Remiges primaires et rectrices noires, et blan- ches sur les deux bords. Frisch, pl. 9, fig. 1 et 2. |
En Europe et dans l'Amérique septentrionale.
[Seite 231]Est répandu presque généralement dans toute
l'Europe, et dans les
pays de l'ancien monde
qui l'avoisinent; cependant il est
quelques pays
où il ne se trouve pas, par exemple, dans plu-
sieurs endroits de la Thuringe, et même
dans
quelques-uns qui ne manquent ni d'arbres
à
feuillage, ni d'arbres fruitiers. Le moineau
est
très-voluptueux, et pond quatre fois par an; il
fait
surement du tort aux jardins et aux champs,
mais il détruit un
grand nombre d'insectes. On
trouve quelquefois des moineaux tout
blancs.
(Bec presque trigone, tout émarginé, à
sommet
courbé en dedans, vibrisses vers
le
gosier).
(Bec subulé, droit, à mandibules
presque
égales).
1. | lat. all. angl. |
Le Rossignol. M. luscinia. die Nachtigall. the Nightingale. |
D'un roux cendré, à genouillères cendrées. Frisch. pl. 21, fig. 1 et 2. |
Dans les climats tempérés de l'Europe et de
l'Asie. Il vient en
avril en Allemagne; à la fin
d'août il quitte ce pays. On ne
sait pas encore
certainement où il va, seulement, autant
qu'on
peut savoir, il ne va pas en Afrique.
Dans les pays montagneux de la partie moyenne
de l'Europe, et
sur-tout très-commune dans les
gras pâturages des Alpes.
lat. all. angl. |
M. ficedula. die Beccafige. the epicurean Warbler. |
dessous, poitrine cendrée, tachetée. Frisch, pl. 22, fig. 3 et 4. |
Dans les pays chauds et tempérés de l'Europe,
sur-tout dans l'île
de Chypre, d'où on les ex-
porte en quantité, à
cause de leur chair délicate.
Habite dans presque tout l'ancien monde.
6. | lat. all. angl. |
La Fauvette à tête noire. M. atricapilla. der Klosterwenzel. the Blackcap. |
Testacée, cendrée en dessous, bonnet obscur. Linnée, fauna succi- ca, pl. 1, fig. 256. |
7. | lat. all. angl. |
Le Rossignol de muraille. M. phœnicurus. das Schwarzkehl- chen. the Redslart. |
Gosier noir, abdomen et queue roux, tête et dos gris-blanc. Frisch, pl. 19, fig. 1. |
Sa patrie est la même que celle du rossignol;
il vient et s'en va
en même-temps que lui.
8. | lat. all. angl. |
Le Rouge-gorge. M. rubecula (eri- thacus). das Rothkehl- chen. the red Breast. |
Gris; gosier et poitrine ferrugineux. Frisch, pl. 19, fig. 2. |
Habite dans toute l'Europe. Il passe aussi l'hi-
ver en Allemagne.
9. | lat. all. angl. |
Le Troglodite. M. troglodites. der Zaunkœnig. the Wren. |
Gris, ailes ondulées de noir et de cendré. Frisch, pl. 24, fig. 2. |
Dans les pays septentrionaux des deux hémis-
phères. Il se fait un nid couvert qui a presque
la forme d'un
four*, et pond une grande quan-
tité d'œufs.
Egalement dans le nord. Le plus petit des oi-
seaux
d'Europe.
11. | lat. all. angl. |
Le Tailleur. M. sartoria. der Schneidervo- gel. the Taylor-bird. |
Tout d'un jaune pâle. J. R. Forsters indische Zoologie, tab. 8. |
Habite dans les Indes. Est plus petit que le tro-
glodite. Il doit son nom à la manière ingénieuse
dont il
construit son nid avec des feuilles d'ar-
bre, II
choisit une feuille verte tout à l'extrémité
d'un arbre, et il y
coud pour ainsi dire quelques
feuilles sèches, de manière à
former une cavité
en forme de cornet, laquelle il remplit de
plumes.
(Bec plus court que la tête, presque trigone
à
la base, très-entier, courbé en dedans au
sommet; pieds
marcheurs).
(Bec très-entier, couvert de soies à sa base).
1. | lat. all. angl. |
La Charbonnière. P. major. die Kohlmeise. t. great Titmouse. |
Tête noire, tempes blan- ches, nuque jaune. Frisch, pl. 13, fig. 1, 2. |
Est répandue presque dans tout l'ancien monde.
Un petit oiseau
plein de courage, qui en attaque
d'autres beaucoup plus grands,
et ouvre le crâne
[Seite 236] aux autres petits oiseaux chanteurs. On a
remar-
qué dans cette espèce et dans plusieurs
autres
qui passent l'hiver avec nous, que dans cette sai-
son leur bec devient beaucoup plus dur qu'il
ne
l'est en été, et par-là ils peuvent plus
aisément
chercher leur nourriture sur la terrre durcie
par
la gelée.
2. | lat. all. angl. |
La Mésange bleue. P. cæruleus. die Blaumeise. the Nun. |
Remiges bleuâtres, les primaires blanches sur le bord extérieur; front blanc, vertex bleu. Frisch, pl. 14, fig. 1. |
Commune en Europe. Elle détruit une infinité
d'insectes.
3. | lat. all. angl. |
La Mésange à lon- gue queue. P. caudatus. die Schwanzmei- se. the long tailed Titmouse. |
Vertex blanc, queue plus longue que le corps. Frisch, pl. 14, fig. 3. |
En Europe et dans les Indes orientales. Elle
pond près de vingt
œufs; elle se construit un
nid de mousse et de laine, etc. en
forme de sac*,
et
elle le revêt à l'extérieur de la même mousse
dont est couvert
l'arbre auquel elle le suspend.
lat. all. angl. |
P. biarmicus. das Bartmænn- chen. the bearded Tit- mouse. |
queue plus longue que le corps; tête barbue. Frisch, pl. 8, fig. 3. |
Dans le nord-ouest de l'Europe, en Angle-
terre,
etc.
Çà et là dans l'Italie supérieure, en Pologne,
en Sibérie. Il se
construit un nid en forme de
bourse avec le duvet des fleurs de
saule, et il le
suspend à une branche un peu mince).
(Bec très-petit, incurvé, subulé, dépri-
mé à la base).
Se distinguent d'une manière frappante des
autres oiseaux de cet
ordre, non-seulement par
leur conformation, mais encore par leur
ma-
nière de vivre. Malgré, tout ce que l'on a
écrit à
ce sujet, l'on ne sait pas encore au juste où
nos
hirondelles, sur-tout les deux premières espèces,
[Seite 238] passent
l'hiver. C'est dommage que dans les cita-
tions
des différens faits qui devoient servir à
prouver l'une* ou l'autre assertion**, on n'ait
pas
déterminé assez précisément les espèces sur
lesquelles les
expériences ont été faites. Dans le
doute, l'opinion la plus
vraisemblable c'est que
ces oiseaux se rendent dans des climats
plus
chauds.
Est, avec l'hirondelle de rivage, l'espèce d'oiseaux
la plus
répandue sur la terre. Les dénominations
de cette espèce et de
la suivante ont été souvent
[Seite 239] confondues d'une manière singulière par les
no-
menclateurs. Cette espèce-ci, dont les pieds
sent
nus et sans plumes, et les rectrices tachetées
de
blanc, doit s'appeler l'hirondelle de
ville, parce
qu'elle se trouve beaucoup plus souvent dans
les
villes que l'espèce suivante; elle construit son
nid
ouvert (qui, par parenthèse, fourmille de punaises
et en
apporte dans les maisons), sur le faîte des
maisons, sur les
écuries et les granges. Dans les
villages, elle choisit les
dessous de portes et les
cheminées.
A, ainsi que l'espèce suivante, la même patrie
que l'hirondelle
de cheminée. Elle niche ordinai-
rement dans les
villages, hors des maisons sous
le toit, contre les fenêtres des
églises, etc. Son
nid est fait avec des petites boules de limon,
et
est voûté par dessus.
3. | lat. |
L'Hirondelle de rivage. H. riparia. |
Cendrée; gosier et ab- domen blancs. Frisch, pl. 18, fig. 2. |
Construit son nid sur les bords des fleuves,
dans les fosses,
dans les dunes, etc.
4. | lat. all. angl. |
La Salangane. H. esculenta. die Salangane. the Salangane. |
Toutes les rectrices marquées d'une tache blanche. |
Est grosse comme le troglodite. Elle habite dans
les îles de la
Sonde et dans celles de l'Archipel
des Indes, jusqu'à la
nouvelle Guinée. Elle cons-
truit dans des trous
sur le rivage, et dans des
cavernes ces nids si connus dans les
Indes,
dont la matière ressemble à de la colle de
poisson,
et qui sont composés probablement de Mollus-
ques à moitié digérés, garantis
par-là de la pu-
tréfaction, et ensuite
régurgités. On rassemble
tous les ans près de quatre millions de
ces nids,
que l'on vend presque tous à la Chine.
(Bec médiocrement incurvé, très-petit,
subulé,
déprimé à sa base; vibrisses ciliaires,
bouche très-fendue,
ongle du milieu cilié
en dedans).
1. | lat. all. angl. |
L'Engoulevent d'Europe. C. europaeus (nyc- ticorax. die Nachtschwal- be. the Goatsucker. |
Tubes des narines obli- térées. Frische, pl. 101. |
Se trouve dans l'ancien monde: c'est un ani-
mal nocturne. Quand il vole, il a le bec
ouvert,
et on entend qu'il gronde. Il vit d'insectes,
et
particulièrement de phalènes. Il n'est pas vrai
qu'il
tete le lait des chèvres.
Les oiseaux de cet ordre ont les pieds courts
et
un bec convexe, qui est revêtu à la racine d'une
membrane
charnue, et dont la mandibule su-
périeure recouvre
des deux côtés la mandibule
inférieure. Ils se nourrissent pour la
plupart de
graines qu'ils amollissent dans leur jabot; ils
sont
polygames, pondent beaucoup d'œufs, et for-
ment la plus grande partie de notre volaille de
basse-cour.
(Bec droit, descendant vers le sommet).
Se trouve dans presque tous les pays de l'an-
cien monde. Ceux qui habitent dans le nord, le
quittent
dans l'automne pour se rendre dans des
pays un peu plus au
sud. Ceux qui séjournent
dans les climats tempérés, se
réunissent par
[Seite 243] troupes, et passent l'hiver dans des
fentes de
rochers, dans le creux des arbres, etc. La fe-
melle sauvage ne pond que deux fois par
an,
mais le pigeon domestique pond jusqu'à dix fois
par
an; de sorte qu'un seul couple donneroit,
en quatre ans,
14,762 pigeons.
Voici les principales variétés, dont quelques-
unes pourtant sont regardées comme des
espèces
particulières.
a. Le pigeon pattu
(c. dasypus, all. die
Trom-
meltaube angl. the roughfooted Dove),
à pieds garnis de longues
plumes. (Frisch,
pl. 145).
b. Le pigeon à
grosse gorge, le grand gosier
(lat. c.
gutturosa, all. die Kropftaube,
angl.
the cropper pigeon), à jabot
parfois mons-
trueux. (Frisch, pl. 146).
c. Le pigeon
cravatte, le pigeon à gorge frisée
(lat. c. turbita, all. das Mœwchen,
angl. the
turbit), à plumes frisées
sur la gorge, et à
bec tout court. (Frisch, pl. 147).
d. Le pigeon
culbutant (lat. c. gyratrix,
all.
der Tummler, angl. the tumbler), à tête lisse
et à orbite
des yeux rouge et chauve. Lors-
qu'il s'élève
en l'air, il tourne sur lui-même.
(Frisch, pl. 148).
e. Le pigeon
nonain, le pigeon à capuchon
[Seite 244] (lat. c. cucullata, all. die
Schleiertaube
angl. the
jacobine), à panache sur la tête
dirigé en avant. (Frisch, pl. 150).
f. Le pigeon paon
(lat. c. laticauda, all. die
Pfauentaube, angl. the shaker), à queue
droite et déployée.
(Frisch, pl. 151).
g. Le pigeon
messager (lat. c. tabellaria,
all.
die Posttaube, angl. the carrier pigeon),
à verrues charnues
et rouges autour du bec
et des yeux. Cette sorte de pigeons
doit son
nom à l'usage que l'on avoit anciennement
de
s'en servir, sur-tout dans le Levant, pour en-
voyer des lettres.
Habite dans la nouvelle Guinée et dans les îles
voisines. Est
gros presque comme un dindon.
3. | lat. all. angl. |
Le Pigeon ramier. C. palumbus. die Ringtaube. the ring Dove. |
Rectrices d'un noir pro- fond sur la partie posté- rieure, rémiges primaires blanchâtres sur le bord |
Se trouve dans presque toute l'Europe.
Se trouve dans les pays chauds et dans les ré-
gions tempérées de l'ancien inonde. On a beau-
coup vanté leur chasteté et leur fidélité
conju-
gale; mais en mettant de côté les
contes qu'on
en a faits, il se trouvera que les tourterelles
ne
sont ni plus fidelles, ni plus chastes que les
autres
oiseaux qui ont la même manière de
vivre qu'elles.
Dans la partie nord-est de l'Amérique. Ils voya-
gent toujours par grandes troupes. Les indiens
les
prennent alors par milliers; ils les font sécher
ou
les fument, et en font leur aliment principal.
(Tache nue près des yeux, papilleuse).
Habite presque dans tout l'ancien monde. C'est
un oiseau de
passage qui se montre parfois par
troupes innombrables. En
Italie, on aime beau-
coup plus les mâles à cause
de leur chant; on
les y a aussi accoutumés à combattre l'un
contre
l'autre, comme les coqs en Angleterre. Ces com-
bats de cailles sont aussi en usage à la Chine.
2. | lat. all. angl. |
La Perdrix. T. perdix. das Rebhuhn. the Partridge. |
Tarses nus éperonnés, tache nue écarlate sous les yeux, queue ferrugi- neuse, poitrine presque brune. Frisch, pl. 114. |
Se trouve dans la partie moyenne de l'Europe,
et dans les régions
tempérées de la Russie asia-
tique.
Dans le sud de l'Europe et dans le Levant. On
l'élève, dans les
îles de l'Archipel, comme un
oiseau de basse-cour.
Vit solitaire dans les noisetiers; elle habite la
partie moyenne
de l'Europe.
Dans les régions montagneuses et les plus sep-
[Seite 248] tentrionales
de l'ancien et du nouveau monde.
En été, elle est grise. La
gelinotte est un oiseau
très-important pour les colons européens
dans le
Labrador et le Groenland.
Elans le nord de l'ancien monde.
7. | lat. all. angl. |
Le Coq de bruyè- re. T. urogallus. der Auerhahn. the Cock of the wood. |
Pieds velus, queue ar- rondie, aisselles blan- ches. Frisch, pl. 107 et 108. |
Dans le nord de l'Europe. Il a une vue et une
ouïe très-perçante;
sa langue et son larynx supé-
rieur sont enfoncés
très-avant dans l'ésophage.
(Tête cornue, cou comprimé, coloré,
fanons
caronculacés aux côtés de chaque
mâchoire).
1. | lat. all. angl. |
La Pintade. N. meleagris. das Perlhuhn. the Guiney hen. |
Bec ciré recevant les narines. Frisch, pl. 116. |
Est originaire d'Afrique; mais on l'a trans-
portée
déjà depuis long-temps en Europe et dans
plusieurs parties de
l'Amérique.
(Joues couvertes d'une peau nue, lisse).
1. | lat. all. angl. |
Le Coq. P. gallus. der Haushahn. the Cock. |
Caroncule comprimée sur le vertex, double bar- billon au gosier, oreilles nues; queue comprimée, montante. |
La race sauvage de laquelle on croit que pro-
viennent les autres,* est originaire de l'Indostan;
sa couleur est
d'un brun rouge, et elle se dis-
tingue par de
petites feuilles plates de substance
cornée qu'elle a à la
pointe des plumes du cou
et des ailes; ces feuilles ressemblent
aux disques
rouges de cinnobre qui se trouvent sur les
ailes
du jaseur de Bohême. Pour le coq domestique,
il est
répandu par toute la terre; cependant ce
sont les espagnols qui,
les premiers, l'ont trans-
porté en Amérique; mais
les européens l'ont
trouvé dans beaucoup d'îles de la mer du
Sud,
quand ils en ont fait la découverte. La poule
pondant
une quantité d'œufs, et couvant très-
souvent, est
un des oiseaux les plus utiles de
toute cette classe; et les
combats de coqs ont été
[Seite 250] depuis long-temps et dans les différentes
parties
du monde, le spectacle favori de plusieurs peu-
ples.
De tous les animaux domestiques de cette classe,
ce sont les coqs
qui ont le plus dégénéré et ont
produit les races et les
variétés les plus singu-
lières; parfois même, ces
variétés sont devenues
de véritables monstruosités héréditaires;
le coq
sans queue, par exemple, est un monstre par
défaut (voyez § 12), et les coqs à cinq
et
même à six doigts, sont des monstres par
excès
(voyez le même §). On peut compter aussi,
parmi
ces derniers monstres, ces coqs qui ont un
panache épais sur la
tête, et chez qui l'os frontal
du crâne devient une vessie
monstrueuse. C'est
une déviation héréditaire de la force généra-
trice qui,
autant que je sache, est dans l'histoire
naturelle, unique en
son espèce.
On sait, mais ce n'en est pas moins remar-
quable
physiologiquement, que l'on peut enter
l'ergot d'un coq sur sa
tête. (Voyez Duhamel,
dans les mémoires
de l'académie des sciences,
de 1746, p. 349 et suiv.)
Parmi les autres variétés, on remarque prin-
cipalement:
a. Le Coq de Padoue,
une fois aussi gros que
le coq domestique commun.
b. Le Coq nain, à peine
à moitié si gros que
le Coq ordinaire.
c. Le Coq frisé, à plumes frisées et bouclées.
d. Le Coq du Japon,
dont les plumes sont
plates presque comme des poils, ce qui a
fait
croire à des bâtards provenus de lapins et
de
poules.
e. La Poule nègre, à
peau noire, qui se trouve
particulièrement à Saint-Jago, au
Cap-Vert,
où l'on dit que d'autres espèces d'oiseaux of-
frent aussi cette particularité.
2. | lat. all. angl. |
Le Faisan. P. colchicus. der Fasan. the Pheasant. |
Roux panaché; tête verte-bleuâtre; queue cunéiforme; joues papil- leuses. Frisch, pl. 123. |
Tire son nom du fleuve du l'hase en Min-
grélie,
d'où l'on dit que les argonautes l'ont
rapporté en Europe.
3. | lat. all. angl. |
L'Argus, le Fai- san de Junon. P. argus. der Pfaufasan. the Argus, the Luen. |
Jaune ponctué de blanc, face rouge, occiput ai- gretté bleu. Edwards Philos. tran- sact. vol. 55, pl. 3. |
Cet oiseau superbe, originaire de la Chine,
ainsi que les deux
espèces suivantes, a neuf
pieds de long, depuis le bec jusqu'au
bout de
la queue.
(Bec ciré à la base, à chaque mandi-
bule; pennes couvrant la tête, contournées
en
spire).
1. | lat. all. angl. |
Le Curasso. C. alector. der Curasso. the crested Cu- rassow. |
Cire flave; corps noir, ventre blanc. Buff. vol. 2, pl. 13. |
Habite en Guyanne, etc.*
(Tête couverte de caroncules spongieuses,
[Seite 253] gosier garni
d'une caroncule membraneuse,
longitudinale).
1. | lat. all. angl. |
Le Dindon. M. gallopavo. der Truthahn der Puter. the Turkey. |
Poitrine barbue (dans le mâle). |
Habite dans la partie moyenne et septentrio-
nale
de l'Amérique; on les y voit par centaines
sur les arbres. On
l'apporta, pour la première
fois, en 1530, en Allemagne; on
l'élève dans les
basses-cours; il est dégénéré en variétés
blanches
et de différentes couleurs.
(Tête couverte de pennes tournées en
spire;
pennes caudales alongées, ocellées).
1. | lat. all. angl. |
Le Paon. P. cristatus. der Pfau. the Peacock. |
Tête ornée d'une ai- grette comprimée; épe- rons (ergots) solitaires. |
Est originaire des Indes orientales, et a été
transporté en
Europe depuis Alexandre-le-grand.
Lorsque le mâle a atteint
l'âge de trois ans, il se
distingue par la beauté des pennes de
sa queue
ou plutôt de son croupion. De toutes les
variétés,
la blanche est la plus commune.
(Bec à mandibule supérieure voûtée;
pieds
coureurs).
1. | lat. all. angl. |
La grande Ou- tarde. O. tarda. der Trappe. the Bustard. |
Tête et gorge aigrettée des deux côtés (dans le mâle). |
C'est un des plus grands oiseaux d'Europe. Elle
habite les pays
tempérés de l'ancien monde. Le
mâle pèse environ trente livres,
et a en avant i
sous le cou, un grand sac caché qui s'ouvre
sous
la langue.
Sont de grands oiseaux terrestres dont
les
doigts sont distincts et libres, et qui ont des
ailes
courtes, sans rémiges, et peu propres au vol.
(Bec presque conique; pieds coureurs).
1. | lat. all. angl. |
L'Autruche ordi- naire. S. camelus. der Straus. the Ostrich. |
Pieds didactyles, doigt extérieur petit, sans on- gle, deux épines aux ailes. Latham, vol. 3, p. 1. pl. 71. |
Habite en Afrique. C'est le plus grand de tous
les oiseaux; il a
plus de huit pieds de haut, et
pèse trois quintaux. L'autruche
ne peut pas voler;
mais ce défaut est réparé par la rapidité de
sa
course. Elle est très-précieuse, à cause de ses
helles
plumes.
2. | lat. all. angl. |
Le Casoar, l'E- meu. S. casuarius. der Casuar. the Cassowary. |
Pieds tridactyles, cas- que et fanons nus, re- miges épineuses. Latham, l. c. pl. 72. |
Dans les Indes orientales. La griffe de ses doigts
du milieu est
extrêmement forte; ses plumes sont
[Seite 256] cornées et
Ressemblent à des crins, et d'une tige
commune; sortent
toujours.
Il y a une espèce semblable au casoar, connue
sous le nom de
thouyou (Struthio rhea), qui
habite le
Chili, et dernièrement on en a décou-
vert encore
une autre dans la cinquième partie
du monde, à la nouvelle
Galles du sud.
(Bec rétréci dans le milieu par deux
rides
transversales, chaque mandibule à
sommet infléchi; face au-delà
des yeux
nue).
1. | lat. all. angl. |
Le Dronte, le Dondon. D. ineptus (cy- gnus cuculla- tus). der Dudu. the Dodo. |
Pieds promeneurs; queue très-courte; pennes in- curvées. Planche 15. |
Anciennement à l'Ile de France et de la Réu-
nion
(ci-devant Bourbon); mais M. Morel qui
a
pris des informations dans l'endroit même,
assure que cet oiseau
n'existe plus; cela n'est pas
invraisemblable, cet animal étant
le plus lourd
et le plus lent de toute cette classe, par
consé-
quent est très-aisé à prendre, et
d'ailleurs il n'est
bon à rien, à causé du goût désagréable de
sa
chair.
Nous avons fini les oiseaux de terre,
viennent
ensuite les oiseaux aquatiques, en
deux ordres.
Ces gralles ou oiseaux de rivage ont un
bec
cylindrique d'une grandeur différente, de longs
pieds, et
quelquefois aussi un long cou, mais la
queue courte; ils habitent
dans les marais, dans
les tourbières, vivent communément
d'amphibies,
de poissons, d'insectes et de plantes
aquatiques;
la plupart nichent sur terre ou dans des
roseaux;
leur chair est en général d'un très-bon goût;
leurs
œufs sont également bons à manger.
(Bec dénudé, courbé en dedans comme
avec force,
denticulé; pieds tétradactyles).
1. | lat. all. angl. |
Le Flamant. P. ruber. der Flamingo. the Flamant. |
Rouge, à remiges noi- res. Catesby, vol. 1. pl. 73 et suiv. |
Habite dans les climats chauds des deux mon-
des;
il se trouve dans les environs des mers.
Quoique son corps soit
médiocrement grand, ses
[Seite 258] jambes et son cou sont si longs, qu'il a la
hau-
teur d'un homme.
(Bec presque plane, à sommet dilaté,
orbiculé,
plane; pieds tétradactyles, demi-
palmés).
1. | lat. all. angl. |
La Spatule. P. leucorodia. die Lœffelgans. the Spoonbill. |
Corps blanc, gosier noir, occiput orné d'une sorte de petite aigrette. Frisch, pl. 200. |
Çà et là, sur-tout dans la partie occidentale
de l'ancien
monde.
(Bec conique, à mandibule supérieure
crochue;
pieds tétradactyles, fendus).
(Bec presque ascendant, à mandibule
supérieure
triquêtre, à inférieure trigone,
[Seite 259] acuminée, ascendante;
front chauve; nari-
nes linéaires; pieds quatre
dactyles).
(Bec gibbeux, à mandibule supérieure
figurée
comme une nacelle renversée).
(Bec droit, aigu, long, presque compri-
mé, pieds tétradactyles).
1. | lat. all. angl. |
La Grue. A. grus. der Kranich. the Crane. |
Occiput nud, papilleux; corps cendré, ailes testa- cées extérieurement. Frisch, pl. 194. |
Dans le nord de l'ancien monde.
[Seite 260]2. | lat. all. angl. |
La Cigogne. A. ciconia. der Storch. the Stork. |
Blanche, orbites nus, remiges noires, bec, pieds et peau rouge de sang. |
Dans les climats tempérés de presque tout l'an-
cien monde. Elle ne se nourrit pas seulement
d'amphibies, mais
elle dévore aussi des animaux
utiles, des compagnies entières de
perdreaux,
par exemple; elle porte aussi très-souvent
dans
son nid de la toile, du fil, etc. pour le garnir,
et
afin qu'il soit plus doux.
3. | lat. all. angl. |
Le Héron. A. cinerea. d. graue Reiher. the Heron. |
Occiput noir, lisse, dos bleuâtre, blanchâtre en. dessous, poitrine mar- quée de taches noires oblongues. Frisch, pl. 198. |
Presque par-tout dans les deux mondes. Ce sont
des animaux
nuisibles qui dévastent les étangs,
et font du tort
particulièrement à l'alevin. Ils
nichent sur les arbres élevés,
les chênes, etc.
4. | lat. all. angl. |
L'Aigrette. A. garzetta. die kleine wels- se Reiher. the little Egret. |
Occiput aigrette, corps blanc, bec noir, bandes et pieds verdâtres. Buffon, tom. 7. pl. 20. |
Se trouve particulièrement en Perse. C'est elle
qui a ces longues
plumes soyeuses et d'un blanc
d'argent, que portent les
orientaux sur leurs
turbans.
(Bec long, subulé, presque térète, pres-
que arqué, sac jugulaire nud, pieds tétra-
dactyles, palmés à la base).
C'est l'oiseau si connu anciennement en Egypte,
et que l'on
trouve représenté sur les anciens mo-
numens de ce
pays. Les égyptiens conservoient
ces oiseaux comme les corps
humains; ils en
faisoient des momies, et les déposoient en
grande
quantité dans des caveaux particuliers. J'ai
eu
l'occasion, à Londres, d'examiner deux momies
d'ibis, et
j'en ai rendu compte dans les tran-
sactions
philos, de 1794. On trouve encore quel-
[Seite 262] ques ibis,
mais ils sont devenus assez rares, au
moins dans la basse
Egypte.
On ne sait pas encore si l'ibis noir, un peu
plus petit que le
précédent, forme une espèce
particulière, ou bien si c'est l'âge
seul qui le rend
différent du blanc (qui est à-peu-près
grand
comme une cigogne).*
(Bec presque térète, obtus, plus long
que la
tête, face couverte, pieds à quatre
doigts, le postérieur
composé de plusieurs
articles et portant à terre).
1. | lat. all. angl. |
La Bécasse. S. rusticula. d. Waldschnepfe. the Woodcook. |
Bec roussâtre à sa base, pieds cendrés, cuisses couvertes, zone noire sur la tête. Frisch, pl. 226. |
Dans les climats les plus chauds du nord de
l'ancien monde.
2. | lat. all. angl. |
La Bécassine. S. gallinago. d. Heerschnepfe. the Snipe. |
Bec droit, tuberculé, pieds bruns, lignes bru- nes sur le front, quater- nées. Frisch, pl. 229. |
Presque dans tous les pays septentrionaux des
deux
hémisphères.
(Bec presque térète, de la longueur de
la tête,
doigt postérieur uni-articulé, ne
portant pas à terre).
Dans le nord de l'ancien monde. Il tire son
nom de l'acharnement
avec lequel les mâles
se battent entr'eux dans le temps de leurs
amours.
(Bec térétiuscule obtus, narines
linéaires,
pieds coureurs tridactyles).
lat. all. angl. |
C. hiaticula. die Seelerche. the Sealark. |
petite zone blanche, ver- tex brun, pieds jaunes. Frisch, pl. 214. |
Çà et là, près des fleuves des pays septentrio-
naux. On le trouve aussi dans les îles Sandwich.
(Bec déprimé, plane, subulé, recourbé,
acuminé,
à sommet flexible, pieds
palmés,
tridactyles).
1. | lat. all. angl. |
L'Avocette. R. avosetta. der Sæbelschnæ- bler. the Avoset. |
Variée de noir et de blanc. Buffon, vol. 8, pl. 38. |
Dans les climats tempérés de l'ancien monde.
Elle se nourrit
principalement d'insectes aqua-
tiques et de vers,
qu'elle sait attraper très-adroi-
tement avec son
bec recourbé en haut d'une ma-
nière
très-singulière.
(Bec comprimé, à sommet en forme de
coin égal,
pieds coureurs tridactyles).
1. | lat. all. angl. |
L'Huîtrier. H. ostralegus. der Austerdieb. the sea Pie, the Pied oyster-cat- cher. |
Bec et pieds rouges. Latham, vol. 3, part. 1, pl. 84. |
Çà et là, sur le bord des mers de toutes les
parties du monde. Il
se nourrit principalement
de testacées.
(Bec convexe à mandibule supérieure
voûtée
au-dessus de l'inférieure, front
chauve,
pieds tétradactyles, sous-pinnés).
(Bec un peu térète, presque obtus, na-
rines ovées au milieu du bec, front caron-
cule à caroncules lobées, fausses ailes gar-
nies d'épines).
(Bec plus épais à la base, comprimé, à
dos
atténué vers le sommet, égal, pointu,
pieds tétradactyles,
fendus).
1. | lat. all. angl. |
Le Râle de genet, le Roi des cailles. R. crex (ortygo- metra. d. Wachtelkœnig. the Rail, Daker- hen. |
Ailes d'un roux ferru- gineux. Frisch, pl. 210. |
Dans les climats tempérés de l'ancien monde.
On
l'a nommé le roi des cailles, parce qu'on
croyoit anciennement
qu'il conduisoit les bandes
de ces oiseaux dans leurs
migrations.
(Bec en cône cylindrique, convexe, acu-
tiuscule, à mandibule supérieure plus lon-
gue, narines ovées, ouvertes, pieds tétra-
dactyles, fendus).
1. | lat. all. angl. |
L'Oiseau trom- pette. P. crepitans. die Trompette. the gold breasted Trumpeter. |
Noir, poitrine gorge de pigeon. Latham, vol. 2, part. 2, pl. 68. |
De l'Amérique septentrionale. Très-commun,
sur-tout près du
fleuve des Amazones. Il s'ap-
privoise
très-aisément, et devient fort attaché
à son maître.
Les oiseaux de cet ordre sont
reconnoissables
à leurs pieds nageurs, qui, chez eux, sont
placés
plus en arrière, et par-là leur servent comme
de rames,
mais qui sont très-incommodes pour
marcher. La mandibule supérieure
de leur bec se
termine ordinairement par un petit crochet,
et
chez la plupart elle est, ainsi que l'inférieure,
revêtue
d'une peau extrêmement nerveuse (voyez
plus haut § 64). Les ansères
ont une langue
charnue, un palais rude et garni d'aiguillons;
et
dans beaucoup d'espèces de cet ordre, les mâles
ont en avant,
à la trachée-artère, une capsule
particulière cartilagineuse ou
osseuse. Ils ont un
plumage épais et gras, impénétrable à l'eau, et
se
tiennent sur les bords de la mer, des lacs, des
fleuves, dans
les îles, sur les rochers ou dans les
roseaux. Ils sont presque tous
polygames. Ils ne
pondent ordinairement qu'un œuf, ou du
moins
qu'un petit nombre, mais leur chair, leur graisse,
leurs
plumes, etc. les rendent d'une très-grande
utilité pour l'homme.
(Bec droit, à mandibule beaucoup plus
courte, à
inférieure tronquée au sommet).
2. | lat. all. angl. |
Le Bec en ciseaux. R. nigra. d. Wasserschnei- der. the sea Crow, the Culwater. |
Noirâtre, blanc en des- sous, bec rouge à sa base. Brisson, tom. 6, pl. 21, fig. 2. |
De l'Amérique septentrionale. La mandibule
supérieure est plus
courte que l'inférieure, et
celle-ci entre dans l'autre presque
comme la lame
d'un couteau de poche entre dans son manche.
(Bec édenté, subulé, presque droit,
pointu,
presque comprimé, narines linéaires à la
base du
bec).
1. | lat. all. angl. |
Le Fou, le Diable. S. stolida. die Noddi. the Noddi. |
Corps noir, front blan- châtre, sourcils d'un noir profond. Brisson, tom. 6, pl. 18, fig. 2. |
(Bec édenté, subulé, droit, acuminé,
pieds
embarrassés dans les plumes de l'ab-
domen).
1. | lat. all. angl. |
Le Plongeon de Groënland. C. grylle. d. grœnlændische Taube. the sea Turtle. |
Pieds palmés tridacty- les, corps d'un noir pro- fond, tectrices des ailes blanches. Frisch, pl. 185. |
Egalement dans les pays septentrionaux des
deux hémisphères.
Sur les côtes des mers dans le nord.
3. | lat. all. angl. |
La Grèbe. C. urinator. der Erztaucher. the greater Loon, the Grebe. |
Tête lisse, paupière inférieure jaune, tache blanche sur les ailes. Edwards, pl. 360. fig. 2. |
Dans les pays chauds de l'Europe. Ses plumes
s'emploient comme
celles du grebe cornu (C. cris-
[Seite 270] tatus) à faire des
manchons, des garnitures de
robe, etc.
(Bec édenté, droit, en serpe, à sommet
presque
crochu; mandibule inférieure gib-
beuse au-dessous
du sommet).
Habitent communément sur les côtes des pays
septentrionaux;
cependant il s'en trouve aussi
dans les mers du sud, et même par
bandes in-
nombrables.
(Bec droit, acuminé, denticulé; face
couverte,
pieds palmés, tous les doigts réu-
nis).
Habite dans le Brésil. Il est gros comme un
canard, mais il a un
très-long cou. On prétend
que cet oiseau roule son cou en
spirale, et lance
ensuite sa tête contre les oiseaux qu'il veut
at-
traper.
(Bec en serpe, droit, acuminé, gosier
ouvert
près du bec, doigt postérieur tourné
en avant).
En pleine mer, entre les deux tropiques. Se
nourrit ordinairement
de poissons volans.
(Bec édenté, presque comprimé, à man-
dibules égales, la supérieure à sommet cro-
chu, l'inférieure à sommet comprimé, ca-
naliculé, pieds à ongle postérieur sessile,
sans
doigt).
1. | lat. all. angl. |
Le Petrel. p. pelagica. der Sturmvogel. the Stormfinch, the mothers ca- ry's chicken. |
Noir, croupion blanc. Linnæi fauna suecica, pl. 2, fig. 143. |
Sur les océans du nord et du sud. Il se trouve
ordinairement en
pleine mer, très-loin de terre
et sur des rochers. Les
navigateurs regardent
comme, un indice de tempête lorsqu'il se
réfugie
dans les vaisseaux. Les habitans des îles Faroé
s'en
servent comme de lampes, ils lui passent
une mèche à travers le
corps, l'allument, et la
graisse de l'animal qui, en fondant,
pénètre la
mèche peu-à-peu, la fait brûler assez long-temps.
(Bec droit, à mandibule supérieure cro-
chue à l'extrémité, à inférieure tronquée).
1. | lat. all. angl. |
L'Albatrosse. D. exulans. der Albators. the Albatros. |
Ailes pennées, très- longues; pieds équilibres tridactyles. Edwards, pl. 88. |
Gros comme un cygne; mais lorsque ses ailes
sont déployées il a
près de onze pieds de largeur;
il vole quelquefois à mille
lieues de distance de
la terre, mais rarement il s'élève à plus
de quinze
ou vingt pieds de là surface de la mer. Il se nour-
rit particulièrement de poissons volans.
(Bec édenté, droit, à sommet crochu,
onguiculé;
pieds équilibres, tous les quatre
doigts palmés ensemble.
1. | lat. all. angl. |
Le Pélican. P. onocrotalus. die Kropfgans. the Pelican. |
Gosier couvert d'une poche. Ein blatt von J. E. Ri- denger. 1740. |
Dans les climats chauds de l'ancien monde,
également à la
nouvelle Hollande. Il a un jabot
énorme, en forme de sac, qui
lui pend sous le bec,
et qui est tellement susceptible de
s'étendre, qu'il
peut contenir trente livres d'eau.
Le pélican d'Amérique paroît spécifiquement
différent de celui de
nos pays.
2. | lat. all. angl. |
Le Tailleur, la Frégate. P. aquilus. die Fregatte. the man of war bird. |
Ailes très-amples; queue en pince; corps noir; bec rouge, orbites noires. Edward, pl. 309. |
A dans sa conformation et dans sa façon de
vivre beaucoup de
ressemblance avec l'albatros;
seulement ses ailes sont encore
plus longues: dé-
ployées, elles ont près de
quatorze pieds de largeur,
et elles donnent à l'oiseau,
lorsqu'il vole, une
phisionomie singulière.
3. | lat. all. angl. |
Le Cormoran. P. carbo. die Scharbe. the Cormoran. |
Queue arrondie; corps noir, bec édenté; tête pres- que aigrettée. Frisch, pl. 187. |
Presque dans les cinq parties du monde. Les
[Seite 274] chinois dressent une
espèce de pélican qui res-
semble beaucoup au
cormoran (P. sinensis), à
pêcher des
poissons.
4. | lat. all. angl. |
Le Fou de Bassan. P. bassanus. die Rothgans. the Gannet, the Soland goose. |
Queue cunéiforme, corps blanc, bec serreté, rémiges primaires noires, face bleue. Brisson, t. 6, pl. 44. |
Très-commun dans le nord de l'Europe et de
l'Amérique, sur-tout
dans les îles d'Ecosse, et
nommément à Bass*,
d'où cet oiseau a pris son
nom, Pendant l'été il y attend le
passage des ha-
rengs, et dans l'hiver, au
contraire, il se rend
dans les environs du Portugal et de la
Barbarie,
à cause des anchois. Les habitans des îles d'E-
cosse mangent avec grand plaisir ces
oiseaux,
lorsqu'ils sont jeunes, ainsi que leurs œufs, et
ils
vont les chercher dans leurs nids, au risque de
leur
vie, sur des rochers d'une hauteur ef-
frayante.**
(Bec armé de petites lames en forme de
dents,
convexe, obtus, langue ciliée, ob-
tuse).
1. | lat. all. angl. |
Le Cygne. A. olor. der Schwan. the Swan. |
Bec demi-cylindrique, noir austère, cire noire, corps blanc. Frisch, pl. 152. |
Dans le nord de l'ancien monde. Se nourrit
de grenouilles, de
plantes aquatiques, etc. Il faut
distinguer ce cygne connu sous
le nom de cygne
muet ou apprivoisé, du cygne Sauvage (A. cygnus),
qui a une peau jaune à la racine du
bec, et une
trachée-artère beaucoup plus longue et cour-
bée. Ce dernier rend un son clair qui retentit
au
loin et qui n'est pas désagréable.
2. | lat. all. angl. |
L'Oie de Guinée. A. cygnoides. die spanische Gans. the Swan-Goose. |
Bec demi-cylindrique, cire gibbeuse, paupières gonflées. Frisch, pl. 153, 154. |
En Guinée, au Cap, ensuite en Sibérie et à
la Chine, et, à ce
qu'il paroît, aussi dans les îles
Sandwich. On en distingue
plusieurs variétés.
3. | lat. all. angl. |
L'Oie commune. A. anser. die Gans. the Goose. |
Bec demi-cylindrique, corps cendré en dessus, plus pâle en dessous; cou strié. |
Sauvage dans les cinq parties du monde. On
trouve souvent parmi
les oies domestiques, des
mâles blancs comme la neige, mais il
est très-
rare de trouver une femelle toute
blanche.
4. | lat. all. angl. |
L'Oie de Canada. A. canadensis. die Hudsonsbay- Gans. the Grey goose. |
Cendrée, tête et cou noirs, joues et gosier blancs. Edwards, pl. 131. |
Dans les pays froids de l'Amérique septentrio-
nale. Les plumes de cet oiseau qui servent pour
nos lits,
forment une branche importante de
commerce. Il fournit aussi
d'excellentes plumes
pour écrire.
5. | lat. all. angl. |
La Bernache. A. bernicla. die Baumgans. the Crooked bill. |
Brune; tête, cou et poi- trine noirs; collier blanc. Frisch, pl. 156. |
Dans les pays septentrionaux les plus froids
des deux
hémisphères. Elle vient seulement pour
passer l'hiver en Ecosse
et dans les autres climats
tempérés, où elle se nourrit entre
autres ani-
maux de l'anatise lisse (lepas anatifera), c'est
ce qui a fait inventer le
conte que cet oiseau ne
provenoit pas d'un œuf, mais d'un
testacée.
On disoit anciennement la même chose d'une
espèce analogue (A.
erytropus), dont la couleur
est grise et
le front blanc (Frisch, pl. 189),
à
laquelle, pour cette raison, plusieurs ornitholo-
gistes ont donné le nom de bernicla ou bar-
nacle.
lat. all. angl. |
A. mollissima. der Eidervogel. the Eiderduck, the Cuthbert- duck. |
bifide postérieurement, rugueuse. Brunnichs N. H. des Eidervogels, pl. 1. |
Dans le nord; très-commune, sur-tout en Is-
lande
et en Groenland. Sa chair et ses œufs ont
un goût excellent,
mais elle nous est encore plus
utile à cause de sa peau, dont on
fait des four-
rures, des doublures d'habit, etc.,
et à cause de ce
duvet qui est connu sous le nom d'édredon.
7. | lat. all. angl. |
Le Canard. A. boschas. die Ente. the Duck. |
Rectrices intermédiai- res (chez le mâle) recour- bées; bec droit. Frisch, pl. 158. |
Le canard sauvage se trouve dans presque
tout le nord, et parfois
il offre de fort belles va-
riétés. Les canards
apprivoisés paroissent avoir
un très-grand goût pour les
accouplemens contre
nature; on a vu assez souvent, par exemple,
des
jars tourmenter des poules, et des cannes courir
après
les dindons.
(Bec denticulé, en alêne, cylindrique, à
sommet
crochu).
1. | lat. all. angl. |
Le Harle. M. merganser. der Kneifer. the Goos-Ander. |
Aigrette longitudinale presque droite; poitrine albide immaculée; rectri- ces cendrées à tige noirâ- tre. Frisch, pl. 190. |
Dans le nord des deux hémisphères. Cet oiseau,
ainsi que Les
autres espèces de ce genre, fait tort
aux étangs empoissonnés,
sur-tout dans le temps
du frai.
(Bec édenté, court, comprimé, convexe,
sillonné
transversalement; mandibule infé-
rieure gibbeuse
avant la base).
Tout le genre se trouve sur les côtes et dans les
rochers des
pays du nord.
1. | lat. all. angl. |
Le Macareux. A. arctica. der Papageytau- cher. the Puffin. |
Bec comprimé, à deux tranchans, sillonné de quatre sillons; orbite des yeux et tempes blanches, paupière supérieure mu- cronée. |
Niche dans des trous de lapins, ou se creuse
lui-même un
terrier.
(Bec un peu comprimé, presque en
serpe,
sillonné obliquement en longueur,
mandibule inférieure à sommet
tronqué,
ailes impennes pinniformes).
Leur plumage lisse et brillant, leurs petites ai-
les écailleuses, presque semblables à des nageoi-
res, leur démarche presque droite, tout se réunit
pour donner
à ces oiseaux un air particulier.
On en trouve différentes
sortes sur les côtes mé-
ridionales, et dans les
îles d'Afrique et d'Amérique;
on en voit aussi autour de la
nouvelle Hollande,
de la nouvelle Guinée, de la nouvelle
Zélande.*
Ils se réunissent parfois par troupes
innombra-
bles.
Dans les îles de Falkland, la nouvelle Hol-
lande,
etc.
lat. all. angl. |
cheté. Briss. A. demersa. der schwarzfüssi- ger Pinguin. the black-footed Pinguin. |
pectorale et sourcils blancs. Edwards, pl. 94. |
Les mammifères et les
oiseaux se distinguent
tous deux des amphibies et des poissons, par
la
chaleur (§ 23 et 40) et par la plus grande quan-
tité de leur sang.
Les amphibies ont cependant avec les animaux
à sang chaud, un point de
ressemblance que n'ont
pas les poissons, c'est qu'ils respirent
également
par les poumons; seulement les poumons sont
d'une texture
beaucoup plus lâche, et la respi-
ration dans les
amphibies est beaucoup moins dé-
terminée, et pour ainsi
dire moins réglée que
dans les animaux des deux premières classes.
Les
amphibies peuvent aussi se passer de respirer
bien plus
long-temps que les mammifères et les
oiseaux; ils peuvent rester plus
long-temps dans
le vide ou même dans l'air enfermé (on a vu,
par
exemple, des crapauds enfermés dans une
[Seite 282] petite cavité, au milieu d'un
tronc d'arbre ou
dans des blocs de pierre); ils sont même en état
de
durer un assez long espace de temps dans un
atmosphère d'air carbonique,
et de soutenir les
degrés extrêmes du froid et du chaud. Il est in-
contestable, par exemple, que des salamandres
et des
grenouilles ont pu vivre dans l'estomac
et dans le canal intestinal de
l'homme, et qu'on
en a vu d'autres gelées au point d'être dures
et
froides comme un glaçon, qui revenoient ensuite
à la vie.
Comme les amphibies ont des poumons, ils
sont en état de faire entendre
un son; cepen-
dant quelques-uns,
tels que, parmi les amphibies
d'Europe, la véritable salamandre, le
lézard
gris, l'orvet commun, paroissent être tout-à-fait
muets.
A l'égard de la conformation en général,
les
amphibies diffèrent entre eux. Les uns, tels que
les tortues,
les grenouilles, les lézards, ont qua-
tre pieds, tandis
que les autres ont un long corps
étendu, cylindrique et sans aucuns
organes de
mouvemens extérieurs.
Les tégumens extérieurs du corps des amphi-
[Seite 283] bies sont beaucoup plus variés que chez les
animaux à sang chaud.
Quelques-uns sont re-
vêtus d'une écaille osseuse,
d'autres sont cou-
verts de bandes de substance cornée, ou
de
petites plaques sans nombre, ou bien d'écail-
les;
d'autres encore ont une peau nue enduite
seulement d'une liqueur
visqueuse. La plupart
changent de peau de temps en temps, quelques-
uns même, tels que la raine et différens
lézards
(sur-tout le caméléon), changent tout-à-coup de
couleur.
La plupart des amphibies, comme leur déno-
mination le fait
déjà assez entendre, peuvent
séjourner et sur
terre et dans l'eau. Quelques-
uns cherchent à leur choix
leur nourriture dans
ces deux élémens; d'autres, au contraire,
passent
une certaine période de leur vie ou de certaines
saisons
dans l'un des deux. Enfin il en est d'au-
tres qui ne
peuvent séjourner que simplement
sur terre, ou simplement dans l'eau,
mais point
dans l'un et l'autre élément.*
La nourriture de quelques amphibies, sur-tout
[Seite 284] parmi les tortues et les
serpens, est extraordi-
nairement variée; d'autres, au
contraire, tels que
la raine et le caméléon, sont très-difficiles sur
le
choix de leurs alimens; ils ne veulent, par exem-
ple, que des insectes vivans, et encore d'un très-
petit
nombre d'espèces. Beaucoup, lorsqu'ils sont
emprisonnés, ne mangent
presque pas, et ils
peuvent soutenir un jeûne très-austère;
moi-même
j'ai conservé pendant huit mois des salamandres,
sans leur
rien donner à manger, et je n'ai pas
remarqué qu'elles aient eu l'air de
beaucoup
souffrir, du moins elles n'étoient pas
maigries
considérablement. Quant aux tortues, l'on sait
qu'elles
peuvent subsister sans nourriture près
d'un an et demi.
La plupart des amphibies ont une force de
reproduction (§ 19) étonnante.
Le degré d'in-
tensité de cette faculté provient, si je ne
me
trompe, de la force de leurs nerfs, et de la peti-
tesse relative de leur cerveau. En effet, les pre-
miers
se trouvent alors moins dépendans du der-
nier, toute la
machine montre en général une
mobilité plus foible, moins de consensus que
chez les animaux à sang chaud; la vie
des am-
phibies est plus simple et paroît davantage
uni-
quement végétative que celle des animaux qui
[Seite 285] nous ont occupés
jusqu'à présent; mais en re-
vanche, leurs membres sont
doués d'une force
vitale propre et plus indépendante. Comme
par
l'effet de cette force vitale plus propre des par-
ties individuelles, chaque stimulus qui agit
sur
une partie ou sur un
système, se rapporte moins
à un centre commun que chez les animaux
des
deux premières classes, on peut concevoir pour-
quoi les amphibies ont la vie si dure; pourquoi
des grenouilles,
auxquelles on a arraché le cœur,
sautent encore, et comment des tortues,
de la
tête desquelles on a ôté la cervelle, peuvent vivre
encore des
mois entiers. C'est de là que vient
également cette mobilité continuelle
des parties
de leur corps qui ont été coupées; la queue
des
salamandres et des orvets, par exemple, quoique
séparée du
corps, conserve encore long-temps
son irritabilité.
Quelques amphibies, tels que certaines espèces
de serpens, ont pour armes et pour moyens de
défense leur poison. La
salamandre, le crapaud
flamboyant, ont cette écume laiteuse qu'ils
ré-
pandent lorsqu'ils sont en danger; un
grand
nombre, particulièrement quelques serpens, des
crapauds, des
lézards, ont une odeur spécifique
qu'ils exhalent autour d'eux.
Les sens extérieurs de la plupart des amphi-
bies ne paraissent pas être d'une grande viva-
cité. Quant à leurs sens intérieurs, leur mémoire
est
assez remarquable. On a vu des crapauds, et
même des crocodiles,
reconnoître leur bienfai-
teur; et il est des jongleurs
qui instruisent des
serpens à faire des tours d'adresse. Du reste,
on
ne remarque pas, dans les animaux de cette
classe, beaucoup de
traces d'un véritable instinct
industriel (§
36).
Fort peu d'amphibies paraissent avoir ce besoin
de sommeil qui revient
journellement; mais en
revanche, presque tous sont engourdis pendant
les
mois les plus durs de l'hiver. Les uns s'isolent
pendant ce
temps, les autres se rassemblent,
comme nos grenouilles et nos
salamandres. Du
reste, ces animaux peuvent aussi se passer
fort
aisément de dormir l'hiver, et lorsqu'ils sont
emprisonnés dans
nos chambres, ils veillent fort
bien toute l'année.
La manière dont les amphibies se propagent,
a quelque chose de
particulier. Le besoin de s'ac-
coupler est dans
quelques-uns si violent, qu'on
[Seite 287] a vu des grenouilles couvrir, au défaut de fe-
melles, d'autres grenouilles mâles, des crapauds,
ou même
des femelles mortes. Parmi la plupart
des grenouilles et des tortues de
mer, l'accou-
plement dure plusieurs jours, quelquefois
même
toute une semaine. Les vipères, en s'accouplant,
s'entrelacent
entre elles très-étroitement par la
partie postérieure du corps, et
dardent ensuite
avec force leurs langues l'une contre l'autre.
Les
salamandres, au contraire, ne s'embrassent pas;
seulement, dans
le temps de ses amours, le mâle
nage autour de sa femelle, et arrose de
loin
les œufs que celle-ci dépose.
Les amphibies sont presque tous, à quelques
exceptions près, des animaux
ovipares; mais plu-
sieurs, sur-tout parmi les serpens, ne
produisent
leurs œufs que lorsque le petit qui s'y trouve a
déjà
pris sa conformation parfaite. Le pipa fait
éclore ses œufs sur son
dos.
Remarque. Vers la fin de l'été, je
renfermai
parfaitement seule une salamandre dans un verre;
elle y
étoit au moins depuis quatre grands mois,
lorsque vers le jour de l'an
elle fit éclore tout-à-
coup, et en peu de jours,
trente-quatre petits. Il
fout par conséquent qu'une fécondation
précédente
[Seite 288] conserve son effet pendant un temps encore beau-
coup
plus long que parmi les poules.
Les grenouilles et les lézards qui éclosent dans
l'eau, ne viennent pas
d'abord au monde sous
leur forme parfaite, mais ils naissent
comme
larves, et il faut qu'ils se soumettent à
une sorte
de métamorphose avant que tous leurs membres
soient
tout-à-fait conformés, et qu'ils en aient
l'usage parfait. Les tetards, par exemple (lat.
gyrini, all. die Kaulquappen, angl. the toadpo-
les), n'ont d'abord pas de
pieds, mais à la place
une longue queue en forme de gouvernail; les
sa-
lamandres nouvellement nées ont également,
aux
deux côtés du cou, une sorte de branchies (ap-
pendices fimbriatœ Swarmmerdam). Elles
ont
parfois aussi un petit suçoir à la lèvre inférieure.
Le jeune
animal n'a toutes ces différentes parties,
que tant qu'il est comme
larve; elles disparaissent
à mesure qu'il grandit.
Les amphibies croissent très-lentement;
nos
grenouilles, par exemple, ne sont communément
en état de se
reproduire que dans leur quatrième
année, et cependant elles
n'atteignent pas un âge
très-avancé, proportionnellement à ce retard
de
[Seite 289] leur
puberté: elles vivent peut-être douze ou
treize ans. Quant aux tortues,
au contraire, on
sait que, même en captivité, elles ont vécu plus
de
cent ans; de sorte qu'il est possible, à en
conclure par l'analogie, que
les grands serpens
et les crocodiles parviennent à un âge
encore
plus avancé.
L'utilité dont sont les amphibies pour l'espèce
humaine, n'est pas
très-variée; il est cependant
quelques pays dans lesquels ils sont
très-utiles.
On mange les tortues et leurs œufs, ainsi que
quelques
espèces de grenouilles et de lézards. Nos
ouvriers emploient l'écaille
de tortue. L'on se
sert en médecine des lézards, des vipères, etc.
Plusieurs animaux monstrueux de cette classe,
tels que les crocodiles et
les serpens aquatiques,
sont dangereux par leur force et leur
grandeur;
d'autres, sur-tout parmi les serpens, le sont par
leur
poison, qui n'est aussi actif et aussi violent
dans aucune autre classe
d'animaux.
Toute la classe se divise seulement en deux
ordres.
Tous les animaux de cet ordre (du
moins
lorsqu'ils sont parvenus à leur état parfait) ont
quatre
pieds qui, d'après la différence du séjour
de ces animaux, sont, ou
digités, ou palmés,
bu même pinnés:
(Corps couvert d'une cuirasse, queue
(dans la
plupart) courte, bouche à man-
dibules nues,
édentées).*
La plupart des tortues sont couvertes d'une
cuirasse osseuse
très-dure; la partie supérieure
(la carapace) est soudée à l'épine et aux côtes
de l'animal,
et est garnie de larges écussons
cornés qui, dans quelques
espèces, ont de si
belles couleurs, qu'on s'en sert dans les
arts. Or-
dinairement il y a dix-huit de ces
écailles dans
le milieu et vingt-quatre sur le bord qui l'en-
toure. La partie inférieure (ou le plastron)
[Seite 292] est un peu plus petite que la carapace, et
elle
est découpée à l'endroit de la tête, de la queue
et des
pieds.
1. | lat. |
La Tortue mem- braneuse. T. membranacea. |
Pieds palmés, ongles trois, carapace orbiculai- re ovée, membraneuse, grise, striée, raboteuse. Schneider, 1. c. tab. 1. |
Dans les deux Indes, ainsi que dans la Mer-
Rouge.
Fournit la plus belle écaille.
3. | lat. all. angl. |
La Tortue fran- che. T. mydas (T. vi- ridis.) Schneid. die grüne Schild- krœte. the green Turtle. |
Pieds pinniformes, bord des mâchoires den- telé, carapace ovée. Schœpff. pl. 17, fig. 2. |
Pèse quelquefois 800 liv.; c'est une tortue de
mer; elle tire son
nom anglois et allemand de
sa cuirasse d'un verd d'olive pâle et
de la cou-
[Seite 293] leur verte de sa graisse. Elle vit seulement
de
plantes marines et de végétaux, c'est ce qui donne
un si
bon goût à sa chair qui n'est point du tout
huileuse.
4. | lat. all. angl. |
La Tortue d'eau douce ordinai- re. T. orbicularis (europæa.) Schneider. die gemeine Flus- schildkrœte. the common Tor- toise. |
Pieds palmés, carapace orbiculée, presque apla- tie. |
Dans les climats tempérés de l'Europe.
Dans le sud de l'Europe et le nord de l'A-
frique.
6. | lat. all. angl. |
La Géométrique. T. geometrica. die gesternte Schildkrœte. the hie Katee. |
Pieds postérieurs pal- més, écussons de la ca- rapace élevés, tronqués. Schœpff. pl. 10. |
Dans les Indes orientales. Grande à-peu-près
comme la paume de la
main; sa carapace très-
[Seite 294] bombée, marquée
régulièrement de noir et de
jaune, la rend fort jolie.
(Corps nu, à quatre pieds, les posté-
rieurs plus longs).*
1. | lat. all. angl. |
Le Pipa. R. pipa. der Pipa. the Pipal. |
Corps aplati, museau spathiforme, doigts an- térieurs sans ongles, qua- dridentés, doigts posté- rieurs onguiculés. Planche 16. |
Dans les eaux de la Guyanne. Il est remar-
quable
par la manière singulière et tout-à-fait
anomale dont la mère
fait éclore ses petits.
Lorsque les œufs sont pondus à la
manière ordi-
naire, le mâle alors les étend sur
le dos de la
femelle et les féconde de sa semence; les
petits
œufs croissent ensuite dans la peau de la mère,
et y
restent à-peu-près trois mois; alors, les petits
qui s'y
trouvoient comme tetards et avec, une
queue, sont élevés;** leur queue disparaît
peu-
à-peu, il leur vient quatre pieds, et ils
descen-
dent de dessus le dos de leur mère.
2. | lat. all. angl. |
Le Cornu. T. cornuta. die gehœrnte Krœte. the horned toad. |
Paupières coniques. Seba, vol. 1, pl. 72, fig. 1 et 2. |
En Virginie. Ses grands yeux fixes et ses pau-
pières monstrueuses et en forme de cornet, lui
donnent une
phisionomie singulière.
3. | lat. all. angl. |
La Grenouille mugissante. R. ocellata. d. Ochsenfrosch. the Bullfrog. |
Oreilles ocellées, pieds sans ongles. Catesby, vol. 2, pl. 72. |
Dans l'Amérique septentrionale. Grosse pres-
que
comme un lapin; elle tire son nom de sa
voix extrêmement forte.
Cette grenouille forme
la principale nourriture des serpens à
sonnette.
4. | lat. all. angl. |
La Jackie. R. paradoxa (ra- na piscis). der geschwæntzte Frosch. the Frogfish. |
Cuisses striées oblique- ment sur la partie posté- rieure. Seba, vol. 1, pl. 78. |
Dans l'Amérique méridionale. La larve (§ 95)
a près d'un empan de
long; elle change de peau
plusieurs fois, pendant le temps
qu'elle reste en
cet état. Ce sont ces changemens qui ont
fait
dire anciennement qu'il y avoit des grenouilles
[Seite 296] qui se
métamorphosoient en poissons. Cet animal
garde sa queue encore
assez long-temps, après
que ses quatre jambes ont pris toute
leur crois-
sance et sont parfaitement
conformées.
5. | lat. all. angl. |
Le Crapaud. R. bufo. die Krœte. the Toad. |
Corps ventru, couvert de verrues, jaunâtre et brun. Rœsel, pl. 20 et 21. |
Il n'est pas vrai que son urine soit un poison
violent; mais il
est incontestable que l'on a trouvé
à différentes fois des
crapauds enfermés dans des
troncs d'arbre, ou dans des blocs de
pierre, sans
aucune communication avec l'air extérieur.
6. | lat. all. angl. |
Le Couleur de feu. R. bombina. die Feuerkrœte. the natter Jack. |
Corps couvert de ver- rues, abdomen orange et bleu tacheté, pupille tri- quêtre. Rœsel, pl. 22. |
A le ventre marbré de jaune et de bleu, et
saute presque comme
une grenouille.
7. | lat. all. |
La Calamite. R. portentosa, bufo calamita. (Laurenti). die Hausunke. |
Couverte de verrues; ligne dorsale flave, rous- sâtre. Rœsel, pl. 24. |
Dans les caves humides, dans les trous, sur
les bords des
rivières, etc.; on la voit rarement,
mais elle fait entendre un
son lugubre et sombre
[Seite 297] qui a donné lieu à toutes sortes de contes
su-
perstitieux.
8. | lat. all. angl. |
La Rousse. R. temporaria. der braune Gras- froch. the common Frog. |
D'un brun obscur; dos un peu aplati, presque; anguleux. Rœsel pl. 1–8. |
Dans l'herbe et les buissons, d'où les petits
sortent en grand
nombre, après les pluies d'été,
et leur apparition subite aura
surement fait dire
qu'il pleuvoit des grenouilles.
9. | lat. all. angl. |
La Grenouille commune. R. esculenta. der grüne Wasser- frosch. the edible Frog. |
Verte, corps anguleux, dos gibbeux transversale- ment, abdomen bordé. Rœsel, pl. 13–16. |
Dans les étangs et les marais. Les mâles coas-
sent
très-haut, sur-tout le soir, lorsqu'il fait beau;
ils gonflent,
en criant ainsi, deux grosses vessies
qui se trouvent derrière
les coins de la bouche.
Cette espèce de grenouilles est rusée et
coura-
geuse; elle mange des souris, des moineaux,
des
truites et même de petits canards; elle atta-
que même de grands brochets, et est souvent
plus
forte qu'eux. Dans le temps de leurs amours,
il croît au pouce
des pieds de devant du mâle
de cette espèce et de la précédente,
des pelotes
[Seite 298] noires et verruqueuses qui lui servent à
s'attacher
fortement autour de sa femelle.
Presque dans toute l'Europe (cependant point
en Angleterre),
également en Amérique. L'hu-
meur visqueuse dont
elle est couverte, ainsi que
les limaçons, lui sert à se tenir
sur les arbres,
où elle séjourne ordinairement. Les mâles
qui
sont reconnoissables à leur gorge brune, ont une
voix
assez perçante, et ils crient, ou dans la
saison de leurs
amours, ou quand le temps veut
changer; quand ils coassent, ils
enflent leur go-
sier commme une grosse
vessie.
(Corps tétrapode, caudé, ailé).
1. | lat. all. angl. |
Le Dragon. D. volans. die fliegende Ei- dexe. the Dragon. |
Bras distincts de l'aile. Seba, vol. 2, pl. 86, fig. 3. |
Dans les Indes orientales et en Afrique.
[interleaf] [Abb] [interleaf] [Abb](Corps alongé, à quatre pieds égaux).
Très-commun dans les grands fleuves (nom-
mément
dans la partie supérieure du Nil et dans
le Niger). C'est le
plus grand animal d'eau
douce; il a quelquefois trente pieds de
long;
Norden dit même cinquante, et
cependant ses
œufs sont gros à-peu-près comme ceux
d'une
oie. Lorsqu'il a pris toute sa force, il attaque
les
hommes et les autres grands animaux. Quand
il est pris jeune, on
peut l'apprivoiser.
Dans la partie moyenne de l'Amérique. Il a
le corps et la queue
beaucoup plus ronds et plus
unis que le crocodile proprement
dit; il n'est pas
[Seite 300] non plus si gros, et pond des œufs plus
petits;
du reste, il a, comme celui-là, cinq doigts
aux
pieds de devant et quatre à ceux de derrière;
mais de
tous ces doigts, les trois intérieurs seu-
lement
sont armés de griffes.
On peut reconnoître aisément les deux trous
du crâne, caractère
spécifique que je lui donne,
et auquel M. le professeur Schneider m'a fait
faire attention,
non-seulement au crâne nu, mais
encore à toute la tête revêtue
même de sa peau.
3. | lat. all. angl. |
Le Gavial. Le Crocodile du Gange. L. gangetica. der Gavial. the Gavial. |
Mandibules alongées, térètes presque cylindri- ques. Edwards, dans les transactions philosophi- ques, vol. 49. |
Particulièrement dans le Gange.
4. | lat. all. |
La Sauve-garde. L. monitor. die warnende Eidechse. |
Queue carenée, corps sans écailles, taches ocel- lées. Seba, vol. 1, pl. 94, fig. 1, 2 et 3. |
Dans les deux Indes. Tachetée assez joliment et
avec régularité
de noir et de blanc; elle a environ
trois pieds de long. On l'a
nommée la sauve-
garde, parce qu'on prétend
qu'ordinairement elle
se tient avec les crocodiles, et qu'elle
trahit ses re-
doutables compagnons par un
sifflement qu'elle
fait entendre; d'autres ont dit que la peur
la
[Seite 301] faisoit crier, quand elle voyoit le crocodile, et que
son cri
avertissoit ceux qui se baignoient.
5. | lat. all. angl. |
L'Iguane. L. iguana. der Leguan. the Guana. |
Queue térète longue, suture dorsale dentelée, crête à la gorge denti- culée. Seba, vol. 1, pl. 95, sqq. pl. 98, fig. 1. |
Dans les Indes occidentales. Un joli petit ani-
mal; sa chair et ses œufs ont un fort bon goût.
6. | lat. all. angl. |
Le Caméléon. L. chameleon. der Chameleon. the Chameleon. |
Queue prenante, cinq doigts aux pieds, réunis, deux d'un côté et trois de l'autre. Jo. Fr. Miller fascic. 2, pl. 11. |
Dans les Indes orientales, l'Afrique septentrio-
nale et également en Espagne. Cet animal est
lent et
paresseux; il vit sur les arbres et sur les
haies, se nourrit
d'insectes qu'il attrape adroite-
ment avec sa
langue visqueuse; ses poumons sont
très-gros, et il peut se
gonfler ou se désenfler à
volonté. C'est probablement ce qui a
fait dire aux
anciens qu'il vivoit uniquement d'air. Ses
yeux
ont une conformation particulière, il peut mou-
voir l'un indépendamment de l'autre, ou bien
tous
les deux ensemble, dans des directions dif-
férentes, l'un, par exemple, en haut, et l'autre
en bas, et
ces mouvemens sont très-prompts;
[Seite 302] sa couleur naturelle
est gris d'acier; elle change
quelquefois, sur-tout quand il est
en colère. On
a remarqué que parfois les objets colorés
qui
l'environnoient, réfléchissoient sur les
écailles
brillantes de l'animal vivant, et l'on en a tiré
la
conséquence fausse que sa couleur changeoit tou-
jours, d'après celle des corps sur lesquels il
se
trouvoit.
Dans les Indes orientales, également dans les
îles de la mer du
Sud, et même çà et là dans
le sud de l'Europe, par exemple, dans
le royaume
de Naples; mais où il est le plus commun,
c'est
en Egypte, où il entre souvent dans les maisons
et
devient dangereux. On prétend qu'il a entre
les doigts écailleux
de ses pieds un suc empoi-
sonné qui se communique
aux comestibles sur
lesquels l'animal a passé.
8. | lat. |
Le Scinque. L. scincus, (cro- codilus terres- ter). |
Queue térète médiocre, comprimée au bout, doigts sans ongles garnis d'écailles lobées, bordés. |
Dans l'Arabie pétrée, en Egypte, etc. Il étoit
renommé autrefois
comme un restaurant d'une
espèce particulière; encore à présent,
dans sa
patrie, on l'emploie comme tel.
Dans les pays chauds de l'Europe et, à ce qu'il
paroît, aussi
dans les deux Indes et dans les îles
de la mer du Sud. Il est
tout aussi innocent que
nos autres lézards; ses œufs brillent
quelque
temps dans l'obscurité.
Les mâles ont dans le printemps une peau dé-
coupée, droite, qui s'étend depuis la tête jusqu'à
la queue,
le long du dos. J'ai parlé de sa force
étonnante de réproduction
(§ 19).
Tacheté de jaune d'orange et de noir, long,
d'un empan, et gros
comme le pouce; il n'est
point venimeux, il ne peut pas vivre
dans le
feu, etc.; ce sont des contes.
Ces amphibies n'ont point de membres exté-
rieurs, mais seulement un corps cylindrique et
alongé
qu'ils meuvent par ondulations, et qui
est couvert d'écailles, de
plaques ou d'anneaux.
Quelques-uns qui peuvent nager très-bien,
à
cause de leurs poumons extrêmement longs qui
ont par fois la
forme d'une vessie, vivent dans
l'eau; d'autres habitent sur terre,
plusieurs sur
les arbres. Ils déposent ordinairement des
œufs
enchaînés les uns aux autres; leurs mâchoires
ne sont pas,
comme chez les autres animaux;
jointes fermement par des
articulations, elles ne
peuvent pas leur servir à mâcher, mais elles
sont
susceptibles d'une énorme dilatation, de sorte
qu'on a vu
des serpens avaler tout entiers des
animaux plus gros qu'eux.
Quelques espèces por-
tent dans des vessies
particulières, placées au
bord antérieur de la mâchoire d'en haut,
un ve-
nin très-violent. Ce poison est séparé dans
des
[Seite 306] glandes propres, et l'animal le répand dans la
blessure, par le
moyen de ses crochets, dents
isolées, en
forme de tuyau, et pourvues vers la
pointe d'une ouverture en long.
Ces crochets qui
se trouvent seuls au bord antérieur de la mâ-
choire d'en haut, offrent le caractère le plus cer-
tain pour distinguer les serpens vénimeux de ceux
qui
ne le sont pas, ces derniers ayant tout le
bord extérieur de la
mâchoire d'en haut (jusque
dans le fond) garni de dents. Tous les
serpens
ont de commun une double rangée de petites
dents dans le
palais (Voyez la planche 191).
Parmi les autres caractères qui
distinguent les
serpens venimeux, caractères qui ne sont peut-
être pas tout-à-fait sans exception, mais qui
se
trouvent justes la plupart du temps, on compte
1.° une large
tête pour ainsi dire en forme de
cœur, avec de petites plaques; 2.°
des écailles
en forme de carène; et 3.° une queue
courte,
c'est-à-dire, qui n'a pas un cinquième de la lon-
gueur de l'animal (voyez le docteur Gray, dans
les transactions philos. vol.
LXXIX, p. 1).
J'ai marqué † les espèces venimeuses.
Le nombre de toutes celles connues jusqu'à
présent pour telles, est à
celles qui ne le sont pas,
comme environ d'un à six.
(Plaques abdominales, plaques et
écailles
caudales, sonnette à
l'extrémité de la queue).
1. | lat. all. angl. |
Le Boiquira.† C. horridus. der Boiquira. the Boicininga. |
Grandes plaques 167, petites plaques 23. Seba, vol. 2, pl. 95, fig. 1. |
Habite particulièrement dans les pays chauds
de l'Amérique
septentrionale. Il a six pieds de
long, et est presque gros
comme le bras. Les es-
pèces de ce genre se
distinguent de tous les au-
tres serpens, et même
de tous les autres ani-
maux de la création, par
ces grelots de subs-
tance cornée, enfilés les uns
dans les autres,
qu'elles portent au bout de leur queue. Le
nom-
bre des grelots, cet organe si singulier et
unique
dans son espèce, augmente avec l'âge, et de
vieux
serpens en ont jusqu'à quarante. Des té-
moins
dignes de foi assurent que de petits oi-
seaux,
des écureuils qui se trouvent dans un
buisson au-dessus du
serpent à sonnettes, lui
tombent pour ainsi dire d'eux-mêmes
dans la
gueule: cela seroit possible. Ce n'est pas
d'ailleurs
une propriété particulière aux serpens de
ce
genre, on prétend l'avoir également remarquée
dans
plusieurs autres serpens de l'ancien et du
nouveau monde.
On ne sait trop à quoi peut servir la sonnette
que ces serpens
portent; cependant, comme ils
sont extrêmement paresseux, et ne
peuvent pas
monter sur les arbres, la conjecture de M. Mead
n'est pas invraisemblable, qu'elle
peut leur servir
à faire tomber auprès d'eux les oiseaux
effrayés
par ce bruit singulier. On a prétendu de
même
anciennement, et peut-être avec raison, que les
cornes du céraste lui servoient également à
at-
tirer les petits oiseaux. Ce qui pourroit
venir à
l'appui de cette conjecture, c'est ce que m'a dit
le
major Gardner, observateur exact et sûr,
qui
a séjourné long-temps dans la Floride orientale;
il a vu
les jeunes indiens de ce pays imiter le
bruit des grelots du
serpent à sonnettes, pour
attraper des écureuils.
Les cochons, les oiseaux de proie, et même
beaucoup de nègres
dans l'Amérique, mangent
des serpens à sonnettes sans se faire
mal. On peut
aussi les apprivoiser.
(Plaques abdominales et sous la queue).
1. | lat. all. angl. |
Le Devin. B. constrictor. d. Riesenschlan- ge. the Boinaku, the Buffalo snake. |
Plaques 240, petites pla- ques 60. Merrem, 2. Hest, pl. 1. |
Dans les Indes orientales et en Afrique. Adanson
assure qu'il a parfois quarante à cinquante
pieds
de long. On prétend qu'avant de dévorer les ani-
maux, les chevreuils, etc. qu'il a pris, il
leur
brise les côtes et les os, les couvre d'une
bave
gélatineuse, et ensuite il les avale. Cependant il
est
très-aisé à apprivoiser, et les bateleurs des Indes
orientales
lui apprennent toutes sortes de tours,
ainsi qu'au serpent à
lunettes.
Le serpent amaru, dans l'Amérique méridio-
nale, que les antis dans le
Pérou adorent, et qui
a aussi trente pieds de long, ne paroît
pas dif-
férer beaucoup du devin; mais le juda, regardé
comme sacré en Guinée, est
d'une autre espèce.
(Plaques abdominales, écailles sous
la
queue).
On a donné le nom de serpent à plusieurs vi-
pères.
La couleuvre, à laquelle Linnée a
pro-
prement donné ce nom, habite en Egypte.
2. | lat. all. angl. |
Le Céraste. † C. cerastes. die Gehœrnte- schlange. t. Horned Adder. |
Plaques 145, écailles 44. (Voyage de Bruce aux sources du Nil, dans le supplément, pl. 40). |
Sa patrie est la même que celle de l'espèce pré-
cédente. Il est sûr qu'il est venimeux.
3. | lat. all. angl. |
La Vipère com- mune.† V. berus. die Otter, die Viper. the Adder. |
Plaques 146, écailles 39. Laurenti, pl. 2, fig. 1. |
Cette vipère, dont on se servoit autrefois en
médecine, est
brune, et habite dans les pays
chauds de l'ancien monde, et même
déjà en
Allemagne et en Suisse. Sa morsure cause
une
violente inflammation, mais est rarement mor-
telle; les oiseaux de proie la mangent aussi
sans
danger. C'est cette espèce sur laquelle autrefois
Redi, et à présent Fontana, ont fait tant d'ex-
périences
remarquables.
4. | lat. all. angl. |
La Vipère à col- lier. C. natrix. d. Ringel-natter. t. Rinzed-snake. |
Plaques 170, écailles 60. |
Est couleur d'acier, avec des taches blanches
latérales, sur-tout
aux deux cotés du côu. On
en a trouvé en Europe qui avoient plus
de dix
pieds; c'est ce qui aura donné lieu à ces
contes
merveilleux de dragons, de serpens
monstrueux,
etc.
5. | lat. all. angl. |
Le Serpent écar- late. C. coccineus. die Carmoisin- schlange. the Red-snake. |
Plaques 175, écailles 35. Voigts, magasin 5. ten Band 1. stes st. pl. 1. |
Ce serpent, dont les couleurs sont superbes,
et qui ne fait pas
le moindre mal, habite la Flo-
ride et la
Nouvelle-Espagne. Il est gros comme
le doigt, et a environ deux
pieds de longueur;
il a le long du dos une vingtaine de grandes
ta-
ches écarlate très-régulières, qui sont
entourées
d'une bordure noire; et ces bordures sont à
leur
tour séparées les unes des autres par des bandes
d'un
jaune citron. Les jeunes filles, dans la Flo-
ride, portent ce joli animal pour se parer, soit
autour de
leur cou, soit dans leurs cheveux.
6. | lat. all. angl. |
Le Serpent à lu- nettes † (Cobra de Cabelo). C. naia. d. Brillen-schlan- ge. the Spectacle snake. |
Plaques 193, écailles 60. Russels, indian Ser- pents, pl. 5, 6. |
Dans les Indes orientales. Le cou se dilate, ex-
traordinairement, et dans les deux sexes il est
marqué par
derrière d'une figure qui ressemble
à des lunettes. C'est un des
serpens les plus ve-
nimeux, mais la mangouste est
plus forte que
[Seite 312] lui, et le mange. On peut lui apprendre à
faire
toute sorte de tours.
(Ecailles abdominales et caudales).
1. | lat. all. angl. |
L'Orvet commun. A. fragilis. d. Blindschleiche. the Blindworm. |
Ecailles abdominales 155, autant sous la queue. |
Dans les pays marécageux, les vieux murs,
etc. Il se casse
aisément en deux lorsqu'on le
saisit, et les tronçons remuent
pendant des heures
entières. On trouve différentes variétés de
cette
espèce qui sont fort joliment marquées.
(Rides au tronc et à la queue, lèvre su-
périeure à deux tentacules).
1. | lat. all. angl. |
L'Ibiare. C. tentaculata. d. Fühlschlange. the Cæcilia. |
Rides 135. Seba, vol. 2, pl. 25, fig. 2. |
Egalement en Amérique. Il n'a pas d'écailles,
mais des anneaux en
forme de rides sur la peau,
presque comme un ver de terre.
On nomme poissons ces animaux à sang rouge
et froid, dont les organes du
mouvement sont de
véritables nageoires, pourvues d'arêtes ou de fi-
lamens cartilagineux, et qui respirent au moyen
de véritables branchies qu'ils gardent toute
leur
vie.
Remarque. Je dis de véritables nageoires et
de
véritables branchies, pour les distinguer de
ces organes analogues en
quelque façon, que j'ai
remarqués (§ 94) dans les jeunes
grenouilles,
les salamandres, etc.
Les branchies tiennent parfaitement lieu de
poumons chez les animaux de
cette classe. Elles
sont placées des deux côtés derrière la tête, or-
dinairement sous une ou sous plusieurs grandes
écailles
en forme de croissant, que l'on appelle
pour cette raison opercules des
branchies, et qui
sont, chez la plupart des poissons, réunis avec
la
[Seite 315] membrane
branchiostage. Les branchies elles-
mêmes sont tissues
d'un grand nombre de vais-
seaux sanguins extrêmement
fins; elles sont par-
tagées communément de chaque côté en
quatre
feuillets qui ressemblent à-peu-près à la barbe
d'une plume,
et sont soutenus à leur base par
autant d'arêtes en forme d'arc.
Les poissons ne peuvent pas plus se passer de
respirer que les animaux à
poumons, mais ils
n'expirent pas par la même voie qu'ils
respirent,
comme font ces derniers. Pour respirer, ils font
entrer
par la bouche dans les branchies l'air que
l'eau tient en dissolution,
et ensuite ils l'expirent
par l'ouverture branchiale.
Comme les poissons n'ont pas de poumons, il
s'ensuit qu'ils n'ont pas ce
qu'on appelle propre-
ment la
voix. Cependant quelques-uns, tels que
le chabot cuirassé, le
misgurn, peuvent produire
un son.
La conformation du corps est en général beau-
coup plus variée parmi les poissons que dans les
classes
précédentes. Cependant, chez la plupart,
le corps a une position
verticale, c'est-à-dire, il
[Seite 316] est comprimé sur les côtés; chez d'autres,
au
contraire, sa position est horizontale, il est dé-
primé. Parmi quelques espèces, comme les an-
guilles, il
est plus arrondi; chez les coffres, il
est
prismatique ou à quatre pans.
Mais dans tous la tête et le tronc sont joints
immédiatement, sans être
séparés l'un de l'autre,
par un cou.
Les poissons communément, à un très-petit nom-
bre
d'exceptions près, sont revêtus d'écailles; ces
écailles sont d'une
substance particulière; elles sont
conformées différemment dans les
différentes es-
pèces, quelquefois elles ont une forme
très-élé-
gante et des dessins très-variés; souvent
même
elles ont la couleur et l'éclat de l'or et de l'argent.
Elles sont enduites à l'extérieur d'une humeur
visqueuse particulière,
qui paroît provenir en
grande partie de petites cavités qui se
trouvent
dans la plupart des poissons, aux deux côtés de
leur corps,
dans ce qu'on nomme la ligne la-
térale.
La plupart des cartilagineux sont couverts
d'écailles en forme de
boucliers, et souvent même
cuirassés d'un têt dur et osseux.
Les organes du mouvement des poissons, les
[Seite 317] nageoires (dans
lesquelles on vient de remarquer
dernièrement une force étonnante de
réproduc-
tion) sont composées d'arêtes grêles, osseuses
ou
cartilagineuses qui, réunies entre elles par une
membrane
particulière, et attachées à des os
propres, sont mises en mouvement par
des mus-
cles destinés à cet effet. La position des
nageoires
a déterminé leur nom. Celles qui sont sur le
corps
s'appellent nageoires dorsales; celles qui
se
trouvent de côté, derrière les branchies, pec-
torales; celles placées au ventre, avant l'ouver-
ture de l'anus, ventrales; celle
derrière cette
ouverture est la nageoire anale;
et enfin celle
de la queue s'appelle la nageoire caudale. Cette
dernière est toujours placée verticalement;
elle
tient lieu d'un gouvernail pour diriger la marche
de ces
animaux, tandis que les nageoires pecto-
rales leur
servent de rames pour les faire avancer.
Les poissons connus sous le nom de poissons
volans, ont des nageoires
pectorales très-longues
et très-roides, au moyen desquelles ils
s'élèvent
au-dessus de la surface de l'eau, et peuvent, en
sautant,
décrire une courbe assez longue.
Une autre partie de leur corps qui favorise
leur mouvement, sur-tout pour
s'enfoncer et
s'élever (comme les petits diables de
Descartes),
[Seite 318] c'est leur vessie natatoire, dont sont pourvus
par-
ticulièrement les poissons d'eau douce, et
laquelle
communique, au moyen du conduit pneuma-
tique, avec l'estomac ou l'œsophage.
On divise en général les poissons, d'après le
lieu de
leur séjour, en poissons de mer et pois-
sons d'eau
douce. Quelques-uns peuvent cepen-
dant aussi durer hors
de l'eau, comme l'anguille,
la murène, etc.; on en a vu vivre aussi dans
des
eaux minérales très-chaudes*.
La plupart des poissons, sur-tout ceux de mer,
sont des animaux
nocturnes; c'est-à-dire, ils vont
à leurs affaires pendant la nuit,
tandis que le
jour ils s'enfoncent dans l'eau et y restent tran-
quilles. Aussi la plupart des insulaires et des ha-
bitans des côtes, qui vivent de leur pêche, ne vont-
ils pêcher que la nuit.
Un grand nombre d'espèces émigrent dans
certaines saisons. Plusieurs
poissons de mer en-
[Seite 319] trent, pour frayer, dans les anses et les embou-
chures des fleuves; et quelques-uns, tels que
les
harengs, dans l'océan atlantique septentrional,
font outre cela, dans
des saisons marquées, des
voyages très-éloignés. On les voit par troupes
in-
nombrables entre les côtes de l'Europe
occidentale
et celles nord-est de l'Amérique*.
Les poissons sont pour la plupart des animaux
carnivores, et comme ils
n'ont pas proprement
de pieds pour saisir leur proie, la nature leur
a
donné beaucoup d'autres moyens pour s'en rendre
maîtres.
Les uns ont à la bouche de longs barbillons qui
leur servent comme
d'appât pour amorcer et
pêcher d'autres petits animaux aquatiques.
Le
bœuf, par exemple (uranoscopus scaber),
la
grenouille pêcheuse (lophius piscatorius) ont
de
ces barbillons.
D'autres, comme la bandoulière à long nez
(chætodon
rostratus), ont une espèce de seringue
avec laquelle ils tirent
pour ainsi dire sur les
insectes qui volent sur l'eau.
D'autres encore, tels que la torpille (raia tor-
pedo), le letrodon électrique, le trichiure des
[Seite 320] Indes, le trembleur
(gymnotus electricus), l'an-
quille électrique, ont une force particulière qui
donne une commotion,
et qui engourdit ceux
qui les touchent.
Quant aux sens extérieurs des poissons, il faut
que chez la plupart
l'odorat soit extrêmement
subtil, puisqu'ils éventent à une longue
distance
l'amorce qui est cachée.
Pour leur ouïe, on sait à présent que non-
seulement ce
sens est chez eux très-fin, mais qu'ils
ont même des organes semblables
à ceux que les
antres animaux à sang rouge ont dans leurs
oreilles
internes.
Ce qu'il y a de plus remarquable, c'est la con-
formation
de leur œil*, qui se distingue,
par
exemple, par l'absence totale du procès ciliaire.
Nous n'avons pas assez d'observations justes
et bien faites, pour pouvoir
rien dire de positif
sur l'instinct et les autres facultés des
poissons;
tout ce que l'on sait, c'est que quelques-uns, tels
[Seite 321] que les truites,
s'apprivoisent aisément*, et que
d'autres, comme les carpes, sont
adroites et ru-
sées.
Quant à leur sommeil, il y a apparence que,
comme
les amphibies (§ 91), ils dorment pendant
l'hiver; mais très-peu ont un
sommeil fixé et
journalier, comme on le dit, par exemple,
des
dorades.
Excepté le petit nombre de poissons vivipares,
tels que l'anguille et le
perce-pierre vivipare (blen-
nius
viviparus), il y a peu de poissons qui s'ac-
couplent
réellement; mais chez la plupart, la
femelle dépose des œufs qui ne sont
pas encore
féconds, vient ensuite le mâle qui les arrose de
sa laite.
On a profité, dans l'économie rurale, de ce
modo de propagation, et l'on
peut, par le mé-
lange artificiel des œufs et des
laitances des truites
et d'autres, procréer des petits poissons**.
Remarque. Entre autres choses remarquables
dans
la génération des poissons, on prétend avoir
[Seite 322] trouvé parmi eux, d'un côté,
de véritables her-
maphrodites, et
de l'autre, des monstres privés
absolument de parties
sexuelles*.
Les poissons se multiplient d'une manière éton-
nante, et
quoique les œufs chez la plupart soient,
proportionnellement à leur
taille, infiniment plus
petits que dans toute autre classe
d'animaux,
cependant il est des espèces dont les ovaires sont
plus
gros que tout le reste de leur corps. Aussi
l'on a compté dans un
hareng, depuis 20 jusqu'à
37,000 œufs; dans des carpes, plus de
200,000;
dans des tanches, 3,83000; et dans le flet, plus
d'un
million**.
Parfois les jeunes poissons n'ont pas encore
leur conformation parfaite
lorsqu'ils sortent de
l'œuf; il faut qu'ils subissent d'abord,
comme
beaucoup d'amphibies (§ 94), une sorte de mé-
tamorphose; leurs nageoires, et les autres par-
ties de
leur corps, ne se forment qu'insensible-
ment et
peu-à-peu.
Les poissons, proportionnellement à la gran-
[Seite 323] deur de leur corps,
parviennent à un âge très-
avancé. On sait que des carpes
et dès brochets
ont vécu cent cinquante ans; cependant il
est
quelques petits poissons, tels que le trois-épines
(gasterosteus aculeatus), etc., qui ne vivent
que
peu d'années.
L'utilité des poissons pour l'homme, n'est pas
extrêmement variée; ils
servent en grande partie
seulement à sa nourriture; mais aussi, sous
ce
rapport, ils sont de la plus grande importance
pour une partie
considérable du genre humain,
qui vit presque uniquement de ces animaux.
Les
Sauvages, comme par exemple les kamtschadales,
les brésiliens,
savent préparer le poisson de toutes
sortes de manières; ils en font
même une sorte
de farine, des gâteaux, etc. Il est plusieurs peu-
ples, tels que les insulaires de l'océan pacifique,
dont
la pêche est la principale occupation, et
qui doit être pour eux une
sorte d'étude qui exige
de la réflexion, à en juger d'après les outils
in-
génieux qu'ils ont inventés pour cet objet.
Mais
aussi, pour une grande partie des peuples cul-
tivés, la pêche est extrêmement importante. Le
hareng, par exemple, le
cabillaud, le thon, sont
des objets de commerce; on brûle
très-souvent
dans les lampes de l'huile de requin, de hareng, etc.
[Seite 324] Les habitans des
côtes orientales de la partie
moyenne de l'Asie, tannent des peaux de
saumon
et s'en revêtent. On emploie dans les arts plu-
sieurs parties de quelques poissons. Les écailles
de l'ablette servent
à faire des fausses perles; la
peau des raies et des requins nous
fournit ce
qu'on nomme le chagrin: tout le monde connoît
la colle de
poisson, etc.
Les poissons carnassiers font le plus de tort,
sur-tout les requins dans
les mers, et les brochets
dans l'eau douce. On prétend aussi qu'il y
a
quelques poissons qui, du moins dans certains
pays, sont venimeux,
de sorte que ceux qui
en mangent en peuvent mourir. Quelques
espèces
des tetrodons seroient de ce nombre; cependant le
citoyen
Lacépède ne croit pas qu'il y ait de pois-
sons venimeux de leur nature.
La classification systématique des poissons
n'est pas encore parfaite; en
attendant, on les
divise en général en deux classes principales:
A. Les poissons cartilagineux (Pisces carti-
laginei), qui n'ont pas de véritables
arêtes: et
B. Les poissons épineux (pisces
spinosi),
qui sont pourvus d'arêtes.
On divise les cartilagineux en deux ordres,
que le citoyen Lacépède a déterminés d'après
l'absence ou la
présence de l'opercule branchial,
et dans lesquels il fait entrer,
d'après cette dis-
tinction, les genres appartenans à
cette classe;
savoir:
Ordre | |||
1.er | lat. |
Chondroptéri- giens. Gondropterygii |
Sans opercule bran- chial. |
2.e | lat. |
Branchiostegi. Branchiostegi. |
A opercule branchial. |
Quant aux poissons épineux ou poissons pro-
prement dits,
Linnée les a classés d'après la con-
formation et la position des nageoires ventrales.
Les cartilagineux de cet ordre n'ont point
d'o-
percule branchial, et dans la plupart d'entre
eux
la bouche se trouve au côté inférieur de la tête.
(Branchies à sept ouvertures au côté du
cou;
trou sur le vertex; nageoires
pectorales
ou ventrales nulles).
1. | lat. all. angl. |
La Lamproie pro- prement dite. P. marinus. die Lamprete. the Lamprey. |
Bouche papilleuse in- térieurement, nageoire dorsale postérieure, dis- tincte de la queue. Bloch, pl. 77. |
Dans la mer du nord, ainsi que dans la mé-
diterranée et dans d'autres mers. Elle remonte
quelquefois
dans les fleuves, à plus de huit mil-
les de
distance de la mer. Elle a à-peu-près trois
pieds de long.
2. | lat. |
La Lamproie de rivière, la Pric- ka. P. fluviatilis. |
Nageoire dorsale pos- térieure anguleuse. Bloch, pl. 78. |
Dans les grandes rivières. A moitié aussi grosse
que l'espèce
précédente.
(Deux ouvertures branchiales ventrales;
trou
sur le museau; nageoires pectorales
ou ventrales nulles).
Ce genre équivoque étoit autrefois compté
parmi les vers, sous le
nom de myxine.
1. | lat. all. angl. |
Le Gastrobranche aveugle. G. cæcus (myxine glutinosa. Lin. der Blindfisch, der Schleimaal. the Hag. |
Bloch, pl. 413. |
Sur les côtes de l'océan atlantique septentrio-
nal. On prétend qu'il n'a pas d'yeux.
(Branchies à cinq ouvertures sous le cou;
corps
déprimé; bouche sous la tête).
C'est un genre conformé et organisé parfois
singulièrement. Il y
a dans ce genre plusieurs
[Seite 329] espèces qu'autrefois on savoit sécher et
défigurer,
et dont on faisoit de prétendus bazilics. Quelques-
unes, par la
ressemblance de la partie inférieure
de leur tête avec le visage
d'un homme, auront
probablement fait naître la fable des
sirènes.*
Quoique les raies ne déposent qu'un œuf à
la
fois, cependant elles se multiplient tellement, que
dans
quelques parties, l'océan en est comme cou-
vert.
Les œufs ont une écaille cornue avec qua-
tre
pointes, et sont connus sous le nom de rats-
de-mer.
1. | lat. all. angl. |
La Torpille. R. torpedo. die Zitter Roche. the Krempfisch. |
Toute lisse, à cinq taches dorsales orbiculées. Philos, transact. vol. 63, pl. 19, suiv. |
Particulièrement dans la méditerranée. C'est
le plus connu de
tous les poissons électriques
(§ 110). Il y a des pays où on la
mange.
2. | lat. all. angl. |
La Raie lisse. R. batis. der glett Roche. the Skate. |
Variée; milieu du dos glabre; queue armée d'une seule rangée d'aiguillons. Bloch, pl. 79. |
Dans les mers d'Europe. Pèse deux cents livres.
Sa chair a
très-bon goût.
lat. all. angl. |
nette. R. pastinaca. d. Stachelroche. the sting Ray. |
ment sur la queue, et dos aptérigien. Bloch, pl. 82. |
Dans plusieurs océans. L'aiguillon de sa queue
n'est pas
venimeux; mais l'animal, et aussi les
sauvages s'en servent
comme d'une arme.
(Branchies à cinq ouvertures sur les côtés
du
cou; corps oblong, presque térète; bou-
che dans
la partie antérieure de la tête).
1. | lat. all. angl. |
L'Aguillat. S. acanthias. der Dornhay. the Picked dog, the Tornhound. |
Nageoire anale nulle, nageoires dorsales épi- neuses, corps téretiuscule. Bloch, pl. 85. |
Dans les mers d'Europe. A trois rangées de
dents dans chaque
mâchoire.
2. | lat. all. angl. |
Le Marteau. S. zigaena. d. Hammerfisch. the balance Fisch. |
Tête très-large, trans- versale, en forme de mar- teau. Bloch, pl. 117. |
Dans la plupart des océans. Les yeux sont aux
deux extrémités de
sa tête, qui a la forme d'un
marteau.
Est sur-tout très-commun dans l'océan atlan-
tique.
Il pèse quelquefois mille livres, et on a
trouvé dans son
estomac des chevaux entiers.
Il a six rangées de dents; ces
dents (comme
en général chez la plupart des squales) ne
sont
pas enfoncées dans des cavités solides, mais
sont
jointes avec les mâchoires, par une sorte d'ar-
ticulation. La rangée antérieure de ces dents
est
proprement celle dont l'animal se sert pour dé-
chirer sa proie. Celles qui sont dans le fond,
sont
au moins, lorsque le requin est jeune encore,
dirigées
en arrière. Ce sont pour ainsi dire des
dents de remplacement,
pour pouvoir réparer
plusieurs fois la perte accidentelle de
celles de la
rangée de devant.
4. | lat. all. angl. |
La Scie de mer, l'Espadon. S. pristis. der Sægefische. the Sawfish. |
Nageoire anale nulle; museau uniforme, osseux, plane, dentelé de chaque côté. Bloch, pl. 120. |
Entre autres dans l'océan atlantique septentrio-
nal. Cet animal porte devant sa tête une arme
large, en forme
d'épée, longue de plus de six
pieds, et dont les deux bords
latéraux sont garnis
au moins d'une vingtaine de dents fortes et
immo-
biles.
(Nageoires pectorales semblables à des
bras;
ouvertures branchiales solitaires à côté
des bras).
1. | lat. all. angl. |
La Raine pêche- resse, la Gre- nouille pêcheu- se. L. piscatorius (ra- na piscatrix). der Froschfisch. the Frogfish. |
Déprimée, à tête arron- die. Bloch, pl. 87. |
Dans les mers d'Europe. Sa tête énorme for-
mant la
plus grande moitié de tout son corps,
et les tentacules charnues
qui sont à sa bouche
et lui servent comme d'appât (§ 110), lui
don-
nent une figure horrible.
(Tête comprimée; ouverture au-dessus
des
nageoires pectorales; corps comprimé à
écailles coadnées au
cuir; abdomen caréné).
(Ouvertures branchiales solitaires, qua-
drifides sous le cou; lèvre supérieure de
la
bouche à cinq divisions; deux incisives à
chaque
mâchoire).
1. | lat. all. angl. |
La Chimère arcti- que, le roi des Harengs du nord. C. monstrosa. der Seeaffe. the Sea fox, the Seaape. |
A museau plissé en des- sous et troué. Bloch, pl. 124. |
Dans l'océan atlantique septentrional.
Poissons cartilagineux, pourvus
d'opercules
des branchies.
(Ouvertures branchiales latérales soli-
taires, linéaires; bouche sous la tête, ré-
tractile, édentée; quatre
barbillons sous le
museau avant la bouche).
1. | lat. all. angl. |
L'Esturgeon ordi- naire. A. sturio. der Slœr. the Sturgeon. |
Onze écailles dorsales. Bloch, pl. 88. |
Dans toutes les mers d'Europe, ainsi que dans
la mer Caspienne,
dans le Wolga, dans le Nil. Il
est, ainsi que les autres espèces
de ce genre, l'objet
d'une pêche importante pour beaucoup de
peu-
ples, soit à cause de sa chair, soit pour ses
œufs,
dont on fait le caviar. Il peut
peser près de mille
livres. Souvent on trouve une grande
quantité
de ces animaux ensemble; ils se suivent les uns
les
autres; et cette procession longue et étroite
fait dire que l'on
trouvoit dans les mers du nord
des serpens aquatiques
monstrueux.
2. | lat. all. angl. |
Le Strélet. A. ruthenus. der Sterlet. the caviar Stur- geon. |
Quinze écailles dorsales. Bloch, pl. 89. |
Ce poisson, dont le goût est excellent, se trouve
le plus
communément dans la mer Caspienne et
le Wolga. Il pèse rarement
plus de trente livres.
3. | lat. all. angl. |
Le grand Estur- geon. A. huso. der Hausen, der Beluga. the Isinglasfish. |
Treize écailles dorsales, quarante-trois caudales. Bloch, pl. 129. |
Est du même pays que le précédent. C'est prin-
cipalement avec les membranes et la vessie na-
tatoire du grand esturgeon que l'on fait de la
colle
de poisson; cependant on en fait aussi de l'es-
turgeon ordinaire, ainsi que d'une autre
espèce
de ce genre, l'acipensère étoilé qui fournit éga-
lement le meilleur caviar; on la prépare
aussi
parfois avec la vessie natatoire du mâle (Silurus
glanis).
(Corps cuirassé d'un os d'une seule
pièce;
nageoires ventrales nulles).
Ainsi que l'espèce suivante, dans la mer des
Indes
orientales.
2. | lat. all. angl. |
Le Coffre à deux piquans, le Tau- reau de mer. O. cornutus. der Seestier. the Horned bone- fish. |
Tétragone, deux aiguil- lons sur le front et deux sous la queue. Bloch, pl. 133. |
Un joli petit animal dont la cuirasse est mar-
quée
très-régulièrement, ordinairement en hexa-
gone,
comme les cellules des abeilles.
(Corps muriqué en dessous; nageoires
ventrales
nulles).
1. | lat. all. angl. |
Le poisson souf- fleur. T. lagocephalus. der Sternbauch. the Hare globfish. |
Abdomen aiguillonné, corps lisse, épaules proé- minentes. Bloch, pl. 140. |
Est très-commun dans le Sénégal. Ceux que
l'on prend dans le
fleuve, assez avant dans l'in-
térieur du pays,
sont très-bons et très-sains à
[Seite 337] manger; mais ceux qui
sont près de la mer, à
l'embouchure du fleuve, sont
venimeux.
2. | lat. all. angl. |
Le Tétrodon élec- trique. T. electricus. der electrische Stachelbauch. the new electrical Fish. |
Corps tacheté, nageoi- res vertes. Philos, transactions, vol. 76, p. 11, pl. 13. |
Un des cinq poissons électriques connu jusqu'à
présent (§ 110)
dans les Indes orientales, à l'île
Sainte-Johanna.
3. | lat. all. angl. |
Le Flascopsaro. T. hispidus (or- bis). der Kugelfisch. the Moonfish. |
Tout hérissé de papil- les cétacées. Bloch, pl. 142. |
Dans la mer rouge, ainsi que dans les eaux
douces des pays
voisins.
4. | lat. all. angl. |
La Lune de mer. T. mola. der Klumpfisch. the Sunfish. |
Lissé, comprimée, queue tronquée, nageoire dorsale très-courte, réu- nie avec la nageoire anale. Hamburg, magasin 18, B. tab. 1. |
Est très-commune dans la Méditerranée et dans
la mer atlantique.
Elle pèse parfois cinq quin-
taux. Elle doit son
nom allemand à sa figure
informe; mais elle tire ses noms
françois et an
[Seite 338] glois de l'éclat phosphorique dont brillent
ses
flancs et son bas-ventre, lorsqu'elle est en vie.
(Corps semé par-tout d'aiguillons poin-
tus, mobiles; nageoires ventrales nulles).
1. | lat. all. angl. |
L'Orbe hérisson. D. histrix. der Stachelfisch. the Porcupine- fish. |
Oblong, à aiguillons térètes. Bloch, pl. 126. |
Particulièrement dans l'Océan atlantique, nom-
mément sur les côtes de l'Amérique septentrio-
nale.
(Tête obtuse; nageoires ventrales réunies
en
disque).
1. | lat. all. angl. |
Le Lièvre de mer, le Lump. C. lumpus. der Seehase. the Lumpsucker. |
Corps couvert d'écaillés osseuses, anguleux. Bloch, pl. 9°. |
Dans les mers septentrionales de l'ancien monde.
Il s'attache
fortement aux vaisseaux, aux rochers,
etc., avec le plastron
plat et à côtes qui couvre
sa poitrine.
(Tête prolongée en bec très-étroit, abdo-
men caréné, nageoires ventrales unies).
(Museau presque cylindrique, à
bouche
operculée, à mâchoire inférieure plus mo-
bile, corps cataphracté, nageoires
ventrales
nulles).
1. | lat. all. angl. |
L'Aiguille de mer. S. acus. die Meernadel. the Pipe. |
Nageoires caudale, ana- le et pectorales rayon- nées; corps à sept angles. Bloch, pl. 91, fig. 2. |
Dans la mer du Nord et dans la Baltique.
2. | lat. all. angl. |
Le Cheval marin, l'Hyppocampe. S. hippocampus. das See-Pferd- chen. the sea Horse. |
Queue quadrangulaire, sans nageoires; corps à sept angles, tuberculé. Bloch, pl. 109, fig. 3. |
Dans la Méditerranée et dans d'autres mers.
On lui a donné les
noms qu'il porte, parce
qu'on a comparé sa partie antérieure à
une tête
et à une encolure de cheval. Quand il meurt,
il se
courbe comme une S, et il ressemble alors
au cavalier des
échecs.
(Bouche à trompe rétractile; museau,
ensiforme,
linéaire; corps articulé, à sec-
tions osseuses,
cataphracté; nageoires ven-
trales placées sous
l'abdomen).
1. | lat. all. angl. |
Le Dragon de mer. P. draconis. der Seedrache. the Pegasus. |
Museau conique. Bloch, pl. 109, fig. 1, 2. |
Dans la mer des Indes. Ses grandes et larges
nageoires pectorales
ressemblent à des ailes dé-
ployées, et lui auront
probablement fait donner
son nom.
Cet ordre et les trois suivans
comprennent
les poissons proprement dits, ou pourvus
d'arêtes.
Nous parlerons d'abord de ceux qui n'ont pas
de
nageoires ventrales.
(Tête lisse, narines tubuleuses, mem-
brane branchiostège, dix rayons, corps té-
rétiuscule, gluant; nageoire dorsale, cau-
dale et anale réunies; ouverture branchiale
près
de la tête ou des nageoires pectorales).
1. | lat. all. angl. |
La Murène com- mune. M. helena. die Muræne. the Murena. |
Nageoires pectorales nulles. Bloch, pl. 135. |
Poisson de proie extrêmement vorace; il habite
dans les mers
chaudes des deux hémisphères.
2. | lat. all. angl. |
L'Anguille. M. anguilla. der Aal. the Eel. |
Mâchoire inférieure plus longue, à corps d'une seule couleur. Bloch, pl. 73. |
Dans les fleuves des deux mondes. Elle va
quelquefois à terre,
dans les prairies, les blés,
[Seite 342] etc.; elle a une vie extrêmement tenace, et
son
cœur conserve du mouvement et son irritabilité
quarante
heures après avoir été arraché. D'après
les observations les
plus exactes, il est sûr qu'elle
est vivipare.
(Tête à opercules latéraux, deux tenta-
cules à la lèvre supérieure, memb. branch.
cinq
rayons, corps comprimé, caréné en
dessous par une nageoire).
1. | lat. all. angl. |
L'Anguille élec- trique. G. electricus. der Zitteraal. the Numeel, the Electricaleel. |
Nu, dos aptérygien, nageoire caudale très-ob- tuse, réunie avec l'anale. Bloch, pl. 156. |
Particulièrement à Surinam et à Cayenne, où.
Van Berkel* Va fait connoître le premier. Elle
a
à-peu-près la longueur d'un homme.
(Tête tendue, à opercules latéraux,
dents
ensiformes demi-sagittées à la pointe, inci-
sives plus grandes, memb. branch. sept
rayons,
corps comprimé ensiforme, queue
subulée, aptère).
1. | lat. all. angl. |
La Ceinture d'ar- gent. T. lepturus. d. Spitzschwanz. the Swordfish. |
Mâchoire inférieure plus longue. Bloch, pl. 158. |
2. | lat. all. |
Le Trichiure des Indes. T. indicus. der indische De- genfisch. |
Mâchoires égales. Willoughby, app. tab. 3, fig. 2. |
Dans la mer des Indes. Egalement un poisson
électrique (§
110).
(Tête presque obtuse; dents antérieures
en haut
et en bas, coniques, divergentes, au
nombre de six ou plus;
molaires inférieures
et palatines arrondies; memb. branch.
six
rayons; corps térétiuscule; nageoire cau-
dale distincte).
(Tête comprimée, lèvre supérieure dou-
ble, dents acérées, memb. branch. sept
rayons,
corps térétiuscule, queue distincte).
(Tête presque nue, mâchoires, palais et
gosier
armés de dents, memb. branch. sept
rayons, ouverte, corps
ensiforme).
(Tête comprimée, mâchoires et palais
armés de
dents, corps ové, large, gluant,
queue bifide).
(Tête terminée par un museau ensifor-
me, et qui forme la mâchoire supérieure
bouche
édentée; memb. branch. huit rayons,
corps presque térète).
1. | lat. all. angl. |
L'Épée de mer, l'Empereur. X. gladius. der Schwert- fisch. the Whale-killer. |
Mâchoire inférieure ai- guë, triangulaire. Bloch, pl. 76. |
Dans les mers du Nord et du Sud. Il a, avec
son épée, dix-huit
pieds de long, et il pèse en-
viron cinq
quintaux.
Poissons dont les nageoires ventrales
sont
placées en avant des pectorales.
(Tête ayant la lèvre supérieure repliée;
yeux
rapprochés; memb. branch. six rayons,
ouverte par des trous sur
la nuque, oper-
cules fermés, corps nu, nageoires
ventrales
très-écartées).
(Tête déprimée, raboteuse, plus grande,
bouche
camarde, mâchoire supérieure plus
courte, membrane branchiostage
à cinq
rayons, anus dans le milieu du corps).
(Tête presque raboteuse, comprimée,
membrane
branch. à six rayons, anus près
de la poitrine).
(Corps lisse, memb. branch. à sept
rayons
térètes; nageoires revêtues d'une peau com-
mune, pectorales acuminées).
1. | lat. all. angl. |
L'Anon. G. æglefinus. der Schellfisch. the Hadock. |
Triptérygien, à barbil- lon; corps blanchâtre, queue bilobée, mâchoire supérieure plus longue. Bloch, pl. 62. |
Dans toute la partie de l'Océan qui baigne le
nord de l'Europe,
particulièrement vers les côtes
d'Angleterre et d'Ecosse.
Beaucoup de poissons brillent d'une lumière
phosphorique, après
leur mort, dans de certaines
circonstances; chez l'Anon, cette
lueur est par-
fois d'une force étonnante et d'une
très-longue
durée.
2. | lat. all. angl. |
Le Narwaga. G. callarias. der Dorsch. the Torsk. |
Triptérygien, àbarbil- lons, varié; queue en- tière, mâchoire supérieu- re plus longue. Bloch, pl. 63. |
Son séjour est le même que celui du précédent.
3. | lat. all. angl. |
La Morue. G. morrhua (asel- lus). der Kabeljau. the Codfish. |
Triptérygien, à barbil- lons, queue presque éga- le; premier rayon anal épineux. Bloch, pl. 64. |
On comprend, sous ce nom commun, plu-
sieurs
espèces analogues de ce genre qui sont
d'une extrême importance,
à cause de leur grande
quantité, des préparations variées qu'on
leur fait
subir, et de la facilité avec laquelle elles se
con-
servent, étant salées ou desséchées. Elles se
trou-
vent sur-tout dans les régions
septentrionales de
l'Océan atlantique et de la Mer-Pacifique,
où
elles sont un objet de pêche des plus
importans,
particulièrement aux environs de Labrador, sur
le
banc de Terre-neuve, près de l'Islande et vers
les côtes
septentrionales de la grande Bretagne.
4. | lat. all. angl. |
Le Merlan. G. merlangus. der Witling. the Whiting. |
Triptérygien, sans bar- billons, blanc; mâchoire supérieure plus longue. Bloch, pl. 65. |
(Tête déclive, couverte; merab. branch.
six
rayons; corps lancéolé, nageoire anale
distincte).
1. | lat. all. angl. |
Le Percepierre vivipare. B. viviparus. die Aalmutter. the Guffer, the Eelpont. |
Bouche garnie de deux tentacules. Bloch, pl. 72. |
Dans la mer Méditerranée, la mer du Nord,
etc. Est vivipare.
Poissons dont les nageoires ventrales sont
pla-
cées sous les pectorales.
(Tête presque ronde, comprimée; bouche
camarde,
dents courbées à rangée simple;
memb. branch. six rayons; corps
ensiforme,
nu, abdomen à peine de la longueur de
la
tête).
(Tête déprimée, plane en dessus, mar-
ginée, sillonnée transversalement; memb.
branch.
dix rayons).
1. | lat. all. angl. |
Le Sucet. E. remora. der Saugefisch. the Suckingfish. |
Queue fourchue, 18 stries sur la tête. Bloch, pl. 172. |
Dans les océans tempérés. Ce singulier animal
peut, au moyen des
sillons transversaux qui cou-
vrent la partie
postérieure de sa tête, s'attacher
[Seite 351] très-fortement aux
vaisseaux, aux requins, etc.
On croyoit anciennement qu'un seul
étoit ca-
pable d'arrêter un vaisseau qui voguoit
à pleines
voiles. On n'a plus besoin de réfuter ce conte.
(Tête tronquée et déclive, membrane
branch.
cinq rayons, nageoire dorsale de
la longueur du dos).
1. | lat. all. angl. |
Le Dauphin d'A- mérique, la Do- rade. C. hippurus. der Goldcarpfe. the Dolphin. |
Queue bifide, 60 rayons dorsaux. Bloch, pl. 174. |
Dans la mer Atlantique. Un animal magnifi-
que qui,
sur-tout en mourant, présente les plus
belles couleurs. Son
jaune tire alors sur le bleu
et le rouge de pourpre.
(Tête à deux pores entre les yeux rap-
prochés, l'un plus antérieur que l'autre;
memb.
branch. quatre rayons, nageoires
ventrales réunies en une seule
ovée).
1. | lat. all. angl. |
Le Boulereau. G. niger. die Meergrundel. the black Goby. t. sea Gudgeon. |
Quatorze rayons à la seconde nageoire dorsale. |
Dans l'océan Atlantique et dans la mer des
Indes. Fait sa
principale nourriture de plusieurs
espèces de gades.
(Tête plus large que le corps, épineuse,
memb.
branch. six rayons).
1. | lat. all. angl. |
Le Chabot cui- rassé. C. cataphractus. der Knurrhahn. the Pogge. |
Cuirassé; museau cou- vert de verrues bifides, tête garnie de barbillons en dessous. Bloch, pl. 38, fig. 3, 4. |
Sur les côtes septentrionales de l'Europe et de
l'Amérique.
2. | lat. all. angl. |
Le Télard. C. gobio. der Kaulkopf. the Bullhead. |
Lisse; tête armée de deux épines. Bloch, pl. 38, fig. 1, 2. |
Poisson très-commun dans les rivières d'Europe.
La femelle dépose
ses œufs dans un trou au fond
de l'eau, et les garde avec grand
soin jusqu'à ce
que les petits soient éclos.
(Tête grande, aiguillonnée, yeux
voisins,
mâchoires, palais et gosier armés de dents,
memb.
branch. sept rayons).
(Tête comprimée, déclive; lèvre supé-
rieure voilée par une membrane transver-
sale, langue subulée, memb. branch. à sept
rayons
perpendiculaires, l'inférieur dans une
direction transversale,
corps comprimé).
1. | lat. all. angl. |
Le Vomer. Z. Vomer. d. Pflugschaar. the Silverfish. |
Queue fourchue, épine retombante avant la na- geoire anale et celle dor- sale. Bloch, pl. 193. |
(Les deux yeux du même côté du front,
memb.
branch., quatre jusqu'à sept rayons;
corps comprimé, un côté
représentant le dos,
l'autre l'abdomen).
Les pleuronectes ou les soles sont les seuls ani-
maux dans la nature qui aient les yeux placés
du même côté,
c'est-à-dire, quelques espèces
à droite, d'autres à gauche; il
est très-rare que
[Seite 354] l'on trouve parmi eux des monstres qui,
par
anomalie, aient leurs yeux autrement placés
qu'ils ne
doivent l'être. Leurs deux narines sont
également placées de
côté. Ils nagent dans une
position oblique, le côté des yeux
tourné en haut.
1. | lat. all. angl. |
La Plie. P. platessa. die Scholle. the Plaise. |
Yeux à droite, corps glabre, six tubercules à la tête. Bloch, pl. 42. |
Particulièrement dans les mers du nord, ainsi
que l'espèce
suivante.
Pèse quelquefois quatre cents livres. Se trouve
en très-grande
quantité dans le nord de l'océan
pacifique.
(Dents [chez la plupart] cotacées, flexi-
bles, très-serrées, très-nombreuses;
memb.
branch., rayons six, corps peint, nageoires
dorsales
et anales charnues et écailleuses).
1. | lat. all. |
La Bandoulière à bec. C. rostratus. d. Schnabelfisch. |
Queue entière, neuf épines et tache en forme d'œil à la nageoire dor- sale, museau cylindri- que. Bloch, pl. 202. |
Dans les Indes orientales. La mâchoire supé-
rieure
se termine en un tuyau par lequel l'animal
jette de l'eau aux
insectes qui se trouvent sur les
plantes aquatiques: les
insectes mouillés tombent
et la bandoulière les avale.
(Incisives très-fortes, molaires obtuses
[Seite 356] serrées; lèvres
simples, memb. branch., cinq
rayons, corps comprimé, nageoires
pecto-
rales acuminées).
1. | lat. all. angl. |
La Dorade. S. aurata. d. Goldbrachsen. the lunated Gil- thead. |
Croissant d'or entre les yeux. Bloch, pl. 266. |
Dans la mer Atlantique et la Méditerranée.
Tire son nom, dans
presque toutes les langues,
du croissant doré qu'elle a devant
les yeux.
2. | lat. all. angl. |
Le Sarguet. S. Sargus. d. Geissbrachsen. the red Gilt-head, the sea Bream. |
Ocelle sons la queue, corps marqué de bandes noires. Bloch, pl. 264. |
Dans la Méditerranée. On prétend que dans
le temps de leurs
amours les mâles se battent
pour leurs maîtresses, avec autant
d'animosité
que les oiseaux et les mammifères.
(Dents aiguës, lèvres doubles, grandes,
[Seite 357] memb.
branch., six rayons; rayons de la
nageoire dorsale augmentés
postérieurement
d'une raclure filiforme; pectorales
arrondies).
1. | lat. all. angl. |
La Girelle. L. julis. der Meerjunker. the Rainbowfish. |
Côtés bleuâtres, bande- lette longitudinale fau- ve, dentelée de chaque côté. Bloch, pl. 287. |
De la Méditerranée. Est long comme le doigt,
a des couleurs
superbes, tourmente ceux qui se
baignent; sa morsure est
douloureuse comme
une piqûre de cousin.
(Tête toute couverte d'écailles, memb.
branch.,
six rayons; opercules écailleux,
fossette le long du dos pour
cacher la na-
geoire dorsale).
1. | lat. all. |
La Sciæne noire. S. nigra. d. schwarze Sciæ- na. |
Toute noire; ventre d'un brun blanchâtre. Bloch, pl. 297. |
De la mer Rouge, ainsi que plusieurs autres
espèces de ce
genre.
(Opercules épineux, serretés antérieu-
rement, memb. branch., sept rayons, corps
armé de
nageoires épineuses).
1. | lat. all. angl. |
La Perche de ri- vière. P. fluviatilis. der Barsch. the Perch. |
Nageoires dorsales dis- tinctes, la seconde à seize rayons. Bloch, pl. 52. |
(Memb. branch., trois rayons, corps
caréné des
deux côtés jusqu'à la queue, na-
geoires ventrales
proche les pectorales, mais
sur le sternum).
(Tête comprimée, lisse, memb. branch.
sept
rayons, corps lisse, ligne latérale ca-
rénée en
arrière, souvent de fausses na-
geoires vers la
queue).
1. | lat. all. angl. |
Le Maquereau. S. scomber. die Makrele. the Mackrel. |
Cinq fausses nageoires. Bloch, pl. 54. |
Dans la mer Atlantique et dans celle du Nord.
Poisson de proie
très-vorace, mais d'un goût ex-
cellent. Les
anciens faisoient de cette espèce et
de l'espèce suivante une
sauce excellente, qu'ils
nommoient garum.
2. | lat. all. |
La Pelamide. S. pelamys. die Bonite. |
Sept fausses nageoires inférieures, abdomen marqué de chaque côté de quatre lignes noires. |
Dans tous les océans des pays chauds. Ce pois-
sons
a aussi après sa mort un éclat phosphori-
que
très-fort, et c'est lui peut-être, ainsi que
plusieurs autres
poissons, qui fait briller l'eau
de la mer.
3. | lat. all. angl. |
Le Thon. S. thynnus. der Thunnfisch. the Tunny. |
Huit fausses nageoires de chaque côté. Bloch, pl. 55. |
Dans la mer du Nord, la Méditerranée, les
deux Indes, etc. A
quelquefois la longueur d'un
homme, et pèse alors près de cinq
quintaux. Il
est quelquefois venimeux.* L'albicore,
que les
voyages dans la mer du sud ont fait
connoître,
ressemble au thon.
(Tête comprimée déclive, couverte d'écail-
les; memb. branch. trois rayons, corps cou-
vert de grandes écailles; facilement caduques).
1. | lat. all. angl. |
Le Rouget. M. barbatus. die Rothbart. t. Redsurmullet. |
Deux barbillons, corps rouge. Bloch, pl. 348, fig. 2. |
De la Méditerranée. Un très-beau poisson et
de très-bon goût.
Environ un pied de long.
Poissons dont les nageoires ventrales sont
pla-
cées en arrière des pectorales. Ils vivent
presque
tous dans l'eau douce.
(Yeux sur la partie supérieure de la
tête,
memb. branch., quatre-six rayons, queue
moins rétrécie
vers la nageoire).
1. | lat. all. |
Le Gros-yeux. C. anableps. das Vierauge. |
Deux barbillons, tête déprimée, yeux saillans. Bloch, pl. 361. |
Près de Surinam. Est vivipare, et sur-tout
remarquable par la
figure de sa prunelle, et par
la conformation unique en son
espèce de la
cornée qui est comme coupée par la moitié,
en
deux sections*.
2. | lat. all. angl. |
La Loche. C. barbatula. der Schmerling. the Loach. |
Six barbillons, tête inerme comprimée. Bloch, pl. 31, fig. 3. |
Il y en a plusieurs variétés, avec ou sans bar-
[Seite 362] billons.
Les plus grandes se trouvent dans l'Aar,
eu Suisse.
3. | lat. all. angl. |
Le Missgurn. A. fossilis. der Wetterfisch. the Mudfish. |
Six barbillons, épine sur les yeux. Bloch, pl. 31, fig. 1. |
D'Europe. Peut, comme le chabot cuirassé,
faire entendre un
bruissement. Lorsqu'on le con-
serve dans des
verres, avec du sable dans le fond,
il s'agite quand le temps
doit changer.
(Tête nue, bouche garnie de
barbillons
filiformes, tentaculée; memb. branch. de
quatre
rayons à quatorze; premier rayon
des pectorales, ou de la
dorsale épineux,
denté en arrière).
1. | lat. all. angl. |
Le Mal. S. glanis. der Wels. the Sheatfish. |
Une seule nageoire dor- sale, scapulaire sans rayons; six barbillons. Bloch, pl. 34. |
Dans les climats tempérés de l'ancien monde.
Le plus grand
poisson d'eau douce, qui pèse en-
viron trois
quintaux. Ses longs barbillons et sa
tête d'une grandeur et
d'une largeur énorme,
lui donnent une physionomie
singulière.
lat. | S. cataphractus. | une rangée simple d'é- cailles; six barbillons, queue entière. Castesby, vol. 3 pl. 19. |
Également un poisson électrique (§ 100). Se
trouve dans le Nil et
dans plusieurs autres fleuves
d'Afrique; a environ vingt pouces
de long. On
peut le manger.
(Tête lisse déprimée, bouche édentée re-
tractile; memb. branch., six rayons,
corps
cataphracte).
(Tête lisse, dents sur les mâchoires et sur
la
langue; memb. branch., 4–10 rayons;
nageoire dorsale postérieure
adipeuse; na-
geoires ventrales multiradiées).
1. | lat. all. angl. |
Le Saumon. S. salar. der Lachs. the Salmon. |
Museau proéminent, au-delà de la mâchoire inférieure. Bloch, pl. 20-98. |
Dans les mers et les fleuves du nord, et par-
fois,
comme à Labrador et dans le pays d'Amur,
dans une quantité
énorme. Il se tient l'été dans
les rivières, et l'hiver dans la
mer. Les mâles
seuls ont une mâchoire inférieure courbée.
Les
femmes des tongous-orotchys savent assouplir et
tanner
les peaux de saumons, et elles s'en servent
pour s'en
revêtir.
2. | lat. all. angl. |
La Truite saumo- née. S. trutta. die Lachsforelle. the Seatront. |
Ocelles noirs, iris bru- nes, nageoire pectorale marquée de six points. Bloch, pl. 21. |
Sur les côtes et dans les fleuves d'Europe. Pèse
huit à dix
livres.
3. | lat. all. angl. |
La Truite com- mune. S. fario. die Forelle. the Trout. |
Taches rouges, mâ- choire inférieure un peu plus longue, Bloch, pl. 22-23. |
En Europe et dans l'Asie tempérée, dans les
ruisseaux qui coulent
dans les bois. Pèse rare-
ment plus de deux
livres. Son goût et sa couleur
varient extrêmement.
4. | lat. all. angl. |
La Bergforelle. S. alpinus. die Alpenforelle. the Charr. |
Dos noir, flancs bleus, Ventre fauve. Bloch, pl. 104. |
Dans l'Europe septentrionale et alpine. Un ani-
mal
intéressant pour les lapons de Suède, dont
il fait presque toute
la nourriture. Ce poisson vit
particulièrement de cousins (culex pipiens).
5. | lat. all. angl. |
L'Éperlan. S. eperlanus. der grosse Stint. the Smelt. |
Tête diaphane, na- geoire anale à dix-sept rayons. Bloch, pl. 28, fig. 2. |
Dans le nord de l'Europe. Presque transparent.
Il ressemble à
l'angmarset (salmo arcticus)
que les
groënlandois mangent au lieu de pain ou
de gâteau, et qui est,
après le veau marin dont
ils font leur principale nourriture,
l'animal qu'ils
aiment le plus.
6. | lat. all. angl. |
Le Lavaret. S. lavaretus. der Schnepel. the Gwiniad. |
Mâchoire supérieure plus longue, nageoire dorsale à quatorze rayons. Bloch, pl. 25. |
Dans la mer du Nord et la Baltique, égale-
ment
dans ta baie d'Hudson. C'est à cette espèce
[Seite 366] qu'appartiennent
l'aalbock et le felchen du lac
de Constance, qui paraissent être les mêmes
que
la ferra du lac de Genève.
(Tête en museau, cylindrique, dont le
sommet
porte les mâchoires, memb. branch.
à 7 rayons; corps anguleux
presque fusi-
forme.
1. | lat. all. angl. |
La Pipe, la Pe- timbe. F. tabacaria. die Tabacspfeife. the Tabaccopipe. |
Queue bifide sétifère. Bloch, pl. 387. |
Cet animal, si singulièrement conformé, qui
a une toute petite
bouche sur un museau extrê-
mement long, se trouve
sur les côtes orientales
des pays chauds de l'Amérique, et dans
la nou-
velle Hollande.
(Tête presqu'aplatie en dessus, mandi-
[Seite 367] bule supérieure plane plus courte,
l'infé-
rieure ponctuée, dents sur les mâchoires
et
sur la langue, memb. branch. à 7–12
rayons).
1. | lat. all. angl. |
Le Brochet. L. lucius. der Hecht. the Pike. |
Museau déprimé, pres- que égal. Bloch, pl. 32. |
Dans plusieurs fleuves et lacs d'Europe, d'Asie
et de l'Amérique
septentrionale. Un des poissons
les plus voraces, qui dévore
non-seulement d'au-
tres poissons, mais aussi
toute sorte d'amphibies,
des crapauds, des oiseaux aquatiques,
de petits
mammifères, et parfois aussi des écrevisses.
2. | lat. all. angl. |
L'Orphie. L. belone. der Hornfisch. the Garpike. |
Chaque mâchoire alon- gée en bec subulé. Bloch, pl. 33. |
Dans les mers d'Europe, parfois en troupes in-
nombrables. Ses arêtes sont vertes comme si elles
étoient
teintes.
(Tête lisse, aspérité des dents sur le bord
des
mâchoires et du palais, memb. branch.
garnie de trente rayons,
et en outre armée
extérieurement dans le milieu de cinq
dents).
(Dents sur la mâchoire, sur la langue,
memb.
branch. huit rayons; anus voisin de
la queue, nageoires
ventrales multiradiées).
(Tête à mâchoire supérieure presque apla-
tie, membr. branch. à six rayons; corps-
marqué d'une zone latérale d'argent).
(Tête carénée intérieurement dans sa
[Seite 369] partie
inférieure; lèvres membraneuses, dents
nulles, denticule
infléchi au-dessus du sinus
de la bouche, memb. branch. à sept
rayons
courbes; opercules lisses, arrondis;
corps
blanchâtre).
(Tête écailleuse, bouche édentée à mâ-
choires réunies de chaque côté; memb.
branch. à
dix rayons; corps blanchâtre, ab-
domen anguleux,
nageoires pectorales très-
grandes, pour fournir
au vol, à rayons ca-
rénés antérieurement).
1. | lat. all. angl. |
Le Poisson volant du Tropique. E. volans. der fliegende Hæring. the flying He- raing. |
Addomen caréné des deux côtés. Gesner, pag. 653. |
Le plus commun de tous les poissons volans.
Il se trouve dans
toutes les mers des pays chauds,
et souvent en très-grande
quantité.
(Tête comprimée, écailleuse par-tout, à
museau
très-obtus proéminent, memb.
branch. à sept ou cinq rayons,
doigts libres
aux nageoires pectorales).
(Moustaches serretées à la mâchoire su-
périeure; membr. branch. huit rayons, bran-
chies cétacées intérieurement; carène
de
l'abdomen serretée; nageoires ventrales sou-
vent à neuf rayons).
1. | lat. all. angl. |
Le Hareng. C. harengus. der Hæring. the Herring. |
Immaculé; mâchoire inférieure plus longue. Bloch, pl. 29. |
Un des poissons les plus importons pour les
pays du nord. Les
hommes, et beaucoup d'ani-
maux, sur-tout les
orgues et quelques espèces de
mouettes, lui font la chasse, mais
il se multiplie
d'une manière etonnante. Les migrations
pério-
[Seite 371] diques et régulières des harengs (§ 109)
vers
les côtes d'Europe, sur-tout vers les Orcades et
la
Norwège, ont attiré l'attention des européens;
et depuis le
douzième siècle, des milliers d'hommes
s'occupent de leur pêche.
Guillaume Beukelszoon
de Bierfliet, en Flandres, est le premier
qui, en
1416, a salé les harengs.
2. | lat. all. angl. |
La Sardine. C. sprattus. die Sprotte. the Sprat. |
Nageoire dorsale à treize rayons. Bloch, pl. 29, fig. 2. |
Egalement dans les mers du nord, mais aussi
dans la Méditerranée.
Plusieurs naturalistes l'ont
prise pour le hareng lorsqu'il est
jeune.
3. | lat. all. angl. |
L'Alose. C. alosa. die Alse. the Shad. |
Côtés tachetés de noir, museau noir. Bloch, pl. 30, fig. 1. |
Très-commune dans la Méditerranée.
4. | lat. all. angl. |
L'Anchois. C. encrasicolus. die Sardelle. the Anchovy. |
Mâchoire supérieure plus longue. Bloch, pl. 30, fig. 2. |
A la même patrie que l'espèce précédante. On
en prend beaucoup
près de Gorgona, non loin
de Livourne.
(Tête à bouche édentée, os nasal bisil-
lonné, memb. branch. trois rayons, corps
lisse
blanc; nageoires ventrales (souvent) à
neuf rayons).
1. | lat. all. angl. |
Le Barbeau. C. barbus. die Barbe. the Barbel. |
Nageoire anale à sept rayons; sept barbillons; second rayon de la na- geoire dorsale serreté de chaque côté. Bloch, pl. 18. |
Dans l'Europe tempérée et dans l'Asie occi-
dentale.
2. | lat. all. angl. |
La Carpe. C. carpio. der Karpfe. the Carp. |
Nageoire anale à neuf rayons, quatre barbil- lons, rayon de la na- geoire dorsale serreté pos- térieurement. Bloch, pl. 16. |
A présent dans toute l'Europe. On prétend
qu'elle produit des
bâtards avec les espèces ana-
logues,
particulièrement avec le Carassin. On
trouve aussi parmi les
carpes beaucoup plus com-
munément des monstres,
que parmi toute autre
espèce de poissons connue. Les carpes à
miroir
(Bloch, pl. 17) qui se
distinguent particuliè-
rement par les parties de
leur corps dépouillées
d'écailles, ne paraissent pourtant pas
être une
[Seite 373] simple variété, mais une espèce particulière
de
ce genre.
3. | lat. all. angl. |
La Tanche. C. tinca. die Schleihe. the Tench. |
Nageoire anale à cinq rayons, queue entière; corps muqueux; deux bar- billons. Bloch, pl. 19. |
Un des poissons de rivière le plus répandus.
Elle produit un son
avec les opercules de ses
branchies. La tanche dorée (Bloch, pl. 15) est
un des plus beaux
poissons qu'on puisse voir.
4. | lat. all. angl. |
Le Carassin. C. carassus. die Karausche. the Crucian. |
Nageoire anale dix rayons, queue entière, ligne latérale droite. Bloch, pl. 11. |
En Europe et dans la partie moyenne de l'Asie.
5. | lat. all. angl. |
La Dorée. C. auratus. der Goldkarpfe. the Goldfish. |
Nageoire anale gémi- née, nageoire caudale transversale, fourchue. Baster in Haarlem Ver- handl., 7, D. 1, st. mit illum. fig. |
Au Japon et à la Chine, où elles sont pour
ainsi dire comme
animaux domestiques, et où
elles ont dégénéré en toutes sortes
de variétés sin-
gulières, et parfois
monstrueuses, relativement
aux couleurs, au nombre et à la
conformation
des nageoires, à la grandeur des yeux, etc.
Elles
s'élèvent aussi fort bien dans l'Europe tempérée.
Elles peuvent vivre pendant une année dans de
l'eau pure, sans
aucune autre nourriture; et ce-
pendant elles
rendent encore de temps en temps
quelques excrémens.
6. | lat. all. angl. |
Le Vairon. C. phoxinus. die Elritze. the Minow. |
Nageoire anale huit rayons; tache brune à la queue, corps transparent. Bloch, pl. 8, fig. 5. |
7. | lat. all. angl. |
L'Orphe d'eau douce. C. orfus. der Orf, der Urf. the Rud, the Roud. |
Nageoire anale treize rayons. Bloch, pl. 96. |
Principalement dans l'Allemagne méridionale.
D'une belle couleur
d'orange.
8. | lat. all. angl. |
L'Ablette. C. alburnus. der Ukley. the Bleak. |
Nageoire anale vingt rayons. Bloch, pl. 8, fig. 4. |
Comme l'espèce suivante, dans la partie moyenne
de l'Europe et de
l'Asie occidentale. On emploie
ses écailles pour faire de
fausses perles.
Les animaux des deux dernières classes (§
40),
c'est-à-dire, les insectes et les vers, diffèrent de
ceux des
classes précédentes, en ce qu'ils n'ont
point de sang rouge, mais
seulement à la place
une liqueur blanchâtre; c'est pour cela que
les
anciens les appeloient animaux privés de sang.
Le premier caractère distinctif des insectes, et
celui dont ils tirent
leur nom, c'est leur confor-
mation singulière, au moins
dans leur état de
perfection; leur tête, leur corselet, et leur ab-
domen sont séparés les uns des autres comme
par des
étranglemens ou incisions; même dans
quelques genres ces parties de leur
corps ne tien-
nent l'une à l'autre, pour ainsi dire, que
par un
fil. En second lieu ces animaux se distinguent
par des
organes particuliers très-irritables, qu'ils
portent à leur tête
lorsqu'ils ont subi toutes leurs
[Seite 376] métamorphoses: ce sont leurs antennes. Ces or-
ganes sont toujours articulés à la
racine, et sou-
vent même outre cela ils ont des
jointures. Enfin
les insectes ont des pieds articulés, et d'une subs-
tance cornée, et le nombre de ces pieds est tou-
jours plus grand que chez les animaux des autres
classes;
l'insecte, tout-à-fait formé, n'en ayant
jamais moins de six, et
quelques espèces en ayant
près de deux cent cinquante.
Excepté ces trois caractères que je viens d'ex-
poser, les
insectes n'ont presque rien de commun
entre eux dans leur conformation
extérieure. Le
nombre immense des espèces, la variété infinie
de
leurs destinations, celle de leur manière de vivre
et de leurs
besoins, d'après ces différentes desti-
nations, tout
exige une conformation également
variée à l'infini. Sous ce rapport donc
ils diffè-
rent extrêmement les uns des autres, ainsi
que
dans la grandeur inégale de leur corps.
Même les tégumens extérieurs de leur corps
sont plus variés que parmi les
autres animaux.
Beaucoup sont revêtus d'une cuirasse de subs-
tance cornée, composée de plusieurs pièces qui
se
recouvrent les unes les autres, et laquelle les
[Seite 377] protégeant contre toutes
sortes d'accidens, les dé-
dommage de l'absence des os
auxquels, chez les
autres animaux, les muscles ont leur
attache.
Quelques-uns sont revêtus de petits poils fins;
les papillons ont leurs ailes couvertes de
petites
plumes, ou plutôt d'écailles, qui parfois pré-
sentent les plus belles couleurs, comme, en gé-
néral,
il y a parmi les insectes des animaux de
toute beauté.
Les insectes diffèrent aussi beaucoup des autres
animaux, à l'égard de
leurs organes des sens*,
et par conséquent à l'égard de la nature de
leurs
sensations. Aussi plusieurs naturalistes leur ont-ils
refusé
quelques-uns de nos cinq sens, sur-tout
l'ouïe et l'odorat, mais c'est à
tort. Il est des
genres d'insectes qui s'appellent par un son par-
ticulier, dans le temps de leurs amours, et il
en est un
plus grand nombre qui éventent leur
nourriture cachée.
Les yeux des insectes sont très-remarquables,
sur-tout à l'égard de leur
conformation: ils sont
de deux sortes. Ceux de la première espèce
sont
de grands hémisphères, composés de milliers de
facettes; et
dans quelques espèces, d'un grand
nombre de pointes coniques qui sont
revêtues, du
côté intérieur, d'une teinte souvent colorée
ou
brillante. Tels sont les yeux de tous les insectes
ailés, et
parfois aussi de quelques insectes aptères,
comme le homard. Les yeux de
la seconde sorte
sont simples, petits, et diffèrent, soit à
l'égard
de leur nombre, soit à celui de leur position. Les
premiers
paroissent formés pour apercevoir de
loin, et les seconds pour voir de
près; du moins
cela explique pourquoi les papillons, lorsqu'ils
sont
dans leur état parfait, ont de grands yeux
télescopiques et composés,
tandis qu'ils n'avoient
que de très-petits yeux simples lorsqu'ils
étoient
en chenille. Il y a fort peu d'insectes qui puissent
mouvoir
leurs yeux; les écrevisses, et quelques
autres, ont seuls cette
faculté.
Les antennes qui sont conformées diversement
dans les différentes
espèces, et qui, parmi quel-
ques-unes, varient d'après
les sexes, ne sont pas,
[Seite 379] comme l'ont prétendu quelques naturalistes,
les
organes de l'odorat ou du goût de ces animaux.
Elles ne me
paroissent être que ce que leur nom
indique; c'est-à-dire, les organes
du toucher,
des sondes, qui sont pour eux très-importantes
à cause
de la croûte dure et insensible qui les
revêt, et le sont doublement
encore pour la plu-
part d'entre eux, à cause de
l'immobilité de
leurs yeux. Les insectes paroissent avoir dans
leurs
antennes le siége le plus fin de leur tact,
comme nous au bout de nos
doigts; et comme
ils vivent assez souvent dans l'obscurité, il
semble
que la nature leur ait donné ce tact exquis pour
les
dédommager, comme les aveugles, de la pri-
vation du jour.
Mais on ne peut pas encore dé-
cider aussi positivement à
quoi servent les palpes
placés ordinairement
près des organes de la man-
ducation. Presque tous les
insectes paroissent en
avoir, et quelques naturalistes les ont pris
pour
des organes des sens de ces animaux.
L'organisation intérieure des insectes* est
extrêmement différente de
celle des animaux à
[Seite 380] sang rouge. Ce qu'on nomme, par exemple, le
cœur
des insectes est, dans plusieurs espèces (les
chenilles), un long canal
d'une largeur inégale,
qui est situé le long du dos, mais duquel il
ne
sort pas une seule veine; ainsi le procédé de
nutrition propre
aux insectes, doit différer beau-
coup de celui des
animaux des autres classes.
Mais en revanche les insectes sont pourvus
d'une quantité étonnante de
trachées de la tex-
ture la plus fine, et d'un très-grand
nombre de
muscles. Ces muscles, du reste, tant pour
leur
conformation que pour leur couleur, ne sont
pas les mêmes que
ceux des animaux à sang
rouge.
Quoique les insectes, aussi bien que les ani-
maux à sang
rouge, aient besoin, pour conserver
leur vie, d'échanger du gaz
carbonique contre
de l'oxigène (§ 24), il en est cependant fort
peu
chez lesquels on remarque un mouvement sem-
blable
à la respiration. Les sauterelles, quelques
cigales, et quelques
scarabées, sont du petit nom-
bre de ceux qui offrent ce
mouvement.
La plupart peuvent durer dans le vide plus
long-temps que les animaux à
sang rouge, et
beaucoup même vivent, comme dans leur élé-
ment, dans l'air méphitique si nuisible aux au-
[Seite 381] tres animaux, et qui fait tomber en putréfaction
les substances
animales et végétales.
Le séjour des insectes, sur et sous la terre,
est en général beaucoup
moins borné que celui
de toute autre classe. On en trouve presque
sur
tous les animaux sans exception; de sorte que
les plus gros
insectes, les scarabées, par exemple,
les abeilles, ont aussi leurs
mites et leurs pous
particuliers, qui vivent sur leur corps. Il n'y
a
presque pas de plantes, excepté l'if, peut-être,
et le savinier,
qui ne serve d'habitation à quelque
insecte; et il y en a beaucoup (le
chêne, par
exemple) sur lesquels vivent plus de cent
espèces
différentes. Du reste, quelque généralement que
les insectes
soient répandus sur toute la surface
de la terre, la nature n'en a pas
moins assigné
à un grand nombre d'espèces un séjour parti-
culier et invariable sur certains animaux, sur
certaines
plantes ou sur quelques-unes de leurs
parties.
Cette classe au contraire a, proportionnelle-
ment à la
quantité presque innombrable de ses
espèces, peu d'animaux aquatiques;
il s'en trouve
nommément fort peu dans l'océan, qui est le
séjour du
plus grand nombre des animaux de la
classe précédente et de la
suivante.
Très-peu d'insectes vivent en société, et s'ai-
dent mutuellement dans leurs travaux. Le plus
grand
nombre reste isolé, et quelques-uns, même
(les araignées) qui, étant
jeunes, ont vécu dans
une société nombreuse, se dispersent
bientôt
après, et vivent solitaires. Beaucoup ne voient
d'autres
êtres de leur espèce, que dans le temps
de leur accouplement.
J'ai déjà parlé, à l'occasion de l'instinct in-
dustriel (§
36), des animaux, des édifices remar-
quables et des
habitations que tant d'insectes savent
se construire. Il y a peu
d'animaux de cette classe
qui n'aient besoin, au moins une fois dans
une
certaine période de leur vie, de faire usage de cette
industrie
naturelle. Les teignes des draps, par
exemple, les friganes,
lorsqu'elles sont encore en
larves, se construisent un édifice qui leur
sert
d'habitation et d'abri. D'autres, pour pouvoir sou-
tenir leurs métamorphoses et leur long
sommeil
léthargique, se font un lit, s'enveloppent dans
une coque,
etc. Les fourmillions, les araignées
tendent des piéges, ou font des
rets pour attraper
leur proie. Les dytisques et quelques
espèces
d'araignées, voulant assurer leur postérité, cons-
[Seite 383] truisent des sacs ou des nids dans lesquels ils
déposent leurs œufs.
Quelques-uns de ceux qui
vivent en société, réunissent leurs forces
pour
se bâtir des habitations communes, et suivent,
dans leurs
travaux, les lois d'une géométrie par-
faite et innée chez
eux.
Quant à la nutrition des insectes, il paroît
que
ce n'est pas seulement pour se conserver,
que la nature les a assujettis
à se nourrir, ainsi
que la plupart des animaux à sang rouge,
mais
qu'ils sont aussi destinés à consumer la matière
organisée. Il
faut qu'ils mangent, non-seulement
pour se rassasier, mais encore pour
dévorer les
charognes, pour détruire d'autres insectes,
pour
diminuer les mauvaises herbes, etc. Telle est leur
destination,
et c'est pour cette fin que la plupart
de ces petits animaux se
multiplient d'une ma-
nière étonnante, et ont une
voracité, une faci-
lité de digérer inconcevable. L'on
sait, par exem-
ple, qu'une chenille peut, en vingt-quatre
heures,
consumer le triple de son propre poids. C'est aussi
pour
cela que les organes de la manducation sont
beaucoup plus variés dans
les insectes que dans
toute autre classe d'animaux. Quelques-uns
sont
armés de mâchoires dentelées, et qui se meuvent
de côté;
d'autres, d'une tarière pointue et cornée;
[Seite 384] ceux-ci ont une trompe
charnue qui a une large
embouchure; ceux-là une langue roulée en spi-
rale.
La nature a employé divers moyens pour pro-
téger les
insectes contre leurs ennemis; quelques-
uns, comme les.
..... trompent par leur figure;
d'autres ont la même couleur que les
plantes sur
lesquelles ils vivent: on a de la peine à les
remarquer;
ceux-ci répandent une odeur terrible
lorsqu'ils sont attaqués; ceux-là
trouvent leur
sureté dans la force de leur ordre social;
d'autres
encore ont une force étonnante, quelques-uns
même ont des
armes, c'est-à-dire, des cornes et
des pinces, ou un aiguillon: parfois
ils sont ve-
nimeux.
La manière dont les insectes se
reproduisent
offre plusieurs singularités. Souvent, par
exemple,
le mâle et la femelle d'une seule et même espèce
ont une
conformation extérieure si différente,
qu'on seroit tenté de les prendre
pour des espèces
tout-à-fait distinctes, bien loin d'imaginer
que
l'un est destiné à s'accoupler avec l'autre. Parmi
d'autres
espèces, comme les abeilles et les autres
insectes analogues, le plus
grand nombre est
[Seite 385] tout-à-fait privé de sexe, c'est-à-dire, ils sont
en-
gendrés et ils naissent sans être destinés eux-
mêmes à concevoir ou à engendrer.
L'accouplement de certains insectes a
aussi
quelque chose de particulier. Dans un grand
nombre d'espèces
il s'opère en volant, et quel-
ques-unes d'entre ces
espèces n'ont même des ailes
que pour le temps dans lequel il doit se
faire.
En général la plupart des insectes vivent dans
une sorte de
monogamie forcée, puisqu'ils ne
peuvent absolument point s'accoupler
plus d'une
fois dans leur vie. La mort est la suite si inévi-
table de leurs premiers plaisirs, qu'on peut pro-
longer leur vie en retardant leur accouplement.
Entre autres particularités qu'offre la manière
de se reproduire des
insectes, on remarque la
grosseur monstrueuse à laquelle, dans
beaucoup
d'espèces, parvient la femelle lorsqu'elle est pleine.
Chez
les fourmis blanches, par exemple, on
compte que l'abdomen de la mère,
sur le point
de déposer ses œufs, est deux mille fois plus
gros et
plus grand qu'il n'étoit avant la fécon-
dation.
La plupart des insectes sont ovipares, et un
instinct admirable conduit
toujours les mères à
déposer leurs œufs dans l'endroit le plus favo-
rable à leur famille future. Quelques-uns, par
exemple,
les déposent dans le corps d'autres in-
sectes vivans, et
d'une autre espèce, dans des
chenilles, des chrysalides, et même dans
les œufs
des autres insectes; on a vu quelquefois sortir des
œufs de
la livrée des arbres, au lieu de la jeune
chenille, une espèce
particulière de petite mouche.
Les œufs des insectes, sur-tout ceux des pa-
pillons, sont
conformés et marqués d'une manière
très-variée, et lorsque la mère les
dépose au
grand air, ils sont revêtus d'une sorte de vernis,
pour
que la pluie, et d'autres accidens, ne les
fassent pas périr.
Très-peu d'insectes sont vivipares; quelques-
uns, comme
les pucerons, se reproduisent des
deux manières.
Un phénomène très-remarquable, particulier
presque seulement à cette
classe d'animaux, ou
du moins qui, dans les autres classes, n'est
pas
à beaucoup près aussi frappant, c'est leur mé-
tamorphose. Aucun insecte ailé ne sort immé-
diatement
de l'œuf, mais tous doivent, à de
[Seite 387] certaines époques de leur vie, se soumettre
à
une sorte de transformation: quelques espèces
sans ailes y sont
aussi soumises. Par cette opé-
ration de la nature,
non-seulement